Alexandre Chassang – Jérôme Sanchez, quand les beaux-frères deviennent adversaires : « C’est Papa contre Tonton ! »
Les deux fils de Jérôme Sanchez pourront voir leur père affronter leur oncle Alexandre Chassang ce week-end à Beaublanc lors de Limoges – La Rochelle
Saviez-vous que le match entre le Limoges CSP et le Stade Rochelais Basket aura samedi des airs de famille ? D’un côté, Alexandre Chassang et de l’autre, Jérôme Sanchez, grand-frère de Marie Chassang, née Sanchez, l’épouse de l’intérieur limougeaud depuis l’été 2021.
Depuis qu’ils sont officiellement devenus beaux-frères, aux yeux de la loi, les deux hommes ne s’étaient encore jamais affrontés. Mais le titre surprise de La Rochelle en Pro B a permis ce joli clin d’œil, plus de cinq ans après leur dernier match (le 28 septembre 2019 lors d’un Boulazac – Dijon). Avant leurs retrouvailles du week-end à Beaublanc, lors d’une rencontre aux allures de tournant pour les deux équipes, Alexandre Chassang et Jérôme Sanchez se sont confiés dans une interview croisée.
Pouvez-vous expliquer quel est votre lien ?
Jérôme Sanchez : Ah, je te laisse répondre Alex (il rit)
Alexandre Chassang : Déjà, je crois que nous nous étions affrontés avant. Quoique non…
JS : Je ne crois même pas. Toi, t’étais à l’ASVEL et j’étais parti à Bourg.
AC : Si, on s’était joué à l’Ain Star Game ! Donc on se connaissait juste de ce tournoi…
JS : C’est ça. On s’était juste croisés.
AC : De toute façon, au centre de formation de l’ASVEL, tout le monde connaissait Sancho. Il a laissé son empreinte là-bas. C’était donc ma première saison à Villeurbanne (en 2012/13), à la sortie de l’INSEP, et j’ai rencontré Marie, qui faisait le banc du Lyon Basket Féminin à l’époque. Elle était Espoir, un peu comme moi, on s’est lié grâce à une amie en commun de l’INSEP et on a commencé à se fréquenter petit à petit…
L’arrivée dans la famille Sanchez s’est bien passée ?
AC : Très bien ! Il y a beaucoup à manger (Jérôme rigole), beaucoup de monde. J’ai reçu un très bon accueil. Ce sont des personnes qui ont un grand cœur, donc c’était très facile.
« Paul Lacombe infiltré pour surveiller ! »
Pas de bizutage du grand frère alors ?
AC : Franchement, non. En plus, il avait quelques potes autour de moi pour surveiller donc…
JS : C’est ça ! J’avais mes yeux au cas où.
AC : Il y avait Paul Lacombe infiltré, Théo Leon aussi…
Comment votre relation a évolué au fil des années ?
JS : Très bien ! C’est bête à dire mais vu qu’on ne se fréquentait pas avant, on a appris à se connaître. Et aujourd’hui, je sais qu’Alex est mon pote. C’est ma famille quoi ! C’est une très bonne relation. Je prends du plaisir quand on est ensemble. Enfin, j’espère que c’est réciproque… (il rigole)
AC : En plus, on a la chance de se voir dans des réunions de famille, des moments qui sont toujours sympas. Comme la famille Sanchez sait bien recevoir, c’est toujours convivial et agréable à vivre. Disons que c’est plus facile.
Et le basket a dû aider à créer des liens ?
AC : Bien sûr, oui. Même si je vous avoue qu’on ne parle pas énormément basket quand on se voit !
JS : C’est clair.
AC : On parle plus de bouffe…
JS : De la vie en général !
AC : De tout, oui. On a toujours un petit quart d’heure basket, c’est normal, mais on ne s’épanche pas dessus.
Avez-vous d’autres passions communes, à part le basket ?
JS : Quelques unes. On aime bien les bonnes tables tous les deux. Je sais qu’Alex aime bien les bonnes bières et moi aussi. Des choses assez intéressantes, mais qui ne sont pas très compatibles avec la vie de basketteur (ils rigolent).
