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Trois victoires retirées : pourquoi le Limoges CSP a-t-il été aussi lourdement sanctionné ?

Betclic ÉLITE - Mercredi après-midi, le Conseil Supérieur de Gestion de la LNB a retiré trois victoires au Limoges CSP et lui a infligé une amende de 15 000 euros. Soit une sanction historiquement lourde en Betclic ÉLITE. Quelles en sont les raisons réelles ?
Trois victoires retirées : pourquoi le Limoges CSP a-t-il été aussi lourdement sanctionné ?
Crédit photo : Limoges CSP

Les prémices de la déflagration étaient perceptibles depuis plusieurs mois, mais la nouvelle a fait l’effet d’une véritable bombe dans le microcosme du basket français. L’un de ses clubs phare, le seul à être monté sur le toit de l’Europe, le Limoges CSP, s’est vu retirer trois victoires par le Conseil Supérieur de Gestion, qui a auditionné ses principaux dirigeants le 24 octobre à Paris. Le Cercle Saint-Pierre devra également s’acquitter d’une amende de 15 000 euros. Une sanction considérable, qui envoie directement l’équipe d’Ilias Kantzouris dans la zone rouge (désormais 16e), motivée par l’article 52-2-1-2 du règlement de la LNB, relatif à la présentation de comptes ou de documents prévisionnels non fidèles et sincères.

Une masse salariale qui aurait dû être moindre :
rupture d’équité en Betclic ÉLITE

Concrètement, la DNCCG reproche au club limougeaud un écart entre l’estimé des comptes au 30 juin 2023 et les comptes clôturés, déclarés le 15 septembre. Attesté par un commissaire aux comptes, le prévisionnel (qui n’a été transmis par le CSP que le 22 juin, au lieu du 15 mai) sert ensuite de base à la DNCCG pour accorder les masses salariales. Or, le gendarme financier a relevé un delta « très important », de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros, entre les prévisions limougeaudes et la réalité. Ce qui a permis, par conséquent, au CSP de bénéficier d’une masse salariale plus importante (1 746 500 euros, encadrée à 80%) que ce qu’elle n’aurait dû être puisque la DNCCG n’aurait pas autorisé un tel montant si elle avait pu disposer directement des bons chiffres. D’où la rupture d’équité entre les différents clubs de Betclic ÉLITE, a fortiori dans une saison à trois descentes, source de la sanction sportive.

Les coéquipiers de Nicolas Lang sont tombés de la 7e à la 16e place (photo : Limoges CSP)

Le Conseil Supérieur de Gestion a également puni la récidive, puisque Limoges s’était déjà rendu coupable d’un écart l’an dernier et avait écopé d’une pénalité financière, de l’ordre de 3 000 euros. Le caractère excessif de la différence et la répétition de l’erreur ont motivé l’ampleur de la sanction sportive, particulièrement lourde, même si elle aurait d’ailleurs pu monter jusqu’à cinq victoires retirées. Sans même parler de la situation financière délicate du club, qui suscite l’attention de la DNCCG depuis plusieurs années, avec une injonction à terminer le dernier exercice avec un résultat positif de 50 000 euros qui n’a pas été tenue… Le CSP avait bouclé la saison lesté d’un déficit estimé à 700 000 euros, comblé en partie par une ouverture de capital et un apport en compte courant, notamment de l’actionnaire majoritaire Céline Forte.

D’où vient cet écart ?

Sujet inflammable à Beaublanc depuis de longs mois, les partenariats seraient l’un des facteurs principaux de l’écart aux yeux du gendarme financier. Le CSP clame avoir réalisé en 2022/23 son record historique en la matière, avec un objectif de près de 3,1 millions d’euros de revenus commerciaux budgété lors de l’automne 2022. « Le résultat économique lié au sponsoring est le meilleur jamais réalisé par le club depuis sa création tant en nombre de partenaires qu’en chiffre d’affaires », se réjouissait, par exemple, Céline Forte dans un communiqué publié le 1er mai 2023. L’hypothèse de fausses factures, gonflant ainsi artificiellement les chiffres, s’est répandue comme une traînée de poudre, toujours vertement démentie par le CSP, même si le doute règne. « C’est des conneries », a encore réfuté le président Jamot dans les colonnes du Populaire du Centre ce jeudi. Du côté de l’entourage du club, plus que les partenariats, on suggère pourtant de plutôt se tourner vers deux autres points.

Le CSP de Céline Forte va faire appel de la sanction (photo : Limoges CSP)

Le premier serait lié au fonds de compensation billetterie issu de la période Covid, avec une subvention de 262 000 euros et un trop-perçu de 164 000 euros, dont l’État aurait exigé, en juillet (soit après la livraison des estimés), la restitution. Un montant que le CSP n’a pas été provisionné dans ses comptes de la saison 2021/22, ni dans l’atterrissage 2022/23, ce que la DNCCG lui reprocherait. Le second concernerait l’imbroglio autour de la redevance de 77 000 euros de l’association support, qui détient près de 30% des parts des actions du Limoges CSP. Le club pensait la faire supporter à l’association, qui devait être dissoute suite au rachat des parts par Céline Forte, le boni de liquidation couvrant alors le montant de la redevance. Sauf que l’association aurait finalement refusé de valider le montage le 28 juin, soit près d’une semaine après l’envoi du prévisionnel, forçant le club à réintégrer la somme dans ses comptes clôturés. Soit déjà un écart minimal de 241 000 euros, qui reste en-dessous de la réalité, puisqu’il ne s’agit pas des deux seules raisons du différentiel final.

Par la voix de son président, Didier Jamot, le CSP a officiellement réagi dans les médias locaux. À France Bleu Limousin, il a indiqué que le club « allait se battre » et « aller au bout de toutes les procédures possibles », donc potentiellement jusqu’au tribunal administratif. Au Populaire du Centre, il a affirmé sa surprise. « On ne s’y attendait pas. Notre passage devant la DNCCG s’était plutôt bien passé. Après, dans certaines commissions, certains sont bienveillants, d’autres moins… » Malgré le choc, un véritable optimisme règne encore autour du club, peut-être issu du précédent ASVEL. En mars dernier, déjà auprès du Conseil Supérieur de Gestion, le club de Tony Parker avait écopé d’un retrait de deux victoires et d’une amende de 100 000 euros, pour un défaut de transmission autour des contrats de Nando De Colo et Joffrey Lauvergne. L’appel auprès de la FFBB avait ensuite réduit la pénalité à un seul succès retiré, tandis que la conciliation auprès du CNOSF avait débouché sur une amende ramenée à 25 000 euros. Ainsi, Limoges a saisi la DNCCG en recours gracieux, préalable nécessaire avant de pouvoir se tourner vers la chambre d’appel de la fédération. Mais le CSP n’est pas au bout de ses peines : le gendarme financier scrutera aussi avec attention ses comptes intermédiaires du 31 décembre 2023…

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