Le BCM Gravelines-Dunkerque peut-il encore se qualifier pour les playoffs ?

Laurent Legname est un habile communicant. En épluchant ses diverses interviews de la fin de l’automne, y compris celle dans nos colonnes, jamais le coach vainqueur de la Leaders Cup 2020 n’avait évoqué un but précis, Simplement celui de « remonter au classement, en prenant match après match ». Une forme de prudence, certes, par rapport à une Betclic ÉLITE très homogène mais aussi certainement un moyen de ne pas acter officiellement la baisse des ambitions du BCM Gravelines-Dunkerque dès la fin novembre, le club ayant proclamé tout l’été son désir de retrouver les playoffs après sept ans d’absence. Le mot « maintien » a été officiellement prononcé pour la première fois début mars. C’est d’ailleurs pour ne pas enterrer trop tôt son objectif de Top 8 qu’Olivier Bourgain a tranché rapidement, remerciant J.D. Jackson après seulement neuf matchs (3v-6d). Mais vendredi, Laurent Legname s’est d’abord félicité de l’obtention de l’obtention du premier objectif fixé à son arrivée : le maintien, comme toujours depuis 1988/89. « Le plus important était de laisser Gravelines en première division et sauf cataclysme, nous l’avons fait. »

59% de victoires sous l’ère Legname

Il est évident que les chiffres parlent pour le technicien varois depuis son arrivée. Lors de son premier match, le BCM était 15e (ex-æquo avec la lanterne rouge actuelle, Pau) ; le voici désormais 9e. Sous son autorité, le club maritime présente un bilan de 10 victoires et 7 défaites. Après, tout n’a pas été très bien fait. Pour justifier le licenciement de J.D. Jackson, Hervé Beddeleem avait évoqué le coût moindre représenté par cette opération comparé à l’éventualité mettre à la porte les joueurs américains, comme D.J. Seeley, leader attendu qui a déçu malgré son salaire colossal (280 000 euros). « Je pense qu’il l’exploitera différemment », disait le directeur exécutif à La Voix du Nord. « Laurent a joué contre lui avec Bourg l’année dernière et Seeley lui a mis la misère. Il apprécie le joueur. » Au final, l’expérience n’a duré que trois matchs et le club a dû se résoudre à mettre l’actuel Munichois à l’écart après un accrochage entre les deux hommes à la suite du déplacement à Ékinox le 17 décembre. Son départ n’a d’ailleurs jamais été officiellement annoncé par le BCM, qui l’a avantageusement remplacé avec Kenny Boynton (21,8 points à 64% depuis quatre rencontres !). Au contraire, les qualités offensives de l’autre gros CV du recrutement estival, JaJuan Johnson, sont elles parfaitement exploitées.

Surtout, si le redressement opéré est clair, Gravelines-Dunkerque n’a (pour l’instant ?) jamais réussi à trouver de la régularité dans ses efforts et dans l’exigence défensive réclamée par Laurent Legname. Son mois de mars le symbolise à la perfection : un tournant raté à domicile contre Paris, un naufrage au Mans, un rebond inattendu au buzzer à Strasbourg, une nouvelle opération portes ouvertes contre Roanne puis un combat de tranchées à Fos-Provence. Un dernier succès incarnant à lui seul les imperfections maritimes : soudés par l’expulsion prématurée de Vafessa Fofana, renvoyé au vestiaire à la 18e minute à cause d’une faute technique consécutive à une antisportive plus tôt dans la rencontre, les Nordistes semblaient se diriger vers un succès aisé à la 32e minute (61-51). Moment choisi par Romuald Morency pour tenter d’envoyer, en vain, Matthieu Gauzin au alley-oop lors d’un trois contre un, précipitant ainsi le retour des Fosséens qui ont eu le shoot pour passer devant à l’entame de la dernière minute. « Ce quatrième quart-temps représente le niveau de notre équipe », confirme Laurent Legname. « Nous sommes capables de faire de bonnes choses comme de complètement déjouer. C’est l’inconstance qui nous caractérise. Pour autant, on a retrouvé ce que l’on avait oublié mardi : l’intensité et la défense. Je retiens la solidarité et l’état d’esprit de l’équipe. »

2023/24, le vrai point de départ ?

