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Jean-Denys Choulet raconte ses étranges débuts avec le Kosovo : « Jamais vu un truc comme cela en 40 ans dans le basket ! »

Nommé entraîneur du Kosovo en octobre, Jean-Denys Choulet vient de rentrer en France après sa première fenêtre internationale vécue à la tête de la sélection kosovare. Le coach double champion de France a passé plus de deux semaines à Pristina : une quinzaine aussi enrichissante qu'éprouvante. Il raconte.
Jean-Denys Choulet raconte ses étranges débuts avec le Kosovo : « Jamais vu un truc comme cela en 40 ans dans le basket ! »

Jean-Denys Choulet a vécu ses deux premiers matchs à la tête du Kosovo

Crédit photo : Kosovo Basketball Federation

De retour chez lui, à Pouilly-les-Nonains, tout près de Roanne, depuis lundi, Jean-Denys Choulet a vite renoué avec son quotidien du moment : celui de propriétaire d’une maison en chantier. « On est en plein travaux, on refait toute la cuisine, on a cassé les murs », sourit-il. « Mais on arrive presque au bout ! » Surtout, ses balades extérieures sont soudainement redevenues plus oxygénantes… Le technicien doubiste revient de deux semaines passées à Pristina, la capitale du Kosovo, présente au début du mois dans le sinistre classement des 10 villes les plus polluées au monde. « Ah c’est sûr que ça fait drôle, ce n’est pas le même air que vers chez moi ! » La Côte Roannaise a du bon…

Pourtant, l’ancien entraîneur de la Chorale, sans emploi depuis son éviction du club ligérien le 5 mars dernier, aurait pu s’établir plus durablement au sein du jeune état des Balkans. Sa méthode a visiblement séduit les joueurs nationaux, qui l’ont recommandé auprès de leurs différents employeurs. Ainsi, quatre clubs, dont Golden Eagle Ylli et le KB Peja, l’ont sollicité pour qu’il reprenne du service, à des tarifs plus qu’acceptables pour le pays, mais JDC a décliné. « Je ne peux pas vivre là-bas », argue-t-il, un peu étonné d’un tel engouement. « Avec nos résultats, j’aurais pensé le contraire. »

Des défaites en Suisse et en Irlande

Car oui, on ne peut pas dire que le Kosovo ait spécialement brillé la semaine dernière… Successeur de Rami Hadar, démissionnaire suite au mauvais bilan sportif, à la tête des Dardanët, Jean-Denys Choulet n’a pas exactement redressé la barre : une large défaite en Suisse pour commencer jeudi dernier (43-75) puis un nouveau revers en Irlande dimanche (85-91). Lanterne rouge de son groupe de pré-qualifications pour la Coupe du Monde 2027 (1v-3d), le Kosovo a déjà perdu pratiquement tout espoir de participer au second tour des barrages, puisque seuls les premiers et le meilleur second iront plus loin. L’effet Choulet attendra.

Cela dit, il faut bien souligner que le coach double champion de France a dû surmonter plusieurs obstacles tout au long de sa quinzaine sur place. Déjà, sa méconnaissance du basket local. Comment faire une liste quand on ne connait pas les joueurs, ou si peu, si ce n’est la légende locale Dardan Berisha (36 ans) et le naturalisé Dominic Artis ? Le GM lui a mâché le travail avec une première liste de 19 noms et Jean-Denys Choulet est arrivé à Pristina dès le 7 novembre, afin d’assister à la 9e journée de Superliga. Trois matchs sur place : bienvenue dans un nouveau monde, avec un Vellazinimi – Bashkimi (78-67) pour commencer et un Ylly – Trepca (66-69) en conclusion dans un gymnase glacial, histoire de se faire une petite idée des forces en présence…

« Pour une équipe nationale, on partait de très loin »

