L’ADA Blois sombre ; Coulera-t-elle ?
L’ADA a signé ce dimanche 3 décembre une sixième défaite consécutive sur ses terres face à une équipe de Saint-Quentin particulièrement en verve défensivement. Plus que la série – Blois a notamment perdu contre Monaco, l’ASVEL et Paris, rien d’infamant –, c’est la manière et l’absence de réactions qui inquiètent.
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Étrenné contre Saint-Quentin, le nouveau maillot territorial blésois — symbolisant la Loire — aura pris des allures de tunique de Nessus pour les joueurs de Mickaël Hay, essuyant une sixième défaite d’affilée. Après un nouveau départ en brasse coulée (9-24 à la fin du premier quart-temps), les Blésois ne sont jamais parvenus à sortir la tête de l’eau. « On aurait pu jouer toute la nuit, on n’aurait jamais gagné ». Le coach blésois n’a cette fois pas entonné ce refrain qu’on lui connait parfois en conférence de presse. L’air semblait pourtant approprié, tant ses joueurs, menés de bout en bout, n’ont jamais paru en mesure de renverser la situation, trouvant invariablement le moyen de se saborder à chaque fois qu’ils avaient réussi à tirer des bords victorieux.
Pour une fois, leurs fidèles supporters ne semblaient pas davantage dans le rythme. Même la Ruche d’habitude si bourdonnante peinait à déployer ses ailes face à une délégation de « White devils » remontés comme des frelons – « Ils ont été exceptionnels », saluait en conférence de presse Julien Mahé, le coach de Saint-Quentin. Il faut dire que ce début d’après-midi dominical ensoleillé — mais quel horaire ! — invitait davantage à la flânerie sur les bords de Loire qu’à prêter serment à une équipe balbutiante au Jeu de Paume.
Saint-Quentin sabre au clair
Bien sûr, l’adversaire n’est pas pour rien dans ce qui ressembla fort à une noyade. D’emblée Saint-Quentin attaqua sabre au clair, avec une stratégie aussi concise qu’efficace : « Pas de quartier ». « Défensivement, c’est notre match le plus abouti à l’extérieur depuis le début de saison, dans la lignée de ce qu’on a fait la semaine dernière », juge ainsi Julien Mahé. Le plan de bataille — « contenir Milan Barbitch et défendre fort sur les shooteurs – Vergiat, Brown, Carburry » — fut appliqué à la lettre. Le premier a eu bien du mal à se frayer un chemin jusqu’au panier (1/5 dans la peinture, 11 points et 8 d’évaluation au final) et des trois pistoleros évoqués, seul Rion Brown aura su trouver celui des filets depuis l’arc (2/5 à 3-points ; 0/2 et 0/4 pour les deux autres). À dire vrai, scouting aidant, la recette commence à être connue. Flamboyante en début de saison, l’attaque blésoise est depuis plusieurs matches muselée (65 points à Paris, 71 contre Le Portel, 68 contre Strasbourg, 60 donc contre le SQBB…). Certes, logiquement les amarres auront bien été un peu plus longues pour Josh Hawley (17 points, 18 d’éval’) et Armel Traoré (10 points et 13 rebonds pour 19 d’éval’). Mais ce fut sans conséquence : « Blois a la particularité d’avoir des intérieurs qui jouent au large. On ne peut pas tout gérer. Il faut l’accepter », décrypte Julien Mahé. Acceptable, la situation le fut d’autant plus que les artilleurs nordistes, souvent démarqués, surent, eux, régler la mire (12/24 à 3-points). « Blois a bien fermé la raquette. Heureusement on a eu la réussite à 3-points », déclare, modeste, Julien Mahé.
Moral au beau fixe pour Saint-Quentin
Côté Saint-Quentin, neuvième avec désormais autant de victoires (7) – dont « à Blois, à Gravelines et à Levallois » souligne le coach – que de défaites, le moral est au beau fixe. Outre les résultats, c’est la manière qui plait : « Tout le monde contribue, c’est une belle victoire collective », analyse William Pfister, individuellement très solide (20 d’évaluation). « Il a fait un très gros match », le félicite d’ailleurs son coach, en célébrant « son travail qui ne se voit pas dans les statistiques ». « J’ai beaucoup aimé ce qu’on a fait », confesse plus largement Julien Mahé, non sans y mettre un bémol : M.J. Walker, qui a suivi la rencontre du banc, ou presque (5 minutes et 56 secondes de jeu). « On le soutient mais il faut qu’il trouve plus d’efficacité », prévient-il.
Les Blésois pris dans les sables mouvants
Depuis novembre, l’ADA tombe au contraire de Charybde en Scylla – la Loire est capricieuse. Pris dans des sables mouvants, les Blésois s’y engloutissent chaque match un peu plus en s’épuisant dans des dribbles mortifères, faute de trouver le salut au large. Surtout, la confiance fait défaut. Et difficile de la retrouver quand on entame le match par deux lancers francs ratés (11/21 au total !). Pour peu, la peur se lirait presque sur les visages. Si Mickaël Hay semble à l’abri de la mutinerie – « Ce n’est pas la faute du coach. On n’a pas respecté le plan de jeu », le dédouane ainsi Armel Traoré –, lui indique « se sentir très mauvais, très, très nul ». Groggy, si ce n’est encore abattu, voire résigné, il ajoute même, évoquant de possibles départs, « qu’aucune question n’est taboue sur l’effectif, moi compris ». Las, ses joueurs ne semblent pas avoir un regard aussi lucide sur la qualité de leurs dernières prestations. Après match, si certains affichent des mines déconfites, d’autres ne semblent guère affectés par cette nouvelle déroute. Quand ils ne nient tout simplement pas la gravité de la situation. « Ce n’est pas en fuyant la réalité et ses responsabilités qu’on va changer les choses », insiste Mickaël Hay, qui parle d’or. Sera-t-il entendu ? Sur le terrain, il semble manquer de porte-voix. Les ternes prestations du capitaine Thomas Hieu-Courtois, censé tenir ce rôle, ne lui permettent sans doute pas d’avoir l’écho nécessaire. Rétrospectivement, Thomas Cornely larguant les amarres, sans doute aurait-il fallu conserver Tyren #makempay Johnson, qui sut il y a peu montrer avec Nancy au Jeu de Paume de quel bois son navire était fait. Mais il est aussi facile de prédire l’avenir à rebours qu’inutile de pleurer sur la chaloupe renversée. Reste désormais à trouver le dard qui saura piquer l’orgueil des joueurs. Et à espérer que, comme Paris, si Blois sombre, elle ne coule pas.
Par Frédéric Fortin, à Blois,
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