Matthew Strazel : « Sasa Obradovic m’a dit qu’il avait vraiment besoin de moi »
Transfuge de Lyon-Villeurbanne à Monaco, Mathew Strazel (1,82 m, 20 ans) vient de passer une semaine en Allemagne avec la Roca Team pour préparer la pré-saison. Les joueurs de Sasa Obradovic se sont dans un premier temps rendus en Italie pour le traditionnel stage à Bormio et un tournoi de présaison en Sardaigne, à Sassari. Puis, ils sont donc venus en Allemagne et ils finiront leur série de matches de préparation à Istanbul, en Turquie. Ils reviendront ensuite en Principauté afin de terminer leur préparation avant d’entamer les compétitions officielles (championnat de France et EuroLeague). Le jeune meneur tout juste arrivé de l’ASVEL a connu trois semaines intenses. De plus, Matthew Strazel a participé au fin juillet à l’EuroBasket U20. Éliminés en quart de finale face à la Lituanie, les Bleuets ont terminé cinquième. Depuis l’Allemagne, Matthew Strazel est revenu sur son été bien chargé, sa décision de quitter Villeurbanne et celle de signer avec le club de la principauté pour une durée de trois saisons.
Matthew, vous êtes en pleine préparation de la saison avec l’AS Monaco, votre nouveau club. Comment se passent vos premières semaines avec la Roca Team ?
Pour le moment plutôt bien, il se trouve que je m’adapte bien à mes nouvelles couleurs et aux nouvelles habitudes que je peux prendre. Pour l’instant, je suis vraiment content des premières semaines et de tout ce qui se passe, je m’entends bien avec mes coéquipiers et nous commençons à construire quelque chose de solide même s’il manque encore Élie Okobo (à l’Euro avec l’équipe de France, NDLR). Quand il arrivera ce ne sera que mieux.
« Petit à petit, je prends mes marques »
Comment cela a été sur les trois premiers matches ? Vous avez notamment marqué 11 points contre Ulm (entretien réalisé vendredi).
Plutôt bien, petit à petit, je prends mes marques. Hier (jeudi), par exemple, Mike (James) n’a pas joué, et je sais que cela est un cas de figure qui va arriver dans l’année. Donc, si je peux répondre présent à chaque fois que l’équipe a besoin de moi et à chaque fois que Mike ne joue pas, je le ferai avec plaisir.
🥵 11 points en première mi-temps pour @MtwBucket32 🏹🎯 pic.twitter.com/yUUmL3vqbC
— AS Monaco Basket 🇲🇨 (@ASMonaco_Basket) September 11, 2022
Vous voulez avoir un nouveau rôle sur le terrain ? Étant donné que Mike James ne devrait pas énormément jouer en saison régulière de Betclic ÉLITE, de quoi vous permettre d’avoir beaucoup de temps de jeu.
Oui, c’est clair. C’est aussi pour ça que j’ai pris la décision de changer de club, c’est une nouvelle aventure, des nouveaux objectifs. Cela a été justement un argument de taille pour moi. Le fait que Mike James ne joue pas tous les matchs m’a fait signer à Monaco. J’aurais à cœur de remplir mes nouveaux objectifs.
« C’était à moi de prendre une décision »
Pourquoi avoir quitté l’ASVEL pour Monaco ? Vous étiez encore sous contrat avec l’ASVEL et vous avez eu pas mal d’offres durant la saison notamment par du Limoges CSP, de Gravelines-Dunkerque et donc Monaco.
Je veux vraiment que les gens sachent pourquoi j’ai quitté l’ASVEL et comment cela s’est déroulé. Je commençais à me poser des questions, parce que je ne jouais plus. C’est un fait, ce sont des chiffres, je ne jouais plus. Pendant plus d’un mois, je n’avais pas mis un pied sur le terrain, donc forcément, je suis un jeune joueur qui a envie de jouer. Je me demandais si ce n’était pas une bonne solution pour moi de me faire prêter. De là, j’ai commencé à avoir des offres. La première qui est arrivée, c’est celle de Gravelines, avec qui j’étais en contact, qui m’avait proposé son projet. Cela m’intéressait, mais avant que cela soit trop élaboré l’ASVEL a coupé court, car il voulait me garder. Je me suis dit d’accord, que j’allais essayer de me reconcentrer sur l’ASVEL. Je m’étais fait à l’idée de rester. Sauf que, deux semaines après ça, Villeurbanne commençait à faire son recrutement et à juger les possibilités pour l’année prochaine. Ils voulaient que je sois prêté (après l’offre de Gravelines). De là, avec mon agent (Olivier Mazet), nous nous sommes remis à chercher, pour retrouver autre chose. Est alors arrivé Limoges, qui m’a fait une offre. Tout était fait, je devais signer, on m’a envoyé le contrat. Mais je jour où je l’ai reçu, l’ASVEL a rechangé d’avis (après les demi-finales contre Dijon où j’ai fait une bonne entrée).
