L’AS Monaco met le premier uppercut
Beaucoup plus en difficulté que sa feuille de statistiques ne veut bien le laisser entendre (17 points à 4/11, 6 rebonds et 3 passes décisives pour 20 d’évaluation), Élie Okobo a peut-être bien fini par comprendre, à 150 secondes du buzzer final (67-76), que cela ne serait vraiment pas sa soirée. Tout seul à 4 mètres du cercle, le Bordelais a raté la cible sur un petit tir « facile » qui aurait ramené l’ASVEL à sept longueurs et peut-être bien bouleversé le money-time. Peu importe finalement, on ne gagne pas une finale avec des « peut-être ». Et si les Villeurbannais ont perdu l’avantage du terrain, ce bien si précieux pour lequel ils se sont ardemment battus depuis le début du printemps, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.
L’ASVEL trop soft
Ils ne pourront pas blâmer un shoot qui aurait pu, qui aurait dû, rentrer. Ils ne pourront blâmer que leur entame en dilettante, pas digne d’un tel évènement. « Bien sûr qu’il y a de la colère, c’est normal », lâchait T.J. Parker. « On ne commence pas une finale comme cela, ce n’était pas notre équipe. On jouait très bien au basket depuis Cholet, on savait que c’était grâce à notre défense. On ne peut démarrer comme cela : 29 points à domicile, c’est beaucoup trop en un seul quart-temps… » Alors était-ce les neuf jours sans match, une pause presque inédite dans une saison à marche forcée ? Était-ce un manque de discipline ? Était-ce le signe d’une infériorité notable face à la Roca Team ? « C’est surtout qu’on a été softs », balaye Youssoupha Fall. « On a été trop gentils avec eux et quand on est trop gentils avec Monaco, ils déroulent leur basket. On s’est rendu le match difficile nous-mêmes. » Difficile, en effet, de penser à une pire entame : inférieure athlétiquement sur le poste 4 avec les absences de Charles Kahudi et Victor Wembanyama, l’ASVEL n’a pas su répondre à la bataille du rebond.
Une avalanche de secondes chances, 7 en seulement 10 minutes, signe d’un massacre sous les panneaux (13 rebonds à 3), qui a placé l’AS Monaco sur une voie princière d’entrée (17-29, 10e minute). « Il était important pour nous d’arriver avec de l’agressivité défensive », savoure l’excellent Alpha Diallo (16 points à 6/12, 4 rebonds et 2 passes décisives). « Cela nous a aidés, les rebonds aussi. Ce sont des petites choses comme cela qui gagnent des finales. » Des petites choses pas toujours présentes en Betclic ÉLITE cette saison, mais tellement primordiales tant elles viennent s’ajouter à un socle fondamental : des individualités sans équivalent en France. Quand l’ASVEL a enflammé l’Astroballe au retour des vestiaires avec un 9-0 en 2 minutes (45-49), après avoir compté jusqu’à 19 longueurs de retard (25-44, 17e minute), la Roca Team a répliqué encore plus fort. Les immenses talents de la Principauté ont lâché les chevaux pour un 11-0 (45-60, 25e minute) : un back-door de Diallo, un 3+1 du revenant Paris Lee (préféré à Donta Hall en raison de la cheville délicate de Léo Westermann), un shoot de haut-niveau de Will Thomas, les incroyables panoplies individuelles de Mike James ou Dwayne Bacon… Difficile à gérer pour une équipe villeurbannaise qui partait de trop loin. « Il faut arrêter d’être dans le dur, on ne peut pas attendre d’être à -19 pour réagir », peste T.J. Parker.
Et encore, Mike James…
Trois ans après avoir perdu une deuxième finale d’affilée à cause de son incapacité à l’emporter loin de son antre, l’AS Monaco a donc repris d’entrée l’avantage du terrain. Tout sauf neutre dans une série en trois manches gagnantes, et le signe d’une Roca Team différente à l’approche d’un trophée, véritablement en mode EuroLeague. « C’était différent de nos autres matchs de playoffs », reconnait Sasa Obradovic. « Nous avons été beaucoup plus structurés, plus concernés, avec bien plus d’idées. Surtout, nous avons développé une excellente défense à l’image de Jerry Boutsiele, qui fut notre joker du soir. Par moment, nous avions l’impression que l’ASVEL ne pouvait pas scorer. Dans l’ensemble, il y avait une super alchimie collective. » Et le plus intéressant pour l’ASM, c’est que sa victoire est nette (82-74), même avec un Mike James terriblement maladroit (17 points tout de même, meilleur marqueur, mais à 6/18, dont 1/8 à trois points). Qu’arrivera-t-il quand l’ancienne star du CSKA Moscou rentrera ses shoots avec régularité ? Son premier coup posé, la Roca Team ne peut qu’attendre sereinement le réveil de son leader…
À Villeurbanne,
Commentaires