Ensuite, autre écueil, le niveau intrinsèque du basket kosovar… Au classement FIBA, le Kosovo pointe à la 74e place, entre la Guinée et le Luxembourg. Pas exactement le haut du panier… « Les grosses équipes, c’est du bas de tableau Betclic ÉLITE – haut de tableau Pro B », estime le sélectionneur des Dardänet. Peut-être, mais aussi avec cinq Américains qui s’accaparent toutes les minutes et les tickets shoots. « Les locaux ne sont que des role-players », regrette-t-il. « J’ai dit au président de la fédération que le basket kosovar ne pourra pas se développer tant qu’ils garderont le même système : c’est impossible de faire une sélection nationale si les locaux ne jouent jamais. » Eux, Choulet les évalue, « sans être méchant », à un niveau bas de tableau Pro B au mieux, haut de NM1 sinon. Alors, pour combler le retard, c’était double ration d’entraînement tous les jours. « Les gars ont été enchantés mais le problème, c’est qu’il fallait partir de très loin pour une équipe nationale : je m’en suis retrouvé à expliquer comment poser un écran. Là-bas, ils ne font que du jeu, du 1-contre-1, avec un pick and roll en tête de raquette. Mes séances n’étaient pas très difficiles mais pour eux, c’était déjà beaucoup… » Sans même parler d’une sélection naturellement déséquilibrée : « On n’avait que des postes 4 mais pas un seul pivot ! »

À l’entraînement, les bases d’abord… (photo : Kosovo Basketball Federation)

Et puis il y a eu un enchaînement de péripéties : un déplacement rocambolesque jusqu’à Berne (voir ci-dessous), deux meneurs out avant même le début du rassemblement, le leader Dominic Artis qui ne participe qu’à deux séances collectives sur onze et se blesse dès la première mi-temps en Suisse sans avoir apporté grand chose (4 points à 2/5 et 2 balles perdues en 15 minutes), un autre naturalisé (Malcolm Arstead) qui débarque au pied levé à 11h le jour du match en Irlande, Erjon Kastrati qui se fait la cheville à l’entraînement, Dardan Kapiti qui se brise une côte dès la 3e minute à Dublin…

« Ils méritent que l’on s’occupe d’eux »

Bref, il n’y aura pas eu de miracle, avec deux défaites à apposer au bilan final. « Peu importe le coach que tu es, le jeu appartient aux joueurs », souffle le meilleur entraîneur de la saison 2006/07. « C’est compliqué de mettre des choses en place en une seule semaine. Avec une équipe comme cela, il aurait fallu deux mois de préparation pour espérer mettre en place un truc correct. » Reste que ces deux défaites auront eu une saveur totalement différente. La déroute en Suisse a laissé Choulet « mécontent et dégoûté », alors que c’est surtout la fierté qui prédominait à l’issue du combat en Irlande. « On a fait comme a pu là-bas mais la réaction a été super. Notre comportement a été exemplaire… Mais on partait de tellement loin, avec un tel degré de fatigue, que c’était compliqué. »

Sous contrat jusqu’en 2027, l’ancien technicien de l’Élan Chalon retournera en février à Pristina, où le Kosovo recevra successivement l’Azerbaïdjan et la Suisse. L’inverse lui a pourtant traversé l’esprit entre les deux rencontres… « Honnêtement, après le premier match, je me suis demandé ce que je faisais là », admet-il. « Je n’avais pas vu un niveau comme ça depuis 30 ans… Mais après l’Irlande, je me suis dit que je ne pouvais pas les laisser. Je sais que le niveau est faible mais les mecs ont fait des efforts incroyables, ils ont donné tout ce qu’ils pouvaient dans l’adversité. Ils méritent que l’on s’occupe d’eux. »  D’autant plus que JDC a regagné son domicile roannais enchanté par l’hospitalité et la prévenance des Kosovars… « Les gens là-bas sont charmants, d’une gentillesse et d’un accueil que j’ai rarement connus », insiste-t-il. Alors oui, pourquoi ne pas y retourner, étant donné que ça lui a permis de renouer avec ce qui lui manquait tant depuis plus de huit mois, l’odeur du parquet ?! « Et surtout les entraînements », glisse-t-il. « Ils étaient tellement demandeurs ! Ça a été une super expérience, très enrichissante. Le basket reste ma passion ! » Ce n’est pas à 66 ans que l’on se refait…

