ITW Massimo Cancellieri, de retour en France avec le PAOK Salonique : « J’ai changé, je suis plus calme ! »
Avec son équipe du PAOK Salonique, Massimo Cancellieri défie la JDA Dijon ce mercredi
Massimo, ce mercredi, vous êtes de retour en France pour affronter la JDA Dijon…
J’en suis très heureux ! J’ai vécu trois saisons exceptionnelles en France, j’ai découvert un championnat de haut niveau et des organisations de haut niveau. Honnêtement, j’avais envie de rester, de pouvoir faire partie du développement du basket français mais la vie m’a montré un autre chemin… Pouvoir revenir le temps d’un match, ça me fait énormément plaisir !
Quel est votre regard sur la JDA Dijon, votre adversaire du jour ?
Si je ne me trompe pas, ils n’ont pas perdu depuis notre match (entretien réalisé avant la défaite de Dijon à La Rochelle, ndlr). En les battant (95-81 le 8 janvier), on les a tirés vers le haut (il rigole). J’ai porté chance à Laurent (Legname) ! Au début de saison, j’étais surpris de les voir autant en difficulté car c’est une équipe de qualité. Ils ont changé des joueurs clefs et ça prend du temps pour vraiment créer une alchimie collective. Maintenant, Phil (Booth) et Gregor (Hrovat) se sont bien intégrés, David Holston est le général depuis un nombre incalculable d’années. Laurent avait déjà entraîné la JDA par le passé. Je pense qu’ils ont trouvé la clef et c’est une très bonne équipe. Ils ont dorénavant un classement qui correspond mieux à la qualité de l’équipe. Mais ça arrive d’avoir un bon effectif et d’avoir des difficultés. Aussi à moi hein… (il sourit)
En dehors du cadre de ce simple match, comment se passe votre saison en Grèce avec le PAOK Salonique ?
Très bien ! C’est une culture du basket différente par rapport à la France ou l’Italie. C’est amusant de découvrir jour après jour cette passion atypique que les Grecs ont pour le basket. C’est un amour profond, un lien presque familial. Le PAOK est une équipe importante en Grèce, qui ressemble un peu à Limoges, même si le CSP a un bien plus grand palmarès… Le PAOK n’est pas très aimé en Grèce aussi, j’ai découvert ça sur place. Parce qu’ils sont des passionnés. Ici, c’est nous contre tout le monde. C’est très important pour moi de ressentir ça dans un endroit où j’entraîne, c’est ce qui a beaucoup marché à Limoges. Ça me plait vraiment, ça se rapproche de ma mentalité.
Pourquoi avoir choisi la Grèce l’été dernier ?
Parce que j’avais envie d’écrire la ligne « PAOK Salonique » sur mon CV. Je pense que le PAOK est une équipe historique en Europe, pas juste en Grèce. Je suis vraiment ravi d’être ici. J’ai accepté n’importe quelle condition financière, n’importe quel budget. Je me suis dit : « Écoute, on va là-bas et on fera la guerre tous les jours, comme d’habitude. » Je n’ai pas trop réfléchi et j’ai trouvé une ambiance exceptionnelle.
« J’ai envie de jouer différemment, je m’amuse plus avec un jeu rapide »
À quoi ressemble le championnat grec ?
Si l’on doit comparer avec la France, la différence majeure est qu’il esgt presque impossible de gagner contre l’Olympiakos et le Panathinaïkos. En Betclic ÉLITE, je me rappelle avoir battu Monaco, Paris, l’ASVEL et Bourg-en-Bresse. Si l’on joue un très bon match, c’est possible de gagner contre n’importe quelle équipe du Top 4. En Grèce, je ne peux pas expliquer pourquoi mais c’est impossible. De plus, il n’y a que douze équipes en Grèce donc chaque match compte double : si tu gagnes, tu es 3e mais si tu perds, tu es 11e. Le championnat est vraiment un cauchemar. Toutes les équipes sont compétitives, le niveau est presque le même qu’en France. Il y a de bons budgets, on retrouve beaucoup d’anciens joueurs de Betclic ÉLITE : Marcus Keene, Jarell Eddie, Rion Brown, Cyril Langevine, etc. Récemment, je parlais avec Marcus Keene et il me disait qu’il cherchait encore la bonne façon de jouer, car c’est vraiment différent et difficile en Grèce.
Différent comment ?
Il y a moins de qualités athlétiques, surtout chez les joueurs grecs. Mais les entraîneurs sont vraiment de qualité et préparent très bien les matchs. Ils peuvent changer totalement leur façon de jouer en attaque et en défense d’un week-end à l’autre.
