La der’ de Lamine Kebe à la tête du Pôle France : « On est en plein développement »
Lamine Kebe, ici avec Nathan Soliman, a contribué à faire grandir le Pôle France ces 8 dernières années.
Lamine Kebe aurait pu terminer une belle aventure de 8 ans au Pôle France sur un titre à l’ANGT, le premier de l’institution depuis 2017 et son premier en tant que coach principal. Mais le PFBB a échoué, d’abord en fin de temps réglementaire (73 partout) puis à la fin de la prolongation (85-84). Un court revers qui n’enlève en rien la très belle prestation du Pôle France sur ces quatre jours à Berlin et la progression continue de l’équipe fédérale, sous la houlette du technicien loiretain appelé à continuer sa carrière en tant qu’entraîneur de l’Orléans Loiret Basket en Pro B en 2024-2025. Déçu, il est revenu sur la finale.
Lamine, qu’est ce qui a fait la différence à la fin. Quelques détails…
Oui, c’est les détails qui ont fait la différence sur ce match, notamment la tenue du rebond. Parce que ça nous a fait beaucoup de mal. Quand on arrive à passer à une ou deux possessions d’avance et qu’on fait des beaux stops défensifs, ça ne se conclut pas par la prise du rebond, ça se termine par des lancers francs, par des and one. Je pense que si on avait mieux contrôlé le rebond dans le dernier quart temps, et la prolongation, on aurait gagné le match. Et puis après, oui, des petits détails. Quand (Hugo) Gonzalez plonge sur nous pour aller chercher la balle, à 5 centimètres il a le pied dehors. Il n’est pas dehors, on prend un tir à 3-Le points. Mais il a été cherché, il le mérite. Real Madrid, c’est une très grande équipe. Ça s’est joué à très peu de choses et c’est le basket.
Peux-tu revenir sur le niveau de cette finale, assez incroyable, des deux équipes.
Ça, c’est vous qui pouvez le dire. C’est sûr que les gars, ils ont fait un vrai tournoi, une vraie belle finale. Il y avait deux belles équipes. Je pense qu’on n’était vraiment pas loin d’un niveau professionnel. Malgré le fait que ce soit des jeunes de moins de 18 ans. Ça montre qu’on travaille bien, que les garçons avancent. Et que ça leur promet un bel avenir, je pense.
Je pense que tout le monde en Europe travaille très bien, très fort. La formation française comme je vous le disais hier (samedi) est encore en plein essor, en plein développement. On a des joueurs de plus en plus forts tous les ans, avec le Pôle France qui bosse, mais aussi les clubs professionnels, les centres de formation. Et puis on voit bien qu’à l’étranger (aussi), avec des stratégies un peu différentes, parce qu’on voit que le Real Madrid, il y a beaucoup d’étrangers, Barcelone aussi. On est quand même une équipe où on est que des Français, on est fiers de ça. Mais dans leur stratégie, ils sont performants, ils avancent. Et le fait d’avoir une EuroLeague aussi senior qui monte, qui pousse, qui fait que tout le monde monte en compétence. Et le niveau est de plus en plus fort.
« On est en plein développement, plein essor. Je pense qu’on va continuer à avancer et progresser. »Lamine Kebe, coach du Pôle France
Au niveau basket, comment tu trouves que ça évolue, le Pôle France ? On constate une meilleure culture du jeu, technico-tactique, sur les dernières années.
Je pense qu’on a progressé sur les qualités individuelles des joueurs. On a progressé tactiquement. Nous aussi, les coachs, on progresse, on avance, on essaie de s’améliorer. C’est vrai qu’on franchit des étapes, mais je pense qu’on n’a pas atteint nos limites. On peut vraiment encore progresser et avancer. Tous les collègues dans les Pôles Espoirs font un travail exceptionnel. Les directives techniques nationales de Vincent Collet jusqu’à nous portent leurs fruits. C’est vrai qu’on est en plein développement, plein essor. Je pense qu’on va continuer à avancer et progresser.
Un mot sur Talis Soulhac, sa deuxième mi-temps en défense sur Hugo González a été très solide. Il a inscrit le dernier tir à 3-points (73 partout) mais avant cela il n’avait pas marqué en deuxième mi-temps.
C’est vrai qu’il a fait le deuxième mi-temps en défensive de très haute volée. Ce n’est pas une surprise pour nous parce que c’est quelqu’un qui a réalisé ces performances pendant l’année en Nationale 1. Gonzalez est quand même un très fort joueur. Hormis ses derniers tirs, il n’est pas le seul responsable. Il a fait une deuxième mi-temps de très haut niveau parce que Gonzalez était parti pour faire un carton sur la première mi-temps. On a essayé de chercher des solutions et Talis a vraiment rempli sa mission.
Une autre individualité, Jonas Boulefaa, qui fait une très grosse finale (23 points à 9/16 aux tirs et 13 rebonds pour 31 d’évaluation en 35 minutes).
Jonas, on connait sa qualité offensive, sa capacité à nous mettre des tirs à 3-points, à pouvoir étirer les défenses. C’est vrai que Real Madrid avait beaucoup resserré sur Nolan (Traoré), avait fermé la raquette. Ça a donné des opportunités pour Jonas, il a su les exploiter de façon très positive.
