ITW Boris Dallo : « Je suis persuadé que je vais revenir en EuroLeague »
Boris, qu’est-ce que cela fait de se retrouver dans une semaine où vous savez que vous devriez théoriquement tenir un vrai rôle samedi en match contre Roanne ?
Ça fait du bien. La raison pour laquelle je vais tous les jours vers la salle, c’est jouer des matchs. C’est vrai que le contexte est différent maintenant. On va dire qu’on a beaucoup plus envie de faire les choses, de moins les faire mécaniquement et de plus les faire par envie. Et ça fait plaisir.
Cela donne l’impression de redevenir basketteur ?
(il sourit) Oui et non. Je l’ai toujours été, même si c’était difficile car dans un contexte assez particulier. Je retrouve juste le plaisir d’être impliqué dans une équipe et de faire partie d’un groupe.
« La SIG, la suite logique »
Comment s’est passée cette première semaine à Strasbourg ?
Très bien ! Je suis arrivé dans un groupe qui est sain. La SIG fait un super job au niveau du scouting avec le caractère des mecs. Je débarque dans un groupe où les gars ne se marchent pas dessus et c’est beaucoup plus facile pour l’adaptation d’arriver dans un groupe où les choses vont bien.
Pourquoi avoir choisi la SIG ?
C’est simple : ça faisait déjà un moment qu’ils me voulaient. La première fois, c’était quand le coach italien de l’ASVEL (Gianmarco Pozzecco, ndlr) a exprimé le désir de me faire partir. À ce moment-là, Strasbourg s’était déjà renseigné pour savoir si j’étais intéressé pour un retour. À l’époque, je ne l’étais pas. Mais quand ils ont eu vent de l’accord que j’allais passer avec l’ASVEL, ils ont refait une offre et je pense que c’était la suite logique.
Donc en cours de saison, en novembre-décembre, vous n’étiez pas encore prêt à partir de l’ASVEL ?
Non, non, je n’étais pas prêt à partir comme ça. C’est aussi moi, mon caractère, le fait d’avoir travaillé très dur pour arriver à ce niveau-là et de ne pas lâcher. J’avais la volonté et la motivation de prouver que j’avais le niveau et je ne pense pas que partir parce qu’un coach ne voulait pas me faire jouer était la bonne solution pour moi. Je suis quelqu’un qui ne lâche pas et qui voulait montrer. J’étais très déterminé donc j’avais décidé de rester.
Du coup, récemment, quand avez-vous compris qu’il fallait désormais partir ?
Ce n’est pas moi qui me suis dit qu’il fallait partir. C’est plus le club qui a voulu… Je pense qu’ils se sont dit qu’ils n’allaient pas faire appel à moi jusqu’à la fin de saison, et qu’il fallait trouver un accord parce que la situation était assez compliquée. Ils sont venus vers moi, m’ont demandé de trouver une porte de sortie, ce que j’ai fait.
« Des opportunités en Turquie, en Grèce, en Espagne »
Avez-vous eu d’autres opportunités que Strasbourg ?
Bien sûr. Mais je pense que la SIG était la meilleure solution pour moi, surtout en milieu de saison : arriver dans un groupe sain, faire partie d’une équipe qui peut potentiellement gagner quelque chose, rester dans un championnat que je connais. C’est pour cela que j’ai fait le choix de revenir. J’avais plusieurs opportunités à l’étranger : des clubs en Turquie et en Grèce, des intérêts en Espagne. Je pense que c’est assez normal d’avoir de l’intérêt un peu partout quand tu sors de l’ASVEL. Mais jusqu’à la fin de saison, c’était important pour moi de rester dans un championnat que je connais et de performer dès que j’en ai l’opportunité.
