ITW Julien Monclar (Blois) : « La Betclic ELITE n’est pas une fin en soi absolue »
Julien Monclar fait le bilan de la saison de l’ADA Blois.
Julien Monclar, manager général de l’ADA Blois, livre au cours d’une entrevue un bilan sans concessions sur la saison écoulée et esquisse les contours de l’avenir du club, qu’il a rejoint en 2009. Retour sur une année difficile en Betclic ELITE, les défis du recrutement et les perspectives pour la saison à venir en Pro B.
Vous terminez premier relégable à la 16e place du championnat (11 victoires, 23 défaites). Quel bilan tirez vous à chaud de cet exercice 2023-2024 ?
L’année a été compliquée, mais en même temps il n’y a rien de facile dans le basket de haut niveau. Le bilan c’est qu’on n’a pas réussi à faire ce qu’on voulait faire. Malgré tout, j’ai toujours dit que la Betclic ELITE n’était pas une fin en soi absolue pour le club. Pour plein de raisons. Par rapport à nos infrastructures notamment, et ce n’est en aucun cas une excuse, qui nous imposent quelques limites. Mais je pense avant tout qu’on a échoué à trois niveaux. On s’est loupés sur plusieurs matchs importants, que nous aurions dû gagner. On a pêché en termes de recrutement, aussi. Et on a manqué de réussite.
Vous évoquez des problèmes de recrutement, qu’entendez vous par là ?
Il y a eu des soucis, oui, mais ce sont des choses qui arrivent. On a vu que le marché était compliqué sur le poste 4 cette saison. On était tous sur les mêmes joueurs, à essayer de trouver une solution pour les signer. Ça a été un vrai sujet pour nous à l’époque. On a été amenés à se séparer de nos deux intérieurs, Josh Hawley et Robert Woodard II, pour diverses raisons, ce qui a été très perturbant. Ça nous a en plus empêché d’avoir une analyse plus globale de la situation. Le basket partant des lignes arrières, on aurait dû mieux environner Milan Barbitch. Topin Carberry est un garçon adorable, très talentueux, performant à l’entraînement et en matchs de praparation, mais je pense qu’il n’y a pas beaucoup de clubs où il aurait fini la saison. Le talent est là, mais sur le caractère, il nous a manqué des choses pour accompagner Milan Barbitch, pour l’aider à supporter la charge qui était la sienne cette année. On s’est focalisés sur d’autres problèmes, peut être plus urgents pour le staff, et au final ça nous a pénalisé. C’est pour moi la grosse erreur de notre recrutement. Il n’y a qu’à voir ce que Chris Clemons a apporté à Nancy sur cette fin de saison, alors que l’équipe se trouvait dans une situation très difficile à son arrivée début mars.
Des matchs « traumatisants »
Vous commencez pourtant bien la saison, avec 5 victoires en 10 matches, avant d’enregistrer 8 revers consécutifs…
On était quand même un peu fragiles sur le début de saison. On arrivait à gagner sur de l’énergie, mais elle a périclité et le doute a commencé à s’installer. On a surtout raté le coche à plusieurs reprises, avec des matchs traumatisants. Saint-Quentin et Le Portel, avec comme nous des moyens limités, sont venus l’emporter largement sur notre parquet. Personnellement je l’ai très mal vécu. On a aussi laissé filer deux matches, toujours à domicile, face à Strasbourg (défaite 68-73 le 25 novembre) et Cholet (défaite 78-80 le 16 décembre). Deux équipes très fragiles à ce moment de la saison. Autant de défaites qui nous ont précipité dans une situation comptable critique. On peut ajouter à cela le match contre Le Mans avec la fin de match litigieuse qu’on connaît. Et la défaite en prolongation face à Chalon, après avoir longtemps été devant dans le temps réglementaire. On a raté beaucoup de rendez-vous à domicile. Des matches qui coutent très cher lorsque vous devez laisser 3 équipes derrière vous pour vous maintenir. Je le dis souvent, les défaites sont l’enfer du sport. La différence entre une victoire et une défaite, c’est parfois très peu de choses. En revanche les conséquences sur la dynamique, la confiance et l’énergie sont énormes.
Comment vivez-vous cette descente en Pro B deux ans après votre montée dans l’élite ?
Blois et le Loir-et-Cher n’avaient jamais connu le haut niveau et la Pro B est un magnifique championnat, donc il ne faut pas non plus baisser la tête et se dire qu’on a été en dessous de tout. C’est pas du tout l’état d’esprit. Il y a avant tout la fierté d’avoir pu partager cette aventure avec notre public, nos partenaires, tous les gens qui se sont investis depuis des années dans le club. Le club a toujours su rebondir et va continuer de le faire. On va écrire un nouveau chapitre de notre histoire, avec aussi de nouvelles personnes, car avec Mickaël Hay, nous avons clôt un immense chapitre. Le plus beau aussi. L’idée c’est donc de refaire bien et de retrouver notre compétitivité. Avec David Morabito, qui sera toujours l’entraîneur de Blois la saison prochaine, tel que c’était prévu dès sa prise de poste.
« Il n’y a aucun impératif de remontée immédiate »
Quel est aujourd’hui l’objectif de l’ADA ? Partez-vous sur un nouveau cycle à court ou moyen terme, ou visez vous une remontée immédiate en Betclic ÉLITE ?
