L’ADA Blois descend du train, mais n’entend pas rester à quai
Julien Monclar, le GM de Blois, a pris la parole devant l’équipe et le public du Jeu de Paume, après lek dernier match de la saison.
Sans surprise, mais sans déshonneur, Blois s’est incliné ce samedi contre Monaco (73-89). Le buzzer a sonné, et l’école est désormais finie. Cette fois, Blois ne se maintiendra pas dans la classe supérieure. Le conseil de classe avait déjà rendu son verdict avant ce match de gala contre un leader venu cette fois au complet, ou presque.
Les « babies » font de la résistance
Les spectateurs blésois craignaient de ne recevoir une fois encore que les seuls espoirs monégasques. Ils ne furent finalement privés que de Mike James, de Donta Hall et de John Brown Jr. (excusez du peu). Et comme l’a relevé le coach de l’ADA en conférence de presse, fier de son coup, ce sont finalement les « espoirs » blésois que l’on aura vus sur le parquet, avec notamment une rotation composée de Brice Dessert (21 ans), d’Armel Traoré (21 ans), de Maxime Sconard (20 ans), de Pavel Bronner-Szulc (19 ans) et de Dominique Diomande (18 ans). Qui, au passage, ont su tenir tête à leurs aînés monégasques. « La jeunesse française est la meilleure au monde », a souligné en conférence de presse Mam’ Jaiteh, promettant notamment à Brice Dessert « un grand avenir ».
Un grain de folie qui fait défaut
Auteur d’une solide prestation, le pivot monégasque avait de son côté sans doute à cœur de montrer, comme d’autres, combien il aurait pu être utile lors du match 5 contre le Fenerbahçe. Tout en restant très corporate pendant la conférence de presse, voire un brin mystérieux : « À moi de savoir le joueur que je suis », a-t-il notamment déclaré. Le joueur s’est toutefois félicité de « sentir que tout le monde est concerné » à l’approche de playoffs cruciaux pour un club qui n’a encore rien gagné cette saison, comme l’a vertement rappelé Donatas Motiejunas. Il n’y aura guère plus d’enseignement à tirer de cette rencontre, jugée « capitale malgré les apparences » par Mam’ Jaiteh, mais qui aura souvent pris la forme d’un match d’exhibition. Longtemps dans le sillage monégasque, à une dizaine de points, remportant même le troisième quart-temps, les Blésois ont fini par lâcher prise en fin de match. « Je n’ai jamais pensé qu’on pouvait gagner », avoue David Morabito en conférence de presse. Avant match, le coach de l’ADA avait d’ailleurs seulement demandé à ses joueurs de prendre du plaisir et d’en donner. Et après match, il en venait presque à regretter le relatif faible nombre de balles perdues (13) par ses ouailles, alors qu’il aurait aimé voir « un jeu plus à risque » et « un peu plus de folie ».
Des promesses à l’aube de la saison
C’est sans doute mieux ainsi : une victoire blésoise n’aurait fait qu’attiser des regrets déjà vifs aux termes d’une saison éprouvante. Si la descente n’a rien d’« anormale » au regard des forces en présence, la désillusion est d’autant plus grande qu’un recrutement hardi et un début de saison favorable avaient laissé présager une tout autre issue. Las, ces fleurs prometteuses se sont fanées dès la fin de l’automne, notamment avec les promesses non tenues par le duo Josh Hawley / Robert Woodard II – tous deux ayant quitté l’aventure au tournant de l’année. « Deux mecs pas méchants mais qui n’avaient pas envoie de bosser », avait diagnostiqué Mickaël Hay. Un duo que le club a peiné à remplacer, Rashard Kelly et Kerem Kanter n’ayant pas eu l’impact attendu, avec des prestations trop en dents de scie, manquant sans doute de rythme et de compétition.