Et dans un endroit que vous connaissez aussi, accessoirement, puisque vous avez déjà joué à Strasbourg, en 2019/20. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Un très bon souvenir ! Bon, même si collectivement, ça avait été une saison assez difficile avec un changement de coach, Vincent (Collet) parti en cours de route. Mais individuellement, ça s’était bien passé, j’avais franchi les paliers un par un, je n’avais pas brûlé les étapes et si la saison avait été écourtée, j’étais devenu un joueur vraiment important dans le groupe à la fin. C’était quelque chose auquel j’aspirais donc ça s’était bien passé.
Au moment de votre signature à Strasbourg, l’histoire de l’influence de votre ex-coéquipier Scottie Reynolds sur votre jeu est ressortie. Pouvez-vous développer ?
(il sourit et acquiesce) Il avait un rôle de grand frère qu’il a avec moi. Quand il est arrivé à Strasbourg, j’ai regardé un petit peu son background et ce qu’il avait fait : j’ai vu que c’était quelqu’un qui avait pas mal bougé, qui avait une certaine intelligence de jeu, de par son cursus universitaire et professionnel. Au fur et à mesure de la saison, on a discuté, pas forcément que de basket mais de la vie de tous les jours, de tout. C’est quelqu’un qui est très posé, qui a de l’expérience, et on a tous besoin d’avoir un vet (vétéran), comme ils disent en NBA, quelqu’un qui a plus d’expérience, qui peut nous guider par rapport à ça.
Vous êtes encore en contact avec lui ?
Bien sûr. Quasiment tous les jours. Je l’ai beaucoup au téléphone. En ce moment, il est en Suède. J’ai aussi discuté avec lui du fait de revenir ici. Lui aussi pensait que c’était une bonne solution. Donc il fait partie des personnes qui sont très proches de moi et dont l’avis compte.
« Je peux vraiment apporter une très grosse plus-value à cette équipe »
Quand on croise plus de 12 coéquipiers par saison, c’est pourtant rare de rester autant en contact avec quelqu’un, a fortiori Américain…
C’est vrai… Ce n’est pas commun et c’est dommage. Au-delà du fait qu’on gagne de l’argent et qu’on est des basketteurs, les relations humaines sont le plus important. Tu ne peux pas t’entendre avec tout le monde mais parfois, c’est bien de cultiver ce genre de relations avec certaines personnes avec qui le courant passe.
Votre saison strasbourgeoise avait marqué le début du déclassement de la SIG. Sentez-vous un club qui aspire à retrouver son standing d’antan ?
Forcément. Déjà, je pense le fait de me démarcher plusieurs fois montre une volonté de passer un step. Après, ils ont changé pas mal de choses dans l’organigramme, ils ont essayé de miser sur la stabilité avec un socle de JFL qui est là depuis un moment. Il y a un projet et ils essayent tant bien que mal d’attraper le bon wagon, ce qui est très bien. Il y a pas mal de choses qui ont changé mais ça prend du temps de reconstruire, il faut leur en donner aussi, même s’il faut aussi avoir des résultats. Je pense qu’ils sont sur la bonne voie.
Sportivement, la SIG est parfois poussive dans le jeu mais reste pourtant bien engagée dans tous ses objectifs : 8e de Betclic ÉLITE, encore en lice en Coupe de France et en BCL. Pensez-vous pouvoir amener une vraie plus-value ?
Bien sûr. Comme tout le monde, j’ai fait mes devoirs. J’ai regardé un petit peu où en était l’équipe, les derniers résultats, comment elle se comportait dans les matchs. J’ai regardé pas mal de vidéos et c’est vrai qu’elle est dans les clous, du moins dans les objectifs qu’elle veut atteindre. Je pense qu’on peut franchir un cap avec ma venue et mon apport sur et en dehors du terrain. Ça prendra le temps qu’il faudra, le plus vite possible j’espère, mais c’est vrai que je peux apporter vraiment une très grosse plus-value à cette équipe.
Notamment dans la fluidification du jeu offensif ?