AC : Entre autres, oui. Et j’ai découvert aussi le lieu de vacances où Jérôme et sa sœur ont grandi pendant des années. C’est en Espagne, un endroit où l’on aime bien se retrouver, qui est spécial pour eux, et qui l’est aussi devenu pour moi. Ça s’appelle Peniscola, mais faut pas le dire trop fort (ils rigolent).
Vous y allez tous les étés ?
AC : Avant oui, ils y allaient tout le temps.
JS : J’y vais un peu moins mais à la base, oui, on y allait tous les étés.
Avez-vous fait d’autres vacances ensemble ?
JS : Non, pas ailleurs qu’en Espagne, mais dès qu’on peut, on essaye de passer des week-ends ensemble. Toute ma famille vient à Limoges pour nous voir samedi par exemple. Géographiquement, nous ne sommes pas trop loin donc j’avais pu faire l’aller-retour pour Noël l’année dernière afin qu’on puisse le passer ensemble.
AC : Nous, on était là pour les playoffs à La Rochelle. Dès qu’on peut, on se voit. On s’entend super bien, on adore les petits de Jérôme, ce sont vraiment nos petits chéris comme on dit. On aime bien les voir et passer du temps ensemble, le plus possible.
Samedi, il y a Limoges – La Rochelle, c’est un match un peu particulier qui s’annonce…
JS : Oui, c’est cool !
AC : Ce n’est pas la première fois… On s’est quand même joué plusieurs fois quand il était à Boulazac par exemple.
« Un beau ratio pour Alex ! »
Ce sera votre dixième match en commun…
Les deux : 9 matchs au total ?!
AC : Ah ouais, quand même…
Sept en Betclic ÉLITE et deux en Coupe de France…
JS : Avec un beau ratio pour Alex à mon avis (il rigole). Ça va être sympa ce week-end. C’est la première fois que je joue Alex à Beaublanc donc ça c’est cool. J’ai hâte de rejouer à Limoges, dans le contexte Limoges. Celui-là, j’ai vraiment hâte d’y être..
Le ratio est effectivement à 8-1 en faveur d’Alexandre Chassang…
JS : J’espère pouvoir le remonter ce week-end alors.
AC : Les deux équipes ont besoin de gagner…
JS : Ah ça, c’est clair !
AC : Donc ça risque d’être un bon match.
Oui, au-delà du côté familial, à quel point la rencontre est capitale pour les deux équipes samedi ?
AC : Nous, on reste sur deux défaites d’affilée, à la maison contre Cholet puis à Nancy, après prolongation, où ça ne s’est joué à rien. On aimerait revenir dans nos standards à Beaublanc. On aimerait retrouver la victoire, repartir sur de bonnes choses, alors qu’on va avoir un mois de décembre très compliqué.
JS : De notre côté, il faut clairement qu’on prenne une victoire dans la course au maintien. Il y a eu quelques ajustements dans l’équipe pendant la trêve. On a connu des matchs intéressants, mais jamais vraiment sur 40 minutes. Il faut se remettre la tête à l’endroit et repartir de l’avant.
Vous vous parlez généralement avant de vous jouer, ou pas du tout ?
AC : Non.
JS : Pas là-dessus, non, bizarrement. Pourtant, je suis plutôt chambreur dans la vie de tous les jours, mais pas dans ce cas.
AC : Même moi, en y réfléchissant, avec mes autres potes dans le championnat, on parle rarement en amont du match, de comment ça va se passer. Plutôt après. On reste quand même chacun de notre côté à garder les secrets, la forme du moment. En plus, nous, si on se croise beaucoup aux lancers-francs, c’est un peu plus compliqué dans le jeu. Même si tu joues un peu plus poste 4 maintenant…
JS : C’est ça.
AC : … Que poste 3. Il y a toujours une petite tape sur les fesses.
JS : J’avoue quand même que j’aime bien dire des petites conneries de temps en temps !
