La métamorphose d’Elie Okobo à l’ASVEL : « C’est devenu un joueur imprévisible »
Il est 12 h 30 au Vendéspace, la séance du dimanche matin vient à peine de se terminer. Elie Okobo se saisit du premier ballon venu, alterne les changements de main, feinte la pénétration puis réussit un step back dans l’aile bien au-dessus de la ligne à 3-points. Ce geste, le Bordelais l’a répété des milliers fois à l’entraînement. C’est précisément cette action – presque dans le corner – qu’il a manquée à Podgorica, vendredi, pour offrir la victoire à l’équipe de France (défaite 70-69). « Ça fait partie de mon jeu », explique le meneur de 24 ans.
Un meilleur équilibre
Ce grain de folie, Élie Okobo (9 sélections) continue de le cultiver mais démontre beaucoup plus de contrôle qu’auparavant. Titulaire contre le Monténégro, il n’a rien forcé, est resté dans le cadre et n’a pas tenté des actions abracadabrantesques comme il aurait pu le faire par le passé (14 points, 4 rebonds et 2 passes).
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Lors de son dernier passage en équipe de France, l’arrière villeurbannais n’avait pas convaincu le staff français d’emmener trois meneurs à la Coupe du Monde 2019. Trois ans plus tard, le revoilà en Bleus et il fait partie des tricolores présents en Vendée qui pourraient passer tout un été en sélection. « J’ai gagné en expérience », résume Elie Okobo. « J’arrive mieux à alterner les moments où je joue pour moi et ceux où je dois créer pour les autres. C’est ce que j’essaye de développer pour devenir un joueur encore plus dur à défendre. »
« Il a vraiment évolué sur des aspects basket et humains depuis 2019 »
Élu meilleur joueur des finales de Betclic ÉLITE, il a embrassé le championnat de France de son talent qu’il avait quitté en 2018 sur une prestation majuscule (44 points contre Monaco en quart de finale). Sa capacité à répondre présent dans les moments importants (20,1 d’évaluation en playoffs) lui a permis de décrocher un contrat lucratif à l’AS Monaco. Et une pré-sélection au prochain championnat d’Europe (du 1er au 18 septembre) viendrait récompenser le retour de l’ancien meneur des Phoenix Suns sur le Vieux Continent.
« On sent que sa saison villeurbannaise lui a apporté beaucoup de maturité. Il a vraiment évolué sur des aspects basket et humains depuis 2019. C’est très significatif et ça me plaît », sourit Vincent Collet avant d’illustrer. « Il est beaucoup plus ouvert, beaucoup plus à l’aise. Il a pris de l’assurance dans la façon de se comporter au quotidien. Il est plus mature, plus serein. »
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En l’absence de Nando De Colo, le voir disputer sa première compétition internationale en Allemagne est une vraie possibilité. Entre le talent offensif de Thomas Heurtel, la fougue défensive d’Andrew Albicy, les possibilités ne manquent pas sur un « poste clef au-delà de l’EuroBasket », dixit Vincent Collet. Isaïa Cordinier, bâtisseur des succès français sur les dernières fenêtres mais absent car victime d’une contusion, et Frank Ntilikina, touché au pied, auront également leur mot à dire pour suppléer Evan Fournier. Nul doute que Vincent Collet et son staff auront en tête le dernier rendez-vous continental, en 2017, où un patron à la mène avait fait cruellement défaut.
« C’est devenu un joueur imprévisible », résume Laurent Vila, qui l’a connu au centre de formation de Pau-Lacq-Orthez et à ses débuts pros (2014-2018) et qui en a fait les frais en quarts de finale avec Cholet. « Il peut tirer à toute distance : de très loin, en déplacement en dribble, sur la droite ou la gauche, en un floater, s’arrêter à mi-distance. On voit qu’il maîtrise véritablement son sujet aujourd’hui. »
«Il a parfaitement réussi à allier jeu individuel et collectif»
Pur talent offensif, il a même endossé le costume de meilleur scoreur de l’EuroLeague pendant quelques semaines en tout début de saison. Mais ce n’est pas tant dans ce domaine que le staff tricolore l’attendra contre la Hongrie ce lundi mais plutôt dans sa capacité à faire briller ses coéquipiers et à élever son niveau défensivement. La véritable ADN de l’équipe de France sous l’ère Vincent Collet.
« En fin de saison, T.J. Parker l’a repositionné meneur de jeu et il a parfaitement réussi à allier jeu individuel et collectif », rembobine Paul Lacombe, un autre Villeurbannais appelé en équipe de France. « On était un peu sceptique par rapport à ce changement mais c’était une vraie réussite. » Et le triple champion de France de compléter : « Ça a été le relais entre les Américains et les Français cette saison. Il a réussi à prendre beaucoup de recul et à développer une faculté à passer rapidement à autre chose. »
Peut-être que ces premiers jalons en équipe de France contre le Monténégro et la Hongrie serviront de détonateur pour une carrière avec les Bleus. « Je n’aime pas me projeter trop loin », esquive l’intéressé quand sont évoqués la Coupe du Monde 2023 et les JO 2024. « J’essaye de progresser et d’être prêt sur chaque échéance qui se présente à moi. Beaucoup de choses vont se passer entre, la saison prochaine, les suivantes… On va voir ce que me réserve la suite. » Un retour en NBA – son « objectif ultime » – après une première expérience compliquée avec Phoenix entre la NBA et la G-League (2018-2020) reste dans un coin de sa tête. Les portes du centre de formation palois s’étaient refermées à deux reprises devant lui, celles de l’équipe de France sont en train de se rouvrir, avant de pousser celles de l’Association une nouvelle fois ?
À Mouilleron-le-Captif,
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