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Jordan Loyd, MVP à temps partiel : « La saison la plus difficile de ma carrière »

Betclic ÉLITE - De retour en finale, dont il est le MVP, Jordan Loyd court après son meilleur niveau. Au terme d'une saison où il n'a disputé que 50% des matchs à cause d'une blessure au dos, le Monégasque va devoir hausser son niveau contre le Paris Basketball pour espérer être prolongé par le club de la Principauté.
Jordan Loyd, MVP à temps partiel : « La saison la plus difficile de ma carrière »

Jordan Loyd est le MVP en titre des finales de Betclic ÉLITE

Crédit photo : Sébastien Grasset

Jordan Loyd va-t-il faire appel à des bonnes ondes et s’infuser cette soirée du 15 juin 2023 en boucle sur son compte YouTube ? Cette dernière minute, inoubliable, où il a parachevé le premier titre de champion de France de l’AS Monaco avec deux tirs lointains successifs face aux Metropolitans 92 ? À l’heure d’aborder les finales de Betclic ÉLITE, dont il est le MVP en titre, l’arrière originaire d’Atlanta aurait peut-être bien besoin d’une cure de pensées positives tant ses deux dernières sorties à Bourg-en-Bresse ont été poussives, avec l’impression de voir son fantôme errer sur le parquet d’Ékinox : 1 point à 0/8 puis 3 points à 0/5. Soit un épouvantable 0/13 aux shoots lors de son séjour dans l’Ain.

On sait bien, pourtant, que cela ne reflète pas son vrai niveau actuel. Deux semaines plus tôt, il envoyait l’AS Monaco en demi-finale grâce à son record en carrière LNB sur le parquet du Portel (32 points). Mais un coup de chaud qui était alors vu comme une petite façon de se rattraper de sa triste prestation lors du Match 5 contre le Fenerbahçe Istanbul (1 d’évaluation). Vous l’aurez compris : Jordan Loyd (1,93 m, 30 ans) est incroyablement irrégulier ces temps-ci. Et il en souffre. « C’est vraiment un gros problème pour moi », admet-il. « À mes yeux, la régularité doit être le label d’un bon joueur professionnel. Or, je ne le suis pas autant que d’habitude. »

50% de matchs ratés :
« Jouer sans lui, c’est très handicapant ! »

En 42 matchs, Jordan Loyd tourne à 10,7 points à 39%, 2,8 rebonds et 2,1 passes décisives de moyenne, contre 12,4 points et 3,1 passes l’an dernier (photo : Sébastien Grasset)

Une inconstance problématique pour un joueur cadre de l’effectif monégasque, érigé en homme de confiance absolu par Sasa Obradovic. « C’est notre point de stabilisé, celui en qui nous sommes censés avoir le plus confiance », répétait encore le technicien serbe mercredi après-midi. Mais une inconstance, aussi, facilement explicable : Jordan Loyd a été gêné toute la saison par une blessure dorsale, d’abord absent jusqu’à la fin octobre en raison d’une opération au niveau du rachis lombaire, la partie basse de la colonne vertébrale, puis en mode intermittent du spectacle jusqu’à la mi-mars. « J’essaye toujours de trouver mon rythme : mon corps n’a pas été habitué à jouer autant de matchs d’un coup cette saison et il se demande ce qui se passe là. » Les chiffres sont là : sur les 84 matchs officiels de la Roca Team cette saison, l’ancien rookie des Toronto Raptors en a disputé 42, soit tout juste 50% de présence.

La faute à un diagnostic extrêmement difficile à établir, en raison de la complexité de la structure dorsale. « On a été un peu dans le flou tout au long de l’année. L’opération s’est bien passée mais ce qui m’a embêté ces derniers mois était quelque chose de différent. Pendant longtemps, on n’a pas su ce que c’était : le plus gros enjeu était de trouver le problème. Mais c’est fait maintenant, et c’est derrière moi. » Alors quelle était la nature exacte du souci ? On n’en saura pas plus. « Tout ce que je peux dire, c’est que ce n’est pas quelque chose de persistant. Avant, quand je faisais des interviews, je disais que j’allais bien mais c’était une façon d’être optimiste, je ne le savais pas réellement. Maintenant, je peux honnêtement dire que c’est un grand soulagement. » Mais il en conserve quand même visiblement quelques séquelles puisque Sasa Obradovic a révélé que son joueur avait subi des injections avant les phases finales pour tenter de retrouver de la liberté dans ses mouvements. « Il est arrivé en playoffs sans être dans sa meilleure forme. »

Puis le Belgradois embraye sur une interrogation, certainement lancinante dans sa tête depuis l’élimination contre le Fenerbahçe Istanbul. « Est-ce qu’on aurait connu encore une meilleure saison avec lui ? C’est toute la question… » La poser, c’est déjà en partie y répondre. Le staff du club de la Principauté n’a cessé d’attendre son joueur, se refusant à faire appel à un pigiste médical, arguant de son importance centrale dans l’effectif. « Jouer sans lui, c’est très handicapant : cette équipe dépend beaucoup de ses performances », ajoute Obradovic. De quoi disséminer quelques pensées noires dans l’esprit de l’Américain, conscient qu’il était particulièrement attendu au tournant. « C’est la saison la plus difficile de ma carrière », admet-il. « Mentalement, ce n’est pas facile non plus. Vivre une année comme celle-ci, c’est dur à avaler. Mais d’un côté, j’essaye de positiver : si c’est la pire, ça veut dire que j’ai eu une super carrière jusqu’ici. Les blessures font partie des impondérables. »

Une option pour rester à Monaco, mais…

Jordan Loyd restera-t-il une troisième saison consécutive à Monaco ? (photo : Sébastien Grasset)

Reste que celle-ci pourrait pourtant mettre en cause son avenir, initialement tout tracé à Monaco, avec une option d’une année supplémentaire à lever. Lui veut rester, le club n’était évidemment pas contre le conserver au début mais tout est désormais suspendu à la teneur de ses performances en playoffs. « Il montre de temps en temps ce qu’il est capable de faire », le défend Sasa Obradovic, pensant certainement à son Match 2 face au Fenerbahçe (17 d’évaluation) ou sa sortie porteloise. Mais les têtes pensantes de l’ASM ne sont pas complètement rassurées et étudient les options sur le marché des transferts pour un éventuel remplacement. « J’ai déjà exprimé que ma famille se sent très bien à Monaco mais je comprends que c’est un business, le club ne fait que son boulot », évacue Jordan Loyd.

Lui en a un à terminer sur le terrain, avec deux objectifs : poursuivre sa folle série de 100% de titres sur les quatre dernières saisons parvenues au bout (NBA 2019, Ligue Adriatique 2021, VTB League 2022 et Betclic ÉLITE 2023) et convaincre qu’il mérite un nouveau contrat. « J’estime ne rien avoir à prouver », clame le MVP de la finale 2023, avant quand même d’admettre un petit enjeu personnel sur la fin de ces playoffs. « Cela dit, je veux être bon. J’ai déjà montré ce que je sais faire mais je veux montrer que je suis encore là, que je peux toujours jouer à un haut niveau. C’est un équilibre à trouver : il ne faut pas arriver en dilettante mais il ne faut pas vouloir trop en faire non plus pour impressionner. Vu que je n’ai pas de nouvelles encore sur mon futur, je me concentre juste sur le fait de remporter le titre. On n’a atteint aucun objectif, c’est super important pour nous. Gagner changerait tout. » Surtout si cela s’accompagne encore de deux tirs lointains dans la dernière minute de la finale…

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