La famille soutient qui généralement dans ce genre de match ?
AC : Aaaaah, je pense que la famille est plus pour Jérôme et pour Marie, c’est du 50/50.
JS : Mouais, elle est quand même de ton côté ma sœur.
AC : En tout cas, elle veut que l’on fasse un bon match. C’est ce que tout le monde veut.
JS : Voilà. Et même ma famille, peut-être qu’ils auront tendance à venir vers moi dans la situation actuelle du Stade Rochelais, mais dans l’ensemble, comme dit Alex, ils veulent juste avoir un beau match et un beau spectacle. Pas sûr qu’il y ait vraiment un parti pur et dur.
AC : Qu’on soit tous les deux contents de notre match, que l’on puisse passer un bon moment après et qu’il n’y en ait pas un de nous deux qui fasse la gueule (Jérôme rigole)
« Jouer ensemble ? Ce serait sympa ! »
Y-a-t-il des matchs en commun qui vous ont marqué ?
AC : Pas trop… J’ai le souvenir d’un match en Coupe de France, avec Hyères-Toulon, dans leur petite salle à Boulazac (victoire 76-61 du HTV au Palio le 13 septembre 2016, ndlr).
JS : J’allais aussi dire celui-là, parce que j’ai pris un poster ce jour-là (les deux rigolent)
AC : D’Ike Udanoh, oui ! Ah si, les Boulazac – Dijon au Palio aussi. Je me souviens plus des matchs là-bas qu’à domicile.
Votre premier match officiel en commun, c’est un Bourg – ASVEL en janvier 2013, où Chassang et les Villeurbannais étaient venus gagner 89-53 en Coupe de France…
AC : 2013 ?! Waow…
JS : En toute honnêteté, je n’en ai aucun souvenir de celui-là. Après, si on a pris 40 points, la mémoire sélective a dû faire son effet !
AC : Moi, j’avais dû jouer vu que c’était ma première année (5 points et 6 rebonds, son match référence à l’époque, ndlr). Mais je ne m’en rappelle pas non plus (il rit).
Vous avez connu les mêmes clubs, tous les deux Bourg et l’ASVEL, mais jamais joué ensemble. Est-ce que c’est quelque chose qui vous ferait envie ?
AC : J’aimerais bien oui ! Après, on ne peut pas savoir comment se passeront la suite de nos carrières respectives. Mais si c’est possible, ce serait sympa !
JS : C’est clair.
AC : En plus, on a un peu les mêmes rôles dans nos différentes équipes : faire le lien entre les étrangers et les français, apporter de la bonne humeur. Je pense qu’on est le même genre de coéquipier : celui qui aime bien le jeu collectif, qui ne ramène pas tout à soi…
JS : (il poursuit) Qui veut juste bien jouer au basket et gagner des matchs quoi ! Il ne faut pas tout ramener à soi-même.
« Il est… pénible à jouer ! »
Pouvez-vous présenter l’un et l’autre l’homme qui se cache derrière le basketteur ?
AC : Jérôme est un bon vivant, voilà (Jérôme rigole). C’est la première chose, et on ne peut pas dire le contraire. C’est quelqu’un qui aime la vie, généreux, aimant avec ses proches et sa famille.
JS : Alex est un gars entier, qui a une petite tendance perfectionniste sur les bords. Il veut bien faire les choses. C’est un gros bosseur et qui, pareil, aime ses proches et les gens autour de lui.
Et le joueur ?
AC : Il est l’incarnation du glue-guy, celui qui facilite le jeu. Il remplit les cases statistiques à tous les matchs : rebonds, passes décisives, interceptions. C’est toujours un pilier de ses équipes. Avec l’expérience qu’il a dorénavant, je pense que ses coéquipiers se tournent vers lui. Il fait jouer son équipe du mieux possible : en poste 4, il peut vraiment faire office de second meneur sur le terrain… C’est un joueur vraiment utile.
