Bilan, perspectives et nouvelle philosophie : Le Mans prépare l’après Elric Delord
Le Mans Sarthe Basket a vécu une 30e année d’existence compliquée sur le plan sportif.
La grisaille n’a pas quitté Antarès. Au moment de faire le bilan de la saison écoulée et de se projeter sur la suivante, mardi 14 mai, le temps était maussade en Sarthe. Comme un symbole de la saison calvaire vécue par l’institution mancelle. Pendant plus d’1 h 20, le président Christophe Le Bouille et le directeur sportif Vincent Loriot ont balayé l’actualité du Mans Sarthe Basket (MSB). En voilà un (long) résumé en six points.
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Une saison ratée : « On ne s’en cache pas, on a fait des erreurs »
Le Mans a connu une saison des plus difficiles l’année de ses trente ans. Aussi compliquée que l’exercice 2016-2017, le dernier d’Erman Kunter en Sarthe, du propre aveu du président sarthois Christophe Le Bouille.
Avec une deuxième année en trois ans sans playoffs et le plus mauvais classement (11e) depuis la saison 2016-2017, le MSB était loin de ses standards habituels. Entre erreurs de casting et blessures, l’institution sarthoise a « ramé toute la saison pour rattraper certains choix », dixit Christophe Le Bouille. Si le MSB pouvait encore espérer une qualification en playoffs lors de la dernière journée, le week-end passé, le bilan reste mitigé. « On ne s’en cache pas, on a fait des erreurs, insiste le président du directoire du MSB, en rappelant que son club s’est rarement trompé ces dix dernières années. Mais ce que je me reproche, c’est d’avoir attendu trop longtemps pour faire ces changements. Je m’en veux de ne pas avoir réagi plus tôt et de dire stop.»
Si Selom Mawugbe, Nate Masson ou Matt Lewis ont déçu à Antarès, les arrivées de Dragan Apic (2,06 m, 28 ans), William Howard (2,03 m, 30 ans) et Tyran De Lattibeaudiere (2,02 m, 33 ans) ont donné entière satisfaction à l’état-major sarthois.« Ils nous ont permis de sauver la face », note le directeur sportif Vincent Loriot. « Ça a été une chance d’avoir des joueurs aussi impliqués alors que le marché était à sec. »
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L’hommage à Elric Delord : « Un manager 2.0 »
Malgré des résultats sportifs en dents de scie, Elric Delord a visiblement fait l’unanimité pendant ses cinq années en Sarthe. D’abord assistant de Dounia Issa à son arrivée en 2019 avant d’être promu entraîneur principal, le technicien périgourdin a marqué le MSB tant sportivement qu’humainement. Le champion de France 2016 et 2019 avec l’ASVEL, « après mûre réflexion et une profonde introspective », écrivait-il en mars, a décidé de ne pas prolonger au MSB et de prendre une année sabbatique pour se ressourcer.
« Son parcours est réussi, souligne Vincent Loriot. C’est un manager 2.0 qui accorde de l’importance aux échanges. Il y a pu avoir des désaccords, des discussions tendues, mais ça a toujours été constructif. Il est brillant, ouvert au débat. »
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Le choix évident de Guillaume Vizade : « Il fait partie des entraîneurs de demain »
Son successeur fait lui aussi partie des coachs français en devenir. Entraîneur de la Jeanne d’Arc de Vichy (Pro B) ces sept dernières années, Guillaume Vizade s’est engagé jusqu’en juin 2026 avec le MSB, où il découvrira la Betclic ÉLITE.
Coach formateur, Guillaume Vizade a la cote auprès des jeunes joueurs tricolores et de leurs agents. Les développements de Noah Penda (1,99 m, 19 ans), élu meilleur jeune de Pro B, et de Léopold Delaunay (1,93 m, 22 ans), qu’il retrouvera en Sarthe, ne peuvent que leur donner raison.
Très courtisé, notamment en Allemagne et aux États-Unis, le Clermontois de 41 ans était l’option n°1 du MSB. La patte Vizade, une forte intensité et un jeu up-tempo couplés à une forte pression défensive, a séduit les dirigeants du Mans. « Il fait partie des entraîneurs dits de nouvelle génération, les plus courtisés, les plus regardés et les plus inspirants, décrit Vincent Loriot, qui le suit depuis deux ans. Il fait la part belle à l’identité des basketteurs français et a fait plus que ses preuves en Pro B. Il possède une expérience très étendue sur ce qu’est la culture américaine, la culture africaine. »
Vincent Loriot a très vite été conquis par le jeu de Vichy qu’il compare, toutes proportions gardées, au basket des Allemands de Bonn époque Tuomas Iisalo, la saison dernière. Son titre de champion d’Europe U20 l’an dernier n’a fait que renforcer l’intérêt du MSB pour Guillaume Vizade. « Il fait partie des entraîneurs de demain donc c’était une bonne opportunité pour repartir sur un cycle nouveau, différent, avec, je l’espère aussi des jeunes à exposer qui donneront au MSB l’image d’un club où il faut venir », note Vincent Loriot.
