La JL Bourg fait la moitié du chemin vers la finale de l’EuroCup !
Axel Julien et la JL Bourg mènent 1-0 en demi-finale de l’EuroCup
« Comment prononce-t-on le nom de votre ville ? Bourges, Bourgue ? » En quittant Ékinox, Dusan Alimpijevic, l’entraîneur du Besiktas Istanbul, a appris que l’on disait BourK. Une connaissance déjà bien trop peu partagée en France, alors à l’échelle européenne, pensez-donc… Mais c’est un savoir qui commence progressivement à se répandre dans le petit monde du basket européen. Au cœur de celui-ci, Bourg-en-Bresse reste un nain absolu, surtout face aux 20 millions de fans revendiqués par le Besiktas Istanbul, son adversaire du dernier carré. Combien sont capables de placer la petite préfecture de l’Ain sur une carte ? Tous ceux venus sans billet ce mardi, certainement… Mais un club ne gagne pas avec son passé, ni son soutien populaire (quoique on verra vendredi…). En attendant, c’est surtout la JL Bourg qui est en passe d’écrire son histoire et de se forger une culture.
Pensionnaire de Pro B il y a dix ans, la JL Bourg se retrouve désormais à une petite victoire d’une finale de Coupe d’Europe. Elle découvre le grand monde : celui des fans adverses pas toujours bienveillants à gérer, celui des altercations verbales entre dirigeants dans un après-match très tendu, celui des dizaines de micros tendus en zone mixte, contrastant avec la quiétude habituelle des lieux. Et surtout celui des enjeux sportifs colossaux, de l’ordre de ceux qui mettent des étoiles à n’importe qui, même à ceux promis à la première place d’une draft NBA. « Pouvoir jouer un tel match avec cette salle et cet enjeu, c’est tout ce dont un basketteur peut rêver », souriait Zaccharie Risacher après coup.
Quand Risacher se « sauve »
Zaccharie Risacher, justement, parlons-en. À la 34e minute (71-60), le prospect, peu en vue jusque-là (2 points à 0/2), s’est perdu dans un excès d’individualisme et s’est fait subtiliser le ballon par Marko Simonovic. Trop pour Frédéric Fauthoux, qui venait pourtant de le relancer 30 secondes avant. Fou furieux sur le banc, le Landais a appelé Axel Julien et demandé un changement. Sauf que le jeu ne s’est pas arrêté, que Derek Needham a marqué à 3-points, et que Risacher a de nouveau hérité de la gonfle sur la possession suivante. À 45 degrés, une feinte, un dribble vers la gauche puis un pas de recul devant Berk Ugurlu. Ficelle. Axel Julien regarde Freddy Fauthoux, même s’il sait déjà qu’il ne rentrera pas en jeu. Changement annulé. « Il s’est sauvé », sourit le coach bressan. « Parfois, quand ils voient qu’ils vont sortir, les joueurs se disent qu’ils vont prendre un tir pour se sauver et ils le font. C’est bien, ça veut dire qu’il prend ses responsabilités. » Surtout que cette première flèche a été suivie d’une réplique sur l’attaque suivante dans le corner, du même Risacher. +14 (77-63) à moins de cinq minutes de la fin, rideau (86-74, score final).
Une victoire entièrement méritée pour la JL Bourg, qui avait compté jusqu’à 19 longueurs d’avance en première mi-temps (44-26, 19e minute). Attendus sur le défi physique, les Burgiens ont fait mieux que cela : ils l’ont dominé. « On a mis de l’intensité d’entrée de jeu », applaudit Frédéric Fauthoux. « L’énergie était au-dessus de ce que l’on sait faire », embraye Axel Julien, rayonnant comme rarement ces derniers temps sous le maillot burgien. Défensivement, la Jeunesse Laïque a livré une première période époustouflante, avec une séquence de huit minutes sans le moindre panier encaissé dans le jeu sur les deux premiers quart-temps. De quoi annihiler la menace représentée par la ligne extérieure adverse : 6 d’évaluation pour Derek Needham, 4 points à 1/5 pour Jonah Mathews et Kyle Allman. Quand les fortes individualités d’une équipe axée dessus se délitent, sauf Angel Delgado (15 points et 16 rebonds), c’est qu’une bonne partie du travail est faite. D’autant plus quand le collectif local est en place : sept joueurs entre 8 et 16 points, une rareté à ce niveau.
Moins de pression pour l’enfer d’Istanbul
Secouée en début de seconde mi-temps, jusqu’à laisser le Besiktas revenir à seulement -4 (60-56, 30e minute), la JL Bourg aurait pu laisser filer son rêve de finale européenne dans un dernier quart-temps de trouillard. Il n’en a rien été. Prometey avait déjà tenté de titiller, en vain, la force mentale de ce groupe en quart de finale (95-82), les Stambouliotes n’ont pas fait mieux. Souvent, les Bressans martèlent un concept : celui de la force de l’habitude. « On est resté dans ce que l’on sait et on a continué à jouer le même basket », appuie Jeremy Morgan. « Quand ils sont revenus, on n’a pas paniqué et on a continué à trouver des bons tirs », poursuit Fauthoux.
Une solidité psychologique qui change tout dans cette demi-finale : aller dans l’enfer du Sinan Erdem Dome, qui n’avait pas réellement besoin des braises laissées par la tension et les évènements du soir, à 0-1 aurait certainement signé l’arrêt de mort de la Jeunesse Laïque. Au lieu de cela, les joueurs de l’Ain savent qu’ils auront un filet de sécurité avec une belle potentielle à la maison et délèguent toute la pression au Besiktas. « Souvent, le premier match d’une série est le plus important : c’est eux qui sont dos au mur maintenant », lance Axel Julien. Ce qui ne veut pas dire que les Bressans iront à Istanbul sans sentiment d’urgence, avec l’envie de visiter la Mosquée Bleue ou le palais de Topkapi. En revanche, Dusan Alimpijevic n’a visiblement pas tout vu des monuments locaux, comme l’Avenue Alsace-Lorraine curieusement mise en avant par la communication de l’EuroCup, et aimerait très fort vivre un nouveau séjour sur place. « J’espère vous revoir la semaine prochaine », a-t-il lancé aux journalistes en quittant Ékinox. « Je n’ai qu’une envie, c’est de revenir dans votre ville ! » Pour montrer qu’il sait dorénavant que l’on dit BourK ? Surtout parce que Bourg-en-Bresse devient progressivement une ville qui compte à l’échelle du basket européen…
À Bourg-en-Bresse,
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