Qui est Taiga Okada (Monaco), le premier Japonais de l’histoire en Betclic ÉLITE ?
Déjà du déplacement à Saint-Quentin en ouverture de Betclic ÉLITE le 20 septembre, Taiga Okada a disputé 9 minutes contre La Rochelle samedi 12 octobre
Pour un simple lancer-franc, d’apparence insignifiant, dans la dernière minute d’un match oubliable entre l’AS Monaco et La Rochelle (82-62), les chiffres ont de quoi étonner : une vidéo vue près de 46 000 fois sur X, des articles dans la presse nationale, dont plus de 60 000 impressions pour Sporting News. Pour cause, il ne s’agissait justement pas d’un simple lancer-franc, mais presque d’un moment d’histoire avec le tout premier point inscrit par un Japonais en Betclic ÉLITE. L’œuvre de Taiga Okada (1,74 m, 20 ans), habituel meneur des Espoirs de l’AS Monaco (7,8 points à 46%, 2,4 rebonds et 5,9 passes décisives de moyenne la saison dernière), utilisé 9 minutes par Sasa Obradovic samedi (1 point à 0/1, 1 rebond et 1 balle perdue).
TAIGAの初ゴールはフリースロー✨
お客さんの声援が有難いね😭@GYMRATSJAPAN @goatoguy #岡田大河 #monaco#roca team pic.twitter.com/1pF3pI0XpQ— Takuya okada (@GYMRATS13) October 12, 2024
Parti seul en Espagne à 15 ans
« C’est une grande étape pour le basket japonais », se réjouit son père, Takuka, ex-joueur professionnel, qui l’a biberonné à la balle orange dès son plus jeune âge. « Aucun Japonais n’avait foulé les parquets du championnat de France avant Taiga, il écrit l’histoire ! » Un petit accomplissement personnel pour le natif de Shizuoka, qui découle presque du… hasard, puisque son arrivée à Monaco lors de l’été 2023 n’était absolument pas planifiée à la base. « On a dû scruter tous les championnats d’Europe et c’est comme ça qu’on est tombé dessus », retrace Mickaël Pivaud, l’entraîneur des Espoirs de la Roca Team. « Ce n’était pas possible de récupérer un meneur de premier choix en France donc on a analysé les statistiques partout en Europe. » Jusqu’en quatrième division espagnole, désormais la Tercera FEB, où le ratio passes décisives / temps de jeu et le +/- du petit lutin des Sun Chlorella Dragons (10,8 points à 44%, 2,5 rebonds et 5 passes décisives en 28 minutes de moyenne) ont interpellé les formateurs monégasques.
D’où une autre question : comment un Japonais de 17 ans se retrouve-t-il propulsé aux manettes d’une équipe de quatrième division espagnole ? « Le Japon n’a pas un mauvais système jusqu’aux U15 mais ensuite, le fossé est trop important avec le reste du monde », répond son père, Takuya, désormais devenu coach. « J’avais quelques connections avec le basket espagnol : je l’ai envoyé participer à des camps et des tournois en Espagne, Taiga s’est intéressé au système de formation espagnol et on a bien vu, en comparant les QI basket entre les États-Unis et l’Espagne, que ce serait une bien meilleure situation pour lui. » Quitte à vivre un énorme déracinement, en débarquant seul à l’âge de 15 ans à Madrid, pour jouer avec les U16 du Zentro Basket… Pari gagnant.
Vexé de ne pas être à Bormio
Plus de cinq ans après, Taiga Okada a découvert la Betclic ÉLITE, a contribué à mener l’AS Monaco vers sa première apparition en finale du Trophée du Futur et a été invité à participer au camp Basketball Without Borders en marge du All-Star Game NBA 2023 à Salt Lake City, dans la foulée d’une édition asiatique où il avait impressionné. « Sur la passe et la lecture de jeu, il a un vrai truc », apprécie Mickaël Pivaud. « C’est un vrai meneur, avec un gros QI basket, qui est force de proposition, leader technique et leader d’homme aussi. » Mais qui a bien failli manquer le train des pros cette saison…
Lorsque l’équipe de Sasa Obradovic a eu besoin de trois Espoirs pour compléter le roster de son traditionnel camp de présaison à Bormio, le nom d’Okada n’a pas été coché. Ce qui l’a profondément contrarié… « Il n’arrêtait pas de faire des appels du pied », reprend son entraîneur. « Je lui ai dit qu’il fallait qu’il arrête de demander, qu’il fallait déjà qu’il se débrouille avec son agent et que cela voulait visiblement dire qu’il ne fait pas encore l’unanimité. » Sauf que le jeune Japonais a su saisir sa chance, quand elle s’est enfin présentée avec un secteur extérieur progressivement dépeuplé sur le Rocher (Mike James en reprise lors de la présaison, Furkan Korkmaz hors de forme, Nick Calathes vite blessé). « Sasa (Obradovic) a eu un coup de cœur avec lui », relève Pivaud. « Depuis, il n’arrête pas de le demander car il comprend les choses. Les pros sont à fond avec lui : le personnage fait l’unanimité au club car il est sage, discipliné, ponctuel. Il fait un peu office de mascotte mais on essaye de dépasser ce côté charmant avec le staff et le pousser dans ses retranchements pour qu’il soit toujours à fond, que ce soit sur 1 ou 20 minutes. »
« Je veux qu’il soit un joueur qui compte au niveau mondial »
De fait, un gros défaut subsiste encore dans son jeu : un vrai manque de régularité dans l’intensité. Et cela s’est encore vu sur sa première apparition en Betclic ÉLITE… Envoyé au feu dès la 7e minute en rotation de Juhann Begarin, Taiga Okada a eu du mal à entrer dans son match, envoyant une passe hasardeuse vers Georgios Papagiannis avant de complètement louper sa première possession défensive, bien trop facilement débordé par son alter-ego Boris Bourichon, auteur de son seul panier de la soirée sur sa tête. « Je suis surpris de voir un mec rentrer dans son rêve comme s’il avait 20 ans de carrière, surtout face à un autre Espoir », regrette Mickaël Pivaud. « Après, cela a été mieux mais il faut qu’il apprenne. »
Reste que le jeune Nippon a franchi une étape individuelle majeure, avec un peu d’avance sur son tableau de marche. À ce jour, il n’a qu’une seule certitude : celle de ne plus être Monégasque la saison prochaine. Le deal avec le club de la Principauté était clair depuis le début : deux ans d’accompagnement, afin de le lancer vers le haut niveau. Où ? Vraisemblablement pas en France, où son statut de NJFL inexpérimenté et sous-dimensionné ne lui ouvrira aucune porte. « À un moment, il n’arrêtait pas de me parler de G-League mais son objectif est aussi de sortir sur une première division en Europe », indique son entraîneur, qui tente, en vain, pour l’instant, de lui conseiller de rentrer au Japon, un championnat montant, pour faire fructifier son nouveau statut. « Je veux qu’il soit un joueur qui compte au niveau mondial », clame son père, Takuya. Vaste programme, pour un destin encore incertain, mais d’ici là, personne ne lui enlèvera le fait d’avoir été le premier Japonais de l’histoire à évoluer en France.
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