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Bon vent à une légende : Florent Piétrus quitte la scène professionnelle et rejoint Metz

23 novembre 1999, Palais des Sports de Pau, 12e journée de Pro A. Un match sans histoire à l’époque : en visite dans les Pyrénées-Atlantique, l’ALM Évreux se fait corriger par l’Élan Béarnais (62-87). Classique. Simplement, les spectateurs présents ce soir-là dans l’antre paloise ne savaient qu’ils venaient d’assister à la première apparition en pro d’une future légende du basket français : Florent Piétrus, 18 ans, auteur de 2 points en 3 minutes. Et plus de 20 ans plus tard, Florent Piétrus lui-même n’a pas vu venir sa dernière apparition sur la grande scène. Le 7 mars 2020, à l’occasion d’une gifle infligée à la Chorale de Roanne (105-72), l’intérieur orléanais a quitté, sans le savoir, à la Jeep ÉLITE. Il restera parmi ces sportifs qui n’auront pas eu droit aux adieux qu’ils méritaient, la faute au coronavirus.

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C’était son dernier match professionnel mais Flo Piétrus n’avait rien perdu de ses qualités défensives :
le 7 mars 2020, le vétéran orléanais apprenait la politesse au jeune Divine Myles
(photo : Olivier Fusy)

Peu importe finalement, car le nom de Florent Piétrus (39 ans) ne retombera pas dans l’anonymat. L’enfant de la Guadeloupe, élevé par sa grand-mère après la disparution subite de sa mère, est devenu un membre du Hall of Fame du basket français. Débarqué en métropole, à Pau, en 1996, il a écrit ses premières lettres de noblesse avec son club formateur, ajoutant plusieurs chapitres à la glorieuse histoire de l’Élan Béarnais, notamment le triplé historique de l’année 2003. Puis il est parti se faire un nom de l’autre côté des Pyrénées, remportant des trophées avec Malaga et Valence, ou décrochant un maintien qui valait presque un titre avec l’Estudiantes Madrid, avant de revenir vivre les dernières années de son parcours en France. Pas pour boucler la boucle à Pau, non, au grand dam de nombreux supporters palois, mais d’abord longuement à Nancy puis à travers quelques expériences inégalement réussies avec Gravelines-Dunkerque, Levallois, Strasbourg et Orléans.

« Le ministre de la Défense »

Le palmarès est beau, bien sûr, mais ce n’est pas grâce à sa carrière en club que Florent Piétrus est entré dans l’histoire, au contraire de son frère, Mickaël. Non, c’est bien en s’érigeant au fil des étés comme un monument de l’équipe de France qu’il a su acquérir un tel statut. Fidèle parmi les fidèles, quatrième joueur le plus capé de tous les temps avec ses 230 sélections, il aura été de (presque) toutes les campagnes, d’un obscur France – Hongrie (81-73) en novembre 2001 à Chalon-sur-Saône jusqu’au triste quart de finale olympique contre l’Espagne (67-92), à Rio de Janeiro, en 2016. Cadre de la génération 1981/82, le Guadeloupéen était le ministre de la Défense, celui qui incarnait au mieux l’abstraite notion de « sale boulot », du joueur indispensable à la bonne marche d’une équipe. Un intérieur sous-dimensionné (2,02 m) capable de frustrer tous les big men les plus talentueux du Vieux Continent, à l’image du calvaire vécu par Dirk Nowitzki à Siauliai dans les prémisses du championnat d’Europe 2011.

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Avec Vincent Collet, ici après le monumental exploit contre l’Espagne en 2014 à Madrid,
Florent Piétrus a tissé une relation privilégiée en équipe de France
(photo : Sébastien Meunier)

Un guerrier surtout symbolisé par une deuxième mi-temps absolument héroïque lors de l’inoubliable demi-finale de l’EuroBasket 2013 face à l’éternel bourreau espagnol. Une soirée à Ljubljana qui résume parfaitement les qualités qui ont sublimées la carrière de Florent Piétrus : un impact physique hors du commun, un vrai sens du rebond, l’incarnation du sacrifice, juste ce qu’il faut de vice (ou un peu trop, selon le camp où l’on se trouvait), un engagement toujours irréprochable et du charisme. Et un petit sens du panier, aussi, car même si le quintuple médaillé international (et champion d’Europe 2013) n’aura jamais été un attaquant reconnu, il fut capable de tourner à plus de 10 points de moyenne en Pro A, à 22 ans avec Pau et à 34 avec Nancy, de planter un tir primé aussi décisif qu’improbable contre cette même Roja en 2013 ou même de s’offrir une seconde jeunesse avec Orléans lors du printemps 2020 en crucifiant successivement Boulogne-Levallois et Nanterre. Pas suffisant, toutefois, pour le faire revenir sur sa décision, tel qu’il l’a expliqué à L’Équipe.