Vos résultats sont plutôt bons : vous êtes déjà qualifiés pour les quarts de finale de la FIBA Europe Cup et vous êtes dans le bon peloton des outsiders en Grèce derrière les deux géants (entretien réalisé avant le revers contre Lavrio samedi, qui relègue le PAOK à la 5e place, avec 9 défaites en 17 matchs, ndlr)…
Oui. Ça ressemble un peu à ma première saison à Limoges : ils voient arriver un entraîneur inconnu, un peu fou, qui a de bons résultats. Ils m’appellent « trelos » qui, en Grec, signifie « fou ». Il y a une chanson des supporters du PAOK : « Einai trelos o Italos », ce qui signifie « Il est fou, il est Italien ! » C’est chanté de façon positive. Pour une fois que les supporters aiment ma façon de faire. Quand j’ai entendu mon nom comme ça… (il s’interrompt) Ce n’était jamais arrivé dans ma carrière (ému). À part quand il y avait le drapeau avec mon visage à Beaublanc, c’était exceptionnel ! Je n’oublierai jamais ça. Le drapeau et la chanson « Trelos » sont les diamants (sic) de ma carrière.
🎶 « Einai trelos o italos », littéralement « l’Italien est fou ! »
🔙 Adulé par les supporters du PAOK Salonique, Massimo Cancellieri est de retour en France ce soir pour un match à Dijon.
🗣️ « J’ai changé, je suis plus calme ! »
💬 Son interview : https://t.co/mHo8jLJwQX pic.twitter.com/veIZXp16Gr
— BeBasket (@Be_BasketFr) February 5, 2025
Après deux dernières saisons plus compliquées en France, une année à Strasbourg où le Rhénus vous a parfois sifflé, cela fait du bien à l’ego ?
On est fait pour être l’entraîneur de certaines équipes et pas d’autres, ce n’est pas un problème. Je considère que mes deux dernières saisons en France, même si elles étaient moins bonnes que la première, ont quand même été très positives. Les résultats n’ont peut-être pas à la hauteur des attentes mais les attentes étaient différentes par rapport à la réalité de la situation. Après, c’est plus facile de dire : « On doit faire les playoffs ». À part Le Portel, mais qui finit toujours par avoir des résultats exceptionnels, toutes les équipes en France doivent faire les playoffs ! Mais oui, personnellement, j’ai trouvé que ces deux saisons ont été très intéressantes : on a fait à chaque fois le Top 16 de la Champions League, on a raté les quarts pour le panier-average l’an dernier, on a perdu la finale de la Coupe de France à cause de trois minutes… Après la défaite à Bercy, la motivation a chuté mais jusqu’en avril, ce n’était pas si mal. Ça arrive de ne pas faire les playoffs. Mais j’ai payé pour ça, les deux fois. Suite à ça, j’ai dû penser à changer des choses chez moi pour devenir un meilleur entraîneur mais je n’ai pas de regrets. Je me suis trouvé très bon dans les deux situations, vraiment très bon.
Qu’avez-vous changé ?
C’est bizarre mais dans un endroit où je devrais être plus fou, je suis plus calme (il rit). En France, parfois, il faut être plus mesuré. Pas trop volcanique, c’est mieux. Moi, j’essayais d’être moi-même, je pensais que c’était un plus, que cela pouvait aider. Mais ce n’était pas le cas. Soit je suis stupide, soit je réfléchis aux choses. J’ai commencé à être un peu différent.
Les changements ne sont qu’au niveau de la personnalité ?
Non, j’ai totalement changé ma façon de jouer. Totalement. C’est incroyable (il rit).
« Mon erreur a été de penser que ma façon de faire marcherait avec n’importe quelle situation »
C’est-à-dire ?
Cette saison, je joue avec beaucoup plus de possessions. Un jeu plus facile, moins tactique, très libre en attaque et un peu plus discipliné en défense. Je ne vais pas dire que l’on joue comme Paris car je ne suis pas l’entraîneur du Paris Basketball, je n’ai pas copié. Mais quand même, la tendance est d’augmenter la vitesse. Parfois, en France, surtout à Strasbourg, je trouvais mon jeu vraiment trop lent. Faire des possessions ciblées pour certains joueurs, ça ne me plait plus. J’ai envie de jouer différemment, je m’amuse plus. C’est plus difficile de contrôler mais je m’en fiche. Ce qui m’a aidé aussi est de faire plus confiance aux joueurs. Si tu leur donnes de la liberté, il faut forcément leur faire confiance. De ce point de vue-là, ça m’aide d’être différent.
