Engagé dans une polémique avec Grenade, Yiftach Ziv facteur X de la fin de saison de Saint-Quentin ?
Le SQBB espère que Yiftach Ziv, arrivé fin décembre, saura hausser son niveau
La semaine dernière, une rumeur a fleuri sur X : l’Hapoël Jérusalem, en quête d’un meneur israélien, pourrait faire jouer la clause de départ de Yiftach Ziv (1,91 m, 28 ans). « Pas au courant », Julien Mahé confiait souhaiter qu’elle soit fausse. « On espère bien avoir Yiftach avec nous », ajoutait-il. Gagné : rien n’a été officialisé depuis et l’ancien pensionnaire du Maccabi Tel-Aviv (29 matchs d’EuroLeague entre 2021 et 2023) fait partie des joueurs aptes à affronter le BCM Gravelines-Dunkerque ce week-end.
« Énormément de travail défensif »
Un derby que l’international israélien, Axonais depuis Noël, devrait aborder avec une envie de revanche. Brillant lors de ses premiers pas en Betclic ÉLITE (10,5 points, 3 rebonds et 5 passes décisives sur ses deux premières sorties), encore capable d’éclairer le jeu fin janvier à Nancy (5 passes décisives en 16 minutes de jeu), Yiftach Ziv a heurté un mur à l’occasion de ses cinq derniers jours pré-fenêtre internationale avec le SQBB : anonyme lors de l’inauguration de l’Adidas Arena (1 d’évaluation en 10 minutes), il a ensuite incarné la faible prestation picarde à Nanterre en Coupe de France (4 balles perdues en 11 minutes) avant de rester complètement muet pendant la Leaders Cup, dépassé défensivement face à Paris en quart de finale.
« Il est complètement en apprentissage », plaide Julien Mahé, son entraîneur. « C’est toujours la même histoire avec les joueurs qui arrivent en cours de saison : ils jouent avec fraîcheur, sans se poser de question, dans les premières intentions, et ça marche. Sauf qu’il est maintenant dans l’apprentissage de comment on veut le faire jouer et de son intégration dans l’équipe. Quand il est arrivé de Grenade, je lui ai dit qu’il débarquait dans un groupe qui gagne environ 1 match sur 2 : « On ne cherche pas un sauveur, c’est à toi de t’intégrer. » Défensivement, il a énormément de travail à faire car il fait beaucoup d’erreurs, vraiment : il nous a coûté très cher en Leaders Cup contre Paris par exemple. Hélas, il ne s’est pas trop entraîné avec nous pendant la trêve internationale car il est parti avec la sélection israélienne. J’espère qu’il va pouvoir apporter plus : il est primordial qu’il se mette au niveau de l’équipe défensivement. Dans la création, je pense qu’il peut apporter car il a vraiment des éclairs de grande qualité, à la fois sur le passe, sur le tir ou l’agressivité. C’est un profil que l’on recherchait, qui remplit les cases. Il a connu une dernière semaine difficile avec nous mais il apprend aussi. Je l’avais prévenu avant le premier match à Paris qu’il allait prendre une claque et il l’a prise. »
De quoi lui conférer assez facilement le profil du facteur X de la fin de saison, où le SQBB, actuel 6e de Betclic ÉLITE, s’évertuera d’abord à valider son objectif maintien. Avant d’accepter d’évoquer, officiellement, les playoffs ? Ce qui serait une première depuis Le Portel, en 2017, et la météorite monégasque en 2016…
« On m’a ostracisé parce que je suis Israélien et juif » :
les accusations de Ziv envers GrenadeVu avec l’équipe d’Israël la semaine dernière (6,5 points et 2,5 interceptions), Yiftach Ziv a profité de son retour en sélection pour raconter, au média YNet, l’expérience malheureuse vécue en Espagne, avec Grenade, en début de saison. Initialement très prometteur en Liga Endesa (9,7 points, 2,3 rebonds et 6 passes décisives pour 13,7 d’évaluation), il a décliné après le 7 octobre, date du début de la guerre entre Israël et le Hamas (2 points, 2,2 rebonds et 1 passe décisive pour -1,5 d’évaluation).
« J’étais très heureux là-bas au départ mais après le 7 octobre, j’ai traversé une période très déplaisante, à la fois professionnellement et humainement. Le club ne m’a du tout soutenu, ils m’ont abandonné. Parce que j’étais Israélien ? Personne ne me l’a dit directement, mais c’était mon sentiment. Personne n’est venu me demander comment j’allais ou comment ma famille allait. J’avais l’impression d’être transparent. C’est déraisonnable que personne ne soit venu me parler après le 7 octobre. […] C’est marrant : deux jours avant le 7 octobre, le coach est venu me voir pour me dire : « Tu tournes à 10 points et 6 passes décisives de moyenne, tu as l’air bien. » Après, il m’a montré mes axes d’amélioration et m’a dit que le club serait patient avec moi. Est-ce qu’il y a un sens au fait que deux jours plus tard, il ne me demande pas comment je vais et ne me parle plus du tout ? Cela ne fait aucun doute que c’est parce que je suis Israélien et Juif. Ils m’ont tout simplement ostracisé. Ça a laissé une cicatrice sur moi car c’est la première fois que j’allais en Europe, et j’attendais cela avec impatience. »
Grenade dément
Du haut de ses 28 ans, le triple All-Star de Winner League n’a pourtant pas voulu s’arrêter à cette seule expérience malheureuse pour sa découverte de l’étranger. Dans la même interview, il a mis en exergue l’attitude humaine de Julien Mahé, son nouvel entraîneur au SQBB. « Avant de signer à Saint-Quentin, j’ai discuté avec le coach et je lui ai affirmé que je voulais juste profiter et bien me sentir. Il m’a dit : « Attends, avant le basket, comment vas-tu, comment va ta famille ? » Je lui ai répondu qu’il avait gagné des points juste avec ça. »
Mis en cause, le club de Grenade a répondu que sa baisse de responsabilités et son départ étaient uniquement liés à des questions sportives. « Quand Yiftach Ziv dit que nous n’étions pas intéressés par sa vie personnelle, c’est totalement faux. Cela est prouvé par plusieurs conférences de presse de notre coach Pablo Pin, par des interviews du président Oscar Fernandez-Arenas et dans les fois innombrables où il a été questionné directement sur sa situation personnelle et familiale. […] La nationalité du joueur n’a jamais été un problème pour nous, comme on peut le voir avec l’invitation reçue par l’ancien footballeur de Grenade, Shon Weissmann, qui a regardé l’un de nos matchs en loge présidentielle un mois après le début du conflit. »
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