« Une lassitude s’installait peu à peu. L’envie n’était plus la même, même si la passion restait intacte. Je savais que c’était le moment. […] Le jeu, la compétition vont me manquer, mais je suis heureux et en paix avec ma décision. »

Bientôt sur vos parquets de Nationale 2…

Pour autant, Florent Piétrus ne va pas tirer un trait définitif sur le basket puisqu’il va retrouver l’adrénaline de la compétition en Nationale 2. Comme nous vous l’annoncions la semaine dernière, le champion d’Espagne 2006 a succombé aux sirènes des Canonniers de Metz. De quoi s’offrir le luxe de devenir à coup sûr le CV le plus resplendissant de la quatrième division. Un choix également dicté par des raisons familiales puisqu’il va pouvoir se rapprocher de son fils, Ilan, en couveuse à la SIG Strasbourg, et de sa fille, domiciliée à Nancy.

« C’est sûr qu’il ne serait pas venu dans un club qui vise le milieu de tableau », expliquent Bruno Blin et Lionel Gocel, respectivement président du Metz BC et vice-président des Canonniers, dans les colonnes de L’Est Républicain. « Il va nous aider sportivement mais pas seulement. Il sera un ambassadeur pour nous et, dans le cadre de sa reconversion, il donnera un formidable coup de boost à tout ce que l’on veut faire sur la formation à Frescaty. »

Par ailleurs, L’Équipe annonce qu’il va suivre diverses formations au cours des trois prochaines années, notamment le brevet d’entraîneur. Au moins, si Florent Piétrus vient un jour à s’installer sur un banc, on n’aura pas trop de doutes sur sa philosophie de jeu…

bon-vent-a-une-legende---florent-pietrus-quitte-la-scene-professionnelle-et-rejoint-metz1599684941.jpegLes titres resteront à Pau (et Strasbourg) mais c’est avec Nancy que Piétrus a réalisé sa meilleure saison statistique en France : en 2014-2015, il tournait à 10,3 points et 7,7 rebonds pour 16 d’évaluation
(photo : Vincent Janiaud)

Son parcours :

  • 1999/04 : Élan Béarnais
  • 2004/07 : Unicaja Malaga (Espagne)
  • 2007/08 : Estudiantes Madrid (Espagne)
  • 2008/10 : Valence (Espagne)
  • 2010 : Vitoria (Espagne)
  • 2010/13 : Valence (Espagne)
  • 2013/16 : SLUC Nancy
  • 2016/17 : BCM Gravelines-Dunkerque
  • 2017 : Levallois Metropolitans
  • 2018/19 : SIG Strasbourg
  • 2020 : Orléans Loiret Basket

Son palmarès :

En club :

  • Triple champion de France (2001, 2003 et 2004)
  • Triple vainqueur de la Coupe de France (2002, 2003 et 2018)
  • Vainqueur de la Semaine des As en  2003
  • Vainqueur de la Coupe du Roi en 2005
  • Champion d’Espagne en 2006
  • Vainqueur de l’EuroCup en 2010
  • Vainqueur de la Leaders Cup en 2019
  • Triple All-Star de Pro A (2001, 2002 et 2013)
  • Double meilleur défenseur de Pro A (2002 et 2015)

Avec l’équipe de France :

  • Champion d’Europe en 2013
  • Vice-champion d’Europe en 2011
  • Double médaillé de bronze à l’EuroBasket (2005 et 2015)
  • Médaillé de bronze lors de la Coupe du Monde 2014

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23 septembre 2013 : Flo Piétrus débarque en héros à Roissy, le trophée de champion d’Europe entre les mains
(photo : Olivier Fusy)

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