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France – Espagne : Une occasion en or

Neuf ans après avoir été couronnée à Ljubljana, l'équipe de France est aux portes du deuxième titre européen de son histoire. Les Bleus retrouveront leur vieil ennemi espagnol ce dimanche (20h30) en finale de l'EuroBasket. Présentation d'un soir pour l'histoire.
France – Espagne : Une occasion en or
Crédit photo : FIBA

« Si c’est le destin de retrouver l’Espagne en finale ? Oui, on peut parler de ça », souffle Vincent Collet. France – Espagne, ou le souvenir d’une époque, deux des plus grandes joies de son mandat de sélectionneur, une majorité des peines les plus incommensurables… Mais France – Espagne est désormais presque une affiche d’un autre temps, même si certains des protagonistes principaux de la rivalité continueront de venir se rappeler au bon souvenir des années 2010 : la mèche de Rudy Fernandez s’agitera sur le parquet berlinois, en écho à la « cravate » sur Tony Parker en 2011, tandis que la raie plaquée de Thomas Heurtel ramènera la Roja à la douleur de son coup de poignard en 2014. Il reste certes encore quelques survivants mais ce sont surtout les affres d’une autre génération, les vestiges d’une autre époque. « La rivalité avec l’Espagne est vraiment propre aux anciens », indiquait ainsi Evan Fournier samedi, même s’il a connu la cicatrice de Villeneuve-d’Ascq. « Ça se ressent chez eux qu’ils ont vécu beaucoup de mauvais moments contre l’Espagne. Vendredi, Boris (Diaw) donnait l’impression qu’il était encore joueur : il voulait enfiler son short, ses chaussures et aller leur mettre des coups ! » Pour autant, la génération actuelle peut toujours se servir d’éléments historiques : ainsi, en se faisant tailler la barbe dans un salon de l’hôtel des Bleus à Berlin samedi après-midi, Evan Fournier regardait le traumatisant France – Grèce de l’été 2005, comme s’il voulait se nourrir des douleurs du passé…

L’âge d’or du basket français

Drôle de clin d’œil du destin, justement, que de donner l’opportunité à cette génération de parvenir à son Graal face à l’adversaire qui a tant fracassé les rêves de sa devancière. Ces Bleus nouvelle version sont face à une partie de l’héritage qu’ils laisseront une fois partis. Pour l’instant, ils sont ceux qui ont pérennisé la France au sommet de la hiérarchie mondiale, mais sans parvenir à trouver la moindre consécration. « J’ai trop de médailles de bronze et d’argent, je veux l’or », ne cesse de clamer Rudy Gobert. En prenant en compte l’argent olympique, un trophée européen ferait automatiquement de cette génération la plus décorée du basket français et pourrait même servir d’argument sérieux quant à l’ouverture d’une discussion concernant la meilleure de l’histoire. Débat superflu : Fournier, Gobert et compagnie ne font que prolonger l’âge d’or du basket tricolore, initié par Parker et ses copains. Mais il leur faut désormais un titre tangible à ajouter au palmarès. « C’est un match plus important que les autres », ne cache pas Rudy Gobert. « On a travaillé dur toute notre carrière pour se mettre en position de vivre ça. Il faut savoir apprécier ces moments-là mais surtout saisir l’opportunité. Nous pouvons continuer à écrire l’histoire, c’est ça qui est beau. »

Sergio Scariolo et Lorenzo Brown, le nouveau duo fort de la Roja (photo : FIBA)

De son côté, l’histoire, l’Espagne l’a presque déjà pratiquement écrite avec, quoiqu’il arrive ce dimanche, un chapitre merveilleux pour l’été 2022.  Avec les retraites des frères Gasol et de Sergio Rodriguez, sans oublier la blessure de Ricky Rubio (l’un des meilleurs joueurs au monde en version FIBA), la Roja était pressentie comme une équipe en reconstruction, complètement écartée de la lutte au podium pour la première fois depuis une éternité. « Je n’aurais pas misé sur l’Espagne en finale », acquiesce Evan Fournier. Des doutes qui ont nourri les Ibériques tout au long de leur été. « Personne ne comptait sur nous, personne ne croyait en nous avant l’Euro, mais dans le vestiaire, on se voit tous comme des champions », hurlait Juancho Hernangomez dans les coursives de la Mercedes-Benz Arena vendredi soir. Un parcours somptueux qui trouve l’une de ses sources dans l’avènement d’un duo improbable : Sergio Scariolo – Lorenzo Brown. Parmi les tous meilleurs sélectionneurs de l’histoire du basket mondial, médaillé pour la huitième fois de sa carrière, vainqueur de onze de ses douze duels contre Vincent Collet, l’Italien a su hisser cette équipe chancelante vers les sommets, lui qui avait avoué en août avoir envisagé arrêter de regarder le match amical entre la Slovénie et la Serbie pour ne pas déprimer. « Cette médaille est la moins attendue, mais peut-être la plus satisfaisante de toutes », exprime-t-il. Tout en responsabilisant des soutiers comme Alberto Diaz ou Usman Garuba, et en laissant un grand espace de liberté à Willy Hernangomez (20,6 d’évaluation en 21 minutes) dans la raquette, il a donné contre vents et marées les clefs du camion à un Américain naturalisé. Deux mois après l’obtention de son passeport, Lorenzo Broño a tracté ses nouveaux compatriotes avec 28 points en huitième de finale, un double-double en quart puis 29 unités en demi ! « On ne peut pas parler de l’Espagne sans parler de Brown », souligne Vincent Collet. « Il bonifie magnifiquement un collectif, qui n’avait pas besoin de ça. Sergio Scariolo a résisté à la vox populi, aux voix qui se sont élevées contre sa naturalisation, car il savait qu’il avait besoin de ce joueur. Et depuis, il a fait progresser son groupe tout au long de la compétition. Quand on les regarde jouer, ce n’est plus la même équipe qu’en poule… »

