Ismaël Kamagate, les minutes au compte-gouttes à Milan : « Il me faut plus de constance »
Alors que des notes de rap émanent du vestiaire voisin du Partizan, que l’ancien meilleur marqueur du championnat de France, Danilo Andjusic, converse avec la légende milanaise Luigi Datome dans les couloirs, Ismaël Kamagate (2,11 m, 22 ans) sort lentement de l’enceinte belgradoise après le nouvel effondrement milanais. Deux jours après avoir dilapidé une avance de six points dans la dernière minute à Munich, l’Olimpia a terminé sa soirée serbe par un terrible 9-37, pour passer de 60-45 à 69-82…
Une fois n’est pas coutume, l’ex-pivot du Paris Basketball a joué en EuroLeague. Pour la quatrième fois de la saison, en seulement neuf journées. C’était même peut-être sa chance. Alors que Nikola Mirotic est sur la touche, l’international français a été lancé dès la troisième minute dans le bain bouillant de la Stark Arena par Ettore Messina. « C’était l’occasion de saisir ma chance », avouera-t-il après coup. Las… Après quelques étourderies défensives, un écran mobile scellera son sort au bout de 2 minutes et 27 secondes passées sur le parquet. Soit un bilan individuel qui reste coincé à 4 points à 2/4, 0 rebond et 1 balle perdue pour 0 d’évaluation en 8 minutes et 48 secondes depuis le début de la saison européenne.
Certainement pas le bilan qu’il espérait, lui qui a été envoyé en couveuse à Milan, par Denver, afin justement de gagner des responsabilités en EuroLeague. « Il a simplement besoin de plus de temps de jeu, et je parle de minutes en EuroLeague », disait Tommy Balcetis, le GM assistant des Nuggets, l’été dernier. « La G-League, c’est bien car on peut suivre les joueurs de près, mais l’Euroleague, c’est le deuxième meilleur niveau au monde, donc ce n’est pas rien. Il va jouer à ce niveau, dans une grande équipe, avec le grand Ettore Messina et il va être formé par ce dernier. » Mécontent du passage de son jeune protégé, le technicien quadruple champion d’Europe l’a notamment repris sur sa défense lors de sa sortie de terrain à Belgrade, grands gestes à l’appui. Peut-être que l’enfant de l’OLB aura l’occasion de mettre cela en pratique dès dimanche en Lega, lors du choc contre la Virtus Bologne, où son importance dans l’effectif lombard est déjà largement supérieure (7,3 points à 80% et 2,9 rebonds pour 8,3 d’évaluation en 12 minutes de moyenne). Juste avant de quitter la Stark Arena jeudi, Ismaël Kamagate nous a accordé quelques instants.
Ismaël, c’est encore une soirée frustrante pour vous à Belgrade…
C’est sûr. En fait, c’est une répétition, c’est souvent la même chose. On a de l’avance pendant les matchs et on la perd dans le money-time. Après, on essaye de tenter des trucs mais ça ne marche pas. C’est très frustrant.
Personnellement, on vous a vu faire votre quatrième apparition de la saison en EuroLeague. Vous avez été lancé très tôt par Ettore Messina mais ça n’a pas duré : seulement deux minutes avant d’être ressorti suite à un écran mobile…
C’était un challenge pour moi. Parce qu’il m’a fait rentrer direct et c’était l’occasion de saisir ma chance. Malheureusement, j’ai fait quelques erreurs défensives et je suis retourné sur le banc. Mais je vais continuer de m’entraîner et de rester prêt pour quand d’autres opportunités viendront.
C’est un peu le résumé de votre début de saison en Italie. Comment cela se passe jusque-là ? Ce n’est pas comme cela que vous visualisiez les choses non ?
C’est sûr. Après, je pense que le fait que les résultats collectifs ne soient pas très bons (16e de l’EuroLeague avec 4v-9d et 8e de Lega avec 5v-5d, ndlr) ralentit un peu les choses. Sinon, le cadre de travail est top mais il faut gagner les matchs. Il faut vraiment qu’on arrive à gagner maintenant.
« On peut quand même apprendre dans ce type de situation »
Depuis le coup d’envoi de la saison, vous êtes à 8 minutes et 48 secondes en cumulé en EuroLeague. C’est bien trop faible pour être satisfaisant. Comment gérez-vous cela ?
Déjà, je ne m’attendais pas à jouer 20 minutes mais je continue de progresser auprès des joueurs qui sont autour de moi en les observant et, à l’occasion, sur le terrain. On peut quand même apprendre dans ce type de situation. Et je verrai où ça m’amène.
Qu’est-ce qui vous manque pour devenir un vrai membre de la rotation de Milan en EuroLeague ?
Je dirais de la consistance. Il y a des fois où je rentre et je suis très bon, d’autres fois où je suis un peu moyen, d’autres fois où je ne suis pas bon. Il me faut plus de constance.
Ettore Messina vous dit-il ce qu’il attend de vous ? Avez-vous une relation ?
Oui, après je pense qu’il a d’autres chats à fouetter là. Parfois, il prend quand même le temps de m’expliquer certaines choses, de venir bosser avec moi sur deux – trois trucs qui pourraient me faire jouer plus avec l’équipe.
En revanche, vous avez déjà plus de temps de jeu en Lega (105 minutes en 9 matchs)…
Un peu plus, oui, mais c’est la même chose en Italie : il faut que je sois plus régulier dans ce que je fais. Il y avait quelques règles différentes à assimiler, surtout en terme de timing de contre (seulement 2 depuis le début de saison, ndlr). Mais c’est un très bon championnat, où tout le monde peut battre tout le monde, c’est un peu comme la France de ce point de vue là.
« Me battre pour mon temps de jeu, c’est quelque chose que je n’avais pas forcément à Paris »
Qu’est-ce qui vous avait convaincu de rejoindre Milan l’été dernier initialement ?
Premièrement, c’était l’opportunité d’apprendre auprès de joueurs comme Kyle Hines, Nicolo Melli, Nikola Mirotic, etc. De plus, je voulais me battre pour avoir mon temps de jeu, c’est quelque chose que je n’avais pas forcément au Paris Basketball. C’est nouveau pour moi, c’est la première fois que j’ai une année comme ça dans le monde professionnel et ça me pousse à donner deux fois plus que ce je pouvais donner avant. Nous, les trois jeunes, on bosse plus que tout le monde et c’est normal. À Milan, tout est adapté pour que l’on soit au top.
Depuis un an et demi, c’est une période compliquée. Avant Milan, vous sortiez déjà d’une saison compliquée à Paris, dans le cadre bancal de Will Weaver. Où beaucoup, comme le sélectionneur Vincent Collet, ont considéré que vous n’avez pas évolué…
Je ne me rappelle plus de ce qui a été dit. L’an dernier, c’était un peu frustrant mais je ne vais pas cracher dans la soupe parce que c’était quand même une bonne année en terme de résultats, même si on n’est pas allé là où on voulait. Maintenant, je bosse beaucoup plus qu’avant car vu que je jouais un peu plus à Paris, on restreignait un peu les horaires d’entraînements. Du coup, là, c’est bénéfique pour moi.
Sentez-vous que vous avez déjà progressé depuis votre arrivée à Milan ? Sur quels aspects ?
Bien sûr. Par exemple, je pense avoir mon meilleur physique depuis longtemps. J’ai aussi progressé sur l’éthique de travail et le professionnalisme, car disons que j’étais encore un peu foufou à Paris. Et aussi les détails, surtout les détails !
Propos recueillis à Belgrade,
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