Tonton flingueur
Ou, à un degré moindre, avec les éclipses de l’astre Milan Barbitch, qui connait sa deuxième descente consécutive. Après un départ tonitruant – meilleur joueur du championnat à l’évaluation après 9 journées –, son étoile a paradoxalement commencé à pâlir à compter de l’annonce de sa sélection dans le 5 français du All-Star Game. Il a souvent souffert par la suite – à quelques exceptions près, certes solaires –, peinant à retrouver confiance et adresse, voire inspiration. Pour le manager général Julien Monclar, la faute en reviendrait surtout à ses camarades – Tobin Carberry prenant au passage une belle « baffe en pleine paix », comme dirait Audiard –, qui l’auraient insuffisamment épaulé. Il faut sauver le soldat Milan, semble-t-il. C’est vrai que le meneur s’est retrouvé parfois trop esseulé, comme l’avait d’ailleurs déploré Mickaël Hay après certains matchs. Peut-être s’est-il lui-même un peu trop isolé – ce que le coach avait également parfois regretté –, forçant parfois un peu trop sa chance, peinant par ailleurs à se renouveler alors qu’il devenait particulièrement ciblé, comme l’avait notamment indiqué Éric Girard lors du déplacement de son équipe à Blois.
Il y a des jours… et des lunes
Mais le basket reste un sport d’équipe, et sans doute la mayonnaise a-t-elle eu du mal à prendre, avec des ingrédients totalement renouvelés. C’est aussi un sport de séries, dit-on. Pour Blois, cela aura été malheureusement le cas à la fois au cours des matchs et tout au long de la saison. Le club a ainsi traversé une double série de huit défaites consécutives qui lui auront été fatales, comptablement et sans doute plus encore en mettant les têtes à rude épreuve. « On a fait des erreurs. On en a fait sur le terrain. On en a fait au bord du terrain. On en a fait dans les bureaux », a concédé dès la fin du match le manager général Julien Monclar, jetant un premier regard dans le rétroviseur. Qui n’en commet pas ? Elles ne méritent nullement la vindicte. Un peu moins de malchance ici, un arbitrage moins défavorable là, auraient très bien pu changer le cours des choses, et transformer des perdants rétrogradés en de magnifiques héros. Au basket comme dans la vie, les destins ne tiennent parfois qu’à un fil. N’en déplaise aux grincheux, Blois n’aura jamais été ridicule cette saison (pas de 101-57 comme contre la JL Bourg l’an passé, défaite qui fut néanmoins salutaire à l’époque), cédant à plusieurs reprises de quelques points seulement — et l’emportant souvent de même il est vrai. Globalement, l’équipe aura majoritairement péché par naïveté – manquant de « vice » (Mickaël Hay) ou de « méchanceté » (Thomas Hieu-Courtois) – ou inconstance, victime de sautes de concentration souvent funestes. Des faiblesses somme toute concevables et prévisibles pour une équipe aussi jeune, non seulement en termes d’âge, mais aussi d’expérience de la Betclic ÉLITE et de vécu collectif. Pour ses fans, qui restent nombreux dans les travées du Jeu de Paume, la première de ces erreurs aura été commise en ne prolongeant pas Tyren Johnson. D’autant que ce dernier a montré à Nancy combien on pouvait encore compter sur lui, et combien son expérience aurait pu être précieuse. Mais il est toujours plus aisé de tirer des pronostics ou des analyses une fois la pièce jouée… Et sa présence aurait tout aussi bien pu ne rien changer.
Un air de famille
La seule erreur — une faute, même — qui ternit réellement le bilan de cette saison restera le limogeage en cours d’aventure du coach historique, Michaël Hay (à qui « hommage sera rendu », a promis samedi Julien Monclar). Non pas la décision elle-même. D’une part, les dirigeants étaient évidemment les plus à même de savoir s’il fallait tenter ou non ce pari, qui aurait pu réussir. D’autre part, tout coach sait que même confortablement installé, il reste assis sur un siège éjectable. « Les résultats n’offrent aucune immunité », nous rappelait ainsi un Michaël Hay encore en poste. Et ce, même si après les playoffs victorieux de Pro B en 2022, le président Paul Seignolle avait pu déclarer à propos de ce dernier – dont l’équipe avait connu une passe difficile en hiver (déjà) – qu’il « aurait été plus que déplacé de le déclarer fautif, avec ce qu’il accompli en neuf ans de présence au club ». Non pas l’éviction, donc, peut-être davantage son timing, mais à tout le moins la manière dont elle fut annoncée, dans un communiqué froid comme un PV de police, impersonnel comme une convocation au tribunal, en totale contradiction avec des valeurs familiales que le club n’a de cesse de vanter. À juste titre, semble-t-il par ailleurs, puisque les joueurs et leur entourage éprouvent globalement beaucoup d’estime et de considération, voire de gratitude, envers l’ADA.
