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ITW Bodian Massa : « Je ne veux pas passer toute ma vie en Pro B »

Pour Bodian Massa (2,10 m, 22 ans), le parcours n’est pas commun. Pas de sélection en équipe de France jeune ou de championnat espoir, mais peu importe, il a su se construire un nom sur les terrains français.

Quand on rembobine l’histoire depuis le début, Bodian Massa n’était pas vraiment attiré par la balle orange. Né à Marseille en 1997 avant de partir vivre à Aulnay-sous-bois un an plus-tard jusqu’à ses 15 ans, Bodian, comme beaucoup de « minot » du Sud, est davantage attiré par le football. C’est à l’été de ses 16 ans qu’il est repéré, grâce à sa grande taille,  par un coach du club de basket de l’Elan Sportif des Pennes Mirabeau. Club où il y jouera pendant une saison avant d’attirer l’attention des recruteurs de Fos Provence lors d’un tournoi organisé par le club professionnel des Bouches-du-Rhône. Dans la foulée, il effectue des tests qui s’avèreront concluants puisque Bodian intègre le centre de formation en troisième année cadet (U18). C’est donc en U18 puis en Nationale 3, synonyme d’équipe espoir à Fos, qu’il a effectué ses classes chez les BYers. A la fin de sa première année avec les espoirs de Fos, il fait quelques entraînements avec le groupe professionnel occasion pour lui de permettre de connaître «  l’exigence du monde professionnel », avant de faire ses premières apparitions en match lors de la Leaders Cup de la saison 2016/17. Mais en manque de temps de jeu avec les professionnels, le club décide de le prêter au Saint Chamond Basket pour la saison 2018/19 de Pro B. « C’était la bonne décision pour moi. Le club allait monter en Jeep ELITE, et étant donné que je n’étais pas encore prêt à jouer à ce niveau-là, le club et moi-même avons décidé de m’envoyer à Saint Chamond. A Fos, vu que je n’avais plus l’âge pour jouer avec les espoirs, j’aurais eu le rôle du douzième homme avec les pro. »

Ce choix va s’avérer être le bon pour Bodian, qui réalisé une bonne saison sur le plan individuel, en tournant à 6,1 points, et 5,6 rebonds pour 9,8 d’évaluation en 16 minutes par match, mais également sur le plan collectif puisqu’avec Saint Chamond, il accède aux demi-finales des playoffs. Une saison qui aura eu la vertue de l’aider à progresser. « C’est en jouant sur le terrain qu’on apprend et qu’on progresse. Et c’est vrai que dès le début j’ai eu beaucoup de responsabilités ce qui m’a permis de prendre des risques dans mon jeu, de tenter des choses et donc ainsi de progresser » avant de rebondir : « Outre ces statistiques, j’ai énormément appris en défense, à chaque entrainement avec le pivot Grismay Paumier. C’était très physique. » Cette saison s’est donc révélée être une opportunité pour cet intérieur long et mobile. Chose qu’il a su saisir pour pouvoir devenir le joueur qu’il est maintenant : « Avec du recul, peut-être que ce que j’ai fait à Saint Chamond jamais je n’aurais pu le faire à Fos, et donc jamais je ne me serais autant montré. Je ne regrette absolument pas, au contraire c’était un super choix pour moi. » Après cette année de découverte du monde professionnel plus qu’aboutie, Bodian a du confirmer les attentes placées sur lui du côté de son club formateur, Fos-Provence.

Une saison compliquée sur le plan collectif

Après une descente de Jeep ELITE l’année dernière, Fos-Provence était en début de saison un prétendant sérieux à la montée. Mais les « Black & Yellow » n’ont pas répondu aux attentes. Trop souvent sur courant alternatif, les Fosséens n’ont jamais su être incisifs dans les matchs importants : « Notre problème c’est qu’on a craqué trop de fois en fin de match. Exemple de Blois où on gagne de plus seize points dans le troisième quart-temps mais on perd quand même en prolongation. On n’arrivait pas à jouer pendant 40 minutes… et ça surtout contre les grosses équipes. » Un manque de stabilité pour cette équipe qui possède pourtant l’un des effectifs les plus fournis de Pro B : « Des bons joueurs on n’en manque pas mais on jouait tous chacun notre tour. Je trouve qu’on ne bougeait pas assez le ballon à certain moment. » Au fil des matchs c’est le doute qui s’est installé pour Bodian et ses coéquipiers, enchainant ainsi les mauvais résultats : « Au fur et à mesure les équipes n’avaient plus peur de nous, alors qu’on est censé jouer le titre. » Une situation que Bodian n’a pas pu éviter malgré ses belles performances : « Je sais que c’est ma meilleure saison pour l’instant mais je peux faire encore mieux, que ça soit au niveau des stats et donc encore plus aider l’équipe. »