Il n’y a aucun impératif de remontée immédiate. Le club ne va pas mourir si nous ne remontons pas l’an prochain. Au-delà de ça, annoncer des objectifs sportifs trop marqués, ce serait une connerie. Ce serait aussi un manque de respect profond à nos concurrents et à notre sport. C’est mon travail d’avoir une vision pour le club et de faire en sorte qu’on puisse tirer le meilleur de notre organisation. On va donc travailler en ce sens. On pourra alors se permettre d’être ambitieux et de viser une montée, ce que nous avons déjà fait.
A en croire la Nouvelle République, vos supporters resteront fidèles au club l’an prochain. Est-ce aussi le cas de vos partenaires ? Quelles sont les conséquences de cette relégation sur votre budget et votre masse salariale ?
C’est encore un peu tôt pour le dire mais je n’ai aucun doute sur le fait que les gens qui nous sont fidèles depuis de longues années continueront de nous soutenir. D’un point de vue exploitation, nous avons vécu une très belle saison. Notre salle n’est pas la plus dure à remplir, mais elle n’a jamais désempli un seul instant. Les gens répondent présents aux évènements que nous organisons. Je n’ai franchement pas d’inquiétudes. C’est un club qui a connu beaucoup de victoires et de succès dans son histoire exception faite des deux années de Betclic ELITE, pour autant nos supporters et partenaires ont affronté nos difficultés avec énormément de bienveillance. C’en était même parfois surprenant, et on les remercie chaleureusement pour ça. A la fin de l’histoire, Il faut toujours se rappeler d’une chose : un club de sport n’appartient ni à son président, ni aux joueurs, ni au GM ou qui que ce soit d’autre. C’est un objet émotionnel territorial qui appartient à ceux qui le font vivre. Ce ne sont pas eux qui doivent décider, car on ne peut pas le leur demander, mais il appartient à son public au sens large. Et ce public, c’est son territoire. Qu’il soit politique, économique ou, surtout, humain. Donc je sais qu’ils nous resteront fidèles, car c’est leur club.
Continuer le « projet jeunes »
Le centre de performance, dont les travaux sont toujours en cours, peut il être menacé par cette relégation ?
Non. Le projet a été lancé en 2019 et supporté depuis. Aujourd’hui, à quelques exceptions près, les jeunes joueurs à potentiel auront encore plus de facilité à faire le saut du centre de formation à l’équipe professionnelle si nous évoluons à l’échelon inférieur. La Betclic ELITE est très exigeante, la transition sera donc plus simple en ProB. Il suffit de voir Maxime Sconard (1,93 m, 20 ans), qui a mis du temps pour s’installer dans le groupe pro alors qu’il avait été signé l’an dernier. Le centre de performance va donc avoir vocation à alimenter notre équipe professionnelle, et sera être un élément d’attractivité important pour attirer les talents. C’est un vrai élément de différenciation pour le club, notamment pour lutter contre tous ces clubs aux infrastructures supérieures.
Le centre de performance arrive dans un an, l’équipe espoirs compte des joueurs prometteurs : peut-il y avoir un projet jeune à Blois l’an prochain au niveau de l’équipe professionnelle ?
Bien sûr. On ne monte pas un centre de formation pour cocher une case. On a Maxime Sconard sous contrat (22 matches joués cette saison avec les pros), on a prêté Halvine Dzellat-Diakeno (2,07 m, 20 ans) à Lille et qui a fait une première saison solide en Pro B. Sans parler de Dominique Diomande (2,01 m, 18 ans) et de tous ceux qui poussent derrière. Bien sûr qu’il y aura un projet jeune. Formation et post-formation. Sur le plan sportif, c’est le moteur du club, son identité depuis 15 ans : réussir à grandir avec des joueurs qui ont des marges de progression devant eux. Mickael Hay a fait un travail admirable sur ce plan-là, et David Morabito a parfaitement pris le relai.
Quels sont les joueurs pressentis pour rester l’an prochain ?
Tous nos joueurs français sont sous contrat. Certains ont des clauses et des aspirations à jouer en Betclic ELITE, je vous laisse imaginer lesquels*. Mais on aura de la continuité sur certains. On va analyser la situation de nos jeunes, notamment celle de ceux que j’évoquais plus haut et sur lesquels nous avons des droits. Nos joueurs étrangers n’étant pas sous contrat pour différentes raisons, sachant que les règles ne sont pas les mêmes en Pro B qu’en Betclic ELITE, il va nous falloir travailler.
*Milan Barbitch, Armel Traoré et Brice Dessert devraient être sollicités par de nombreux clubs en Betclic ELITE ou à l’étranger
David Morabito a séduit :
« Ce sera un grand coach pour de nombreuses années ! »Intronisé entraîneur de l’ADA Blois en février, David Morabito a mis du temps avant de trouver la bonne formule. Pourtant, après des débuts compliqués (six défaites d’affilée), le jeune technicien varois a séduit, gagnant trois de ses cinq derniers matchs, dont des victoires à Nanterre et Strasbourg. Certain d’être le coach en Pro B la saison prochaine, l’ancien joueur d’Antibes a marqué des points pour l’avenir.
« Bien sûr qu’il mérite de garder le poste », clame Rion Brown. « Rien que par la façon dont il a changé l’atmosphère négative que l’on avait, il doit rester en poste. Il a été très positif dès sa prise de fonction, très confiant. Sa philosophie était établie dès le début. Ça nous a pris du temps pour l’assimiler mais dès qu’on l’a fait, on a beaucoup mieux joué. Ce sera un grand coach pour de nombreuses années ! »
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