On sait tous que Massimo (Cancellieri) est très porté sur l’aspect défensif. Après, offensivement, il laisse beaucoup de libertés aux joueurs. Avec l’expérience de Paul (Lacombe) avec le socle de Français et mon arrivée, je pense que ça va être plus stable. Il y aura beaucoup moins de trous d’air. Avec les Américains aussi qui vont apporter leur style de jeu, je pense que ça va faire un bon mélange.
« Mon objectif ? Juste de jouer au basket »
Justement, comme passe le courant avec Massimo Cancellieri pour l’instant ?
Très bien. C’est quelqu’un qui est très intelligent, qui sait ce qu’il veut. Moi aussi, je suis quelqu’un de déterminé, je sais ce que je veux, donc en signant ici, je savais très bien à quoi m’attendre. Tout comme lui savait très bien aussi à quoi s’attendre avec ma venue. On s’est croisé plusieurs fois, on a toujours gardé une relation de respect, même si on ne se connaissait pas fondamentalement. Mais c’est quelqu’un que je respecte beaucoup, de par ce qu’il a fait à Limoges, ce qu’il est en train de faire à Strasbourg. Quand il m’a appelé, ça s’est fait naturellement.
Quels sont vos objectifs pour la fin de saison ?
(il rit) Personnellement, là, c’est juste de jouer au basket. Je pense que les choses vont revenir naturellement. Je suis quelqu’un qui a besoin de jouer, qui a besoin d’être impliqué et je pense que si je me remets à jouer, les choses vont revenir tranquillement et naturellement. Après, je suis assez intelligent pour trouver ma place dans ce groupe là. Collectivement, j’espère juste gagner et aller le plus loin possible dans toutes les compétitions possibles avec la SIG.
Quel est votre état physique, après des mois sans jouer ?
Le plus difficile, c’est de rester en forme. Il n’y a rien qui remplace le fait de jouer. Tu peux t’entraîner autant de fois que tu veux, tu n’auras jamais le rythme de match. Mais j’avais pas mal bossé avec Jo Gomis durant ma période à l’ASVEL, et je pense que c’est aussi la raison pour laquelle je me sens prêt aussi vite. Il m’a gardé concerné, prêt physiquement et mentalement. Du coup, je me sens bien d’un point de vue physique. Forcément, il manquera peut-être un peu de rythme au début mais je ne suis pas très inquiet par rapport à ça.
« Honnêtement, je n’ai pas eu ma chance à l’ASVEL »
Ouvrons le dossier ASVEL. Comment avez-vous vécu les six mois qui viennent de s’écouler ?
C’était une période assez particulière. Je pense que j’en ai appris beaucoup sur des choses qui n’étaient pas prévues au début. Ça veut dire que j’en ai plus appris sur moi en tant que personne, en tant que joueur aussi. Je me suis beaucoup challengé mentalement. Je pense que c’est une période qui est assez compliquée à gérer pour un sportif mais je me suis redécouvert de nouvelles choses et j’ai essayé de cultiver pas mal d’aspects en dehors du basket, qui font que j’ai tenu. Et c’est aussi bien.
Quand vous dites que vous avez appris sur vous, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Je suis très croyant et m’être encore plus rapproché de Dieu m’a calmé. En tant que sportif, on est beaucoup pris par nos entraînements, l’enchaînement des matchs, etc. D’avoir eu un pas de recul sur ces choses là, parce que je n’étais pas impliqué, donne un point de vue différent. C’est quelque chose qui est nécessaire dans la carrière d’un joueur. Après, on le vit différemment, mais tant mieux si je l’ai vécu maintenant.
Quand vous avez signé à l’ASVEL, c’était pour retrouver l’EuroLeague et prouver votre valeur dans l’un des deux plus grands clubs français. Considérez-vous ce passage comme un échec ?