La confirmation individuelle

Le retour de Bodian à Fos s’est passé dans un contexte difficile et particulier. Le club venait tout juste de sortir d’une saison compliquée en Jeep ELITE, et voulait de suite retrouver ce niveau. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu : « Quand je suis revenu au début ce n’était pas facile, car beaucoup de personnes attendaient des choses de moi et au début je n’ai pas répondu présent, je me suis mis une pression tout seul. » Mais le Marseillais a pris conscience de ses qualités pour exploser et réaliser la meilleure saison de sa jeune carrière, puisqu’il tournait à 8,3 points, 5,4 rebonds par matchs, 0,9 passe décisive pour 11,4 d’évaluation en presque 20 minutes par match au moment de la suspension de la saison. « Petit à petit lors de la saison, notamment grâce à mes proches, j’ai repris conscience de mes qualités et je n’ai jamais cessé de travailler avec l’assistant de Fos. »

Un travail qui a payé puisque Bodian à partir de décembre/janvier a commencé à enchainer les très bonnes performances, avec surtout une meilleure dynamique collective. Toutefois, ce fût une joie de courte durée avec l’arrêt de la compétition : « J’ai un goût amer de ne plus pouvoir jouer au basket, car en plus de ça j’étais sur une bonne lancée, mais je ne dirais pas non plus que je suis déçu. Je dirais plutôt que j’ai un sentiment d’inachevé. Je pense qu’en fin de saison j’aurais pu montrer encore plus et réellement exploser. » Mais le jeune pivot de 22 ans prend ce mal pour un bien : « C’est vrai que cette saison avec Fos c’était compliqué au niveau des résultats, donc cet arrêt de saison cela pourrait nous permettre de revenir plus fort la saison prochaine pour pouvoir jouer à fond notre objectif : La montée. » Ayant la chance d’être le voisin du préparateur physique de Fos, Bodian a les outils à sa disposition pour réaliser ses objectifs : « Je me tiens en forme, en respectant les gestes barrières bien sûr. Cette fin de saison ne va pas m’arrêter, au contraire je vais revenir encore plus fort. »

La Jeep ELITE plein les yeux

Le joueur de Fos ne s’en cache pas, il veut jouer au meilleur niveau français et se confronter aux meilleurs, mais dans l’idéal ça sera avec son club actuel : « La Jeep ELITE ? Oui c’est clairement un objectif à court terme. Ça dépendra forcément de mon contrat mais je me vois bien monter avec Fos d’ici un ou deux ans. » Si avec son club de cœur cela ne se passe pas comme prévu sportivement, Bodian ne se ferme aucune porte à l’avenir : « Ca reste mon objectif d’y arriver avec Fos. Donc on verra en temps voulu. Mais ce qui est sûr et certain c’est que je ne veux pas passer toute ma vie en Pro B. » Comme tous les joueurs de basket de son âge, Bodian rêve de NBA mais il est bien conscient du paradoxe : « La NBA c’est un rêve parce que je regarde depuis tout petit mais je suis bien conscient que je n’ai pas du tout le style de jeu pour y jouer. » avant de rebondir sur la possibilité d’un départ à l’étranger : « J’aime beaucoup l’Espagne et son style de jeu, ça colle beaucoup plus avec moi. J’aime quand ça court et que c’est dynamique comme ça. Et puis on ne va pas se mentir, jouer dans un top club européen, c’est le rêve de tout le monde. »

Et lorsqu’on demande à Bodian s’il pense à la sélection nationale, sa réponse ne se fait pas attendre : « L’équipe de France, je l’ai un dans coin de ma tête. Je dis bien un coin parce qu’il y a encore beaucoup d’étapes avant. Après, même si je n’ai pas la double nationalité, j’ai des origines sénégalaises donc pourquoi pas. Ça sera en fonction de l’équipe qui sera la plus intéressée, mais en tout cas être international, c’est aussi un objectif. » Des objectifs Bodian Massa n’en manque pas, mais le plus intéressant réside dans sa capacité à progresser et travailler : « Ce sont des objectifs, mais pour cela je dois encore travailler. Comme beaucoup de joueurs de mon âge je dois prendre de la masse et puis également travailler sur mes fondamentaux, vu que j’ai commencé sur le tard. » Exigeant et généreux sur les parquets, nul doute que Bodian donnera le meilleur de lui-même. Le message est clair messieurs, à l’avenir gare à vos raquettes. 

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