Strasbourg sort la tête haute mais laisse Monaco filer en demi-finale
« C’est le basket », est une phrase particulièrement usitée en conférence de presse lorsque le match se joue à rien. Parfois, le sens est bien abstrait. Mais ce vendredi, on voit tout à fait ce que cela veut dire… Battue de deux petits points par Monaco, la SIG Strasbourg va ressasser deux shoots à l’infini : la prière exaucée de Matthew Strazel depuis le milieu de terrain au buzzer de la première mi-temps (41-46), puis le tir de la gagne, ouvert à trois points, qui a fait gamelle pour Matt Mitchell. « Si vous repensez à ces deux tirs, vous comprenez que mon été va être doux-amer », soufflait Luca Banchi, toujours animé des mêmes sentiments mêlés de fierté et regrets.
Pour Matt Mitchell, le clin d’œil aurait été tellement beau. Absent pendant cinq mois, revenu sans être à 100% de ses moyens, l’ancien étudiant de San Diego (qui aurait dû être le leader offensif alsacien cette saison) a signé une deuxième mi-temps de très haut niveau (12 de ses 14 points) pour entretenir la flamme de l’espoir au Rhénus. Avant la conclusion parfaite, le shoot pour arracher le Match 3… En vain. « Il en mettra des centaines d’autres comme celui-là dans sa carrière », encourageait Paul Lacombe. « Cela aurait été une histoire magnifique pour lui. Il baissait la tête après, il était un peu déçu mais il ne faut pas. C’est lui qui nous fait revenir. On a mal géré le money-time. Et si je ne perds pas la balle aussi… » Et si la SIG n’avait pas laissé autant de rebonds offensifs ? Et s’ils avaient été prêts dès le début du match (2-15, 3e minute) ? Et si Strazel n’avait pas scoré de la ligne médiane ? Et si les arbitres avaient sifflé de manière un peu plus équilibrée (70 lancers-francs à 28 sur la série, un différentiel « drôle, irréel et peut-être dégoûtant » selon Luca Banchi) ? Peu importe… Année après année, l’histoire se répète pour Strasbourg, décidément le perdant le plus magnifique du basket français. Après avoir pris un match l’an dernier à Monaco, la SIG s’incline cette fois 0-2, mais après avoir dominé les deux soirées à l’évaluation (93-81 mercredi, 97-88 ce vendredi). « Je suis tellement fier de ce que l’on a pu faire et d’avoir été aussi compétitif contre Monaco », salue Paul Lacombe. « Je trouve qu’on a joué à une intensité EuroLeague. On ne perd pas forcément contre meilleur que nous sur la série mais c’est le niveau qui exige cela. »
« Une très bonne approche » pour l’AS Monaco
Une qualification en demi-finale qui ouvre pratiquement une autoroute vers le titre pour l’AS Monaco. Alors bien sûr, avec un tel historique de cagades en playoffs pour la Roca Team, on se gardera bien de proclamer dès maintenant la Roca Team championne de France mais Strasbourg semblait être l’équipe la plus à même de la battre. Outre son statut de faux huitième (3e du championnat depuis novembre), la SIG pouvait nourrir beaucoup d’espérances au vu du contexte : une série en seulement deux manches gagnantes, qui démarrait à peine trois jours après le Final Four. La redescente aurait pu être brutale pour Monaco, elle l’a été un peu mais cette équipe est décidément différente de sa devancière, prête à expédier les affaires courantes juste après avoir tutoyé les étoiles. « C’était très difficile de revenir à la réalité », admet Sasa Obradovic. « Mais l’énergie était différente que mercredi, où l’on était un peu amorphes et où on se demandait presque comment on avait gagné. Ce vendredi, les gars ont eu une très bonne attitude, une très bonne approche, une dimension physique largement supérieure au match aller. J’ai des mecs qui comprennent mieux (que l’an dernier) ce que c’est de gagner. »
Sans Mike James ni Donatas Motiejunas, laissés au repos sur le Rocher, l’AS Monaco a montré dès le début qu’elle serait difficile à jouer (2-15, 3e minute), avec un Jaron Blossomgame brillant comme rarement cette saison (14 points à 100% dans le premier quart-temps, 21 au total). Mais forcément, l’histoire ne serait pas drôle si la Roca Team était constante pendant 40 minutes, alors les Monégasques se sont relâchés. Paul Lacombe (qui manquera sa première finale depuis 2014) a été exceptionnel (20 points à 8/13, 7 rebonds et 3 passes décisives), Bodian Massa a dominé défensivement (11 points à 5/7, 13 rebonds et 4 passes décisives), Rodions Kurucs a artillé (17 points à 6/8) et la SIG est revenue (65-62, 29e minute). Sauf que face au plus bel effectif jamais vu en France, toute l’envie du monde ne suffit pas toujours. Cette équipe de Monaco est si intense, si athlétique qu’elle semble toujours en mesure de trouver la solution en Betclic ÉLITE. Cette fois, ce fut les rebonds offensifs, avec la bagatelle de 14 points sur seconde chance en deuxième mi-temps, dont les cinq derniers signés Jordan Loyd et John Brown III. Après, si le dernier shoot de Matt Mitchell avait été un centimètre plus à droite, on ne serait pas en train d’écrire la même chose. Mais c’est le basket…
À Strasbourg,
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