Non, je ne prends pas ça comme un échec. Parce que, concrètement et honnêtement, je n’ai pas eu ma chance. Donc je ne pense pas qu’on peut parler d’échec. Si j’avais eu les opportunités d’être sur le terrain et que je n’avais pas performé, là je me serais peut-être posé certaines questions. Mais au vu du déroulement des choses, je pense que ça aurait été un petit peu bête de se taper dessus et de se dire que c’est un échec ou qu’on n’a pas le niveau. Le plus important, c’était de me concentrer sur moi-même. Je l’ai fait, j’ai tenté de garder ma confiance, de ne pas trop gamberger, ce qui n’est pas le plus facile. Mais voilà, ce n’est pas un échec. J’ai beaucoup appris sur moi, j’ai regardé pas mal de matchs de basket de très haut niveau (il sourit). Donc j’ai beaucoup appris.
La vraie question, c’est pourquoi n’avez-vous jamais eu votre chance ? Avez-vous eu des explications ?
Oui et non. Après, on peut toujours spéculer sur les choses. Quand tu as trois coachs différents qui ont le même avis (T.J. Parker, Gianmarco Pozzecco puis Pierric Poupet, ndlr), c’est difficile de se positionner. Mais je pense que je ne devais pas (il s’interrompt)… Enfin, je suis même sûr que je faisais pas partie des plans des coachs. Peut-être que je n’étais pas le joueur dont l’équipe avait besoin. C’est ce qu’ils estimaient. On ne peut que respecter ce choix-là. Après, moi, en tant que compétiteur et sportif, je me dois de me battre pour moi, pour mes intérêts. Donc forcément, quand on ne joue pas, ce n’est pas plaisant, mais je ne peux que respecter leur choix. La manière, c’est autre chose mais je n’ai pas forcément d’explication rationnelle.
« La pire chose à faire aurait été de dégrader mon image en faisant n’importe quoi »
Le fait que ce soit trois coachs différents pose question justement… S’il n’y a qu’un seul coach, on peut penser à une incompatibilité entre deux personnes. Trois, c’est différent…
Bien sûr. On peut vite perdre confiance. Mais je pense que le problème ne venait pas forcément de mon niveau de jeu. C’était plus une perception des choses. Il y avait un effectif élargi, beaucoup de joueurs : avec le nombre de matchs, c’était la meilleure des choses. Après, les philosophies des coachs étaient différentes et je suis, entre guillemets, une victime collatérale. C’est plus dans ce sens là qu’il faut prendre les choses.
Car avec trois entraîneurs successifs qui choisissent tous de ne pas vous faire jouer, il est aisé de penser que le problème venait de vous…
(il sourit) Bien sûr. C’est le raccourci. Après, il y a beaucoup de choses qui se passent à l’intérieur d’un groupe, d’une équipe ou dans la tête d’un coach qu’on ne peut pas forcément contrôler. Je suis le premier à dire qu’il faut éviter de trop spéculer sur certaines choses. Je suis le premier à ne pas le faire sur des situations où je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants. Or, là, je ne connaissais pas tous les détails de la situation, alors que j’étais pourtant le premier concerné. Mais c’est arrivé, c’est quelque chose de très rare, qui n’arrive presque pas. On a vu que ça faisait réagir un petit peu. Tant mieux si les gens étaient derrière moi, ça me fait franchement plaisir. Tout ce que je pouvais faire, c’était d’essayer de contrôler ce que je pouvais contrôler et continuer à me donner tous les jours.
Trois entraîneurs différents, cela implique nécessairement deux changements de coach, que vous avez forcément dû voir comme des opportunités à l’époque ?
Quand tu rentres dans une équipe, tu ne penses pas forcément au fait qu’il va y avoir de l’instabilité. On sait qu’il y a une vraie précarité dans notre sport au niveau des coachs et des joueurs, en fonction des performances. Forcément, quand il y a un changement, tu vois une porte qui peut s’ouvrir. Malheureusement, dans mon cas, c’était des portes qui se fermaient. C’était écrit, il fallait que j’ouvre une porte différente. Tu vois forcément un changement comme une opportunité, mais ça ne s’est pas fait, tant pis.