Sur la route (du) Madison ?
Un sentiment qui n’empêchera pas les oiseaux de quitter le nid. Certains aspirent à un long voyage, lorgnant outre-Atlantique. Ainsi d’Armel Traoré, nouveau chouchou du Jeu de Paume, et de Brice Dessert. Tous deux ont officiellement gravé leur nom en bas du parchemin de la Draft NBA, en espérant trouver leur promise. À défaut d’y laisser leur nom pour cette année 2024, nul doute qu’ils ne manqueront pas de sollicitations sur le Vieux Continent. Tous deux conserveront dans tous les cas de nombreux supporters sur les bords de Loire, tant leurs prestations et leurs personnalités y auront été appréciées. D’autres plus expérimentés — et donc plus enclins à poser un peu plus longuement leurs bagages — auraient sans doute aimer prolonger leur séjour ligérien. D’autant plus avec le maintien du coach David Morabito, qui aura su conquérir le cœur des joueurs. Tobin Carberry ou Rion Brown auraient pu être de ceux-là. Ils n’ont pas démérité, quoi qu’on en pense, et sont humainement très appréciés. Las, au-delà des considérations sportives – on a vu que certains n’entraient de toute façon plus dans les plans –, le budget et les contraintes d’un désormais club de Pro B ne le permettraient sans doute pas.
Nous accueillons ce soir nos abonnés et nos bénévoles pour un échange avec @paulseignolle, @jumonclar et @david_morabito 🏀#ADABlois #LNB pic.twitter.com/uoncz2pup2
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La garantie jeune
D’autres resteront, bon gré, mal gré, c’est selon. Ainsi de Maxime Sconard, lui-aussi très apprécié des supporters, qui aura montré sur la deuxième partie de saison qu’on peut compter sur lui – et qu’il faudra compter avec lui à l’avenir – ou de Dominique Diomande. D’autres encore devraient faire leur retour, comme Halvine Dzellat-Diakeno, prêté cette année à Lille. L’heure n’est pas à donner les noms, avait indiqué samedi Julien Monclar. Il a depuis mentionné ces trois derniers auprès de BeBasket. Timothé Vergiat – absent samedi pour cause de préparation au tournoi de qualification olympique en 3X3 de Debrecen, pour lequel il est retenu – et Thomas Hieu-Courtois, capitaine du début de saison, sont toujours sous contrat. Une chose est certaine : une fois encore, l’ADA misera sur la jeunesse française. Faisant écho à Mam’ Jaité, David Morabito relève : « Tout le monde dit dans le monde qu’on a des jeunes joueurs français de talent ». Pourquoi donc aller chercher ailleurs ce qu’on a sous la main ? « Par contre, il faudra bien les encadrer », prévient-t-il. Il juge d’ailleurs que la balance entre jeunesse et expérience – dans une équipe qu’« il n’a pas choisie » – a cette année trop penché en faveur de la première.
Un jour sans fin
Autre certitude : contrairement à ce que d’aucuns peuvent penser, la Pro B sera loin d’être une promenade de santé, comme en témoigne, si besoin est, le tumultueux parcours de Fos-sur-Mer cette année. Certes, l’ADA a acquis une solide expérience et continue par ailleurs de se structurer, avec un centre de performance qui ouvrira prochainement ses portes. « Une descente n’est pas un frein structurel », juge David Morabito. « Il n’y a aucun impératif de remontée immédiate », lui fait écho Julien Monclar. Le club pourra en outre toujours compter sur ses fidèles supporters – au premier plan, ses « Rucheux » – dont le soutien n’a jamais fait défaut, à domicile comme à l’extérieur, et même au pire moment. « Cette saison, le meilleur joueur c’était vous », leur a d’ailleurs déclaré David Morabito samedi. Reste que la Pro B de 2025 n’est déjà plus celle de 2022. Il faudra fortement jouer des coudes. Comme toujours. « Le basket est un éternel recommencement », conclut le coach blésois.
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