ITW Zaccharie Risacher : « Je me vois me transformer quotidiennement »
Zaccharie, vous allez participer ce samedi à votre tout premier All-Star Game…
C’est une fierté, un peu un accomplissement. C’est un objectif atteint en milieu de saison et ça fait plaisir. Au-delà de ça, j’ai toujours regardé le All-Star Game, et les joueurs qui y participaient, avec des grands yeux et je suis content de devenir l’un de ces joueurs qui va pouvoir mettre des étoiles dans les yeux aux jeunes qui nous regarderont. C’est ma première saison avec un rôle dans une équipe professionnelle donc c’est satisfaisant d’être All-Star. Mais il ne faut pas s’arrêter là, il reste encore toute une moitié de saison à disputer. Mais c’est sûr que ça fait super plaisir à mi-parcours. Je suis honoré de pouvoir en faire partie.
Attendez-vous quelque chose en particulier autour de cet évènement ?
Prendre du plaisir, c’est tout. Pour moi, ce n’est que du plus, que du positif. C’est un honneur, quelque chose de génial de jouer à Bercy devant le public français. Je veux juste essayer de m’amuser.
Quel bilan tirez-vous collectivement de la première partie de saison, que vous bouclez avec une grosse série d’invincibilité en cours (entretien réalisé avant la réception de Saint-Quentin, ndlr) ?
On a eu des hauts et des bas mais je pense qu’on a connu une bonne première partie de saison. Pendant les temps faibles, notre force a été d’être resté ensemble et d’avoir su se relever et s’élever tous ensemble. C’est pour cela qu’on a une belle série en cours, qu’on vient de gagner des gros matchs à domicile. C’est positif pour l’instant et l’objectif est d’entamer la seconde partie avec cette confiance, tout en continuant de travailler.
Au milieu de toutes les sollicitations de l’été dernier (G-League, Ulm, Australie, etc), vous êtes venu à la JL Bourg pour avoir des responsabilités. Individuellement, avez-vous trouvé ce que vous étiez venu chercher ?
Oui, j’ai trouvé à Bourg-en-Bresse ce que je cherchais. Je suis satisfait de comment ça se passe ici. Je me sens super bien à Bourg et dans mon équipe. Franchement, je suis heureux d’avoir pu réaliser des objectifs individuels.
Le Zaccharie Risacher qui a débarqué à la JL en août est-il le même que le Zaccharie Risacher de cette fin décembre. Si non, où y a-t-il des évolutions individuelles ?
Je vois énormément de différences, notamment dans ma façon d’être. Je me vois me transformer quotidiennement auprès de mes coéquipiers et au sein de mon équipe. Je me vois évoluer. Si je regarde en arrière, je ne suis plus du tout le même joueur que j’étais en août en arrivant à Bourg pour la présaison. C’est une bonne chose et l’objectif est de continuer de se construire en tant que joueur et en tant qu’adulte.
Quid de la prise de responsabilité individuelle ? L’un des domaines qui a cristallisé les critiques, notamment lors des compétitions avec les équipes de France juniors, est votre tendance à être parfois un peu trop effacé. Ce n’est pas du tout le cas avec la JL Bourg. Est-ce un domaine que vous aviez ciblé ?
C’était un axe de travail, oui. Je sortais d’une saison compliquée à l’ASVEL où j’ai souvent navigué entre le groupe jeunes et le groupe professionnel. À la JL, j’ai l’impression de revivre, de m’affirmer et ça se ressent sur le terrain avec des prises d’initiative. C’est un rôle que j’ai toujours aimé avoir et que je suis content d’avoir au plus haut niveau français et européen.
Avez-vous identifié des axes de progression précis pour cette deuxième partie de saison ?
Individuellement, il y en a beaucoup, oui. Je pense à mon tir, mon dribble, le tir après dribble, le jeu en isolation. Il y a énormément de choses que je veux développer. Collectivement, ce serait bien qu’on continue sur notre lancée, de gagner un titre, d’aller le plus loin possible dans les playoffs d’EuroCup et du championnat de France.
Comment gérez-vous tout ce qui se passe autour de vous. Les scouts qui se déplacent tous les soirs pour vous voir jouer, tous les yeux braqués sur vous, les prévisions sur le podium de la Draft. Même si Victor Wembanyama a presque banalisé cela, cela peut être très lourd pour un jeune de 18 ans…
Déjà, c’est évidemment très flatteur. Mais je pars du principe que j’en suis arrivé là grâce à des sacrifices et du travail. Je ne perds pas ces deux facteurs de vue. En me concentrant dessus, ça me permet d’oublier un peu toutes les attentes et tout ce monde dans le public qui vient me voir. On n’a rien sans rien. C’est quelque chose que j’ai mis en place assez naturellement pour essayer de ne pas être discret par la grosse hype qu’il peut y avoir.