Avec Gianmarco Pozzecco et Pierric Poupet, vous avez toujours joué le premier match d’EuroLeague, à chaque fois sur 4 minutes. Avoir sa chance, ce n’est pas ça ?
Non. Je pense que la plupart des gens qui me connaissent un minimum savent très bien que je ne suis pas un joueur qui va surperformer en si peu de minutes. Je ne dis pas que j’ai besoin de 30-35 minutes mais il faut du temps, il faut du rythme. C’est du temps, c’est du travail, c’est pas mal de détails à gérer. Malheureusement, ça ne s’est pas fait. Je pense que les coachs n’étaient pas forcément d’accord avec mon style de jeu, ce qui peut s’entendre. Tout ce que je pouvais faire, c’était me donner à l’entraînement pour prouver que j’avais ma place sur le terrain. Ça n’a jamais été possible.
« Le placard est resté fermé »
Avec les trois entraîneurs, avez-vous vu trois situations différentes ?
Oui. Avec le deuxième coach (Pozzecco, ndlr), c’était beaucoup plus direct. Mais c’était vraiment plus de l’incompréhension car tu tires un trait sur quelqu’un, sans forcément chercher à savoir qui il est en tant que joueur et en tant qu’homme. C’est un choix qu’il a fait, qui se respecte, puisqu’il est venu me le dire en face. Mais dans notre sport, il faut aussi savoir s’adapter car il y aura forcément des blessures, des mecs qui ne performent pas comme on le veut. Et c’est là où moi, je n’avais pas envie de partir de l’ASVEL parce que je pensais avoir l’opportunité. C’est très long une saison, il y a beaucoup de matchs, tous les joueurs ne vont pas performer au même moment. Il est évident que j’ai vu des similitudes sur les trois coachs puisque je n’ai pas joué, mais les trois situations étaient toutes différentes
Quand avez-vous compris à la fin, avec Pierric Poupet, que vous ne pourriez plus rejouer, contrairement à la petite tendance de son début de mandat ?
C’est trompeur de jouer 5-6 minutes. Quand tu es mis au placard pendant des semaines, c’est très difficile d’avoir un nouveau coach qui te refait jouer. Mbaye (Ndiaye) est sorti du placard, ça s’est très bien passé. Ça aurait pu être pour moi. Pour X ou Y raison, ça ne l’a pas été. Tant pis. Le placard est resté fermé. Pour répondre à la question, je l’ai ressenti très vite. J’ai assez d’années d’expérience pour savoir un peu comment ça se passe. J’ai compris très vite que je n’allais pas faire partie des plans du coach. Je me suis remis en mode entraînement et travail individuel, toujours en attendant une chance ou une ouverture.
Comment vit-on cette situation mentalement ?
Tout ce que j’ai pu faire, c’est me rapprocher de Dieu, garder mon socle familial et les gens qui étaient autour de moi quand ça allait moins. J’ai évité de trop m’éparpiller, de trop gamberger, de rester le plus serein possible, confiant en ses qualités, ne pas oublier qui tu es non plus. Parce qu’on n’est pas seulement des basketteurs : on est aussi des frères, des fils, potentiellement des pères de famille. Vraiment, le plus important, était de ne pas oublier qui j’étais. Je ne suis pas quelqu’un qui aime faire trop de vagues. Je suis un compétiteur, j’aime jouer au basket mais la pire chose que j’aurais pu faire, ça aurait été de dégrader mon image en commençant à faire n’importe quoi. Ça aurait été préjudiciable pour moi, pour le groupe et pour le club. Je pense que je l’ai bien fait et c’est pour ça que je me retrouve dans cette situation aujourd’hui.
Avez-vous reçu beaucoup de soutien ?
Oui. Toutes les personnes qui m’ont soutenu, je leur ai rendu fièrement. J’ai remercié tous ceux qui ont été avec moi au club, je les remercie encore. Tu ne t’en sors pas tout seul de ces choses-là. C’est sûr qu’il faut avoir de la gratitude envers ces gens-là et ne pas oublier.
