Frédéric Fauthoux explique sa prolongation avec la JL Bourg : « Cette décision me soulage »
Frédéric Fauthoux est désormais lié à la JL Bourg jusqu’en 2027
« La JL Bourg vous invite à la conférence de presse de Julien Desbottes et Frédéric Fauthoux le samedi 6 avril 2024 à 12h45 en salle de presse à Ékinox. » Voici le courriel reçu par la presse basket française vendredi à 16h01. Évidemment, il ne fallait pas être oracle pour deviner l’objet de l’invitation : la prolongation de Frédéric Fauthoux (51 ans), secret de polichinelle depuis le début de semaine.
Une immense satisfaction pour la JL Bourg tant cette signature a été arrachée de haute lutte, face à des convoitises autrement plus attractives sur le papier. Ainsi, l’ASVEL, de son ex-coéquipier Tony Parker, s’était positionnée depuis des mois pour faire revenir celui qui a œuvré dans l’ombre de T.J. Parker pour décrocher deux titres de champion de France entre 2020 et 2022. Le club villeurbannais offrait la perspective enthousiasmante de coacher en EuroLeague, tout en allant certainement de pair avec un salaire revalorisé. Mais les incertitudes enveloppant l’avenir de l’institution rhodanienne, liées aux difficultés du sponsor SKWEEK, ont sûrement contribué à faire pencher la balance en faveur de Bourg-en-Bresse, souvent considéré comme le projet le mieux structuré de France, qui avait entamé les négociations dès l’été dernier.
Le coach aux meilleurs résultats de l’histoire à la JL
En seulement deux saisons dans l’Ain, Freddy Fauthoux aura su se hisser dans la lignée des Jean Grolet, Pierre Murtin, Alain Thinet, Frédéric Sarre et Savo Vucevic, tous ces entraîneurs qui ont marqué l’histoire de la Jeunesse Laïque. Voire même plus, puisque le club bressan n’avait jamais connu des résultats aussi élevés qu’au cours des 18 derniers mois : une troisième finale de Leaders Cup (après 2006 et 2019), une première demi-finale de Betclic ÉLITE et, surtout, une finale d’EuroCup, avec la possibilité immense de devenir le sixième club français à remporter une Coupe d’Europe (après Limoges, Pau-Orthez, Nancy, Nanterre et Monaco).
Ainsi, à l’instar du consultant François Lamy, Frédéric Fauthoux a rempilé pour trois ans avec la JL Bourg. Un contrat cependant assorti de clauses de sortie vers l’EuroLeague. En conférence de presse, l’ancien entraîneur des Metropolitans 92 (2015/20) s’est expliqué sur les raisons de son choix.
Interview Frédéric Fauthoux :
« Un choix sportif et de bien-être »
Frédéric, pourquoi avoir prolongé avec la JL Bourg ?
Déjà, je suis très heureux d’avoir pu prendre une décision qui n’était pas simple. Rien que d’avoir fait ça est un pas en avant et quelque chose qui me soulage. Aujourd’hui, c’est la meilleure des solutions que je pouvais avoir car je ne pense pas que l’aventure soit terminée. On a encore plein de choses à faire ensemble. Alors oui, le choix a été compliqué car il y avait aussi en face un beau projet, l’EuroLeague à coup sûr, jouer des titres à coup sûr, mon amitié avec Tony (Parker). L’équation n’était pas simple à résoudre. Bourg-en-Bresse a construit un vrai club, derrière les équipes de Julien (Desbottes) : je voulais continuer à travailler avec tous les collaborateurs, on a réussi à bâtir quelque chose et il faut aller aller chercher encore plus loin. J’ai été attentifs aux projets d’amélioration du club mais je sais très bien aussi qu’il y aura un plafond, à un moment donné, que la JL ne pourra pas dépasser. C’est en connaissance de cause. La sérénité dans une carrière, c’est aussi important et je pense sincèrement que c’était le bon choix. Surtout que l’on est en train de vivre une aventure incroyable : on a toujours envie d’aller plus loin.
Comment a évolué votre réflexion ? Avez-vous penché pour l’ASVEL à un moment donné ?