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Un staff entièrement prolongé : « Tout s’est fait avec l’accord de Guillaume »
Le staff du MSB restera inchangé. Les entraîneurs adjoints Jordan Bernard (35 ans), également en charge des Espoirs, et Romain Zwicky (36 ans) ont été prolongés de deux ans. Antoine Mathieu (45 ans), présent au club depuis de nombreuses années, restera au MSB au moins jusqu’en juin 2028. « C’est un pilier du club, il connaît le fonctionnement par cœur et représente parfaitement les valeurs du MSB en termes d’éthique, de travail, d’implication, indique Christophe Le Bouille. Si on pouvait lui signer un CDI, ce serait plus simple. » La kinésithérapeute Marie Dodard ainsi que le préparateur physique Pierre Golvan seront également de la partie l’an prochain.
« Tout s’est fait avec l’accord de Guillaume, si ce n’est plus. Il n’était pas question de lui imposer un staff », précise le chef d’orchestre manceau.
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Une philosophie bien définie : « On est ambitieux et volontariste avec les jeunes »
Le MSB ne part pas totalement dans l’inconnu. La formation sarthoise pourra toujours compter sur Williams Narace, Wilfried Yeguete, Léopold Delaunay ainsi qu’Abdoulaye Ndoye. Ce dernier n’ayant pas activé sa clause de sortie au 1er mai. « On a l’embarras du choix ou pas loin car on propose du développement et des responsabilités, souligne Vincent Loriot. On est ambitieux et volontariste avec les jeunes, et dans une Betclic ÉLITE à 16 équipes, peu de formations ont ce projet. »
Côte mercato, le MSB n’a pas perdu de temps avec l’officialisation, lundi, de l’arrivée du MVP de Pro B, Tray Buchanan. Excellent avec le Stade Rochelais (17,4 points, 2,5 passe et 2,9 rebonds décisives de moyenne en 33 matchs), le combo US est « ambitieux, affamé et désireux d’aller haut, au-delà même de la Betclic ÉLITE », explique le DS sarthois.
Alors que le quota d’étrangers pourrait ne pas être atteint, le MSB souhaite s’entourer de « joueurs qui ont faim, qui veulent avancer et qui veulent prouver leurs valeurs », dixit Vincent Loriot. Deux joueurs prêtés feront leur retour en terres sarthoises. Il s’agit de Mathias Van Den Beemt, parti à Aix-Maurienne (10 minutes de moyenne en 32 matchs), et d’Hugo Mienandi, prêté à l’Étoile Angers Basket (8,9 points et 5,3 rebonds en 28 minutes) et par ailleurs champion d’Europe U20 l’été dernier avec Guillaume Vizade. De son côté, Ugo Doumbia, expatrié au Champagne Basket, continuera de grandir loin du MSB, vraisemblablement toujours en Pro B, avant de gonfler les rangs du Mans à la rentrée 2025.
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Le centre de formation en développement : « Continuer d’investir sur la formation »
Avec la ferme volonté d’offrir davantage d’opportunités à ses jeunes du centre de formation, Le Mans intégrera le meneur Loïs Grasshoff et l’ailier-fort David Simonovic, déjà signataire d’un contrat aspirant en fin de saison. Un nouveau meneur du groupe U21, dont la signature n’a pas été officialisée, complétera l’escouade de Guillaume Vizade.
« On veut continuer d’investir sur la formation [pour combler l’écart avec les locomotives que sont l’AS Monaco, l’ASVEL et le Paris Basketball]. Parfois, je m’agace du manque de résultat concrets avec la signature de premiers contrats pro. On en voudrait plus, on continue d’investir mais il ne faudra pas qu’on nous décourage d’investir dans la formation », souligne Christophe Le Bouille, qui espère voir le MSB au Trophée du Futur l’année prochaine.
De notre envoyé spécial au Mans (Sarthe).
Une affluence satisfaisante, un budget stable
Parmi les meilleures de la division, l’affluence moyenne du MSB reste très bonne avec 4 914 spectateurs. « Mais on a perdu 7 % par rapport à l’année dernière et ce n’est pas anodin, souligne Christophe Le Bouille. Deux facteurs expliquent cette baisse : il y a d’abord les éclats qu’on a pu prendre sur certains matchs mais aussi les rencontres de Coupe d’Europe. Le portefeuille de nos supporters n’est pas extensible à souhait. »
Alors qu’il sera présenté ce mercredi 15 mai au gendarme financier de la LNB, le budget prévisionnel du MSB sera de l’ordre de 6,4 millions d’euros. « Pour la première fois de notre histoire, on conclut un exercice avec 7 millions de budget, sachant que le prévisionnel était à 6,8 », note le président sarthois. L’an dernier, les finances du MSB avaient profité d’une forte indemnisation de l’AS Monaco pour le transfert de Terry Tarpey et de la participation à la Ligue des Champions. « Le but sera d’optimiser notre recrutement avec une masse salariale inchangée voire meilleure », conclut-il. La reprise est fixée au 12 août.
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