L’ASVEL manque le coche contre le Zalgiris Kaunas
Il y a des tournants dans une saison qu’il vaut mieux ne pas louper. « Ce n’est qu’un match », tentait de dédramatiser T.J. Parker après coup. « On n’est qu’à sept journées d’EuroLeague, il en reste encore plein. » Pourtant, oui, les Villeurbannais auraient été bien inspirés d’aller empocher celui-là. Trois semaines après une semaine noire, le message aurait été fort de voir les champions de France pérenniser leur belle dynamique positive et, surtout, de faire basculer leur bilan dans le positif. Mais c’est finalement tout l’inverse qui s’est produit : l’ASVEL a proposé l’opposé de ce qu’on attendait d’elle et s’est inclinée 76-93 à domicile face à Kaunas.
« L’impression qu’on a totalement abandonné à la fin »
Un score lourd, certainement trop sévère au vu de la physionomie de la rencontre, mais loin d’être illogique. « Le Zalgiris mérite entièrement sa victoire », reconnaissait d’ailleurs T.J. Parker. Si l’écart est aussi large, il vient surtout sanctionner une fin de match atrocement mal gérée par les locaux, toujours dans le coup à l’entame du money-time (74-78, 35e minute) mais qui ont donc terminé en encaissant un 2-15, et même un 0-12. « On a un peu l’impression qu’on a totalement abandonné à la fin », regrettait Amine Noua. « On a été dans le match pendant trois quart-temps et demi puis on a totalement déjoué. »
Factuellement, c’est vrai mais ce n’était pas non plus brillant avant, loin de là, si l’on excepte un début de match cohérent (28-25, 11e minute), dans la foulée d’un Parker Jackson-Cartwright déchaîné (8 points à 3/3 dans les quatre premières minutes). Seul hic : le meneur de Saint-Quentin n’a ensuite plus marqué de la soirée (0/6), oubliant même fréquemment ses coéquipiers. Émargeant à 7 unités à 100% à la fin du premier quart-temps, Nando De Colo a suivi la même trajectoire (1 point à 0/5 en seconde période, 11 unités au total), terminant lui essoufflé, contré deux fois par Kevarrius Hayes (champion de France 2021) dans le final. Comme s’il avait été marqué par l’intensité balte et, une fois n’est pas coutume, par la supériorité physique du Zalgiris. « On a subi et on n’a pas su imposer ni notre rythme, ni notre physique, alors qu’on le devrait », admettait Amine Noua. « Nous n’avions pas la même dureté qu’à Bologne. »
Des travers individualistes
De fait, alors qu’elle a fait la course derrière pendant la majeure partie de la rencontre, mais jamais très loin puisqu’elle a même repris les commandes au cœur de la deuxième mi-temps (62-60, 27e minute), l’ASVEL a toujours semblé avoir un temps de retard par rapport aux hommes de Kazys Maksvytis. Le différentiel dans la raquette a incarné cette mainmise lituanienne : Youssoupha Fall (7 points à 3/6 et 7 rebonds) n’a jamais semblé en mesure de peser, fréquemment attaqué par le Zalgiris, alors qu’Alex Tyus est encore à court de forme, et très loin de ce qu’il devrait apporter (1 point à 0/2). Collectivement, les Rhodaniens n’ont également pas réussi à rivaliser sous les panneaux (23 rebonds à 33). « Les clefs du match était de contrôler le rebond offensif et de jouer en équipe », pointait Amine Noua. Or, l’ASVEL n’a respecté aucune des deux consignes puisque son jeu collectif est également apparu d’une pauvreté confondante (seulement 11 passes décisives), empreint de grosses teintes d’individualisme. « Le passing game était zéro ce soir », pestait ainsi T.J. Parker. « On n’a pas vu le basket que l’on veut normalement développer ici. » Ou la recette parfaite pour perdre un match en tentant pourtant 16 tirs de plus que l’adversaire (65 à 49), surtout face à une telle école de basket, incarnée par l’emblématique Lukas Lekavicius (16 points à 6/9) et le facteur X Tomas Dimsa (21 points à 7/8).
Chose rare dans sa saison, l’ASVEL ne va pas enchaîner dès ce week-end et va maintenant avoir une semaine entière de préparation avant de se déplacer à Belgrade jeudi prochain pour y affronter l’Étoile Rouge. Un tournant raté ne signifiant pas forcément une dynamique interrompue, charge aux Villeurbannais de démontrer dans l’enfer du Pionir que cette soirée du 10 novembre ne restera finalement qu’un coup d’arrêt sans grande conséquence. « On doit apprendre de ce match et ne pas reproduire les mêmes erreurs », conclut Amine Noua. « On n’a pas le choix, il faut se remobiliser et avancer. Ce n’est pas la fin du monde : 3-4, ça reste un bon bilan. » Certes, mais 4-3 aurait été tellement mieux…
À Villeurbanne,
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