L’inoubliable soirée des frères Grasshoff (Le Mans), lancés ensemble en Coupe : « Inimaginable et exceptionnel »
Loïs (n°10) et Bastien (n°1), les frères Grasshoff, ont respectivement disputé 18 et 13 minutes en Coupe de France contre le HTV
Assis quelque part dans les tribunes clairsemées du Palais des Sports de Toulon, Laurent et Laetitia Grasshoff ont sûrement dû se pincer en apercevant le changement réclamé par Guillaume Vizade à la 9e minute. Avant même la fin du premier quart-temps, alors que le HTV était encore devant (27-22), leur fils cadet, Bastien (né en 2007), jamais aperçu en pro, relayait leur aîné, Loïs (né en 2004), sur le parquet… Inimaginable il y a encore un an et demi, lorsque le premier tournait à 3 points de moyenne en U18 et que le second évoluait encore en Nationale 2.
Le symbole d’une soirée inoubliable, où les deux frères Grasshoff ont apporté leur écot à la victoire (84-77), participant même à quelques séquences de la rencontre ensemble. Fort joueur du championnat Espoirs (16,3 points à 50%, 6,8 rebonds et 1,6 passe décisive), poste 3-2 comparé à Terry Tarpey par son entraîneur Jordan Bernard pour l’énergie qu’il amène, Loïs Grasshoff (1,99 m, 20 ans) avait déjà eu sa chance avec les pros l’an dernier : huit entrées avec les pros au total, dont 12 minutes en Leaders Cup contre l’AS Monaco, et 15 minutes en BCL à Szombathely. Mais jamais il ne s’était montré aussi efficace qu’à Toulon (9 points à 3/5 à 3-points en 18 minutes). Quant à Bastien Grasshoff (17 ans), poste 2-1 de grande taille (1,98 m) en pleine évolution physique et basket qui a lancé la tradition familiale au Mans (arrivé au MSB en 2022, un avant Loïs), il a fait preuve d’une belle activité (1 point, 4 rebonds et 0 balle perdue en 13 minutes).
Et puisque le destin fait bien les choses, aussi, les Grasshoff ont pu connaître une telle joie, à moins d’une heure de route du domicile familial et face au HTV, où figure Antonia Martinez dans le staff, l’une de leurs formatrices majeures au SMUC. Produits certifiés du Stade Marseillais, où ils ont débuté le basket à leur plus jeune âge, ces deux minots pur souche représentent la nouvelle génération du basket phocéen. « Une grande fierté » pour leur club de (presque) toujours, le SMUC, venu garnir en nombre l’enceinte toulonnaise mardi.
Qu’est-ce que cela vous a fait de jouer autant sur un match professionnel ?
Bastien Grasshoff : C’était quelque chose d’exceptionnel ! Je n’aurais pas pu imaginer cela tout de suite. Ça a toujours été un rêve pour moi et mettre mes premiers points en pro à l’âge de 17 ans, ne serait-ce qu’en Coupe de France, c’est exceptionnel. Je n’attendais pas cela pour maintenant.
Lois Grasshoff : Franchement, j’étais assez étonné. De mémoire, je rentre en première rotation avec TaShawn Thomas : j’étais surpris, je ne m’attendais pas à rentrer aussi tôt, même si je m’étais préparé à jouer. C’était une super opportunité, une super expérience aussi. Je suis au quotidien avec les pros mais c’était vraiment bien de pouvoir voir ce que ça donne sur le terrain lors d’un match à enjeu. Je suis super content d’avoir eu cette opportunité-là. Je pense que ça vient récompenser tout le travail que j’essaye de faire depuis le début de ma deuxième saison au Mans, et même depuis mon arrivée l’année dernière.
Comment vous êtes-vous sentis sur le parquet ?
Bastien : Naturellement, j’étais un peu stressé sur le terrain, comme pour toute première rentrée en pro j’imagine. J’ai essayé de faire le maximum que je pouvais, de mettre l’intensité maximale qu’il fallait, même si c’était un peu dur au début, notamment physiquement. Je suis conscient d’avoir encore beaucoup à travailler dans ce domaine. Après, le plus important était de mettre le plus d’intensité possible et de jouer comme je sais le faire.