Justement, tu peux nous en parler un peu de la tactique qu’il y avait de Madrid en face pour essayer de stopper Nolan Traoré?
Déjà, ce qui nous a fait du mal, c’est qu’il prend deux fautes vite. Donc, on est obligé de le mettre sur le banc assez longtemps. Même pour lui, pour son rythme et pour le liant dans l’équipe, c’était un peu plus difficile. Après, ils ont été assez intelligents. Ils ont beaucoup fermé la raquette, sorti sur des steps-outs et puis après, ils nous ont forcé à lâcher le ballon. Tout en étant sur les lignes de passe. Donc, les passes étaient difficiles, ils étaient retardés. On a manqué un peu de mobilité, un peu de mouvement. Sur la fin de match, on a joué beaucoup arrêté, on a beaucoup regardé. Donc, ça ne l’a pas aidé non plus. Donc c’est globalement oui une bonne décision du Real Madrid mais nous on a un peu été moyens collectivement sur la fin de match. Mais la fatigue aussi était présente.
Il y a beaucoup de joueurs qui vont jouer à la Coupe du Monde 2017 à Istanbul début juillet. Ils vont sans doute beaucoup apprendre de cette expérience à l’ANGT parce que ça arrive vite comme échéance (début du stage de préparation le 31 mai).
Oui, c’est ce que j’aurais dit dans les vestiaires. Même si c’est très difficile, il faut être fier de ce que vous avez fait, mais aussi apprendre de ses défaites, apprendre de ce qui nous a manqué parce qu’il y a des échanges importantes qui arrivent. Il y a un championnat du monde très tôt U17, il y a un championnat d’Europe U18, il y a Nolan qui va être partenaire de l’entraînement avec les A. Donc il y a plein de choses qui vont arriver pour eux, plein d’objectifs importants. Et puis maintenant, quand on est en équipe de France, on joue toujours pour avoir des médailles. On sait que ce sera beaucoup de matchs comme ça et qu’il faudra maintenant apprendre à les gagner et pas les perdre.
Comment tu trouves qu’il a géré, Nolan, l’explosion médiatique et l’intérêt autour de lui ?
C’est un garçon qui est très tranquille, qui est bien éduqué, qui a un entourage de qualité, qui ne prête pas trop attention à tout ce qui se passe autour de lui. Il est focus sur son basket, focus sur son développement, très à l’écoute de ses coéquipiers, très apprécié par tout le monde. Donc il a plutôt vécu ça de très loin. Lui, ce qu’il veut, c’est progresser, travailler et franchir les étapes.
C’est possible de le comparer à d’autres joueurs de son âge ou des joueurs qu’on a connus en France ?
J’ai envie de vous dire que c’est un peu un truc de journaliste. Parce que, bon, à comparer les joueurs, ce n’est pas quelque chose que je fais. Parce que les époques sont différentes, les oppositions sont différentes. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que c’est un joueur différent. Qui a 17 ans. Si Vincent Collet l’appelle pour être partenaire d’entraînement, ce n’est que c’est pas rien, c’est vraiment qu’il a quelque chose en plus et qu’il va continuer à avancer, à développer parce qu’il a plein de caractéristiques. Il va vite, il va haut, il est adroit, il défend, il comprend le jeu, donc il pioche un peu dans tous les domaines et en plus je pense qu’il a encore une marge de progression très importante. C’est un joueur qui joue avec les autres, qui essaie de jouer juste finalement. C’est ça qui est sa plus grande force. Donc oui, il peut créer pour lui et très performant dans ce domaine-là. Mais si l’adversaire a décidé de laisser ses coéquipiers ouverts, il leur fera la passe. Donc ça, c’est pour moi la marque d’un futur grand joueur.
Lamine Kebe bientôt coach d’Orléans ; « La suite pour moi ? Probablement la Pro B. »
Sur quoi tu l’as vu grandir ces trois dernières années? Puisque c’était son dernier match au Pôle France, là aujourd’hui. Et tu l’as accompagné depuis le début.
Sur plein d’aspects. Déjà, humainement, c’est vrai qu’il a beaucoup grandi. Quand il est rentré au Pôle France, c’était un bébé encore. Maintenant, c’est presque devenu un homme. Physiquement ce n’est plus la même personne, c’est passé d’une crevette à quelqu’un maintenant qui peut affronter le très haut niveau. Et puis au niveau basket, il a tout multiplié par 10, donc ça il le doit lui-même. Et là encore, encore beaucoup à ne pas dire franchir, il va réussir.
C’était ton dernier match au Pôle France…
C’est un peu dur pour moi parce que c’est 8 ans, une aventure exceptionnelle avec des rencontres hors du commun, un patronnage de Jean-Aimé Toupane qui m’a accompagné depuis toujours. C’est vrai que j’aurais aimé finir par une victoire, mais c’est la vie, c’est comme ça. La suite, pour moi ? Probablement vers la Pro B. Probablement (sourire).
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