Pascal Donnadieu, le soir des adieux : « Si on était en NBA, il serait facilement au Hall of Fame ! »
Pascal Donnadieu a connu des adieux émouvants à Bourg-en-Bresse (photo : Jacques Cormarèche)
Pour la statistique, il faudra croire le club de Nanterre sur parole. Ce lundi, Pascal Donnadieu s’est assis une 1 287e, et dernière, fois sur le banc de la JSF. Un inconcevable parcours, démarré en première série départementale, terminé aux portes d’une demi-finale de championnat de France (74-90). Une vraie page d’histoire dorée du basket français, saluée comme il se doit par la JL Bourg, avec un jéroboam de rosé offert et une belle ovation d’Ékinox.
Séquence émotion 🥹
Revivez les dernières secondes de Pascal Donnadieu sur le banc de @Nanterre92 et le magnifique hommage de la @JLBourgBasket 🤝👏
Une carrière hors-norme, de la départementale jusqu'à l'Euroleague ✨#PlayoffsBetclicELITE pic.twitter.com/gevj7lvcTh
— LNB (@LNBofficiel) May 20, 2024
« La fierté d’avoir connu un conte de fées toutes ces années »
Pascal Donnadieu : « C’est forcément émouvant. La JL Bourg fait les choses remarquablement bien, on a toujours eu de bons rapports. Leur hommage me touche beaucoup mais ça ne me surprend pas car ils ont de vraies valeurs. Ça fait toujours plaisir d’être ovationné à l’extérieur. Je m’étais quand même un peu préparé à cet arrêt (il sourit). Ça ne m’arrive pas subitement. On m’en parle beaucoup donc je l’avais intégré. C’est difficile à chaud, c’est l’émotion immédiate mais il y a la fierté d’avoir connu un conte de fées toutes ces années. J’étais très attaché à bien terminer la dernière année, c’était très important pour moi. J’ai la faiblesse de croire que j’arrête sur une bonne saison, sans être cramé, usé ou aigri.
J’ai plusieurs fiertés majeures : être parti de tout en bas pour jouer l’EuroLeague et avoir construit un palmarès avec Nanterre. Ce n’est pas donné à tout le monde… Mais je retiens la longévité de la première série départementale à l’EuroLeague, en ayant été capable d’amener des titres à Nanterre. J’ai toujours craint l’année catastrophique : quand c’est votre bébé, que vous êtes parti du plus bas niveau, il y a une pression différente car vous n’avez pas envie de descendre d’un étage. C’est une fierté de ne jamais avoir été relégué. Mais ce n’est pas un arrêt brutal : dans quelques jours, je repars avec l’équipe de France ! »
Benjamin Sene (meneur de Nanterre) : « L’histoire de Pascal est dingue. Si on avait demandé à un réalisateur de film d’imaginer ça au début de sa carrière, il aurait dit que c’était trop fou… Il n’y a que du respect pour Pascal dans le basket français, on l’a vu dans toutes les salles cette saison, encore ce lundi soir. Ça restera un grand personnage du basket français. Une fois qu’on aura digéré cette défaite, je pense que l’on peut être fiers de lui avoir offert cette dernière année. Mais la Leaders Cup me reste encore en travers de la gorge : c’était le seul trophée qui lui manquait, on arrive en finale et ça aurait permis de finir de la plus belle des manières pour lui… »
Axel Julien (arrière de la JL Bourg) : « À la fin du match, je lui ai dit qu’il pouvait être fier de sa carrière. Ça a été un plaisir pour moi de l’affronter tout au long de ces saisons, d’avoir travaillé avec lui aussi en équipe de France. J’ai même déjà failli signer à Nanterre. C’est un coach emblématique : non seulement c’est beau de n’avoir connu qu’un seul club mais par la façon dont il a construit ses équipes. Il a été l’un des premiers à donner autant de confiance à des jeunes Français. Il a gagné un titre de champion de France alors que Nanterre n’était pas du tout attendu. Il a changé les codes : lors de leurs premières saisons en Pro A, on avait des matchs de fou avec des pistoleros incroyables. Si on était en NBA, il serait facilement au Hall of Fame ! »
Frédéric Fauthoux (coach de la JL Bourg) : « Je suis très heureux de l’hommage du public de Bourg-en-Bresse pour sa dernière. C’est un monument qui s’arrête. Une carrière comme la sienne n’aurait jamais dû exister : prendre un club en département et l’amener sur le toit de l’Europe, c’est assez hallucinant ! Si Netflix voulait faire une série, il n’y aurait pas meilleur scénario. Là où j’ai un immense respect pour lui, c’est sur sa faculté à entraîner une équipe en département puis de manager plus tard une équipe en Coupe d’Europe, voire même en équipe de France. Je pense qu’il peut organiser des master-class à la Défense, il aura beaucoup de jeunes élèves pour l’écouter. Avoir gardé cette simplicité, être droit dans ses bottes pendant 37 ans et gagner autant de trophées comme tout le monde en rêve… Bravo, tout simplement. Respect. »
Propos recueillis à Bourg-en-Bresse,
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