Kyshawn George, l’héritier suisse de l’Élan Chalon ?
En venant saluer Savo Vucevic après la rencontre, Rémi Giuitta l’a immédiatement interrogé sur Kyshawn George (18 ans). Comme les quelques 700 spectateurs de la Halle Parsemain, l’ancien entraîneur emblématique de Fos-Provence a été impressionné par le jeune meneur suisse, remarquable de contrôle pour sa première véritable dans le monde professionnel, lui qui avait disputé 86 secondes à Souffelweyersheim le 7 octobre. « À mon avis, on a vu ce soir un tout jeune gamin qu’on va voir très longtemps sur les parquets à haut-niveau », embrayait Rémy Valin, le nouveau coach des BYers, de son côté. « Un meneur de jeu de cette taille-là qui fait 11 d’éval contre nous, avec sa taille, son envergure, sa maîtrise… On va en entendre parler pendant longtemps. Pendant 17 minutes, on a vu un gamin très très fort. Très, très fort… »
Fils d’un ancien Brestois
Intronisé dans le cinq de départ par Savo Vucevic, le natif de Monthey a surtout délivré une excellente première mi-temps, conclue avec 10 d’évaluation en 12 minutes. Pas intimidé pour un sou, contrairement à son entrée contre l’ASA où il avait été appelé au débotté pour tirer des lancers-francs (tous ratés, avant d’envoyer un airball depuis le corner), Kyshawn George a parfaitement fait oublier les absences des meneurs de métier, Antoine Eito, Taylor Persons et Samir Gbetkom. Capable de conclure de loin une formidable action collective ou de défier un professionnel confirmé comme Jamar Diggs pour lui marquer dessus, le fils de l’ex-brestois Deon George (un Canadien ayant tourné à 19,7 points de moyenne en 2000/01 avec l’Étendard) a également signé une séquence marquante : coupable d’une erreur de jeunesse en se faisant bêtement subtiliser la gonfle par Milan Barbitch à mi-terrain, il a répliqué en allant lui scorer sur la tête lors de la possession suivante, d’un floater main gauche, lui le droitier, plein de sang-froid. Peut-être encore un peu court physiquement pour ce niveau, limité par les fautes (4), il n’a ensuite été lancé que sur des petites séquences de deux – trois minutes et a assisté depuis le banc à la défaite encourageante des siens dans l’antre d’une équipe de Betclic ÉLITE (69-73).
Dans les colonnes du Journal de Saône-et-Loire, Savo Vucevic disait mardi qu’il allait voir s’il « pouvait compter sur lui ». Séduit par les performances de Kyshawn George à l’entraînement, le technicien monténégrin lui a demander d’évoluer sans être crispé, de prendre ses shoots, de jouer comme s’il était avec les Espoirs, là où il régale actuellement, avec le statut de troisième meilleur marqueur des U21 Pro B (22,8 points par match, dont une pointe à 35 unités à Aix-Maurienne). Au-delà des simples chiffres (7 points à 3/5, 3 rebonds, 4 passes décisives et 1 balle perdue pour 11 d’évaluation en 17 minutes), l’ancien coach de la JL Bourg a eu sa réponse, lui qui a vanté « l’un des meilleurs matchs tactiquement de l’Élan », avec un contrôle inédit sur les débats, pas étranger à la présence de George sur le parquet. Appréciable dans une période de turbulences pour l’Élan, particulièrement à la mène, secteur dépeuplé. Bien peu convaincant depuis son arrivée au Colisée, Taylor Persons sera éloigné des parquets pendant un mois minimum tandis que Samir Gbetkom reste incertain pour la réception de Boulazac samedi. « On va avoir besoin de Kyshawn », répétait Savo Vucevic, une promesse à la fois pour la seconde partie de la saison mais aussi en vue de l’urgence à court-terme.
De 1,75 m à 2,00 m en trois ans !
Arrivé à Chalon-sur-Saône en 2019, Kyshawn George pourrait donc être l’héritier d’une filière suisse, largement exploitée auparavant par l’Élan. Bien sûr, les regards se tournent automatiquement vers Thabo Sefolosha et Clint Capela, devenus des joueurs majeurs en NBA, mais on peut également citer Axel Louissaint (à Antibes la saison dernière), Vincent Gaillard ou Kanny Olaniyi, formés au Colisée avant de repartir faire carrière dans leur pays natal. L’histoire de George en Bourgogne n’a pas été un long fleuve tranquille : à cause d’une énorme poussée de croissance (toujours annoncé à 1,75 m par l’Élan, il mesure maintenant 2,00 m !) ayant fragilisé ses genoux, il n’a quasiment pas joué au cours des deux dernières saisons, avec seulement 15 matchs officiels au compteur. Peut-être un mal pour un bien au final, puisque ses 200 centimètres lui confèrent désormais un profil particulièrement intéressant. Celui d’un mix entre une envergure inédite pour un poste 1, de vrais flashs de talent et une justesse rare à un si jeune âge… Alors oui, Rémy Valin a raison : on risque bel et bien d’entendre de nouveau parler de lui…
À Fos-sur-Mer,
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