Frédéric Fauthoux et la JL Bourg dénoncent une programmation « presque irresponsable » et « un traitement inéquitable » de la LNB
La JL Bourg de Frédéric Fauthoux est repartie victorieuse de Strasbourg, malgré un match joué en Grèce 48 heures plus tôt
Jeudi matin, 4h, la JL Bourg s’éveille dans son hôtel à Salonique. Au programme, un départ à 4h45 pour un décollage prévu à 7h pour Francfort afin d’aller jouer à Strasbourg dès le lendemain. Si le match en Grèce n’a finalement pas été épuisant avec une victoire de 41 points, le club bressan avait tenté d’anticiper en demandant auprès de la Ligue Nationale du Basket une programmation le samedi soir.
Deux fois plus tôt dans la saison, la Jeunesse Laïque avait obtenu gain de cause : sur les enchaînements Le Portel – Hambourg en septembre puis Ljubljana – La Rochelle en novembre. Mais pas cette fois… En novembre, la LNB et DAZN ont pourtant conjointement décidé de placer la rencontre Strasbourg – Bourg sur le créneau du vendredi 20h, malgré les requêtes burgiennes et l’accord de la SIG pour jouer le samedi.
Le contre-exemple de Le Portel – Dijon
« Il y a du mieux cette saison avec la programmation des matchs deux mois à l’avance, plus de dialogue et plus de volonté d’aider, mais sur un truc aussi particulier et prévu longtemps à l’avance, c’était dur de nous faire ça », plaide François Lamy. Le consultant sportif de la JL Bourg pointe aussi « un traitement inéquitable » en écho à la rencontre Le Portel – Dijon de la 11e journée. La rencontre était initialement prévue le vendredi 6 décembre, 48 heures après un déplacement de la JDA en Roumanie. Malgré le désaccord de l’ESSM, qui tenait à jouer le vendredi, la partie avait finalement été décalé au samedi soir et il n’y avait pas eu de match le vendredi ce week-end là… « Un règlement stipule qu’on ne peut pas jouer deux déplacements de suite en 48 heures, ce qui peut se comprendre. Mais c’est à nous qu’on demande de décaler le match », fulminait à l’époque Éric Girard, interrogé par La Voix du Nord.
Le texte en question est l’article 208.1 du Règlement des Compétitions LNB. Il prévoit « un espacement minimal de 72 heures pour deux rencontres disputées successivement à
l’extérieur par une même équipe », pouvant toutefois être réduit « en cas de circonstances exceptionnelles, notamment liées à la programmation TV ». Un règlement qui ne concernait autrefois pas l’EuroCup. « On avait annoncé clairement en Comité directeur que si un club acceptait une invitation en EuroCup, il se débrouillerait pour en assumer les conséquences », disait l’ex-président Alain Béral à L’Équipe en 2017. Depuis, les choses ont largement évolué et l’EuroCup est mieux acceptée par la nouvelle direction, même si la ligue continue de faire de son mieux pour surtout protéger les équipes engagées dans les compétitions FIBA (Champions League – FIBA Europe Cup). Or, les quatre matchs de ce samedi contiennent des clubs qui ont joué cette semaine. « Sur la base de ce qui avait été fait pour Dijon au Portel, ça n’était pas justifiable de nous l’imposer », poursuit François Lamy.
« Il faut faire attention à la santé des joueurs »
La fatigue du déplacement, et de neuf jours sur la route entre Poitiers, Paris, Salonique et Strasbourg, n’ont pas empêché la JL Bourg de l’emporter au Rhénus vendredi (76-70). Surtout, les Burgiens sont repartis d’Alsace sans aucun blessé, alors que l’argument de la santé des joueurs avait été brandi pour tenter de déplacer la rencontre au samedi. Mais Frédéric Fauthoux a tout de même tenu à s’élever contre le calendrier en conférence de presse.
« J’ai trouvé les joueurs héroïques parce que je n’étais pas très content de ce que nous a imposés la ligue sur ce week-end. Nous faire jouer ce vendredi à 20 heures à Strasbourg était presque irresponsable. On a joué mercredi soir à Salonique, on s’est levé à 4 heures du matin jeudi, on n’a pas d’avion privé… On a prévenu les dirigeants, on avait demandé il y a plusieurs mois de programmer ce match samedi, Strasbourg était d’accord… Mais la télé et la ligue ont décidé que ce serait vendredi. Ce n’est pas correct ! À un moment donné, il faut faire attention à la santé des joueurs. C’est eux qui font le spectacle, il faut qu’il soit à la hauteur et leur corps est leur outil de travail. Gagner 76-70, c’est bien mais la qualité du jeu n’était pas forcément là. Je ne trouve pas ça correct, on n’écoute pas les joueurs.
Si l’on avait joué à domicile, ça ne m’aurait pas posé de problème. On l’a déjà fait la semaine dernière entre Panevezys et Poitiers, où l’on avait eu une nuit correcte entre temps. On a déjà joué le dimanche puis le mardi, on ne s’était jamais plaints. Mais là, je ne suis vraiment pas content de la façon dont la façon dont nous a traités la ligue. C’est la première fois de ma carrière que je dis quelque chose comme ça… Là, c’était trop limite. Ce vendredi, j’avais peur qu’il arrive quelque chose à l’un de mes joueurs. Dans ce contexte, il n’y a absolument rien à reprocher à mes joueurs dans leur état d’esprit et leur envie d’aller chercher un match. »
Propos recueillis à Strasbourg
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