Luca Banchi, icône fugace de la SIG Strasbourg
Il faut se souvenir de l’unanimité suscitée par la décision de virer Lassi Tuovi en novembre dernier après seulement huit matchs de championnat. « Une erreur », a-t-on lu de partout. Une réaction légitime puisque le Finlandais ne connaissait que les premières difficultés de sa carrière et avait le statut d’étoile montante du coaching européen, dans la foulée d’un superbe EuroBasket avec sa sélection. Pourtant, six mois après, force est de constater que Martial Bellon et Nicola Alberani ont eu raison sur toute la ligne. L’éviction de Lassi Tuovi (qui a certainement eu du mal à revenir à la réalité après ses émotions berlinoises) et, surtout, le choix de Luca Banchi ont eu un effet incroyable sur la SIG, lanterne rouge lors de la première trêve internationale, sortie la tête haute par l’AS Monaco en playoffs. « Luca n’était pas un coach, il était un magicien », a imagé le directeur sportif transalpin. « Avec tout ce qui s’est passé et sachant d’où nous sommes partis depuis son arrivée, l’aventure cette saison aurait pu nous mener directement en ProB. Il faut en avoir conscience. Mais Luca nous a conduit en Playoffs et c’est incroyable. On ne le remerciera jamais assez. »
Depuis vendredi, les hommages pleuvent pourtant sur les réseaux sociaux. « Grand technicien, grand homme », a tweeté son adjoint Romain Leroy. « Un super coach », a ajouté Marcus Keene. « Beaucoup de respect pour ce grand homme », a écrit Bodian Massa, avant de développer sa pensée. « Toujours à croire en nous, même quand on n’y croit plus nous-mêmes ! Une remontada incroyable, parfois pas respecté par les arbitres pour son CV, mais un travail énorme effectué. Franchement, grazie coach Banchi ! » Arrivé début novembre en étant « sorti de [son] marasme à l’ASVEL », héros du Match 2 face à la Roca Team, Paul Lacombe aurait pu s’attribuer une part des lauriers dans le renversement de situation à Strasbourg. Mais le Vénissian préférait lui aussi souligner l’impact du technicien toscan. « En toute honnêteté, pour l’avoir vécu de l’intérieur, c’est Luca qui a changé la donne. Les gars ont été plus concernés, ont beaucoup mieux compris le message. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé avant avec Lassi (Tuovi) mais de ce que j’ai vu, c’est vraiment Luca qui a apporté ce second souffle. Tout le mérite lui en revient. »
Le troisième bilan de Betclic ÉLITE
Outre la belle aventure européenne, stoppée aux portes du Final Four de BCL par Bonn, Strasbourg a aussi vécu une incroyable épopée en Betclic ÉLITE sous l’ère Banchi. Depuis la mi-novembre, seuls l’AS Monaco et l’ASVEL ont fait mieux en France que la SIG. L’équipe alsacienne n’avait qu’une victoire en huit journées ; elle en a capitalisé 16 sur les 26 matchs suivants, s’offrant le troisième meilleur bilan de l’intervalle. De quoi emplir de fierté le sélectionneur letton, qui s’est livré à un petit flash-back vendredi lors de sa dernière conférence au Rhénus, juste après avoir salué une dernière fois les supporters dans la foulée de la défaite cruelle contre Monaco. « Il est temps pour moi de remercier tout le monde : d’abord le staff qui a travaillé très dur, ensuite les joueurs qui ont fait un travail incroyable, puis Martial Bellon et à Nicola Alberani qui ont dû opérer un choix douloureux en novembre. Je sais à quel point ils étaient attachés à ce que Lassi (Tuovi) a fait pour ce club. Ils ont souffert de ce choix alors j’ai essayé quotidiennement de défendre le travail de Lassi et leur décision. J’espère sincèrement qu’ils sont heureux de ce qu’on a pu accomplir ensemble. Le chemin a été tortueux mais on a ramené le bateau à bon port. Quand je repense à la situation lors de mon arrivée puis que je vois que nous avons été si proches de jouer le Final Four de la BCL, perdant contre le futur champion Bonn, et les demi-finales de la Betclic ÉLITE, étant probablement aussi éliminé par le futur champion… Je crois que je laisse ce maillot en meilleur état. J’ai trouvé la SIG au fond du classement, on est allé en playoffs, on a rempli la salle lors de plusieurs matchs d’affilée. J’ai démarré au Rhénus contre Fos-sur-Mer dans une sorte de réfrigérateur : les joueurs et les supporters italiens ont vu ce coach italien sauter sur la ligne de touche et je quitte la France dans une ambiance de folie. Je suis très fier de tout le monde, très fier. Tout ce que j’ai à dire maintenant, c’est allez la SIG ! Je vous souhaite le meilleur et serai toujours un vrai supporter de la SIG. » Où prendra place, sur le banc, son ancien adjoint milanais, Massimo Cancellieri.
Pourquoi Luca Banchi ne reste-t-il pas à Strasbourg ?
« J’ai eu le temps de faire un état des lieux, de partager mes idées et ma vision avec la direction mais c’est la vie. Il faut comprendre à quel point cela « match » entre les deux parties. J’ai une vie ! J’aime le basket mais je veux faire ce qui me rend heureux. J’avais une mission spécifique ici et ça m’a suffi. On a tenté de voir s’il y avait la place de rester deux années de plus et ça ne s’est pas fait. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, la décision est tombée. Je n’ai pas de regrets, j’assume mes responsabilités. On m’a souvent dit que j’avais un mauvais caractère, disons plutôt que j’ai du caractère, c’est différent (il sourit). Je suis prêt pour une nouvelle aventure, même si cela consiste à rentrer en Italie et à m’occuper de mon jardin (il rit). Je ne suis pas encore prêt pour la retraite en revanche ! »
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