Sincèrement, ça a toujours été en balance, à 50-50. Je connaissais les points forts et les points faibles de chacun. Le curseur n’a jamais trop bougé. La seule chose qui m’a fait réfléchir énormément, c’est l’EuroLeague, et le respect de ce que fait Tony pour le basket français depuis des années. La raison, la globalité du projet et l’affection humaine que j’ai ici maintenant ont fait pencher la balance. Il y avait une proposition de la JL Bourg dès le mois d’octobre : ce n’était pas une question d’argent. La durée et le montant n’ont jamais varié.
« Ça a toujours été en balance 50-50 avec l’ASVEL »
Quid de l’incertitude autour de l’avenir financier de l’ASVEL, émanant des difficultés du sponsor SKWEEK ? Les échos des dernières semaines n’ont pas dû aider à trancher en faveur de Villeurbanne…
Forcément, j’entends, j’écoute. Mais j’ai surtout beaucoup parlé avec Tony lors de la dernière semaine. C’est ce qui m’a fait aussi décider ce choix-là.
Il y a peu de gens qui disent non à Tony Parker dans le basket français. Comment a-t-il réagi à votre décision ?
Très bien. Nos relations ont toujours été franches et sincères. On ne s’est jamais menti, toujours dit ce que l’on pensait, avec un très grand respect. Il m’a souhaité bonne chance pour l’avenir. Il a même regardé notre demi-finale contre le Besiktas et nous souhaite aussi bonne chance pour la finale. Bon, sûrement à Paris aussi, puisqu’il est très heureux qu’il y ait deux clubs français en finale (il sourit).
« Stabiliser le club dans le Top 4 serait déjà magique »
Que pouvez-vous viser sportivement pour ces trois prochaines saisons ?
Se stabiliser, ça voudrait déjà dire qu’on progresse. Le plus facile dans le haut niveau, c’est presque d’arriver en haut. S’y maintenir, c’est le plus compliqué. Là où on ne nous attend pas, c’est poser le club en haut de la pyramide en permanence. Ce serait déjà presque progresser d’y arriver. Mais on le ré-répète aussi depuis deux ans : gagner quelque chose, ce serait grandiose. J’ai beaucoup gagné quand je jouais, j’aimerais aussi le faire quand j’entraîne. Il y a beaucoup de choses réunies pour y arriver. Ce serait donc une étape supplémentaire de remporter un trophée. Mais stabiliser le club dans le Top 4 serait déjà magique.
Vous avez toujours été la priorité de la JL Bourg…
Il y a eu une proposition dès le début de saison, en septembre – octobre. Ce n’était pas une question d’argent de mon côté. La durée et le montant n’ont jamais varié. C’est un choix sportif et de bien-être avant tout.
Donc vous êtes bien à Bourg-en-Bresse…
On est pas mal ! Ça restera toujours trop loin du Sud-Ouest mais personne n’y peut rien malheureusement (il rit).
Julien Desbottes :
« Ça place la JL dans une dynamique encore plus ambitieuse »« Nous avons le plaisir que notre coach Frédéric Fauthoux ait accepté notre proposition de prolongation sur les trois prochaines saisons. Ça a pratiquement tenu en haleine l’ensemble du basket français, en intéressant beaucoup de monde (il sourit). Je suis particulièrement heureux que Freddy soit avec nous depuis deux ans, car on sort de deux saisons tout à fait exceptionnelles. Nous avons eu l’occasion de discuter ensemble de cette décision un certain nombre de fois tous les deux. On sort plus fort de cette période ensemble avec Freddy.
Décider, c’est renoncer. Il y avait des avantages et des inconvénients à chaque alternative. Ça place la JL dans une dynamique encore plus ambitieuse car si Freddy reste, c’est en conquérant. Le travail qui nous incombe en tant que responsables du club est de continuer la courbe d’ascension du club, structurée et construite. On sait pourquoi on en est là et on sait tout ce qu’il nous reste à faire. Sa prolongation constitue une motivation complémentaire pour encore faire progresser le club et converger vers les sommets du basket français, voire européen. »
À Bourg-en-Bresse,
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