Donatas Motiejunas, la nouvelle clef de voûte de l’AS Monaco ?
À Kaunas, il était la star. Mi-mai, lors du Final Four de l’EuroLeague, c’est lui que des dizaines de caméras attendaient dans le hall du petit aéroport local lors de l’arrivée de la délégation monégasque. C’est lui qui ne pouvait pas se balader tranquille dans les rues de sa ville natale, assailli par des dizaines de fans dès qu’il mettait le nez en dehors du Radisson Blu. Mais c’est aussi lui qui a moyennement assumé sur le parquet, pas aussi tranchant qu’il ne l’aurait souhaité (4,5 points à 33% et 3,5 rebonds), un peu à l’image de sa finale de l’an dernier face à l’ASVEL (7,8 points et 2,4 rebonds). Alors Donatas Motiejunas (2,13 m, 32 ans) a lancé une opération vendetta à partir des quarts de finale de Betclic ÉLITE. « Depuis le début des playoffs, on sait qu’on peut s’appuyer sur lui », apprécie son coéquipier Yoan Makoundou. « Il confirme sur chaque match. C’est bien qu’il prenne ses responsabilités et j’espère qu’il continuera à jouer comme ça lors des finales. »
L’an dernier, D-Mo avait fait partie des joueurs particulièrement marqués par l’échec à l’Astroballe. Et pour cause, à presque 32 ans, son palmarès restait désespérément vierge, si ce n’est une médaille d’argent lors de l’EuroBasket 2013. Depuis, s’il il a écrit une première ligne avec la Coupe de France, le Lituanien veut ajouter le seul trophée qui compte réellement en France. Et il s’en donne les moyens. Trois jours après le Final Four, il faisait partie des rares concernés contre Strasbourg (14 points à 4/6). Puis, laissé en Principauté à l’occasion du déplacement au Rhénus, il a détruit la JL Bourg en demi-finale, cumulant 20 points à 90% lors de la rencontre inaugurale ou 22 unités à 9/17 à Ékinox pour clôturer la série. « C’est lui qui nous a tués », admettait son vis-à-vis Pierre Pelos à l’issue de l’élimination burgienne. « Ils ont toujours su le trouver, il a mis ses shoots à trois points. Je pense que c’est qui nous a fait le plus mal, encore plus que James, Okobo ou Loyd. Dès qu’on arrivait à se rapprocher, c’est toujours lui qui se retrouvait seul à trois points ou qui marquait sur post-up. »
« C’est un grand joueur »
Le reflet de l’une des plus grosses panoplies offensives de France, malheureusement pas souvent assez exploitée par la Roca Team. En début de match, les systèmes appelés par Sasa Obradovic sont souvent à destination de Donatas Motiejunas, mais l’ancien intérieur de Houston est régulièrement oublié par ses partenaires au fil des minutes. Certainement frustrant pour lui, même s’il ne s’en est jamais ouvert publiquement. « Je ne suis pas tourné vers moi-même, mon objectif est juste de gagner », glissait-il dans l’Ain le week-end dernier. Mais le voir être le meilleur marqueur monégasque des playoffs (16,5 points à 68% et 4,3 rebonds en 24 minutes) n’est pas une surprise lorsqu’on connait son éthique de travail. Obligé de quitter la NBA à cause d’une grave blessure au dos, l’homme aux 262 matchs dans la grande ligue a embauché un kinésithérapeute personnel, Virginius Mikalauskas, pour revenir à son meilleur niveau. Depuis, il fait toujours inclure une clause spéciale dans ses contrats pour l’avoir à ses côtés dans chaque club. « Donatas est un vrai professionnel », souligne Sasa Obradovic. « Surtout, même s’il est parfois irrégulier d’un match à l’autre, c’est un grand joueur. Quand il est en rythme, il est très dur à défendre : il peut shooter de loin, il est inarrêtable à l’intérieur, il a un gros QI basket. Au sein d’un groupe, c’est un super coéquipier. C’est aussi le joueur idéal pour un coach. C’est le genre de mec qui va toujours se sacrifier pour l’équipe, c’est bien d’avoir un joueur comme ça. » Depuis le début des playoffs, la dernière phrase est difficilement contestable…
Au duel face à Wemby
Si John Brown III sera certainement l’une des armes anti-Wembanyama pour l’AS Monaco, Donatas Motiejunas sera également appelé au duel face à la pépite des Metropolitans 92. Du haut de ses six saisons en NBA, le Lituanien a croisé le fer avec beaucoup de grands joueurs et se déclare prêt pour le challenge, dans un entretien accordé au site officiel de son club. « Le concernant, il est difficile de dire quelque chose qui n’a pas déjà été mentionné. C’est un talent générationnel. Il a un physique incroyable et une mobilité impressionnante. C’est bien pour moi en tant que vétéran, d’avoir la chance de jouer contre un gars comme lui, qui va passer de nombreuses années en NBA, et qui sera peut-être le prochain joueur qui façonnera le basket. Ce ne sera pas un combat facile. Il a ses points forts, et j’ai les miens. Mais en fin de compte, je pense que c’est plus un effort d’équipe qui permettra de l’arrêter. Nous allons donc faire nos analyses, regarder, et écouter nos coachs. Et puis au final, ça se terminera par celui qui en voudra le plus. Je suis là pour gagner le championnat, et je suis prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour cela. »
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