« Si c’était à refaire, je referais le même choix à chaque fois »
Comment expliquez-vous la nouvelle saison compliquée traversée par l’ASVEL ?
Il y a beaucoup d’instabilité, beaucoup de choses qu’on ne voit pas forcément. Je pense que la volonté de performer est là, la volonté d’être présent chaque soir aussi. Sauf qu’il y a des détails qu’on ne connaît pas, qui font que l’équipe n’arrive pas à performer, l’organisation non plus. Il y a des personnes mises en place, qui seront plus à même que moi de répondre à cette question. J’espère qu’ils vont se retrouver et qu’ils vont terminer cette saison du mieux qu’ils peuvent, d’apporter mon soutien à l’équipe. Malgré tout, j’espère qu’ils vont mieux figurer en fin de saison.
Connaissez-vous la date du match retour ?
(il rit). Oui, je connais la date du match retour. Je sais très bien quand on va jouer contre eux (le 30 mars au Rhénus, ndlr). Je ne dis pas que ce sera un match comme les autres, mais il ne faudra pas laisser le côté émotionnel prendre le dessus. Il faudra rester professionnel, comme je l’ai fait depuis des mois. Ça ne marche jamais de prendre les choses trop à cœur. Je pense qu’il faut faire les choses naturellement. J’ai beaucoup foi en moi, j’ai foi en Dieu et c’était écrit que je sois ici. Ce match là, s’il doit bien se passer ,il se passera bien. S’il doit se passer de manière différente, ça se passera de manière différente. Mais je suis très serein et calme par rapport à cette rencontre.
Il y a un an, vous faisiez partie des meilleurs Français du championnat, et vous avez complètement disparu de la circulation en six mois. C’est une transition assez vertigineuse. Votre situation prouve que les choses peuvent aller vite dans le sport ?
Exactement. Ça montre les bons et les mauvais côtés du sport. Mais on n’est pas à l’abri que je revienne au cours des trois prochains mois au niveau auquel j’étais, et j’y compte bien. Il y a des hauts et des bas dans notre métier, il faut faire avec, et toujours essayer de rester régulier et constant dans ses émotions, dans son travail. C’est ce que j’ai fait. C’est vrai qu’il faut s’attendre à tout dans une carrière.
Si l’on revient à l’été dernier, feriez-vous le même choix ?
Oui, tout pareil. J’en ai discuté des milliers de fois pendant la période (il sourit). J’ai eu le temps de penser, de refaire l’histoire. Mais pour moi, c’était le bon choix, c’était le bon moment d’aller à l’ASVEL. Je me sentais prêt. Je me sentais prêt physiquement et mentalement pour encaisser la charge de travail, la charge émotionnelle pour ce niveau là. Ça n’a pas marché mais si c’est à refaire, je le referais à chaque fois.
Vraiment ?
Bien sûr. Parce que je suis quelqu’un de très ambitieux. J’ai prouvé l’année dernière que je faisais partie des meilleurs joueurs français du championnat, et j’en fais toujours partie. J’étais vraiment dominant, on a accompli pas mal de choses avec Cholet et aller à l’ASVEL était une suite logique pour moi. Pour pas mal de personnes aussi. Il y a eu un détail dans l’équation qui n’a pas marché mais je referais tous les jours le même choix.
« Je veux revenir en EuroLeague avec un rôle totalement différent »
À 29 ans, vous avez encore plusieurs années devant vous. Qu’est-ce qui vous fait envie pour l’avenir ?
À court terme, c’est de performer avec Strasbourg, de les emmener le plus loin possible. C’est quelque chose de très important pour moi car ils m’ont fait confiance, ils m’ont fait revenir après six mois compliqués. À moyen terme, c’est de revenir à ce niveau EuroLeague avec un rôle totalement différent, diamétralement différent. C’est quelque chose qui est dans un coin de ma tête. Après, je veux juste continuer à prendre du plaisir sur le terrain, continuer à performer, être en bonne santé, et garder le sourire.