Désormais capable de gagner à l’extérieur (trois victoires lors de ses quatre derniers déplacements, contre zéro auparavant), Gravelines-Dunkerque a cependant perdu très gros lors de ses deux matchs de mars à Sportica, forteresse pratiquement imprenable jusque-là (une seule défaite). Le revers contre Roanne relègue le BCM à deux longueurs, plus le panier-average, de la Chorale, actuelle 8e avant son déplacement à l’Astroballe dimanche. Un écart difficilement surmontable, qui plus est un calendrier corsé (voir ci-dessous) ? Mardi, Laurent Legname avait balayé d’un revers de la main l’hypothèse du Top 8. « Les playoffs, je n’y ai jamais cru. Je n’en ai jamais parlé aux joueurs, je connais trop le niveau de la Betclic ÉLITE pour savoir le niveau de cette équipe. Elle n’a pas la consistance et l’exigence demandées par le haut niveau. » Comme le prouve la belle réaction à Parseiam, ses joueurs n’ont toutefois pas abandonné l’idée de s’immiscer en phase finale. « L’objectif final reste évidemment de se qualifier pour les playoffs », assure Justin Robinson. « Mais pour cela, il faut gagner le plus de rencontres possibles donc prenons match après match. » Des propos dans la droite lignée de ceux tenus quelques minutes auparavant par son coach, moins catégorique sur sa certitude de ne pas atteindre le Top 8 mais globalement évasif. « Mardi, j’ai dit qu’on ne peut pas croire aux playoffs lorsque l’on encaisse 100 points à domicile contre un adversaire direct. Donc maintenant, on va prendre les matchs les uns après les autres. Il y a une semaine EuroLeague qui s’annonce entre Monaco mardi et Villeurbanne dimanche. On n’a rien à perdre et on verra au fur et à mesure ensuite. Savourons d’abord ce soir la vaillance et l’abnégation de notre équipe. »

Manière de dire qu’une 9e place ne serait finalement pas un échec, malgré les ambitions initiales du BCM. Le véritable an 1 du projet Legname démarrera cet été, lorsque l’ancien shooteur à la trajectoire parabolique pourra construire sa propre équipe. Mais pour cela, il faudra d’abord être sûr qu’il restera, lui qui indiquait en novembre ne penser qu’à une mission de sept mois. « Chaque chose en son temps », a-t-il répondu vendredi lorsqu’on lui a demandé s’il se projetait sur l’avenir à Sportica. « On en reparlera peut-être avant la fin de la saison mais pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour. » Toujours est-il que le voir partir dès cette année serait toutefois une surprise majeure. Et il sera alors temps de réanimer l’éternel projet de relance de Gravelines-Dunkerque, alors que la proportion des moyens financiers du club concentrés sur l’équipe sportive sera encore accrue la saison prochaine par rapport aux dépenses annexes. Depuis les crève-cœurs du retour de Cholet en 2012 et de la surprise Nanterre en 2013, le BCM s’enfonce dans les profondeurs de Betclic ÉLITE, abonné aux places anonymes, potentiellement relégué en 2020 sans le Covid, avec une seule participation aux playoffs en dix ans. À la suite du départ de Christian Monschau en 2017, tous ses successeurs sur le banc s’y sont cassés les dents. Mais cette fois-ci, promis : le BCM visera vraiment les playoffs la saison prochaine ! Comme chaque année en fait ?

Le calendrier du BCM Gravelines-Dunkerque (9e avec 13v-14d) :

• 4 avril : Reçoit Monaco
• 9 avril : Reçoit l’ASVEL
• 15 avril : Reçoit l’Élan Béarnais
• 25 avril : Va au Portel
• 30 avril : Va à Levallois
• 9 mai : Va à Dijon
• 16 mai : Reçoit Nancy