« L’Espagne, meilleure école de basket » mais les Bleus favoris ?

Cette finale attendue est surtout le témoignage d’un savoir-faire ancestral de l’autre côté des Pyrénées, le signe d’une excellence. « La meilleure école de basket en Europe », répète Vincent Collet. Depuis quelques années, la FEB a lancé un programme d’uniformisation de son basket. « Nous voulons créer une structure pyramidale où on démarre sur des bases en baby-basket que l’on conserve jusqu’à l’âge adulte, tout en ajoutant progressivement des choses nouvelles. Le système est identique, la façon de s’entraîner est identique, etc. Des heures et des heures de travail ont été nécessaires mais nous en récoltons les premiers fruits avec des joueurs qui sont mieux préparés à faire partie d’un collectif, sans aucun égoïsme, où ils connaissent déjà en avance les concepts de notre équipe A. » Les résultats sont là pour le prouver : une finale dans toutes les compétitions FIBA disputées cet été… « Ce n’est peut-être plus le même groupe qu’avant mais l’Espagne a toujours la culture de la gagne », plaide Rudy Gobert. « On sait qu’il ne faut jamais parier contre eux, les penser perdants. » Mais malgré tout, il sera difficile pour les Bleus d’endosser un autre costume que celui du favori tant ils semblent mieux armés, sur le papier, que la Roja. « La France est une meilleure équipe que nous », déclarait Juancho Hernangomez vendredi. « Ils sont plus grands que nous, ils shootent mieux. » Un talent supérieur, oui, mais certainement pas un gage de victoire, comme l’ont prouvé les fins de matchs miraculeuses contre la Turquie et l’Italie, deux équipes supposément plus faibles. « Même si l’Espagne est un peu moins forte que les années d’avant, ils sont toujours chiants à jouer », explique Andrew Albicy. « C’est pour ça qu’ils sont arrivés là. Ils ont une défense impressionnante, un collectif, une vraie alchimie entre eux qui fait qu’ils arrivent à faire la différence. »

Douze hommes pour un titre ? (photo : FIBA)

Soit un peu tout ce qui manquait à l’équipe de France au début de la compétition. Après leur revers en Bosnie-Herzégovine où ils avaient montré d’inquiétantes largesses défensives, les Bleus ont proposé un contenu très irrégulier à Cologne, tantôt (in)suffisants, tantôt séduisants. Mais entre l’équipe balbutiante de l’entame et celle en mission jeudi face à la Pologne, il y a un vrai gouffre, rappelant une qualité fondamentale de la sélection de Vincent Collet : celle de savoir se mettre au niveau requis. « On savait où l’on voulait aller et on s’en est donné les moyens », indique Andrew Albicy. « Il est vrai que l’EuroBasket a commencé moyennement mais nous avons grandi et évolué au fur et à mesure de la compétition. Il y a une vraie force de caractère dans notre équipe. » Une abnégation, un refus du renoncement, un dévouement qui ont porté les tricolores très loin dans cet Euro, même quand les situations paraissaient désespérées. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi un collectif qui est né, une identité défensive affirmée et une profonde assurance. « J’ai retrouvé mon équipe« , savourait Evan Fournier après la démonstration en demi-finale. « Celle en qui j’ai 100% confiance, peu importe l’adversité. Celle de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques. Ça fait plaisir à voir. » Il y a aussi, pour l’équipe de France, ce sentiment d’être exactement là où elle voulait être, bien présente au rendez-vous fixé un an plus tôt dans le vestiaire de Saitama après avoir laissé filer l’or olympique. Mais il y a surtout cette envie brûlante de valider son admirable constance par un trophée, et d’entrer avec fracas dans la grande histoire du basket tricolore. Et puis, enfin, de réduire un tant soit peu la suprématie historique espagnole, histoire d’oublier quelques blessures du passé. Car, en face, il y aura Rudy Fernandez. En face, il y aura quand même l’Espagne…

À Berlin,

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