L’itinéraire chaotique de Steven Cayol (Le Havre), devenu l’un des meilleurs joueurs de NM1 : « Il y a d’autres parcours qui existent »
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Steven Cayol avec le STB Le Havre à Boulogne-sur-Mer
Steven Cayol (1,94 m, 29 ans) est cette saison l’un des tous meilleurs joueurs du championnat de Nationale 1 masculine (NM1). Pourtant, l’arrière du STB Le Havre a enchaîné des années de galère avant d’en arriver là.
Arrivé en métropole de Guadeloupe à ses 18 ans pour évoluer en Prénationale, il tourne désormais à 12,3 points, 4,5 rebonds et 3,0 passes décisives par match à l’issue de la première phase. Il présente même la quatrième meilleure évaluation parmi les joueurs français (avec 15,9). Lui qui se défini comme un « slasher », il est revenue sur son parcours et la belle saison du Havre, qui a terminé premier de la poule B sous les ordres de Lauriane Dolt.
Son parcours
- 2016/2017 : Union Tarbes-Lourdes (NM1) & son équipe réserve
- 2017/2018 : blessé
- 2018/2019 : blessé
- 2019-2023 : Pays Salonais Basket 13 (NM2)
- 2023/2024 : Avignon – Le Pontet (NM1)
- 2024/2025 : Le Havre (NM1)
Sur ses débuts basket et son parcours en France
Je ne suis pas passé en centre de formation. Je suis même passé par de la Prénationale avant de faire de la Nationale 3 dans les Landes. C’est à ce moment là que j’ai intégré le groupe NM1 de Tarbes-Lourdes avec l’entraîneur Alexandre Casirimi (aujourd’hui coach de Saint-Vallier), tout en continuant avec l’équipe réserve (en CTC, lors de la saison 2016-2017). En gros, ma formation c’est Alexandre Casirimi, c’est lui qui a pris le temps de me former ! Ensuite, Alexandre est parti à Charleville-Mézières en Pro B, et m’a fait venir en tant que moins de -23 ans (U23). J’ai du faire à peine quelques semaines avant d’avoir une grosse blessure, une fracture de la rotule, qui a engendré deux ans d’arrêt. Je pensais arrêter le basket, je pensais même avoir déjà arrêté sauf qu’Alexandre m’a encore rappelé quand il a signé à Salon (Sapela) deux ans plus tard. Il m’a proposé de reprendre le basket et j’ai accepté.
J’avais signé à Salon un an initialement. Je fais une belle saison mais c’est à ce moment-là que le COVID est arrivé. Après deux ans de blessure sans jouer, deux ans de Covid ! Au final, j’ai fait quatre belles saisons à Salon (dont les trois premières avec Alexandre Casirimi), mais malheureusement on n’a pas réussi à monter. A la fin de chaque saison, j’avais reçu des offres de Nationale 1, que j’ai toutes refusées. J’avais une relation de confiance tant avec le club qu’avec le coach. J’adhérais vraiment au projet. Ensuite, je suis parti à Avignon en Nationale 1, à nouveau sous les ordres d’Alexandre Casirimi qui venait de décrocher la montée de NM2 à la NM1. J’ai fait une bonne saison qui m’a permis d’être recruté par Le Havre l’été dernier où j’essaye de confirmer. C’est un parcours atypique.
« Je me suis blessé à l’entraînement avant d’avoir pu signer de contrat… »
Sur sa blessure (fracture de la rotule)
Cela a été terrible. Déjà car elle est arrivée au mauvais moment. J’avais tout à prouver, en U23, et je me suis blessé à l’entraînement avant d’avoir signé mon contrat. Ce n’était donc pas un accident de travail et, sans contrat, je n’avais pas le soutien du club. J’ai du tout faire par moi-même. J’ai été en centre de rééducation à Cap Breton au moins 3 fois. Ça m’a pris 2 ans. J’avais tourné la page, je me focalisais sur autre chose que le basket. Mais Alexandre Casirimi et le basket m’ont rattrapé et donnés une nouvelle chance. Je suis reparti en centre de rééducation une quatrième fois à Cap Breton pour voir si j’étais vraiment apte à rejouer. Au final, une fois arrivé à Salon en NM2, j’ai pu constater que je n’étais pas prêt à arrêter le basket, et que j’avais bien récupéré de ma blessure.
Sur la précarité
Je n’avais pas l’aspect financier pour prendre un coach supplémentaire. C’était tout par moi-même. A Charleville-Mézières, j’avais seulement 21 ans, j’ai du retourner chez mes parents en Guadeloupe trois ans après en être parti. Je ne pouvais plus payer de loyer et j’avais surtout besoin de me ressourcer, me vider la tête. Tu pars pour le basket, tu as une grosse blessure, pas de contrat, tu prends un gros coup. J’y suis resté quatre mois avant de revenir en métropole déterminé, trouver des petits boulots etc. Deux ans c’est long, il faut avoir du mental et ne rien lâcher.
« Je n’ai plus de limites, je veux me tester en Pro B »
Steven Cayol, sur son souhait de monter avec Le Havre
Sur sa superbe saison au Havre
Je suis assez fier quand j’y pense. Je suis content et la vie me le redonne. C’est le mental qui a fait que je suis là actuellement. Ne rien lâcher et prendre les opportunités. C’est aussi ce que je veux montrer à travers mon histoire, pour tous les jeunes qui ne réussissent pas forcément à aller en centre de formation, pour montrer qu’il y a d’autres parcours qui existent. Peu importe les obstacles, si tu as un objectif en tête, il ne faut rien lâcher et la vie te le rendra. J’ai envie de me donner comme exemple, et j’espère être un bon exemple pour les jeunes.
Sur le terrain ? Moi je suis un slasher ! Je ramène de l’énergie, de la défense, le côté athlétique, de la vitesse, de la course… On rassemble tout ça et ça fait un energizer ! Je suis compétiteur. La blessure est derrière moi, je me sens bien. Laurianne Dolt m’a appelé pour me parler du projet du Havre. Il y a vraiment quelque chose à faire ici, et si je veux découvrir la Pro B, pourquoi pas tout faire pour monter avec Le Havre. Au point où j’en suis, je n’ai plus de limites ! Je veux me tester en Pro B, et autant le faire avec Le Havre et une coach qui me connaît déjà ! Laurianne (Dolt) me fait progresser, dans l’aspect QI basket, la lecture, dans mon style de jeu. Elle utilise super bien mes qualités et celles de chaque joueur. Moi je trouve que c’est une coach incroyable.
« Il n’y a pas de star dans l’équipe »
Steven Cayol sur la force collective du Havre cette saison
Sur les ambitions collectives avec le STB
On a un projet qui est d’accéder au plus vite à la Pro B. Le club et la coach ont construit un effectif en conséquence, on ne va pas se le cacher. On vise la montée tout de suite. Notre équipe est basée sur le collectif et une grosse défense, avec l’adage « c’est la défense qui gagne des matchs ». En attaque, le danger vient de partout : un jour Joel Awich, un autre Keith Wright, Valentin Bigote, moi… C’est ça qui est bien. Il n’y a pas de star dans l’équipe, c’est vraiment notre collectif qui fait qu’on brille et qu’on est là aujourd’hui (1er de la poule B). On a une défaite de plus que Quimper, on a toutes nos chances. A nous de faire le boulot.
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