Petr Cornelie brille à Barcelone : son acte de naissance au Real Madrid ?
« Pour mes premières vraies minutes en EuroLeague, c’était génial ! En plus, ici à Barcelone, c’est super ! » Dans les coursives du Palau Blaugrana, Petr Cornelie avait le sourire jeudi soir. Bien sûr, en bon compétiteur, l’Alsacien regrettera simplement la défaite sur le fil (73-75) mais pour avoir pris l’habitude cette année de remporter presque tous les matchs qui comptent face à son ennemi juré (demi-finale d’EuroLeague, finale de Liga Endesa, SuperCoupe d’Espagne), le Real Madrid se remettra aisément d’un revers lors de la deuxième journée d’EuroLeague. « Nous avons très mal démarré la rencontre mais on s’est remis dans le coup à la fin », soufflait l’ancienne pépite de Saint-Joseph, Souffelweyersheim et de l’Électricité Strasbourg. « On n’a jamais arrêté de se battre pour revenir et c’est quelque chose dont on peut être fier. Après, nous n’avons pas très bien joué dans l’ensemble, ce qui montre que nous avons encore tellement de boulot devant nous. »
10 points à 100% :
une mi-temps de référence avec le Real Madrid
Victoire ou défaite, ce jeudi 13 octobre 2022 restera comme un soir qui comptera dans la carrière de Petr Cornelie. À la surprise générale, le pivot tricolore a été intronisé dans le cinq de départ du Real Madrid. Qui plus est en tant que pivot, lui qui nous confiait fin septembre qu’il serait la rotation sur le poste 4. « Le Barça ne s’attendait certainement pas à ce qu’on commence avec Petr Cornelie comme poste 5 titulaire », acquiesçait Chus Mateo, l’entraîneur des Merengues. « Notre idée était d’amener (Sertac) Sanli au large. » Mais le plan a eu un accroc : le Real a coulé d’entrée et l’international français a quitté le parquet après quatre minutes anonymes. « Ça n’a pas très bien marché », convenait l’ex-assistant de Pablo Laso. « Mais ce n’était pas que de la faute de Petr. Tout le monde a démarré de façon bien trop soft chez nous. »
Pari perdant donc ? Après un tel bilan, à la fois individuel (2 points à 1/3) et collectif (6-16 lors de sa sortie), il y avait fort à parier que Petr Cornelie ne reverrait plus le parquet du Palau Blaugrana, rendu surchauffé par une ambiance des très grands soirs dans l’ancestrale antre catalane. Mais non, à 12 minutes du buzzer final, l’enfant du Mans Sarthe Basket a été relancé par Chus Mateo, presque en désespoir de cause (43-61). « J’ai eu une seconde chance et je rentre sans vraiment réfléchir sur le parquet », expliquait le joueur. « J’arrive à un moment où on n’est vraiment pas bien. J’essaye juste de me donner au maximum sur ce que je sais faire afin d’aider l’équipe à revenir. » Dès son retour, le vice-champion olympique enchaîne les actions positives : trois lancers-francs obtenus d’entrée face à Mike Tobey, de belles séquences défensives, un tir primé pour revenir sous la barre des dix points d’écart (52-61, 30e minute). « Derrière, la machine s’est relancée », embrayait-il. « On a tous commencé à bien jouer et forcément, ça aide. Quand tu commences à recevoir les ballons dans les bons timings, que tu sens que tu es là en défense, que tu as du rythme, c’est plus facile d’enchaîner et de voir ses shoots rentrer. » Une action incarne cette prise de confiance : servi à 45 degrés par Edy Tavares à 58-70 dans le quatrième quart-temps, Petr Cornelie attaque immédiatement Oscar Da Silva, prend l’intervalle et va terminer au-dessus de Sertac Sanli. Une agressivité inédite pour lui sous les couleurs madrilènes. « Tout s’est bien passé, je suis très content de ce que j’ai pu faire en seconde période », concluait-il, du haut de ses 10 unités à 100% après la pause.
« Il est à 100% tous les jours » :
son éthique de travail déjà louée par son coach
Très discret jusque-là sous les couleurs du Real Madrid, Petr Cornelie tient donc son premier match référence avec le mythique club espagnol (12 points à 4/6, 2 rebonds et 1 interception en 16 minutes). « Si ça peut être le début de quelque chose avec le Real ? Très clairement. Maintenant, il ne faut pas que ce soit que l’histoire d’un soir. Il faut être capable de le répéter rencontre après rencontre, gagner des minutes et la confiance du coach. » De fait, à créditer d’un +22 lors de son deuxième passage sur le parquet, le natif de Calais n’est pas ressorti de toute la fin du match, simplement renvoyé sur le banc à 15 secondes de la fin pour laisser place à l’homme des dernières possessions, Sergio Llull, malheureux jeudi (6 points à 2/10). « Je suis ravi de la performance de Petr », soulignait Chus Mateo à notre micro après coup. « Il faut savoir que c’est quelqu’un qui travaille énormément. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’il fera partie de l’équation dans notre raquette cette saison. Il va trouver sa place chez nous et de l’espace pour s’exprimer car il est à 100% tous les jours. »
Et justement, quand on lui demande de dresser le bilan de ses deux premiers mois au Real Madrid, c’est de travail dont nous parle spontanément Petr Cornelie. Depuis deux ans, grâce à une prise de conscience lors de l’été 2020, l’ancien intérieur des Metropolitans 92 est devenu un immense bosseur, cessant de s’éparpiller dans ses multiples intérêts en dehors de la balle orange afin de s’extraire des étiquettes de joueur de banc et d’espoir déçu qui lui collaient à la peau. Pris en main par Guillaume Alquier et Jimmy Vérove (qui le comparait à Michael Jordan et Kobe Bryant niveau éthique de travail dans un bel article de La République des Pyrénées) à l’Élan Béarnais, une saison marquante (avec Pau en 2020/21) lui a suffi pour renverser sa carrière, direction l’équipe de France et la NBA, cinq ans après sa draft. Mais à Denver, il n’a pas réellement joué (3 minutes de moyenne en 13 rencontres), a surtout dû se contenter de la G-League et a eu l’impression de faire du surplace. Alors, au cœur des magnifiques installations de la Ciudad Real Madrid dans le quartier de Valdebebas, le Strasbourgeois revit. « Franchement, je suis super content, ça se passe très bien ! Je suis quelqu’un qui veut mettre en place une routine de travail et j’ai réussi à le faire à Madrid donc j’en suis ravi. Pour moi, c’est ça le plus important : continuer à travailler, à progresser et devenir le meilleur joueur de basket que je puisse être. C’est sur ce plan-là que j’avais été un peu déçu l’an dernier aux États-Unis : c’était vraiment difficile de bosser là-bas car il y avait sans cesse des déplacements. Et pourtant, je ne suis habituellement pas le gars qui va dire qu’il n’a pas le temps, plutôt celui qui va dire qu’il ne trouve pas le temps. Au Real, l’avantage, c’est que les semaines sont rythmées. Il y a un cadre, on sait quand on joue et je sais aussi que j’ai le temps de travailler les lundi et mardi. C’est beaucoup plus simple comme cela, ça fait plaisir. » Et cela porte aussi déjà ses fruits. Comme, par exemple, en devenant, au cœur de l’hostilité du Palau Blaugrana, le premier instigateur de la révolte du Real Madrid dans une affiche aussi mythique que celle du Clásico…
À Barcelone,
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