Mais les attentes des gens, c’est une chose. Quelles sont vos attentes à vous en revanche ? Par exemple pour la Draft 2024 : y-a-t-il un objectif précis individuel ? Podium, Top 5, Top 10… ?
Mon objectif est juste d’être drafté le plus haut possible. C’est un but que je me suis fixé tôt dans la saison. J’en ai parlé autour de moi, notamment avec le staff. Ce n’est pas que c’est sorti de ma tête, mais je n’ai pas besoin d’en reparler. Je suis au courant, tout le monde autour de moi est au courant. Depuis ce jour, je mets tout en œuvre pour y arriver.
L’œil d’Anthony Brossard, son entraîneur individuel :
« Il ne faut pas s’interdire d’être n°1 de la Draft »
« Je pense que son arrivée à Bourg-en-Bresse a été bien construite et réfléchie. Il y avait beaucoup de facteurs positifs réunis : c’est proche de là où il a grandi, sa famille est à côté, l’environnement est confortable, il y a une vraie place qui lui est laissée pour se développer individuellement, son rôle dans l’équipe est très clair. Tous les critères étaient réunis à Bourg-en-Bresse. Tout a été posé sur la table : Ulm, les États-Unis, l’Australie, il y avait une réflexion mais l’endroit qui correspond le plus à ce qu’il voulait, c’est Bourg-en-Bresse.
Cette saison, je le vois évoluer, de manière constante, que ce soit humainement, socialement ou au niveau basket. La chose frappante, c’est qu’il a passé un palier sur le tir. Il est n°1 à 3-points de l’EuroCup (21/35). Il est extrêmement adroit, c’est une belle évolution. Le shoot a été un axe de travail défini très tôt. Il a toujours eu une qualité d’adresse mais il fallait stabiliser cela pour être régulier. C’est un objectif fort de développement. Les deux autres objectifs sont d’être compact, c’est à dire plus à l’aise dans la gestion des contacts, et sa capacité à se créer son propre un-contre-un. Ce sont les trois fils conducteurs de la saison. Sur ce qu’on avait ciblé, je trouve qu’on est dans des bons temps de passage par rapport à ce qu’on s’était dit début août.Je trouve qu’il résiste de mieux en mieux aux contacts et qu’il progresse dans sa faculté à se créer son propre tir. Avec Zacch’, il n’y aura rien de nouveau du jour au lendemain. C’est le même joueur qu’avant, en mieux. Il a besoin qu’on lui dise ce qu’on attend de lui et pas juste qu’on le laisse se débrouiller sur le terrain. Or, à Bourg, Freddy Fauthoux lui a parfaitement expliqué son rôle en début de saison. On le voit être libre dans un cadre très défini et il se sent très à l’aise dedans.
« Être le meilleur possible, c’est obsessionnel »
Zacch’ est quelqu’un de très stable, son entourage aussi. Ce qui fait que personne ne s’enflamme vraiment en ce moment, alors qu’il est en pleine réussite, ou que personne n’a paniqué l’été dernier, quand il était en difficulté. Ça ne l’a pas affecté, il a gardé les mêmes objectifs et je pense que c’est ce qui lui a permis de rebondir assez vite.
Sa motivation est bien placée. Il a une volonté d’être le meilleur joueur possible, il se concentre uniquement sur le quotidien : le match de demain, l’entraînement d’après-demain. Il ne s’entraîne pas spécifiquement pour aller en NBA, mais juste pour être le meilleur possible. On a parlé en début de saison de son objectif et depuis, on n’en discute plus du tout. Pas par pudeur mais parce qu’on est vraiment concentré sur le travail. Il n’y a plus besoin de parler de ça. Tout l’engouement autour lui fait très plaisir, clairement, mais ça n’influe pas sur ce qu’on a mis en place. L’objectif est d’aller le plus haut possible. Zacch’ ne s’interdit rien, ne se met pas de limites. Il ne faut pas s’interdire d’être n°1 de la Draft. Ce n’est pas une obsession mais il va tout faire pour être le meilleur possible. Et si le meilleur possible lui permet d’être numéro 1, ce serait top. En revanche, être le meilleur possible, ça c’est obsessionnel. Il n’y a pas un lendemain de match où on ne discute pas de ce qu’il aurait mieux faire. Il est habité par cela, extrêmement exigeant envers lui-même. Sa motivation est bien placée : s’il est n°1 mais qu’il sent qu’il n’est pas la meilleure version possible de lui-même, ça va le frustrer. »
À Bourg-en-Bresse,
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