Qu’est-ce que vous ont dit les dirigeant de l’ASVEL pour vous faire rester ?
Ils m’ont dit, que finalement, ils comptaient sur moi, qu’ils avaient besoin de moi pour l’année prochaine. Ils m’ont dit que j’étais l’image du club et qu’ils pensaient que nous avions d’autres choses à accomplir ensemble. De là, ils m’ont demandé de refuser Limoges. De plus, ils m’ont dit qu’ils feraient du changement dans leur recrutement. Mais, ils m’ont aussi dit qu’ils ne pouvaient m’empêcher de partir. Il fallait donc faire un choix. Sur le moment, je leur ai répondu qu’il n’y avait pas de problème, que s’ils y avaient un projet pour moi et qu’ils me faisaient une place au sein de l’effectif, je resterais. Suite à cela, j’ai pris la décision de refuser Limoges.
Donc qu’est-ce qu’il s’est passé finalement, pour que vous quittiez l’ASVEL car comme vous le dites, ils vous proposaient un beau projet, avec une place au sein du groupe ?
Nous sommes champions, l’euphorie est passée et 3-4 jours après, j’entends qu’ils avaient signé Nando de Colo, Retin Obasohan et Jonah Mathews. Je voyais que sans moi ça faisait déjà 7 joueurs sur les poste 1 et 2. Donc là, j’ai demandé des comptes et j’ai essayé de savoir quel était le projet pour moi ? Finalement, ils m’ont dit que je devrais partir. Avec mon agent, nous nous sommes remis sur le marché, et Limoges, qui avait clôturé mon dossier, m’a refait une offre. Au même moment, Monaco est entré en jeu. Ils m’ont expliqué leur projet respectif. C’était à moi de prendre une décision.
Pourquoi Monaco ?
Des minutes de jeu en championnat, gagner des titres, disputer l’EuroLeague… J’ai senti dans le discours du coach qu’il avait vraiment besoin de moi. C’est ça qui a fait que j’ai signé à Monaco.
« J’ai passé des moments inoubliables à Villeurbanne, mais c’est vrai que j’espérais une meilleure fin »
Que retenez-vous de vos années six années passées à Villeurbanne dont trois années en professionnel ?
C’est le club qui m’a fait confiance, celui qui m’a lancé dans le grand bain et qui a malgré tout compté sur moi quand j’étais au plus jeune âge. Ce que je retiens, c’est que j’ai quand même gagné deux titres de champion de France, une Coupe de France, j’ai pu rencontrer des joueurs de haut niveau et j’ai pris énormément d’expérience là-bas (j’ai joué l’EuroLeague pendant 3 ans). Le bilan de l’ASVEL, il est plus que positif. Je garde forcément un super souvenir, parce que j’ai passé des moments inoubliables à Villeurbanne mais c’est vrai que j’espérais une meilleure fin. Après, cela me fait sourire quand je lis dans la presse qu’ils m’avaient proposé un rôle et qu’ils ne comprennent pas pourquoi je suis parti.
Pour revenir sur votre titre de champion de France avec l’ASVEL le 25 juin dernier. Quels souvenirs vous gardez de cette finale ?
Il faut toujours profiter des moments comme ça où justement pendant les finales, il y avait un scénario incroyable. En plus, le fait d’être du bon côté du terrain quand le buzzer retenti, c’est toujours des bonnes émotions.
« Si je restais, j’allais stagner »
Pensez-vous avoir fait le tour de ce que vous aviez à faire à Villeurbanne ?
J’ai pris la décision de partir, car je pensais que si je restais, j’allais stagner. Pas forcément dans le travail individuel, puisque j’aurais continué de le faire donc j’aurais progressé individuellement certes, mais pas collectivement.