Ce qui s’est passé avec l’ASVEL ne remodèle pas vos ambitions ?
Non, au contraire. Justement, ça me donne encore plus de motivation pour revenir à ce niveau là, revenir avec une image différente, revenir avec un rôle différent, une perception différente des choses. Peut-être faire les choses de manière différente de mon côté aussi, parce qu’on a tous notre part de responsabilité. Ça n’enlève en rien ma détermination et ma motivation par rapport à mes objectifs.
Que feriez-vous différemment alors ?
Je pense que je le saurais au moment venu. Là, maintenant, je ne pourrais pas vous le dire, quoi faire, quand et où. Quand le moment arrivera où je reviendrai à ce niveau-là, je saurais comment réagir.
Avoir une nouvelle chance à ce niveau EuroLeague vous semble possible ?
Je pense que c’est en fonction de toi, de ta volonté, des choses… Mais oui, j’ai la ferme intention aussi de continuer à évoluer à ce niveau là. Après, il y aura toujours des détracteurs, il y aura des gens qui seront avec moi, d’autres contre moi, mais je suis persuadé que je vais revenir à ce niveau, peut-être plus vite que prévu. On verra.
Avez-vous eu l’impression d’être un joueur EuroLeague cette saison ?
Je dirais surtout que je n’ai pas eu l’opportunité de pouvoir le prouver. Je sais que je le suis toujours. C’est à moi de faire le boulot, de faire les bons choix pour revenir à ce niveau là et le prouver. Ce n’est pas une période de six mois qui va enlever toute ma détermination, mon niveau et tout ce que je peux apporter.
L’éclaircie belgradoise
S’il n’a pu disputer que trois bouts de matchs en EuroLeague (4 minutes contre Bologne et l’Étoile Rouge, 6 minutes à Vitoria), cette deuxième campagne européenne aura tout de même eu le mérite de faire vivre à Boris Dallo l’un des moments les plus poignants de sa carrière. Marqué à vie par son passage au Partizan Belgrade (2013/15), le Nantais est retourné le 2 janvier dans la capitale serbe affronter son ancien club et a reçu un accueil extrêmement chaleureux de la part de la Stark Arena.
L’hommage du @PartizanBC pour nos frenchies @DalloBoris12 et @1JOLOLO passés par le club 🙏🏼🔥#EuroLeague #Partizan pic.twitter.com/dnyKVur0Vj
— EuroLeague France 🇫🇷 (@EuroLeagueFr) January 2, 2024
« C’était quelque chose de très, très émouvant », souffle-t-il. « Ça m’a fait énormément plaisir. À ce moment-là, j’en avais besoin. Voir de l’amour et du respect de la part de toutes ces personnes m’a redonné beaucoup de force. »
Une ovation remarquable, quasiment démesurée pour un joueur parti en 2015 et qui n’a jamais tenu les premiers rôles sous le maillot du Partizan (3 points en 11 minutes de moyenne en 2014/15), mais qui s’explique par l’attachement suscité par la très jeune équipe de l’époque (les Partizan Kids), notamment sacrée championne de Serbie en 2014 face au rival honni Étoile Rouge en finale (3-1). « C’est le contexte », acquiesce-t-il. « J’étais encore un enfant quand je suis arrivé à Belgrade : j’avais 19 ans et je suis reparti à 21 ans. Il y a aussi le fait de m’être adapté très vite, d’avoir appris le Serbe rapidement et d’avoir un groupe très jeune. On était tous très soudés. C’est un pays très attachant, où le basket est une religion. Avec Léo (Westermann) et Joffrey (Lauvergne), on a su s’imprégner de la culture et de l’amour du club. Ils nous le rendent, ils nous l’ont rendu et ils nous le rendront très bien. »
Propos recueillis à Strasbourg,
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