« Je comprends les interrogations sur notre niveau » : Vincent Collet revient sur la préparation des Bleus
« On ne tire pas le bilan d’une préparation, on le fait à l’issue d’une compétition ». Sans répondre directement à l’une des questions d’un confrère, Vincent Collet a malgré tout dressé le portrait de la préparation des Bleus après une dernière défaite contre l’Australie. Depuis les premières retrouvailles à l’INSEP le 17 juin dernier, les Bleus ont disputé six matchs amicaux, pour le peu reluisant bilan de deux victoires et quatre défaites. Après l’avoir emporté contre une faible Turquie et une Allemagne délestée de plusieurs cadres, la France a ensuite mordu la poussière quatre fois consécutivement (Allemagne, Serbie, Canada et Australie). Une première sous l’ère Vincent Collet.
L’adversité voulue par le staff tricolore pour cette préparation olympique, après celle tronquée pour le Mondial 2023, a rapidement mis les Bleus devant plusieurs faits accomplis. L’attaque et les pertes de balles ont été les gros points faibles des joueurs de Vincent Collet durant ces trente derniers jours. Penchant clairement à l’intérieur, avec son meilleur joueur Victor Wembanyama, le jeu de l’équipe de France pêche d’un manque d’allant offensif sur les secteurs extérieurs. Ce qui s’est traduit par de faibles matchs à la marque face aux meilleures nations, notamment face à celles disposant d’un arsenal plus fourni à ce niveau-là.
À quelques jours du début des Jeux olympiques, Vincent Collet s’est exprimé sur le niveau de jeu et l’état d’esprit de son équipe. Le sélectionneur donne rendez-vous pour la première rencontre le samedi 27 juillet à 17h15 contre le Brésil. « On n’oublie pas que la compétition n’a pas commencé et qu’elle est toujours différente de la préparation », souligne-t-il.
« Un manque de constance générale »
Vincent, est-ce que cette défaite contre l’Australie est un match inquiétant, de par le contenu ou le résultat ?
À mon sens moins que les précédents. On est forcément déçu. On est bien conscient qu’on vient de perdre 4 fois consécutivement, même si c’est contre des équipes très fortes, candidates au podium. On aurait aimé prendre ce dernier match pour prendre un bol d’oxygène au niveau de la confiance. On savait que c’était une éventualité (de se retrouver avec 4 défaites de suite, ndlr). On n’oublie pas que la compétition n’a pas commencé et qu’elle est toujours différente de la préparation. On est forcément pas contents que cette série soit arrivé. Mais on n’a pas d’autres alternatives que d’avancer et de progresser. Dans le contenu, il y a des choses qui s’améliorent et d’autres non.
L’équipe a encore beaucoup de temps faibles durant une rencontre. Est-ce qu’il y a eu du mieux à ce niveau-là contre l’Australie ?
C’est lié à certaines prestations, certaines associations. On est à la recherche de cinq qui fonctionnent, qui soient le plus équilibrés possibles, avec une certaine alchimie. On commence à voir des choses émerger mais elles sont quasiment remises en question à chaque match. C’est l’une des difficultés que l’on a. Le manque de constance générale est dû à nos sautes d’humeurs. Au début d’un match, je ne peux pas dire lesquels de nos joueurs extérieurs vont être performants.
Mais sur cette rencontre, on a vu du mieux de la part des joueurs extérieurs justement…
Le retour de Nicolas Batum a donné des solutions. Il y a une nette amélioration. Je trouve que ce match est encourageant. C’est pour cela que je regrette de ne pas l’avoir gagné. Cela aurait été la cerise sur le gâteau. On a été plus cohérents, notamment en attaque avec des joueurs qui pointent le bout du nez. Pour qu’une équipe soit plus sereine, il faut avoir 2-3 joueurs sur lesquels tout le temps s’appuyer. Pour le moment, ce n’est pas le cas et on doit faire avec.
Est-ce que ce dernier match est frustrant ?
La frustration, elle y est. Mais c’est un bon groupe. Dès demain, on va retrouver l’énergie qui nous anime. On doit accepter cette situation. Le rendez-vous, c’est 17h15 samedi 27 juillet à Lille. C’est une autre chance. On a dit l’année dernière que la préparation était trop facile. Ce n’était pas faux. Cette année, on bénéficie que les Jeux soient en France pour affronter les meilleures équipes du monde. Quand vous jouez les meilleures équipes mondiales, vous n’êtes pas sûrs de gagner. Malgré tout, on pensait qu’on en arracherait 1sur deux ou 2 sur 4. On le regrette. Cela nous montre à quel point il va falloir se battre pour rêver.
Que pensez-vous des premiers matchs de l’association Victor Wembanyama – Rudy Gobert ?
Ce n’est pas toujours facile. Défensivement, c’est en place. Il n’y a pas de difficultés car Victor est mobile et peut défendre en 4. En attaque, c’est parfois moins efficace. Comme pour le reste, on est versatile. Il faut qu’on utilise ce duo mais pas de façon systématique. Avec Guerschon (Yabusele) et Mathias (Lessort), on a également deux joueurs d’impacts. Il faut qu’on trouve les associations les plus intéressantes à différents moments du match. On doit sanctionner en fonction des match-ups proposés.
« On a besoin de combat et de détermination »
Vous parlez justement de la préparation. Elle a été plus rude, à la fois en termes de niveau de jeu et d’intensité physique. Est-ce que ce n’est pas une bonne chose au final, malgré les défaites ?
Quand tu joues à un niveau d’intensité moyen, tu n’es pas sur de pouvoir d’adapter à un niveau plus fort. Aux Jeux, ça ne sera pas plus fort mais là au moins, on est préparés. Dans nos problèmes offensifs, c’est la raison principale. Quand on a eu une défense moyenne en face, comme le premier match contre l’Allemagne, on peut marquer 90 points. Mais c’était en trompe-l’oeil, ce n’est pas le niveau qu’on va jouer. On va voir si nos premiers adversaires sont à un niveau d’intensité comme le Canada ou l’Australie.
D’autant que par le passé, vous avez déjà réalisé de bonnes compétitions avec de mauvaises préparations et inversement…
Même si on n’avait gagné ce soir, on ne serait pas plus rassurés. Avec l’équipe que l’on a, on a besoin de combat et de détermination. Il va falloir qu’on y arrive avec les dents. C’est fantastique de jouer les Jeux en France. On a cette opportunité incroyable. La seule chose qui m’importe aujourd’hui est de prendre le Brésil. Mais je comprends aujourd’hui les interrogations sur notre niveau, qu’est-ce qu’on peut faire. Mais je sais aussi que les choses peuvent aller vite, dans un sens comme dans l’autre. On doit désormais mettre à profit ces six derniers jours avant le premier match.
Propos recueillis à Orléans.
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