Jean-Denys Choulet est de nouveau attendu au Kosovo pour les matchs contre l’Azerbaïdjan et la Suisse en février (photo : KBF)

Le rocambolesque déplacement en Suisse

« On devait partir en Suisse le mercredi matin très tôt, un jour avant le match, de façon à s’entraîner sur place la veille au soir. On avait une délégation de 24 personnes… Sauf que la compagnie de voyage a bouffé la commission, c’est à dire qu’ils oublié de prendre nos billets d’avion ! On se retrouve donc la veille du départ sans billet. C’est le branle-bas de combat, le GM est comme un fou mais il retrouve des tickets pour le mercredi 18h. Ça nous annule l’entraînement et nous fait arriver à 22h à l’hôtel. Peu importe, c’était ça ou rien…On va a l’aéroport dans le trafic incroyable de Pristina, on monte dans l’avion à 18h comme prévu mais on y reste jusqu’à 19h30 sans bouger… Au départ, on nous dit que c’est à cause des conditions météorologiques au-dessus des Alpes. Mais ce n’est pas ça… En réalité, c’est un problème technique avec l’avion, d’une compagnie bulgare, et il faut évacuer. On récupère nos bagages et on se retrouve dehors, sans hôtel, sans repas, sans billet, sans rien, avec match le lendemain.

On arrive à retrouver des chambres au Sheraton, notre hôtel, à 40 minutes de route, où l’on se débrouille aussi pour manger… Je vais demander au GM pour l’avion : il me dit que la compagnie a réussi à nous rebooker un vol le lendemain à 6h du matin. Donc réveil à 3h… Je lui dis : « Mais attends ?! On va finir de manger à l’hôtel à 23h – 23h30 et devoir se lever à 3h ?? » Il me répond qu’on n’a pas d’autre solution. Le lendemain, manque de bol, j’ouvre les volets à 3h du matin et je vois 10 centimètres de neige à Pristina.

Nouveau départ de Pristina, à 3h30 du matin, jour de match, en mini-van vers l’aéroport sous la neige

Cette fois, l’avion décolle quand même, mais avec du retard. On atterrit à Zurich, pour un match à Berne, à 150 kilomètres de là. Un bus devait venir nous chercher à l’aéroport mais le chauffeur a déjà fait deux fois le trajet pour rien et qu’il ne veut plus revenir. On fait le voyage en minibus et quatre personnes prennent le train… Jour de match hein ! Bon an mal an, on arrive à l’hôtel, on fait un petit shooting rapide, on va manger, on se prépare et c’est l’heure du match… Dehors, il y a de grosses chutes de neige : on loge à 7 kilomètres de la salle et il nous faut une heure pour y arriver… Sauf qu’à 19h30, heure théorique du début, l’équipe de Suisse n’est elle toujours pas là ! Les autoroutes étaient bloquées par les chauffeurs routiers qui n’avaient pas de pneu neige. Les joueurs suisses venaient de Fribourg et sont arrivés à la salle en retard (leur coach et l’ensemble du staff technique ne sont arrivés qu’à la mi-temps, ndlr !) donc le match a été repoussé de 1h30.

La Suisse bloquée par la neige avant le match

Je n’ai jamais fait un truc comme cela en 40 ans dans le basket. C’est inimaginable… Les mecs ont dormi 2h avant d’aller en Suisse. On a été complètement à la rue sur le match et c’est compréhensible. Et le lendemain ? Décollage à 8h pour l’Irlande depuis Zürich, réveil à 5h cette fois… Soit quatre heures de sommeil en deux jours. »

 

 

Commentaires


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headband_dri
Faire ça à son âge... respect total !
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halle_37
Un vrai amoureux du roannais ce JDC, c'est quand même triste la fin, elle était sans doute inévitable mais bien triste.....
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chris_22
Faut remettre l'église au milieu du village Jean Denis
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