Loïs : J’étais prêt à rentrer mais peut-être pas aussi tôt. Forcément, quand le coach t’appelle aussi vite et que tu n’as pas l’habitude de jouer avec les pros, vu que j’avais seulement disputé quelques secondes contre Dijon cette saison, il y avait évidemment un peu de pression au début. Mais de la bonne pression ! C’est parti tout seul dès que j’étais sur le terrain. J’étais peut-être un peu crispé sur les deux – trois premières actions mais je me suis relâché grâce au plaisir d’être sur le parquet et le rêve d’y être avec mon frère. Je ne pensais pas jouer aussi longtemps. Mes 9 points, ce sont des tirs ouverts que je travaille aux entraînements, que je prends et qu’on me demande de prendre. J’ai su saisir l’opportunité. J’aurais pu en prendre un ou deux de plus pendant le match et on m’a reproché de ne pas le faire. On me dit toujours : « tir ouvert, tir pris ! » En soi, je me prépare pour ça toute l’année. On se prépare tous pour cette première chance en pro… Là, c’était la Coupe de France, un contexte particulier, mais Guillaume Vizade nous a donné notre chance et j’en suis super reconnaissant.
Le jeune 𝗟𝗼𝗶̈𝘀 𝗚𝗿𝗮𝘀𝘀𝗵𝗼𝗳𝗳 n'a pas tremblé derrière la ligne mardi soir 🎯
3/5 à 3 pts ✅ pic.twitter.com/KjRp7LSoRT
— MSB_Officiel 🦁 (@MSB_Officiel) November 14, 2024
« Tellement inimaginable que je ne pourrais même pas dire que c’était un rêve ! »
Qu’est-ce que cela représentait de partager cela avec votre frère ?
Bastien : Quand il m’a rejoint il y a un an au club, pouvoir être dans le même centre de formation et évoluer à ses côtés, c’était déjà quelque chose d’exceptionnel. Mais qui aurait cru qu’on pourrait jouer tous les deux en pro en même temps sur le terrain, dans la même équipe ?! C’est inimaginable et exceptionnel. Tellement inimaginable que je ne pourrais même pas dire que c’était un rêve. Je n’y avais même pas pensé à la base. Passer mes premiers moments en pro sur le terrain avec mon frère, c’était incroyable.
Loïs : Mon frère a joué 12 minutes, moi 18. C’est une chance… Je n’en reviens toujours pas d’avoir pu faire ça avec lui ! Je n’aurais jamais cru que ça pourrait être possible un jour, surtout qu’on a trois ans d’écart. C’est un rêve qui devient réalité. Ce week-end, à Chalon, on était tous les deux sur le banc et je trouvais déjà que c’était exceptionnel d’être ensemble sur le banc des pros en Betclic ÉLITE. Mais là, pouvoir entrer tous les deux en même temps sur le terrain, c’était… exceptionnel ! Je suis super fier d’avoir pu jouer avec Bastien, super fier de lui. J’espère que ça ne s’arrêtera pas là, au Mans ou plus tard, car c’était vraiment un kif.
Et presque à domicile en plus…
Bastien : Vu que c’est à côté de ma ville d’enfance, Marseille, c’est sûr qu’il y avait la famille qui était au rendez-vous pour voir mon frère et moi, quelques amis qui ont pu faire le déplacement. C’était extraordinaire, ça m’a boosté. J’étais très content de les voir et qu’ils puissent être là pour ma première rentrée professionnelle.
Loïs : Oui, il y avait notre famille, mes amis de notre ancien club du SMUC. Pouvoir faire ça sous les yeux de ma mère et de mon père, c’est vraiment un rêve qui est devenu réalité. Et puis, dans le staff de Hyères-Toulon, il y a Antonia Martinez : elle me suit depuis mon année de quatrième au collège, où j’étais en sport-études avec elle. Elle m’a coaché des U15 à ma dernière saison U18. Forcément, j’étais trop content de pouvoir la revoir, dans un premier temps, et de jouer contre elle. On a pu discuter ensemble à la fin car ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu. Pouvoir jouer contre sa coach, qui a fait en sorte que j’en sois là aujourd’hui, c’était quelque chose de magique.
L’œil de leur coach, Guillaume Vizade
« Avec nos trois matchs en déplacement en une semaine et les absences de Williams Narace et Abdoulaye Ndoye, le déplacement à Hyères-Toulon nécessitait de la vigilance. Aussi, Loïs et Bastien apportent à l’entraînement et c’était intéressant de les voir en compétition. Ils ont mérité de prolonger leur temps sur le terrain en proposant une bonne activité et en étant disponibles.
Loïs a conclu plusieurs mouvements collectifs par de bons tirs et s’est appliqué défensivement. Pour Bastien, la découverte de l’entraînement pro est plus récente et il manque encore de certains automatismes mais son potentiel est bien réel et son profil de combo de grande taille pourrait, avec beaucoup de travail, lui permettre de jouer au plus haut niveau.
Après Ilias Kamardine, cela fait plaisir d’avoir d’autres jeunes marseillais à mes côtés. Ils amènent de la fraîcheur, de la créativité et une grinta au quotidien. »
Commentaires