« C’était très compliqué à vivre » : la fin du tunnel pour Rudy Demahis-Ballou ?
Fut un temps où Rudy Demahis-Ballou avait été la sensation de l’EuroCup. Un printemps 2021 enchanté où, directement propulsé des Espoirs au cinq de départ de l’AS Monaco, il avait été crucial lors des phases finales. « Sans lui, jamais on ne se qualifie contre le Buducnost lors des quarts de finale, je vous le garantis à 100% », disait Zvezdan Mitrovic la veille de la finale. « Pareil en demi-finale où il a été énorme défensivement sur A.J. Slaughter. » Le Normand avait tout autant assuré lors de la dernière marche, jouant 16 minutes d’un Match 1 étouffant contre l’UNICS Kazan, où il avait grandement gêné Jordan Theodore. Mais tout cela, c’est de l’histoire ancienne. Car depuis, plus rien ou presque…
Très apprécié de Zvezdan Mitrovic, qui n’avait de cesse de le couvrir de louanges en public, Rudy Demahis-Ballou a fait les frais du départ du Monténégrin en décembre 2021. Sasa Obradovic ne lui a plus jamais accordé la même confiance et l’ancien pensionnaire du Pôle France a passé le reste de la saison à cirer le banc, aucune apparition en EuroLeague en 2022, seulement cinq sorties à plus de 10 minutes sur l’année civile. Une période noire jusqu’au bout puisqu’il a même été contraint de déclarer forfait pour l’EuroBasket U20, alors qu’un peu de temps de jeu ne lui aurait pas fait de mal, avant de passer six mois au chômage. Pourtant, il aurait pu se remettre avant dans le circuit, lui qui a longtemps cherché une équipe évoluant en Coupe d’Europe ou un contrat longue durée. Par exemple, Le Portel lui avait proposé d’effectuer la pige de Benoit Mangin, arrêté deux mois cet automne, mais il avait préféré temporiser à l’époque. Sauf que le temps s’est écoulé et rien n’est venu, alors Demahis-Ballou a bien dû se résoudre à accepter une mission d’intérim chez un mal-classé, signant avec Fos-Provence jusqu’au 11 février. « Ce que je veux avant tout, c’est jouer », disait-il samedi soir après son premier match à Bourg-en-Bresse, perdu sur le fil (68-69). « Ça fait du bien de retrouver les terrains, enfin, après tout ce temps. Cela faisait sept mois que je n’avais pas joué. La période écoulée n’a pas été facile. C’était même très compliqué à vivre, surtout à mon âge, à l’heure où je démarre ma carrière professionnelle. Mais je pense aussi que ça m’a permis de beaucoup me construire, de me recentrer et de travailler sur moi-même. »
Avec les félicitations de Rémy Valin
Or, son retour a été particulièrement encourageant à Ékinox (6 points, 1 passe décisive et 1 balle perdue). Si son évaluation finale (-2) ne rend pas justice à sa performance, à cause notamment des lancers-francs (1/4) incarnant la faillite fosséenne dans ce secteur (20/31), Rudy Demahis-Ballou a été précieux pour une équipe de plus en plus dégarnie à l’arrière. Avec 7 tirs tentés (record égalé sur la scène professionnelle) en 15 minutes, il a même fait preuve d’une agressivité offensive qu’on ne lui connaissait logiquement pas à Monaco, lui qui avait gagné son temps de jeu par sa défense et ses qualités de gestion. De quoi compenser le vide laissé par Milan Barbitch à la création ? « Le petit Rudy a fait une très belle première », salue Rémy Valin. « Il a été très bien alors qu’il n’est arrivé qu’il y a un jour et demi. Il défend fort, il nous a amené du peps, il joue avec beaucoup de maturité… C’est un vrai renfort. J’ai beaucoup aimé son attitude, il nous a vraiment aidé. C’est la nouvelle positive du soir. »
Débarqué en toute fin de semaine à Parsemain, Rudy Demahis-Ballou dispose peut-être d’une fraîcheur mentale que ses nouveaux coéquipiers n’ont plus forcément, marqués par l’enchaînement négatif vécu par les BYers. Mais de son regard nouveau, le vice-champion du monde Espoirs a pu apercevoir des raisons d’espérer pour la lanterne rouge. « Ça s’est joué sur des détails. Il y a cinq minutes dans le deuxième quart-temps où l’on a pris l’eau, jusqu’à -17. L’état d’esprit était bien après la pause. Défensivement, on a été beaucoup mieux, on revient mais c’est là que les détails interviennent : des aides côté ballon qu’on ne doit pas faire, des lancers-francs, des balles perdues… Le coach nous a dit qu’il était fier de la façon dont on s’est battu en seconde mi-temps mais qu’on ne doit plus commencer les matchs comme ça. Fos a les ressources pour se maintenir. Vous l’avez bien vu en seconde mi-temps, vu comment l’équipe était impliquée et s’est battue. Et moi, pendant que je serai là, je veux aider du mieux que je peux. » Peut-être en fournissant des renseignements sur la meilleure façon d’arrêter Victor Wembanyama, en vue du match de mercredi contre les Metropolitans 92 : en effet, rares sont ceux qui connaissent le phénomène de Levallois aussi bien que RDB, lui qui a été son compagnon de chambre pendant toute la campagne de 2021 en équipe de France…
À Bourg-en-Bresse,
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