Place à la suite désormais. Quelles sont vos attentes pour cette nouvelle saison ?
D’être un back-up solide. Ce que j’ai demandé au coach c’est d’avoir un rôle constant toute l’année et un temps de jeu régulier. Je sais ce que je veux apporter. Avec la présaison, c’est ce qui se dessine, je comprends de plus en plus ce que je peux apporter à l’équipe. Dynamiser le jeu de l’équipe.
« Je me sens plus libre dans le jeu ici qu’à l’ASVEL»
A première vue, la méthode Sasa Obradovic vous correspond-elle mieux que celle de T.J. Parker ?
Je ne sais pas si elle me correspond mieux, mais c’est vrai qu’offensivement je n’ai aucune ligne conduite là-dessus. Dans le jeu, actuellement, je suis libre de faire ce que je veux, d’appeler les systèmes que je veux, de jouer pour moi quand j’ai envie. C’est vrai que c’est quelque chose que je pouvais un peu moins faire à l’ASVEL donc je ne sais pas si ça me convient mieux, mais je me sens plus libre dans le jeu ici.
« Avec l’équipe de France U20, Peut-être que nous manquions de justesse en attaque cette année »
Durant l’été, vous avez été appelé pour rejoindre le groupe qui partait pour l’Euro U20 qui se déroulait à Podgorica au Monténégro. La compétition ne s’est pas déroulée comme vous l’auriez souhaité car vous avez été éliminés en quarts de finale par la Lituanie (79-89). J’imagine, que cet Euro a été une véritable déception ?
Une véritable déception, oui c’est sûr parce que nous voulions aller plus loin. Mais, il nous manquait des joueurs, nous avions beaucoup de blessés par rapport à l’année dernière où nous avons fini vice-champions du monde. Nous sommes partis avec aucun poste 3, si ce n’est Kenny Kasiama qui évoluait au poste 4 en espoir. Forcément, il y a eu plein de petits trucs qui ont fait que ce n’était pas le résultat attendu. Il manquait beaucoup de joueurs cadres. Mais, j’ai quand même essayé de faire de mon mieux pour amener l’équipe le plus loin possible.
Qu’est-ce qui a manqué collectivement à cette équipe de France pour aller plus loin dans la compétition ? Nous avons pu remarquer quelques difficultés en attaque, comment expliquer ces errances offensives ?
Moi offensivement, je me sentais plutôt bien. Après, je ne sais pas si justement, c’était pareil pour d’autres joueurs. Au final, les systèmes par rapport à l’année dernière, ils n’avaient pas trop changé. Des fois, il y a des tirs qui rentrent et des tirs qui ne rentrent pas. Peut-être que nous manquions de justesse en attaque cette année.
A titre individuel, qu’avez-vous pensé de vos performances sur cet Euro ?
Bien au début… Après ce qu’il faut savoir, c’est que j’ai joué en étant blessé. Ma saison 2021-2022 a été longue. J’avais des douleurs au dos, aux bras et aux poignets et j’avais même une gêne au niveau des adducteurs. J’ai quand même essayé de faire de mon mieux. Au début, je me sentais bien, ensuite la fatigue a commencé à refaire surface et j’ai été moins juste dans le jeu.
Votre parcours en équipe de France jeune a pris fin avec cet Euro cet été. Quelles sont vos ambitions avec les Bleus désormas ? Votre objectif est-il d’aller jouer avec l’équipe A ?
C’est un objectif que je me fixe. J’ai déjà eu quelques contacts avec Ruddy Nelhomme (assistant de Vincent Collet en équipe de France A) l’année dernière qui m’a dit qu’il me suivait. Forcément, c’est un objectif pour moi. C’est toujours un honneur de porter ce maillot de l’équipe de France. Je pense que c’est aussi pour ça que j’ai signé à Monaco, parce que si je dois avoir un rôle à jouer avec les tricolores, c’est un peu celui que je vais avoir à Monaco. Défendre, organiser correctement le jeu, c’est dans la continuité. Je vais essayer de jouer juste à Monaco pour essayer de taper dans l’œil du staff de l’équipe de France.
🥵 Concentrés sur le money-time
de @FRABasketball – Turquie 👀 @EuroBasket @mtwbucket32 @Manuchar9 pic.twitter.com/M31dpVwY3F— AS Monaco Basket 🇲🇨 (@ASMonaco_Basket) September 10, 2022
Commentaires