Vous dites que vous vous êtes trouvé très bien en France mais aussi que vous avez tout changé depuis. C’est un peu paradoxal. Ces changements, est-ce parce que vous avez fait des erreurs ou plus le fait d’un cheminement personnel ?
C’est un processus. J’ai entraîné en Italie toute ma vie. Ensuite, j’étais à Limoges et Limoges, ce n’est pas la France. Limoges, c’est Limoges. C’est unique. Au CSP, on a fait quelque chose qui a marché cette année-là. J’ai appris le Français pour être plus attaché à la culture, pouvoir parler à tout le monde, montrer du respect au pays et aux clubs qui m’ont donné une très grosse opportunité. L’erreur, c’est de ne pas avoir été capable de m’adapter à certaines situations différentes. L’erreur, c’est de penser que ma façon de faire marche avec n’importe quelle situation. Ce n’est pas vrai. C’est ta capacité de s’adapter qui fait la différence au final. Si j’avais pu avoir une autre chance… Je pense que ça ira la prochaine fois ! Maintenant, j’ai compris comment ça marche.
Vous avez envie de revenir en Betclic ÉLITE donc ?
J’ai trouvé que la France était un pays très intéressant. Surtout sur le côté basket et le respect du travailleur, de la personne humaine. J’ai une fille de huit ans et ça a été très bien de vivre en famille en France. Limoges et Strasbourg ne sont pas les mêmes endroits géographiques. J’aimerais en voir d’autres, je suis prêt à tout !
Vous dites qu’un entraîneur n’est parfois pas fait pour un endroit. Qu’est-ce qui fait que ça n’a pas marché pour vous à Strasbourg ?
Je ne sais pas, honnêtement. Dans la vie, on ne se marie pas direct. Il faut se fréquenter avant, faire des sorties, discuter, etc. Avec la SIG, on a parlé, on a essayé pendant un an. Ça n’a pas marché, point. S’ils me rappellent pour entraîner, j’y vais. Je n’ai rien contre Strasbourg ou Limoges, j’étais très bien là-bas. À la SIG, j’ai travaillé avec un Italien. Nicola (Alberani), c’est quelqu’un que j’adore pour son côté professionnel et humain. C’était un rêve de travailler avec lui. Strasbourg, ça a été une année exceptionnelle pour moi.
Suivez-vous toujours le championnat de France ?
Oui, je regarde encore les matchs, je me suis abonné pour suivre la Betclic ÉLITE. C’est un championnat très intéressant. Je suis Strasbourg et Limoges car j’y ai des amis. Pour la SIG, j’ai affronté Laurent Vila à de multiples reprises et il me revient un souvenir : quand on était à Antalya en 2023 pour la qualification de la BCL, il était venu regarder notre finale avec Fabrice Lefrançois, au lendemain de leur qualification, et ils étaient heureux de notre victoire contre Obradoiro. Je me suis senti proche de ce mec, on a une jolie relation, je l’aime bien. Quand des gens ne te connaissent pas, ce n’est pas évident de les voir faire des choses comme ça. J’avais beaucoup apprécié et je m’en rappellerai. Je lui souhaite le meilleur à Strasbourg.
« Mikko Larkkas est un entraîneur extrêmement compétent »
Y-a-t-il d’autres équipes qui vous intéressent ?
Je suis très intéressé par Le Mans : je regardais ce que Guillaume Vizade proposait à Vichy et il continue de faire du très bon travail au MSB, sans jouer de la même manière. Bravo. Je suis le travail d’Éric Girard : c’est un coach exceptionnel qui offre des résultats exceptionnels au Portel. Je suis Elric Delord aussi : ce qu’il a fait depuis son arrivée à Chalon-sur-Saône, c’est incroyable ! Je regarde, je prends des idées, je dois me mettre à jour. On ne sait jamais (il rit).
Quid de votre ancien assistant avec Mikko Larkkas à Limoges ?
Mikko, je l’adore ! J’espère qu’il va changer les choses ! Mikko est un entraîneur extrêmement compétent. Il m’a beaucoup aidé, m’a donné un point de vue totalement différent. Nous sommes vraiment opposés, on pense différemment mais on se complétait beaucoup. Avec Thomas (Drouot), je pense que l’on était un bon trio. À citer tous ces noms, je me rends compte que j’ai beaucoup d’amis en France.
À bientôt en Betclic ÉLITE alors…
Oui, j’aimerais bien (il rit).
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