[L’œil de coach Soares] Comment la France a explosé face au Canada
40-43 à la mi-temps, 48-68 à la fin du troisième quart : en l’espace de dix minutes, le Canada a infligé un 25-8 fatal à l’équipe de France (65-95). Comment expliquer un tel effondrement ?
Humiliés par le Canada d’entrée (-30), les Bleus déjà en grand danger
- Pourquoi est-ce si frustrant ?
Comme Vincent Collet l’expliquait après le match, les Canadiens ont dominé les Bleus dans les compartiments du jeu où ils excellent et que nous avions présenté dans l’avant-match : la vitesse de relance et le jeu de un-contre-un. Les Français ont perdu l’unité et la cohérence collective défensive qui leur avait pourtant permis de réaliser une première mi-temps de bonne facture.
- Concrètement, qu’a-t-on mal fait ?
Le premier relâchement français est la pression sur la balle. Comme nous l’avions évoqué dans les deux articles précédents, le staff avait comme volonté de prendre en charge le porteur de balle très haut afin de ralentir le rythme et de ne pas laisser Shai Gilgeous-Alexander ou R.J. Barrett avaler les espaces. Comme vous pouvez le voir sur les deux images ci-dessous, cette consigne n’a pas été respectée.
Le deuxième relâchement se situe au niveau de la gestion des duels. Malgré le talent évident et la réussite des Canadiens au cours de ce troisième quart, force est de constater que les Bleus n’ont pas eu la capacité de contenir la quasi-totalité des drives des hommes de Jordi Fernandez. Ainsi, la défense ouverte a pris l’eau dès les premières phases de jeu et les « stunts » (réalisés par le défenseur non porteur qui, de manière latérale, se rapproche du porteur pour le dissuader) sont devenus des aides directes laissant des tirs très ouverts, comme on peut le voir sur cette image du premier panier du quart-temps avec Okobo dépassé et Fournier en aide directe.
Enfin, la troisième carence se trouve dans la gestion du cas Shai Gilgeous-Alexander, MVP de la rencontre avec ses 27 points (accompagnés de 13 rebonds et 6 passes décisives !), dont 14 dans le seul troisième quart. Si certains de ses paniers sont d’un niveau digne d’un All-NBA First Team, dont il fait partie en 2023, d’autres sont clairement imputables aux errements défensifs des Bleus, à l’image de ce tir à trois points en début de possession où personne ne le prend en charge alors qu’il venait déjà de scorer quatre paniers consécutifs.
- Comment l’expliquer ?
La réponse est à aller chercher du côté des joueurs et du staff. Pourquoi les consignes ont-elles été si mal respectées ? Par manque de confiance en la stratégie ? Par la déresponsabilisation individuelle du fait de l’aspect collectif de la défense ? Ou tout simplement car les Bleus ne pouvaient pas tenir physiquement avec la pression athlétique imposée par les Canadiens des deux côtés du terrain…
- Et l’attaque dans tout ça ?
De l’autre côté du parquet, on retrouve le même constat frustrant. Nous avions évoqué l’importance des démarquages et d’amener la balle rapidement en zone avant dans de bonnes conditions afin de lancer les systèmes. Les joueurs de l’équipe de France ont été « deny » (dans l’incapacité de se démarquer) pendant la totalité de la deuxième mi-temps, les repoussant très loin dernière la ligne à trois points, comme cette image de Fournier et De Colo en difficulté pour récupérer le ballon à sept secondes de la fin de possession l’illustre bien.
De même, le staff tricolore avait insisté sur l’importance d’utiliser le post-up afin de libérer de la pression, ce qui a été plutôt bien réalisé en première mi-temps, notamment grâce à Lessort, et complètement oublié par la suite, ou plutôt très mal réalisé, malgré de nombreuses mismatchs consécutifs à des switchs canadiens sur le pick and roll. Sur cette image, on peut voir Yabusele en position d’avantage face à Barrett mais la balle sera perdue par les Bleus.
Le constat général est donc évidemment plutôt négatif, même s’il ne faut pas oublier le très bon match des Canadiens qui ont su déjouer la mise en place tactique défensive des Bleus et surtout imposer leur physique, avec une agressivité et une pression de tous les instants.
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