Ludovic Vaty est décédé
Il n’y a jamais de bon moment pour s’en aller. Mais parfois, c’est beaucoup trop injuste pour être acceptable. En 2013, le cœur de Ludovic Vaty l’avait déjà trahi une première fois lorsqu’un examen médical pratiqué à Lille avait révélé une cardiomyopathie (état qui empêche le muscle cardiaque de pomper efficacement le sang), le forçant à stopper sa carrière avec une brutalité effarante. Après avoir broyé du noir pendant un an, il avait accepté les mains tendues par Richard Billant et Frédéric Fauthoux pour reprendre le basket dans les divisions nationales, dans un contexte médical extrêmement strict. L’an dernier, il confiait encore n’avoir jamais eu d’alerte, ne jamais s’être senti dans le rouge. Pas de signe avant-coureur… Mais ce mardi, à l’entraînement du TOAC (NM2), son cœur s’est arrêté et Ludovic Vaty s’en est allé, à seulement 34 ans, après deux journées passées sous assistance artificielle, laissant derrière lui une femme et deux enfants…
Une tragédie inouïe pour quelqu’un qui était déjà l’un des destins brisés du sport français. Il y a dix ans, avant cette fameuse consultation médicale censée précéder une signature à Izmir, le Guadeloupéen était l’une des étoiles montantes du basket tricolore, envisagé par Vincent Collet dans les 12 de l’EuroBasket 2013. Il était alors au sommet de son art, pivot élégant, hors-normes offensivement, aux doigts de fées, élu MVP de la Leaders Cup 2013 avec le BCM Gravelines-Dunkerque. Un trophée individuel qui devait venir concrétiser une ascension attendue et matérialiser une étape dans la future carrière européenne de Ludo Vaty, membre majeur de la génération 1988/89, potentiellement la plus grande de l’histoire avec ses deux titres continentaux. Formé entre la MJC des Abymes et l’INSEP, il a ensuite fait les belles heures de Pau-Orthez (capable de livrer une saison à 15,6 d’évaluation en Pro A à seulement 20 ans !) et Orléans (avec une campagne d’EuroLeague), remportant une Coupe de France avec les deux clubs, avant de prendre la direction du Nord. Il était même déjà international, auteur de cinq apparitions sous la tunique bleue pendant la préparation des JO de 2012. Les premières d’une longue série pensait-on alors…
Mais ce 23 mai 2013 avait tout changé. Après la stupeur, il y eut l’écœurement puis toute une reconstruction, pour en arriver à l’acceptation, certes facilitée par sa reprise du basket fin 2014. Celui que l’on attendait au plus haut niveau international avec l’équipe de France évoluait alors en NM2 avec Pau-Nord-Est mais qu’importe, le plaisir était là. Le tout dans un cadre très étroit : pas plus de trois entraînements par semaine, une sortie du terrain au moindre essoufflement, un temps de jeu limité, pas plus haut que la Nationale 1, etc. Et après s’être longuement battu pour reprendre la compétition, même au niveau amateur, Ludovic Vaty aura exploité le maximum de ses possibilités, jusqu’à terminer MVP de NM1 en 2017 avec les JSA Bordeaux, tout en montant sa microentreprise de réparation de téléphones et de tablettes. En 2022, après avoir remporté le titre de champion de France NM3 avec le Toulouse Olympique Aérospatiale Club, il évoquait même « une revanche sur la vie ». Des mots qui résonnent de manière si cruelle aujourd’hui…
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