Le miracle, épisode 2 : ces Bleus sont des survivants !
Ces Bleus ont un défaut immense et une qualité encore plus remarquable : leur capacité à se mettre seuls dans le pétrin n’est supplantée que par une intense force de caractère, que par leur faculté à s’en sortir comme des grands. Par un véritable instinct de survie, en somme. « Parfois, il faut qu’on prenne des coups pour que l’on se réveille », glisse Terry Tarpey. « Tant que l’on ne se réveille pas trop tard, ça va ! » Cette fois-ci, la cavalerie est arrivée à 2 minutes et 18 secondes du buzzer final, après une flèche lointaine de Simone Fontecchio qui avait pourtant tout d’une sentence définitive (68-75). Mais dans un étonnant parallélisme avec la Turquie, l’équipe de France a su arracher une nouvelle prolongation en égalisant à 77-77 à la fin du temps règlementaire, un score identique à celui de samedi.
Fontecchio, comme Osman…
« Ce n’est pas le même match que contre la Turquie, nous avons montré plus de caractère », plaidait pourtant Thomas Heurtel, rejoint par Vincent Collet. « Je suis d’accord. À 12 secondes de la fin avec deux lancers-francs et possession à suivre pour l’adversaire, c’était un miracle. Là, nous sommes revenus avant les derniers instants. Mon équipe n’arrête jamais de se battre, continue d’y croire quelque soit la situation : ne leur enlevez pas cette détermination ! Je n’ai jamais senti de renoncement. » Dans le sillage de leur leader Evan Fournier, précieux pour instiller un 4-0 avec un pick and roll pour Rudy Gobert puis une action individuelle (73-75, 39e minute), puis du soldat Terry Tarpey, à créditer d’une claquette éminemment importante (75-77, 40e minute), les tricolores ont effectivement eu le mérite de se donner les moyens de continuer à y croire. Mais il fallait bien une part d’irrationnelle : elle s’est incarnée dans l’effondrement du meilleur joueur adverse, Simone Fontecchio, sur la ligne de lancers-francs, comme Cedi Osman samedi. À 85% dans l’exercice en carrière, le futur ailier d’Utah – monumental par ailleurs (21 points à 7/15, 5 rebonds et 2 passes décisives) – n’a converti aucune de ses deux tentatives à 16 secondes de la sirène, alors qu’il avait pratiquement l’occasion de plier les débats. « Sur le banc, on se disait qu’on a une chance pas possible », avoue Andrew Albicy. Les Bleus ne l’ont pas laissé filer : héros du soir, Thomas Heurtel (20 points à 8/14 et 8 passes décisives) a emmené tout ce beau monde en terre promise, la prolongation. « Il porte des caleçons aussi grands que moi », souriait Rudy Gobert après coup.
🇫🇷 Down by the same score, the same pattern, the same result.
Time is a flat circle 🌀 and we're living in a matrix! 🤯#EuroBasket pic.twitter.com/i2EMYa43gM
— FIBA (@FIBA) September 14, 2022
Peu importe la façon de s’en sortir au final, l’équipe de France répète les mêmes schémas, affiche les mêmes valeurs et les mêmes faiblesses d’un match à l’autre. Comme contre la Turquie, les coéquipiers de Rudy Gobert (19 points à 8/11 et 14 rebonds) n’ont pas été récompensé de leurs efforts défensifs à la mi-temps (37-30) à cause de leur trop grande fragilité (11 balles perdues à la pause). « On aurait dû être à +30 », râle Vincent Collet. Comme contre la Turquie, la fin du troisième quart-temps fut un véritable désastre, avec la concrétisation redoutée du match de traînard transalpin (56-64, 34e minute), marquée par la présence sur le parquet d’un cinq inapte défensivement à contenir la mobilité italienne. Et puis, comme contre la Turquie – spoiler ! –, les Bleus ont sorti la tête du seau à l’approche du money-time, ne perdant plus un seul ballon à partir du pied en touche de Terry Tarpey à 6 minutes de la fin (59-64). « À -8, j’ai eu peur que l’on perde le fil de notre match », retrace Vincent Collet. « Il n’y avait plus la même pression défensive et on se précipitait en attaque. Ensuite, il y a eu une bascule : on a repris le contrôle, on s’est remis à bien jouer, essentiellement sous la houlette de Thomas (Heurtel). » Agressif et créatif, le meneur agathois a assumé toutes les responsabilités possibles balle en main en cumulant 14 points et 4 passes décisives dans le quatrième quart-temps et la prolongation. « Les gens qui me connaissent savent que je n’ai pas peur », a-t-il lancé, petit sourire satisfait en coin.
« Nous ne pouvons pas avoir l’or avec notre niveau des deux derniers matchs ! »
Et voici donc l’équipe de France, malgré toutes ses aspérités, dans le dernier carré de l’EuroBasket (victoire 93-85). Voici donc l’équipe de France, en dépit de toutes ses imperfections, aux portes de son rêve, avec deux matchs à disputer pour une médaille. « L’or est notre premier objectif », a réaffirmé Thomas Heurtel. Sauf que ces Bleus ont beau être des miraculés ou des survivants, il y aura bien un moment où la pièce tombera du mauvais côté, surtout quand on laisse autant de place au hasard. « Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas être champions d’Europe avec notre niveau des deux derniers matchs », clame Vincent Collet. « On sait que l’on doit mieux jouer, on essaye tout pour cela, mais nous sommes toujours vivants ! La demi-finale sera une opportunité pour nous de faire mieux ! On a notre chance, on la mérite car on se l’est créée ce soir. Nous allons travailler pendant deux jours pour sortir notre meilleur match possible. Maintenant, il faut step-up (s’élever), c’est l’heure ! » Pour ne plus dépendre de deux lancers-francs de la star adverse dans les dernières secondes à 75-77…
À Berlin,
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