Trop courtes face à la Belgique, les Bleues ne joueront pas la finale de l’EuroBasket
L’histoire ne se répète pas, mais visiblement, elle ne bégaie pas non plus. Dans l’immense Stozice Arena, encore si vide pour un match d’une telle ampleur (seulement 1 151 spectateurs), il ne restait plus que l’argument du passé à la mi-temps comme seul motif d’espoir, assez irrationnel, auquel se raccrocher : en 2013, l’équipe de France masculine était menée de 14 points à la pause par l’Espagne (20-34) mais avait su tout renverser au retour des vestiaires pour foncer vers la couronne européenne. Dix ans plus tard, les Bleues étaient dans la même situation, complètement impuissante face à la Belgique (30-44) d’un duo Emma Meesseman (24 points, 6 rebonds et 5 passes décisives) – Julie Vanloo (18 points, 5 rebonds et 4 passes décisives) royal, auteur de 34 des 44 unités des Cats.
Mais c’était le seul point commun. Il ne semblait pas y avoir de révolte, pas de coup de semonce à la Boris Diaw sur Sergio Llull. Il y avait surtout trop de manques : un duo de meneuses à 0 point, un déficit dans l’impact physique sur les postes 3 et 4 avant l’ajustement Janelle Salaun, une faiblesse abyssale aux rebonds avec huit secondes chances accordées aux Belges dès le premier quart-temps, des standards défensifs non respectés, etc. Mais on avait tort. La rébellion est arrivée. Il aura juste certainement manqué deux minutes à l’équipe de France pour signer le hold-up de l’année (63-67, score final). Mais force est de constater que l’histoire n’est pas un éternel recommencement.
Un ajustement tactique trop tardif
Envoyées jusqu’à -17 au cœur du deuxième quart-temps (24-41, 18e minute) sur une avalanche de tirs primés (cinq d’affilée), les Bleues auraient pu baisser la tête. Elles auraient pu en prendre 40, comme trois des quatre derniers adversaires de la Belgique. Ce n’est pas ce qui s’est passé, ayant poussé Jean-Aimé Toupane à répéter à de multiples reprises à quel point il était fier de la réaction de son équipe. Celle-ci fut incarnée par l’étincelle apportée par Alexia Chartereau, précieuse pour sa 100e (13 points), lancée par un trois points improbable à 38-51 avant d’enchaîner les actions positives des deux côtés du terrain (46-53, 30e minute). Mais la Lyonnaise n’est qu’un exemple individuel. À vrai dire, on aurait surtout aimé voir un ajustement technique plus précoce, avec les switchs (changer de joueuse) après pick and roll. Jusqu’au milieu du troisième acte, l’équipe de France avait opté pour une défense en step-out, soit le fait de sortir agressivement vers la porteuse de balle. Mais Emma Meesseman, qui a marqué 12 des 14 premiers points des Cats, s’en était régalée… « Ça pique un peu car on s’est rendu compte un peu tard que le switch était la réponse face à cette équipe », a lancé Sandrine Gruda (17 points à 7/11 et 4 rebonds), qui ne remportera donc pas de deuxième médaille d’or continentale, en arrivant en zone mixte. « Avec cinq minutes de plus, cela aurait pu être différent. »
Cela aurait aussi pu l’être si Marine Fauthoux était sortie de sa boîte un peu plus tôt. Il aura fallu une bêtise monumentale de la Paloise pour la lancer dans son match : vouloir aller relever, ballon en main, Marième Badiane, qui était en dehors des limites du terrain, après un énième panier d’Emma Meesseman (53-63, 36e minute). La fille du Petitou n’en était qu’à 2 points à ce moment-là. Au caractère, elle a lâché les chevaux pour aller chercher deux and-one qui ont fait peser une pression monstre sur la Belgique, d’autant plus quand Janelle Salaun y est allée de son trois points (63-65, 39e minute). Un retour inachevé, qui servira grandement à terme dans l’apprentissage de Fauthoux (22 ans), puisqu’on ressassera plus certainement ses deux balles perdues dans la dernière minute : une mauvaise passe puis une vaine attaque du cercle sur l’ultime ballon, avec une offrande impossible pour Sandrine Gruda, interceptée par Linskens. « La dernière possession est mal négociée », souffle Jean-Aimé Toupane. « Mais on ne peut pas la blâmer. Notre sport est fait d’erreurs. Malheureusement, celle-ci tombe au moment où on ne l’aurait pas voulu. »
Une médaille de bronze serait-elle vraiment une satisfaction ?
Une défaite 63-67 qui acte la non-réussite de l’été des Bleues. Depuis le début de la campagne, l’objectif de médaille d’or avait été érigé, proclamé, assumé. Il ne sera pas respecté. Il y aura même un recul dans la hiérarchie continentale puisque c’est la première fois depuis 2011 qu’une finale de l’EuroBasket se jouera sans l’équipe de France. Il y aura bien sûr des excuses avec les blessures de Gabby Williams et d’Iliana Rupert, même si la Sarthoise était apte à jouer ce samedi, volontairement laissée sur le banc par Jean-Aimé Toupane. Le dossier Marine Johannès, qui a terriblement manqué en terme de créativité offensive, reviendra immanquablement sur la table. Mais quant à savoir si c’est un échec ou non, il n’y a visiblement pas de débat possible dans le camp bleu pour l’instant. « Vous n’avez pas vu le discours de Giannis Antetokounmpo, vous », a lancé Sandrine Gruda à un confrère. Jean-Aimé Toupane affirmait lui qu’un podium serait tout de même « un résultat positif », allant même jusqu’à dire que les tricolores joueraient leur médaille d’or ce dimanche. On voit mal comment transformer ce métal mais il est clair qu’il faudra aller chercher cette troisième place (à 17h contre la Hongrie), avant de débattre de la valeur de la breloque puisqu’une défaite contre la Hongrie entérinerait indéniablement une véritable faillite pour le renouveau de l’équipe de France. On n’est certes pas obligé d’être d’accord avec le discours officiel mais le bronze serait déjà un joli lot de consolation, avec une huitième médaille consécutive. Ce serait déjà mieux que rien. Mais non, évidemment, il est évident que cela ne sera pas de l’or. Il n’en aurait ni la couleur ni la valeur.
À Ljubljana,
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