Kim Tillie atteint d’une tumeur testiculaire : « Le basket m’aide un peu à oublier »
Par l’intermédiaire d’un communiqué envoyé lundi à 10h32, Cholet Basket a informé le monde du basket de la mauvaise nouvelle : Kim Tillie (34 ans) souffre d’une tumeur testiculaire et devra subir une intervention chirurgicale dans les meilleurs délais. « Tumeur », le mot fait peur mais l’international français (42 sélections) a décidé de ne rien cacher de ce qui l’attend. C’est lui qui a demandé à son employeur de révéler l’information, lui, surtout, qui suscite l’admiration de tout un club pour avoir tenu à disputer la demi-finale de FIBA Europe Cup contre les Estoniens du BC Kalev malgré les circonstances et lui encore qui s’est rendu disponible avec une profonde gentillesse tard lundi soir pour répondre à nos questions. Avec une pointe d’inquiétude, forcément, mais aussi avec une vraie tonalité optimiste.
Kim, premièrement, comment allez-vous, à la fois physiquement et mentalement ?
Physiquement, je n’ai pas vraiment de symptômes. C’est ça qui est un peu bizarre. J’ai senti il y a quelques semaines une petite bosse sur mon testicule. Je pensais que ce n’était rien et j’ai finalement décidé en fin de semaine dernière d’aller chez l’urologue. Suite à l’échographie, il a directement vu que c’était une tumeur et ma journée a été chamboulée : examens, scanner, tests sanguins, etc, à l’hôpital. Le verdict est qu’il faut opérer. Ça m’a mis un peu sur la coup sur la tête. Surtout que ça arrive à un mauvais moment de la saison niveau basket. C’est embêtant mais c’est quelque chose d’important qu’il faut traiter le plus rapidement possible. On doit opérer dès la semaine prochaine. Le point positif, c’est que le scanner et les examens sanguins sont assez bons. Il n’y a pas de cancer propagé ailleurs que dans cette région donc on espère que je n’aurai pas besoin de faire de traitement supplémentaire suite à l’opération et que je pourrais reprendre le basket le plus rapidement possible.
Et mentalement ? Comment avez-vous réagi à cette nouvelle ?
Mentalement, c’est très difficile. Heureusement que j’ai beaucoup de gens qui sont là pour moi, beaucoup de soutien, beaucoup de messages… Avec le chirurgien, on a fixé la date de l’opération au 6 avril et d’ici là, j’ai trois matchs en fait (il rit). J’ai décidé de rester avec l’équipe, avec le feu vert du chirurgien bien sûr. Je vais continuer à jouer au basket avant l’opération et essayer d’aider l’équipe du mieux possible, même si c’est un peu compliqué psychologiquement. Mais le basket m’aide un peu à oublier et à passer le temps avant l’opération. J’ai cherché sur Internet s’il y avait des cas de sportifs de haut-niveau qui avaient continué à jouer et je n’ai pas trouvé. J’ai totalement confiance dans le chirurgien, il m’a dit qu’il n’y aurait pas de problème à jouer au basket une semaine de plus, donc j’ai décidé de faire ça et même de placer la date de l’opération en fonction des matchs.
« Le chirurgien voulait m’opérer avant la demi-finale retour mais j’ai décidé de repousser »
Ce qui signifie que vous avez tenu à disputer la demi-finale retour de la FIBA Europe Cup ?
C’est ça (il rit). Le chirurgien avait d’abord proposé de m’opérer quelques jours avant. Mais j’ai demandé si quelques jours feraient une différence ou pas. J’ai eu le feu vert donc j’ai décidé de repousser pour pouvoir disputer cette demi-finale retour. Ce sera le mercredi 5 avril et l’opération est le jeudi 6 avril.
Le message envoyé au club et à vos coéquipiers est certes assez fort mais le basket ne paraît pas dérisoire à côté ?
(il rit) Oui, c’est un peu bizarre mais j’avais dit au coach Laurent (Vila), au président (Jérôme Mérignac) et au GM (Guillaume Costentin) que je vais faire de mon mieux et être le plus professionnel possible. Ça va être difficile mais c’est comme ça. Tant qu’à faire, je préfère jouer au basket que rester assis chez moi à attendre l’opération. Autant aider l’équipe jusque-là.
Après l’opération, quel est sera le programme ?
