Les tops et les flops de France – Brésil
Les Bleus ont démarré leur tournoi olympique par une victoire 78-66 contre le Brésil
Les tops :
- La victoire !
On ne va pas se mentir : peu importe le contenu, on se serait déjà satisfait de n’importe quel résultat positif pour entamer ces JO, surtout après une telle préparation. Dans la configuration du groupe des Bleus, il était primordial de battre le Brésil, afin de s’éviter une pression XXL lors des deux matchs suivants, surtout contre l’Allemagne. L’année dernière, on a assez payé à la Coupe du Monde pour voir quel effet dévastateur pouvait avoir une défaite inaugurale. « On avait beaucoup de pression sur ce match-là et l’obligation absolue de s’imposer », reconnait Vincent Collet. À ce titre, la France a déjà un pied en quart et sera à 99% qualifiée en cas de victoire mardi contre le Japon. L’essentiel du contrat est rempli !
- L’apport du banc
À +12 en faveur du Brésil (15-27), on ne faisait pas trop les malins à la 12e minute. Et derrière quelques gros bras en souffrance (4 points à 1/4 pour Yabusele, -1 d’évaluation pour Strazel), ce sont les rotations qui ont changé le match. Frank Ntilikina (9 points à 3/5 et 3 passes décisives pour 12 d’évaluation en 21 minutes) mais surtout les deux derniers entrants, arrivés dans le deuxième quart-temps : Andrew Albicy (2 points à 1/2 et 4 passes décisives en 16 minutes) et Isaïa Cordinier (2 points à 1/2 et 2 passes décisives en 17 minutes). « Leur deuxième mi-temps est extraordinaire », salue le capitaine Nicolas Batum, lui aussi un vrai top de la soirée. « Ils ont amené beaucoup d’énergie, je suis très content pour eux. » Surtout l’ailier de la Virtus Bologne, pas toujours en verve lors de la préparation, très discret à Orléans et sorti du cinq pour la première fois de l’été : derrière des statistiques anonymes, Cordinier a eu un impact phénoménal (+20, le plus gros +/- du soir). « J’ai beaucoup aimé ce qu’il a fait », a souligné Vincent Collet.
- La défense
27 points encaissés dès la 12e minute. Puis seulement 41, ensuite, à la 29e minute. En 17 minutes, de 15-27 à 54-41, l’équipe de France a retourné le match et une entame olympique bien balbutiante. Le tout grâce à un choix défensif salutaire : switcher sur tous les écrans, et placer Nicolas Batum en mission sur Marcelino Huertas afin d’éviter tout mismatch ensuite. Au-delà de cette spécificité tactique, après trois sorties d’affilée à 80 points concédés, les Bleus ont affiché pendant 20 minutes le visage souhaité par Vincent Collet : agressifs, imperméables, dissuasifs (6 contres). « À partir du deuxième quart-temps, on était là en terme d’intensité », apprécie le sélectionneur. « On était dans les lignes de passe, on défendait haut et on avait beaucoup d’activité. Ça se voit dans les shifts (les aides positionnelles avec les bras) : on en a beaucoup, en particulier à partir du milieu du deuxième quart-temps, alors qu’on en avait très peu au début. » Un chiffre pour illustrer cela ? 1 interception à la mi-temps, 7 à la fin du troisième quart-temps pour les Français : soit 6 dans cette seule période, assorties de 7 balles perdues pour le Brésil.
- L’ambiance
Il y eut une voix dissonante. Celle d’Evan Fournier. « Je vais faire mon relou mais je trouve que c’était beaucoup plus marquant en 2015 », regrette l’ancien arrière des Detroit Pistons. Autrement, personne n’avait assez de superlatifs pour décrire l’expérience vécue devant 26 766 spectateurs, évidemment un record historique pour une entame de tournoi international chez les Bleus. « C’était juste unique », savoure Victor Wembanyama, de loin le premier à l’applaudimètre. « Je n’ai jamais expérimenté quelque chose comme ça, une telle intensité dès l’échauffement. Je savais que ce serait un truc de fou, l’engouement. Mais je ne pensais pas à ça. » Dans un décorum fabuleux, le public lillois a prouvé qu’il pouvait jouer un rôle crucial, surtout en prévision du choc contre l’Allemagne. « L’ambiance était exceptionnelle », ajoute Vincent Collet. « Et puis la salle est tellement belle. C’est vraiment incroyable, et puis ça fait chaud au cœur. Même déjà quand on est rentré une heure avant, on sentait que quelque chose de spécial allait se passer, et c’est formidable. Pour moi, en termes d’émotion, c’est fantastique, et puis le fait d’avoir gagné nous pousse à continuer pour en profiter encore plus. »
Les flops
- L’entame
15-27 à la 12e minute, tension dans les tribunes. Et sur le terrain… « On a fait preuve d’une grande nervosité », admet le capitaine Nicolas Batum, lui-même pas en reste au niveau du stress initial. Une sorte d’inhibition générale, ressentie par la prestation proposée sur le terrain : une défense aux abonnés absents, trouée sur tous les pick and roll brésiliens, aucun duel remporté, si peu de mises en place offensives, les rares shoots ouverts vendangés (4 points à 1/4 pour Guerschon Yabusele. Les fantômes de Jakarta et d’une préparation mitigée… « C’est humain d’avoir cette crispation mais il faut réussir à mieux entrer dans nos matchs », insiste Andrew Albicy. Surtout quand cela semble être une constante de ces dernières semaines : 19-25 contre le Canada, 12-19 face à l’Australie… Un dernier mot ? « On était un peu coincés du cul », résume Evan Fournier. Le mérite de la poésie, et de la clarté.
- Les balles perdues
Au moins, on ne sera pas surpris avec celui-ci… Voilà deux ans que ces Bleus affichent la même rengaine : trop brouillons, trop dispendieux. Cela leur a déjà coûté un titre de champion d’Europe (20 balles perdues en finale contre l’Espagne en 2022), mais rien ne bouge de ce côté-là. Après une préparation à 18,2 balles perdues de moyenne, l’équipe de France a encore égaré 19 possessions, le signe d’une fluidité offensive encore insatisfaisante. Bien trop pour pouvoir prétendre à quoi que ce soit. « On va continuer à insister dessus car c’est vital : contre un adversaire plus fort, on ne passe pas », reconnait Vincent Collet. À titre de comparaison, les champions du monde allemand n’ont perdu que 5 ballons contre le Japon. Les Bleus avaient le même total dès la fin du premier quart-temps… La bonne nouvelle ? Certaines relèvent uniquement de la responsabilité individuelle : une passe dans le dos, un alley-oop hasardeux. Cela peut se corriger facilement. Mais ça fait deux ans qu’on le dit…
- Les frayeurs de fin de match
À 62-50 à la 32e minute, sur trois lancers-francs de Victor Wembanyama, l’équipe de France aurait dû vivre un money-time serein, idéalement soigner son panier-average. Au lieu de cela, les Bleus se sont autorisés quelques frayeurs inutiles, laissant le Brésil revenir à 62-58 par trois… balles-perdues d’affilée. Il aura fallu un panier d’Isaïa Cordinier, puis un gros tir lointain de Frank Ntilikina, pour éteindre l’incendie (67-58). Contre le Brésil, d’accord. Mais dans une situation similaire, il ne faudra pas laisser l’Allemagne espérer, par exemple.
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