ITW T.J. Shorts, le meneur sensation du Paris Basketball retrace son parcours
Arrivé durant l’été en provenance de Bonn en compagnie de son coach Tuomas Iisalo et de plusieurs coéquipiers, avec qui il a atteint la finale de la Bundesliga et remporté la Ligue des Champions (BCL) au printemps dernier, T.J. Shorts n’a pas mis longtemps pour s’imposer en France. Le Californien est l’une des raisons du début de saison réussi du Paris Basketball, leader du groupe A de l’EuroCup et dauphin de l’AS Monaco en Betclic ELITE après 12 journées. Entretien.
Vous avez quitté Bonn et l’Allemagne cet été pour rejoindre le Paris Basketball. Comment vous sentez-vous ici ?
Je m’éclate vraiment à Paris. Le public est génial. J’adore la ville, qui est superbe. Il y a énormément de choses à faire. Je ne pourrais pas espérer mieux si ce n’est d’avoir ma famille auprès de moi plus souvent. Mais ils seront là pour les fêtes de Noël, et ma mère reviendra pour l’inauguration de l’Adidas Arena de la Porte de la Chapelle en février prochain.
« Le but, c’est le titre de champion de France »
Paris réalise un superbe début de saison, aussi bien en championnat de France qu’en Eurocup. Comment expliquez-vous votre succès et quelles sont les ambitions du club cette saison ?
Le but, c’est le titre de champion de France, ou a minima de s’offrir une chance de le gagner. Et ce qui nous rend si bons, c’est notre intensité. On travaille beaucoup là-dessus, avec des entraînements plus intenses encore que nos matchs. Tuomas Iisalo, notre entraîneur, fait beaucoup de rotations durant les rencontres pour qu’on ne s’économise jamais et qu’on soit toujours à 100% quand on est sur le parquet. C’est la recette de notre succès, notre identité.
Pour autant, vous venez d’enchaîner deux défaites en quelques jours contre Roanne en Betclic ELITE et face au Besiktas Istanbul en EuroCup. Comment expliquez-vous cette mauvaise passe ?
Chaque défaite permet à l’équipe d’apprendre. A Roanne, on n’a pas joué notre meilleur basket et on est resté sur la même dynamique contre Besiktas. C’est inacceptable. On doit tous se regarder dans le miroir et revenir plus forts. On doit être prêt à se battre dès qu’on met le pied sur le terrain, spécialement en Betclic ELITE, où tout le monde peut battre tout le monde. C’est ce qu’on n’a pas fait contre Roanne, et on a mordu la poussière. On doit trouver le moyen de rebondir. On a un nouveau challenge samedi, avec la réception du BCM Gravelines-Dunkerque. L’occasion pour nous de retrouver notre identité et de revenir à ce qui nous a fait gagner depuis le début de saison.
Vous partagez un rituel d’avant match avec vos coéquipiers Tyson Ward et Collin Malcolm. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?
(Rires). Ca remonte à l’an dernier. Après l’échauffement, on a besoin de se détendre et de ne plus penser au basket. Alors on profite de la musique dans la salle pour se faire un petit battle de rap tous les trois. Tyson et Malcolm sont très doués, j’ai du mal à rivaliser. C’est un moyen de faire le vide avant de jouer mais aussi une manière d’apprécier le moment et de le vivre. On a la chance d’être des basketteurs professionnels à Paris, de jouer les premiers rôles, on essaie de savourer tout ça aussi. Après ça, on se reconcentre sur le match et on est prêts à jouer.
Quelles sont tes influences dans le rap ?
J’en ai beaucoup, mais si je devais en citer trois je dirais Lil’Wayne, Eminem et Drake en N°1, qui est aussi l’artiste préféré de Tyson Ward et Colin Malcolm. Je viens de la côte ouest mais ces artistes là sont vraiment mes préférés.
« Le principal axe de progrès reste mon tir »
Meilleur passeur et deuxième marqueur du championnat, vous êtes l’une des stars de ce début de saison. Comment expliquez-vous vos performances individuelles ?
Je suis très exigeant avec moi-même. Je sais ce que je suis capable de faire, surtout avec le soutien de mon coach et de mes coéquipiers. Ils ont d’ailleurs beaucoup de mérite. Tuomas me met dans les meilleures dispositions. Il connaît mon jeu et mes forces sur le terrain, il m’aide autant qu’il peut. C’est pareil pour mes coéquipiers, qui sont très solidaires. Moi qui joue beaucoup sur pick & roll, j’ai la chance de profiter de supers écrans de nos intérieurs. Donc c’est à la fois dû à la confiance que j’ai en mon jeu et à celle que l’équipe à en moi. C’est un tout.
Sur quels aspects de votre jeu pensez-vous pouvoir encore progresser ?