On verra après car on ne sait pas encore si la tumeur est cancéreuse ou bénigne. Neuf cas sur dix, c’est cancéreux donc il faut opérer le plus vite possible. Le cas le plus optimiste est que je n’ai pas besoin de traitement supplémentaire. Mon temps de retour est incertain mais j’espère pouvoir rejouer avant la fin de saison, le temps que la cicatrice guérisse. Mon objectif est de revenir pour les playoffs, je vais travailler là-dessus. Au plus tôt, on me dit un mois, un mois et demi. Quand on calcule, ça coïncide avec les playoffs donc j’espère. Le seul problème, c’est que l’opération se déroule par voie inguinale (au niveau de l’aine). C’est une zone compliquée et je ne pourrais pas faire de sport pendant trois semaines – un mois le temps que la cicatrice guérisse. Et ensuite, ce sera deux – trois semaines de réathlétisation avant de rejouer. Ça, c’est dans le meilleur des cas.
« En parler publiquement pour sensibiliser les gens et en aider certains à avoir le courage d’aller faire des examens »
Quelle fut la réaction du club et de vos coéquipiers à cette annonce ?
Ils ont été super, franchement. Ils l’ont su avant que ça ne sorte dans la presse et ils ont montré leur soutien. Je suis très content d’être dans ce groupe là. C’est avec eux et ma famille que je l’ai partagé en premier. Ils sont très solidaires et je ne demande rien de plus d’eux.
Y a des choses plus importantes que le 🏀… GROSSE FORCE à notre gars @ktillie 🙏🏾 https://t.co/YqnDmSZhId
— Boris Dallo (@DalloBoris12) March 27, 2023
Le plus dur dans tout ça, c’est de devoir l’annoncer à votre famille, à vos enfants ?
Tout à fait. Ma femme était très inquiète. Mais j’essaye de rester optimiste, vu que tous les autres examens étaient très positifs. C’est une tumeur ou un cancer qui se développe très lentement. Heureusement, on l’a attrapé très tôt.
Pourquoi être si transparent sur un sujet aussi personnel ?
C’est moi qui ai fait la demande au club de l’annoncer publiquement, pour que les gens sachent ce qui se passe avec moi déjà. Imaginez que Cholet annonce : « Kim Tillie absent pendant deux mois ». Je vais recevoir mille messages en me demandant ce qui se passe donc j’ai préféré tout dire dès le début. Et aussi pour essayer de sensibiliser à cette tumeur, à ce cancer. J’espère que ça pourra aider deux – trois personnes à avoir le courage d’aller se faire checker car j’ai mis un peu de temps, un mois ou deux, de mon côté avant d’aller à l’hôpital. Si on sent que quelque chose ne va pas, il faut le faire. J’ai fini par y aller car il était arrivé exactement la même chose à mon père. Ce n’est pas censé être génétique ou héréditaire mais c’est possible que ce le soit… Autre que la sensation d’une petite bosse, je n’ai pas de symptômes donc c’est pour ça que c’était surprenant de le découvrir.
« Revenir pour les playoffs »
Votre téléphone n’a pas arrêté de sonner ce lundi ?
Toute la journée, oui. Là, je viens de passer la soirée au téléphone. En plus, on a eu une grosse séance d’entraînement pour préparer le match de mercredi. Mais j’ai reçu énormément de messages. Je voudrais publiquement remercier tout le monde d’avoir pris le temps de m’écrire. J’ai lu tous les messages, je suis comblé par le soutien reçu. J’espère que je serai de retour rapidement sur les terrains !
Qu’attendez-vous de ces trois rencontres ? Cela risque d’être trois matchs extrêmement particuliers dans une carrière ?
Hyper particuliers, oui… Surtout que ce sont des matchs couperets avec une demi-finale de Coupe d’Europe ! Psychologiquement, c’est hyper compliqué pour moi mais je me dis que tant qu’à faire, j’ai trois matchs pour tout donner. Je vais essayer de me donner à fond et d’aider à qualifier l’équipe pour la finale de la FIBA Europe Cup. Et ensuite, je ferai du mieux que je peux pour revenir à temps et aider le groupe en playoffs. Voilà mes objectifs pour le moment.
Après, le vrai objectif est de mettre tout cela derrière vous le plus rapidement possible…
Tout à fait. La santé avant tout, c’est sûr. J’espère que ça se terminera vite, sans trop de séquelles. Le chirurgien est très optimiste donc je pense être de retour sur les terrains de basket très rapidement.
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