JS : Alex, c’est déjà de sacrées épaules ! Il est pénible parce qu’il est rugueux et dur, pénible aussi parce qu’il peut s’écarter pour prendre des tirs.Il a de vraies mains près du panier ou un peu plus loin, ce n’est jamais facile de défendre sur lui. Défensivement, il est toujours bien placé, très présent au rebond. Voilà, il est… pénible à jouer (il rit).
Quel regard portez-vous sur vos carrières respectives ?
AC : T’as combien de titres, Jérôme ? 4 ?!
JS : Trois montées (en 2014 avec Bourg, 2017 avec Boulazac et 2024 avec La Rochelle, soit tous ses clubs pros, ndlr).
AC : Déjà, rien que ça, trois montées avec trois clubs différents, toujours en tant que cadre, il n’y a pas beaucoup de joueurs qui peuvent le dire. Ce fait-là est déjà assez énorme ! Il a toujours eu des rôles importants aussi. Je pense qu’il peut être très fier de sa carrière, même si elle n’est pas finie.
JS : Alex, on le connait tous… Équipe de France, expérience en Europe, tops équipes de Betclic ÉLITE, toujours à jouer des titres. J’ai un énorme respect pour ce qu’il fait. Et je vais parler comme un vieux, mais t’es encore tout jeune (Alexandre rigole), t’as encore plein de trucs à faire. Il n’a connu que le plus haut niveau, avec des rôles importants, dans des équipes qui ont toujours joué le haut de tableau. C’est une vraie belle carrière… en cours !
AC : En cours, oui.
Y-a-t-il une qualité que vous aimerez bien prendre chez l’autre ?
AC : Ses qualités athlétiques…
JS : À l’ancienne (il rigole)
AC : Même si elles ont un peu baissé maintenant ! Donc ses qualités athlétiques, et son côté vocal avec ses coéquipiers, que je n’ai pas tout le temps. Toujours être positif aussi, toujours encourager pendant la rencontre quoiqu’il arrive, c’est quelque chose qui me marque quand je le regarde jouer. C’est un joueur sur lequel ses coéquipiers s’appuient.
JS : Moi, clairement, c’est son éthique de travail. C’est peut-être le truc dont les gens se rendent le moins compte car c’est le plus dur à voir. J’ai été en vacances avec lui l’été, il y avait des matins où il partait courir et bosser aux aurores alors que j’avais un peu plus de mal à me motiver… Son éthique de travail est énorme et on n’a rien sans rien dans la vie. C’est là où j’ai le plus gros respect pour lui : sa façon de voir les choses, de travailler et tout mettre en place pour y arriver.
Regardez-vous souvent vos matchs respectifs ?
AC : Oui, quand on ne joue pas aux mêmes horaires, on le met à la télé dès qu’on peut ! Bien sûr qu’on essaye de suivre.
JS : Idem de mon côté… En plus, maintenant, mes enfants demandent les matchs de Tonton Alex. Dès qu’on peut le mettre à la télé, ils sont trop contents de le voir !
« Laisse-nous la victoire ! »
C’est presque plus pour eux que ça va être particulier samedi non ? C’est la première fois où ils vont vraiment se rendre compte que vous allez être adversaires…
JS : Oui, c’est vrai ! En plus, ils vont venir au match à Beaublanc donc ils vont avoir droit à l’ambiance. Après, ils la connaissent déjà, ils sont déjà venus voir Alex à Limoges. J’avais match de mon côté donc je n’avais pas pu venir, ils étaient allés sur le parquet avec lui à la fin. Là, ils vont se rendre compte que c’est Papa contre Tonton ! Ils vont voir les deux côtés : le côté où tu peux te faire chambrer en tant qu’adversaire et le côté où tu es joueur de Limoges.
Qu’avez-vous prévu pour la fin du week-end ensemble ?
JS : Moi, je reste après le match…
AC : Ouais ?
JS : Donc on verra… Voir la famille et j’espère qu’on aura le temps de faire des choses ensemble.
AC : C’est le but, oui, passer un peu de temps ensemble.
JS : Mais avant, bon match Alex et laisse-nous la victoire (il rigole)
AC : Ah non, tellement pas putain !
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