Je suis très critique envers moi-même. J’ai le sentiment que je peux m’améliorer partout, mais le principal axe de progrès reste mon tir, car en étant plus adroit j’aurai davantage d’espace pour jouer en pénétration et provoquer la défense adverse. Je travaille beaucoup avec le staff, à deux comme à trois points. J’écoute leurs conseils. Je sais que je peux faire mieux. Ca ne m’empêche pas de travailler les autres compartiments du jeu : la défense, les pertes de balle, etc.
Après trois années passées en Allemagne, vous effectuez votre première saison dans le championnat de France. Quelles sont vos impressions sur la Betclic ELITE et quelles différences voyez-vous avec le championnat allemand ?
La Betclic ELITE est une ligue très athlétique. Les joueurs sont grands, notamment sur les ailes. Plus grands qu’en Allemagne. Mais surtout plus athlétiques. J’ai le sentiment aussi que le niveau individuel est plus élevé, avec beaucoup de joueurs qui peuvent faire la différence par eux-mêmes, en isolation, sur le tir, etc. En Allemagne, la solution vient davantage du système de jeu. Ca fait une grosse différence et c’est ce qui explique qu’on puisse perdre contre n’importe qui ici, car on n’est jamais à l’abri d’un coup de chaud d’un joueur.
Vous allez à Monaco le 3 décembre prochain. Pensez-vous déjà à vos duels avec Mike James et Kemba Walker ?
Monaco a beaucoup de talent. Ils ont de grands joueurs. Mais honnêtement je n’y pense pas pour l’instant. On a deux matchs à jouer avant de les affronter. On verra quand on y sera mais c’est sûr que ça va être un grand moment. J’ai grandi en regardant Kemba Walker en NBA et dernièrement j’ai beaucoup regardé Mike James. J’ai donc beaucoup de respect pour eux. Ce sera un énorme challenge pour nous mais quand le match commencera, on oubliera tous ces grands noms et on fera tout pour gagner.
Après vos succès en championnat comme en BCL avec Bonn, vous avez sûrement reçu de nombreuses offres cet été. Pourquoi avez-vous décidé de suivre Tuomas Iisalo ici à Paris ? Quelle est votre relation avec lui ?
Il faut remonter à la saison dernière, quand il m’a recruté. Il m’a très vite attribué sa confiance et permis d’être moi-même sur le terrain. C’est la principale raison pour laquelle je l’ai suivi ici, sachant que Paris aurait de grandes ambitions cette année et les suivantes, avec l’EuroLeague en ligne de mire. Pour ce qui concerne Tuomas, on a une super relation. Si tu regardes les matchs, tu auras l’impression de voir deux entraîneurs car je suis littéralement son extension sur le parquet. Il me parle beaucoup durant les rencontres et me donne beaucoup de consignes. Et c’est pareil en dehors. Il fait beaucoup de vidéo et me prodigue beaucoup de conseils, même par texto. Il peut aussi lui arriver de me faire suivre des articles. C’est ce qu’il a fait dernièrement, en m’envoyant un papier sur Tyrese Haliburton. En clair, il essaie par tous les moyens de me faire progresser et ça n’a pas de prix. Il est un peu comme un mentor pour moi. Il a énormément de connaissances et j’essaie d’en profiter autant que possible.
Nadir Hifi « a un talent incroyable »
Tuomas Iisalo est un coach très exigeant. Pouvez-vous nous expliquer sa philosophie de jeu ?
Son but, c’est de tirer le maximum de chaque joueur. Quel que soit ton rôle au sein de l’équipe, il veut que tu sois la meilleure version de toi-même et que tu réalises ton plein potentiel. Et pour ça, il va te challenger tous les jours à l’entraînement, te pousser dans tes retranchements et te préparer à toutes les situations que tu pourrais rencontrer en match, de sorte que tu ne sois jamais surpris ou en difficulté. C’est son approche. Te tester continuellement pour te permettre de t’adapter et de t’exprimer dans toutes les situations de match.
Vous jouez avec Nadir Hifi sur les lignes arrières, quelles sont vos impressions à son sujet ? Que pensez-vous de votre association sur le terrain ?
Il a un talent incroyable. Et surtout, il cherche continuellement à s’améliorer. Je n’ai que 26 ans mais j’ai vu d’autres jeunes potentiels durant ma carrière. C’est le premier que je vois aussi désireux d’apprendre de ses coéquipiers et de ses coaches. On parle beaucoup lors des déplacements, où on partage parfois la même chambre, et j’essaie de lui expliquer ce que le coach attend de lui. Il lui a fallu quelques matchs pour s’ajuster en début de saison, mais aujourd’hui, il a parfaitement compris son rôle et ce qu’attend Tuomas. Il a beaucoup de mérite car ce n’est jamais simple. Surtout lorsqu’on connaît le contexte dans lequel il évoluait au Portel, où il avait carte blanche. C’est d’autant plus fort qu’il a réussi à le faire rapidement. Pour ce qui concerne notre association, on est tous les deux capables de marquer, de créer pour nous même ou pour les autres. On met donc énormément de pression sur la défense adverse qui ne peut faire l’impasse sur aucun de nous.
