Lassi Tuovi, la découverte des difficultés : « Les moments les plus durs à vivre dans le sport »
Les choses vont si vite dans le sport de haut-niveau. Il y a moins de deux mois, Lassi Tuovi vivait un moment rare pour un technicien aussi jeune (35 ans), une qualification pour les quarts de finale de l’EuroBasket, la première de l’histoire pour les Susijengi. « C’est un jour de fierté pour le basket finlandais », nous disait-il alors dans les entrailles de la Mercedes-Benz Arena. Après un combat épique contre l’Espagne, l’entraîneur originaire de Lappeenranta a finalement quitté Berlin avec l’étiquette d’étoile montante du coaching européen. Mais désormais, voici qu’il vit un début de saison cauchemardesque avec Strasbourg, incapable de trouver la recette pour que la SIG puisse enfin maîtriser correctement ses fins de match. En tête de douze points à la 27e minute dimanche à Bourg-en-Bresse, les Alsaciens se sont effondrés une énième fois (69-74) et ont touché le fond, seuls derniers de Betclic ÉLITE. « C’est l’histoire de nos huit premiers matchs », soupirait-il. « L’équipe a envie, se bat, a un bon état d’esprit. Mais ce n’est pas la mentalité qui importe dans les cinq dernières minutes d’un match, c’est l’exécution et savoir comment gagner. Je suis déçu car j’ai un sentiment de déjà-vu. »
« Inquiet comme s’il s’agissait de mon bébé »
Évidemment, cette mauvaise passe ne remet pas en cause l’excellente cote de Lassi Tuovi dans le petit monde du basket européen. Douze ans de travail ne peuvent être réduits en cendres à cause de huit rencontres poussives, qui plus est avec nombre de circonstances atténuantes (arrivée tardive en présaison, blessures). Mais c’est un fait que le Finlandais a raté son recrutement et en paye aujourd’hui les conséquences avec ce classement désastreux. Au final, l’ancien disciple d’Henrik Dettmann continue simplement d’apprendre toutes les facettes du métier de coach. Qui connait un entraîneur réussissant tout ce qu’il entreprend ? Or, depuis le début de son parcours, le Strasbourgeois n’avait pratiquement vécu que des succès : champion de Finlande dans un rôle d’assistant-coach à 19 ans, intégré au staff de la sélection à 23 ans, promu head coach à 24 ans, devenu un adjoint réputé en France au point de s’imposer comme la solution évidente pour la SIG au moment du départ de Vincent Collet, déjà allé jusqu’en demi-finale de Champions League et en finale de la Coupe de France, qualifié pour les quarts de finale de l’EuroBasket dès sa première campagne de sélectionneur… La liste est longue, et non exhaustive. Toujours est-il que l’ex-assistant du BCM Gravelines-Dunkerque n’avait jamais connu une période aussi délicate jusque-là. « Au final, je crois que je vais rejoindre la plupart des entraîneurs », disait-il dimanche, un sourire jaune au coin des lèvres. « La plupart des coachs traversent de tels moments plusieurs fois dans une carrière. Maintenant, c’est à mon tour de vivre cela. J’essaye simplement d’aider les joueurs : l’important n’est pas ce que je ressens mais plutôt ce que je fais pour aider les joueurs à gagner des matchs. Il n’y a qu’une seule façon : il faut maintenir la même qualité de travail. Or, cette semaine, nous avons très bien bossé. Nous avions une bonne stratégie, nous avons plutôt bien joué donc notre travail était de qualité. Mais oui, ces séries de défaite sont les moments les plus durs à vivre dans le sport, surtout quand vous êtes dernier du classement. » Au vu de sa réputation, de ses compétences et de l’estime que lui portent ses dirigeants, difficile, évidemment, de l’imaginer menacé à court-terme mais les prochaines réceptions de Fos-Provence et du Portel apparaissent déjà cruciales pour l’avenir de cette équipe. « Il faut que l’on apprenne à gagner », martèle-t-il. « En sport, il faut vite inverser la situation. »
Une oxygénation qui tombe à pic avec la Finlande
Depuis ce final amer dans l’Ain dimanche soir, Lassi Tuovi a rejoint Helsinki pour répondre à ses obligations de sélectionneur. Seule nation européenne déjà qualifiée pour la Coupe du Monde 2023 (tiens, encore un accomplissement…), la Finlande est attendue vendredi en Allemagne (à Bamberg), sur les terres de sa formidable aventure estivale, avant de recevoir l’Estonie lundi à Espoo. Deux rencontres sans enjeu, « si ce n’est pour le classement », mais une pause bienvenue vis-à-vis d’une situation préoccupante, même si le technicien alsacien ne sera pas complètement libéré de tous ses soucis strasbourgeois. « Bien sûr que mon esprit restera aussi à Strasbourg pendant que je serai en Finlande », glissait-il dimanche. « Quand vous investissez autant de temps pendant l’été pour construire votre équipe et votre alchimie collective, vous êtes inquiets comme s’il s’agissait de votre bébé quand cela ne marche pas. Mais d’un autre côté, l’équipe a besoin de quelques jours de repos. On se remettra ensuite au travail et on sera prêts pour la réception de Fos-sur-Mer. » Depuis Helsinki, il a au moins reçu une bonne nouvelle ce mercredi : l’accord du vétéran letton Kaspars Berzins pour venir donner un coup de main à la SIG pendant l’absence d’Ike Udanoh.
À Bourg-en-Bresse,
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