La santé mentale de Kellan Grady : le dernier dossier inachevé de Jean-Denys Choulet à Roanne
Depuis le début de l’année, a minima, Kellan Grady traverse une période de mal-être
Pris de court mardi après-midi par l’annonce d’Emmanuel Brochot, qui a décidé de lui retirer la responsabilité de l’équipe professionnelle, Jean-Denys Choulet comptait pourtant abattre l’une de ses dernières cartes dans la course au maintien. Au retour de l’honorable défaite à Strasbourg (82-97), il a confié au Progrès avoir passé 7h45 au téléphone pendant la journée de dimanche pour démarcher des arrières libres.
De 13,2 à 5,5 d’évaluation
Dans l’effectif ligérien, le problème Kellan Grady (1,96 m, 26 ans) était devenu trop visible. Samedi, au Rhénus, l’ancien arrière de Davidson et Kentucky a traversé la rencontre comme une âme en peine, cumulant notamment un terrible 0/4 aux lancers-francs dans le premier quart-temps, lui qui n’en avait raté que… quatre jusque-là sur l’ensemble de la saison ! « Kellan traverse une période difficile », a expliqué le désormais ex-entraîneur de la Chorale en conférence de presse. « Je ne savais même pas si je pouvais l’utiliser en deuxième mi-temps parce qu’il avait un voile devant les yeux, il ne voyait pas. Il était apparemment en plein stress, en pleine anxiété, je ne sais pas ce qu’il avait. Le kiné est allé lui parler à la mi-temps, il a essayé de le rassurer, de le calmer, etc. Il a réussi un peu à jouer en deuxième mi-temps (4 minutes, ndlr) mais ce n’est pas ce que j’attends d’un joueur américain sur ce poste-là (0 point, 1 rebond et 1 interception en 8 minutes, ndlr). »
« Il avait un voile devant les yeux »
Jean-Denys Choulet, sur Kellan Grady, samedi à Strasbourg
Auprès du staff, Kellan Grady a verbalisé ce qu’il ressent depuis plusieurs semaines : un profond mal-être personnel, autrement dit une période de dépression. Une situation portée à la connaissance du petit monde choralien depuis le mois de janvier. Et une vraie explication au terrible contraste de performances du natif de Boston depuis le cœur de l’automne. Lors des neuf premières journées, il était parti sur les chapeaux de roues (13,3 points à 51% et 2,9 passes décisives). Il était « la perle » de Jean-Denys Choulet, le leader offensif et défensif, le joueur pris en exemple par le président Emmanuel Brochot dans ses interviews au Progrès. « Il est là depuis un mois et demi, on dirait qu’il est là depuis dix ans », clamait-il à l’époque.
Un délicat équilibre
Depuis le début du mois de novembre, il n’est plus que l’ombre de lui-même (6,1 points à 41% et 1,4 passe décisive). Une baisse de rentabilité complètement compréhensible au vu de ses dispositions mentales mais qui s’inscrit dans le cadre d’un délicat exercice d’équilibriste pour Roanne, entre la nécessaire bienveillance à l’égard d’un homme (humainement apprécié au club) qui vit à l’étranger pour la première fois de sa vie et les exigences de performances auprès d’un joueur attendu comme leader. Pendant longtemps, Jean-Denys Choulet a pris le parti de l’accompagnement. « C’est un gamin qui a traversé une période de “dépression”, qui était complètement perdu », exprimait-il début février au micro du Progrès… « J’ai pris l’option d’essayer de l’aider plutôt que de l’enfoncer. Ce n’est pas un joueur qui passe de 14 points à 8 points comme ça. Il n’y a pas de raison qu’il soit bon à jeter aux chiens. »
Samedi, pour la première fois de la saison, l’arrière américain a terminé avec une évaluation négative (-2), et certainement des failles mentales (« voile devant les yeux, stress, anxiété »), à l’image de son incapacité à tenir sa place en première période, qui ne sont plus compatibles avec l’urgence comptable de la Chorale, relégable en Betclic ÉLITE. Ainsi, Le Progrès évoquait un diagnostic médical attendu lundi soir. La solution la plus profitable aurait-elle été un arrêt de travail, pour renvoyer Kellan Grady se rétablir aux États-Unis et laisser la place à un 16e contrat à Roanne ? Les recherches entamées par Jean-Denys Choulet au retour d’Alsace prouvent que cette éventualité n’était pas la plus improbable. Mais c’est désormais le problème de quelqu’un d’autre…
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