Vous avez grandi à Los Angeles. Êtes vous un fan des Lakers ou des Clippers ?
Je suis un fan des Lakers. A 100%. Je n’ai jamais supporté les Clippers. J’ai grandi avec Kobe, j’ai suivi ses exploits, et aujourd’hui je les suis avec LeBron James et Anthony Davis.
Comment avez-vous commencé le basket et quand avez vous décidé d’en faire votre métier ?
J’ai commencé le basket à 4 ans quand ma mère m’a offert un petit panier de basket qu’on avait dans le salon. Je passais mon temps à shooter, dunker, etc. Et je ne me suis jamais arrêté. Et même si aux Etats-Unis on aime pratiquer différents sports en grandissant, ça n’a jamais été mon cas. Je suis resté fidèle au basket. Et c’est au lycée que j’ai su que je voudrais devenir basketteur professionnel. C’est le moment où j’ai commencé à beaucoup travailler, en arrivant à la salle tous les jours à 6h du matin. J’ai compris qu’avec du travail, il n’y avait rien d’impossible. Je ne savais pas encore où j’allais exactement mais je savais que je voulais jouer au basket le plus longtemps possible. Aujourd’hui, j’ai 26 ans et je joue au Paris Basketball, je suis très heureux du chemin parcouru.
Des sources d’inspiration comme Chris Paul et Tyrese Rice
Quels sont les joueurs qui vous ont inspiré ?
Plus jeune, j’étais fan de Chris Paul, que j’ai eu la chance de voir jouer lorsqu’il était aux Clippers. Il est pour moi l’archétype du meneur de jeu, capable de tout faire sur un terrain. Il marquait beaucoup à ses débuts, notamment du côté de la Nouvelle-Orléans, tout en distribuant le jeu et en défendant dur. Il n’a pas de faiblesses. Je me suis beaucoup inspiré de son jeu. En arrivant en Europe, j’ai découvert Tyrese Rice, un super joueur qui a gagné l’Euroleague avec le Maccabi Tel Aviv en étant élu MVP du Final Four. J’ai eu la chance de le rencontrer, de jouer contre lui l’an dernier et de bénéficier de ses conseils. Je le considère aujourd’hui comme un mentor aussi. Chris Paul et lui sont vraiment des sources d’inspiration.
Vous êtes un meneur de petite taille au regard des standards du basket. A quels obstacles ou a priori avez-vous été confronté ?
En grandissant, c’était toujours la même chose : « Il est trop petit ». Mais comme je le disais, je sais ce dont je suis capable sur un terrain, et j’ai pleinement confiance en moi. Ma taille peut être un inconvénient, notamment en défense, mais j’ai toujours joué contre des joueurs plus grands, donc je sais comment les jouer : les passer sur mon premier pas, les contourner pour leur voler la balle, etc. C’est ce que je dis aux jeunes qui me posent la question, l’essentiel, c’est de réussir à faire de sa taille, quelle qu’elle soit, un avantage et non un inconvénient. Mais ça passe par un apprentissage et il faut être capable d’apprendre de ses erreurs pour y parvenir.
Vous n’avez pas été drafté à votre sortie de UC Davis Aggies en 2019. Avez-vous pour objectif d’intégrer la NBA un jour ?
En tant qu’Américain, la NBA ça reste un rêve. J’en suis encore loin mais je sais aussi que tout est possible. Je suis très croyant aussi donc si ça doit se faire, ça se fera. A défaut je poursuivrai ma carrière ici en Europe. Mais ce serait mentir que de dire que je n’y pense pas. C’est le rêve de tout jeune basketteur car c’est la meilleure ligue au monde et la plus rémunératrice aussi.
Point faible ? Trop fort 🥶
Nommé en septembre, T.J. Shorts (@ParisBasketball) récidive en octobre 🙌15.6 PTS – 9 PDS – 19.6 D’ÉVAL 🔝
1 RT = 1 vote 🔄#JDMBetclicELITE pic.twitter.com/beqbirqv15
— LNB (@LNBofficiel) November 1, 2023
Quel rôle joue votre foi dans votre réussite et votre parcours ?
J’ai vécu beaucoup de hauts et de bas dans ma carrière, et ça n’a pas toujours été simple… Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais j’entre toujours sur le terrain avec ce bracelet au poignet, sur lequel est écrit : « I can do all things through Christ who strengthens me ». Et comme les bracelets sont interdits, je finis toujours par l’enlever et le mettre dans ma chaussette. C’est une sorte de message pour moi-même, me rappelant que dieu est avec moi dans tout ce que j’entreprends. C’est important pour moi.
Merci beaucoup T.J. Que peut-on vous souhaiter pour la fin de saison ?
Une bonne santé avant tout, pour moi et mes coéquipiers, mais aussi de poursuivre sur notre lancée avec Paris et de se mettre dans les meilleures dispositions pour jouer le titre en fin d’année. On va rebondir dès samedi et retrouver notre identité.
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