ITW Théo Maledon : « Revenir à l’ASVEL, je ne le prends pas comme un retour en arrière »
Théo Maledon est de retour en Europe après quatre saisons entre NBA et G-League
3 avril 2021 : rookie performant du Thunder (10,1 points à 37%, 3,2 rebonds et 3,5 passes décisives), Théo Maledon impressionne sur le parquet de Phoenix. Le jeune meneur d’OKC plante 33 points à 10/18 face au futur finaliste NBA, le symbole des belles promesses égrenées lors des premiers mois par le meneur normand.
Le problème, c’est que si ça devait être un commencement a finalement été un pic. Théo Maledon (1,93 m, 23 ans) n’a jamais joué autant en NBA que lors de sa première année. 64 matchs, puis 51, 44 et 17 : une courbe décroissante qui l’a ramené tout droit vers le club de ses débuts professionnels, Lyon-Villeurbanne.
Initialement arrivé à l’ASVEL en 2017 en provenance du Pôle France, l’ancien joueur de Charlotte et Phoenix s’est révélé au grand public sous les couleurs rhodaniennes, au travers d’une fantastique campagne 2018/19. À 17 ans et 116 jours, il est devenu le premier joueur mineur à dépasser la barre des 20 d’évaluation en Betclic ÉLITE depuis Tony Parker. Capable de tutoyer les 20 points en EuroLeague (19 face au Panathinaïkos Athènes en janvier 2020), le Rouennais fut également élu MVP de la finale de Coupe de France avant même ses 18 ans !
Après avoir montré toute son activité vendredi face à Nanterre en finale de l’Ain Star Game (2 points mais 9 rebonds et 7 passes décisives), au cœur d’une préparation où il tourne pour l’instant à 8,3 points de moyenne, Théo Maledon a pris quelques instants pour nous expliquer les raisons de son retour en Europe.
« Je n’ai pas perdu mon temps aux États-Unis ! »
Théo, après trois semaines de préparation avec l’ASVEL, comment se passe votre réadaptation au jeu européen ?
Ça se passe bien. Je suis très excité et heureux de retrouver du temps de jeu au sein d’une équipe compétitive, de découvrir ces moments, me mettre dans ces situations. J’essaye d’en profiter un maximum, que ce soit à l’entraînement ou en match, de toujours essayer d’apprendre quelque chose de chaque situation et de l’appliquer. Le jeu européen est différent, tout ne revient pas directement mais avoir ces répétitions aide beaucoup.
Pourquoi avoir choisi de revenir en Europe cet été ?
Parce que je n’avais pas trop d’offres en NBA. Du coup, c’était soit jouer en G-League, soit revenir. Sans manquer de respect à la G-League, c’est plus une ligue de développement pour certains joueurs que l’EuroLeague, où c’est du haut niveau, où il y a des attentes, où tu es lancé dans le bain face à des tops joueurs internationaux. C’est la deuxième meilleure compétition au monde. Donc si j’ai l’opportunité de disputer ça, bien sûr que je veux en faire partie !
Comment avez-vous vécu ces dernières saisons, où, après de bons débuts en NBA, vous jouiez de moine en moins ?
C’est sûr que c’est frustrant. Surtout que tu ne comprends pas tout le temps pourquoi ça se passe de cette manière. Mais c’est l’aspect NBA, c’est le business NBA, il faut faire avec. Les gens de l’extérieur ne savent pas forcément ce qui se passe dans les coulisses, qui les franchises ont drafté et tous les trucs comme ça. De toute façon, la NBA est injuste, il faut faire avec. Si tu saisis bien l’opportunité et que tu arrives à t’accrocher, il faut le faire. Et même quand ce n’est pas le cas, il faut garder cette même mentalité.
On progresse mentalement, oui, mais progresse-t-on aussi d’un point de vue basket dans ce genre de situation ?
Ben oui, quand même. Ce n’est pas parce que tu ne joues pas en NBA que tu ne t’entraînes pas, que tu ne vas pas en muscu ou que tu n’affrontes pas des autres joueurs qui sont dans la même situation que toi. Si j’avais eu une mauvaise mentalité, à me morfondre sur le fait de ne pas jouer, ça aurait pu être une perte de temps dans ce cas-là en effet. Mais je pense que j’ai quand même gardé un aspect professionnel. Même si ça ne payait pas sur le moment, je cherchais quand même à améliorer mon jeu pour faire le meilleur usage possible de la prochaine opportunité. Je ne dis pas que j’ai perdu mon temps là-bas car il y a des leçons à tirer de chaque expérience. Alors oui, c’était dur mais ça va me servir pour le futur.
Pourquoi l’ASVEL spécifiquement cet été ?
J’ai eu quelques autres possibilités que Villeurbanne mais j’ai été séduit par la vision que Pierric (Poupet) avait pour moi. J’ai vraiment adhéré à son discours. Et il y a le fait de revenir à l’ASVEL, là où j’ai commencé, de retrouver des visages familiers. Je pense que ça peut être un atout en plus et qu’on peut réaliser quelque chose de spécial cette saison.
« C’est une opportunité de jouer »
Quel a été le discours de Pierric Poupet à votre égard ?
Juste de venir et d’être moi-même. Que ça ne sera évidemment pas une ligne droite, qu’il y aura des hauts et des bas, mais qu’il avait confiance en moi. Qu’il n’allait rien me donner mais que c’était à moi de prouver. Entendre ce discours, c’est quelque chose qui donne confiance.
Que représente l’ASVEL à vos yeux ?
Ce sont mes débuts en pro, mes premiers titres. J’avais toujours gardé une image positive de ce club. Du coup, j’ai envie de continuer à écrire l’histoire de l’ASVEL et agrandir son palmarès.
Signer à l’ASVEL en 2024 n’est certainement pas ce que vous imaginiez en traversant l’Atlantique en 2020. Est-ce un retour en arrière ?
Non, non… Cela dépend de la manière dont tu vois les choses. D’un côté, c’est sûr que l’on peut considérer comme un retour en arrière puisque je reviens à l’ASVEL, là où j’ai commencé. Mais personnellement, je ne le prends pas comme ça. J’y vois plutôt une opportunité de jouer, d’apprendre, devenir un meilleur joueur de basket, gagner des titres.
Et relancer votre carrière ?
Oui, ça en fait partie aussi.
Individuellement, qu’est-ce qui vous fait envie cette saison ? Estimez-vous avoir des choses à prouver pour votre retour ?
Je ne pense pas avoir de choses à prouver au monde entier. C’est surtout pour moi-même. Je sais que je n’ai pas perdu mon temps là-bas, que j’ai continué à devenir un meilleur joueur de basket. Maintenant que j’ai l’opportunité de le montrer, c’est là-dessus que je suis vraiment concentré.
Pierric Poupet :
« Théo Maledon a beaucoup de choses à prouver »
« Théo a encore beaucoup de choses à prouver et j’espère qu’il pourra montrer toute l’étendue de son talent. Il est en train de se faire à nos principes, à nos exigences. Il faut qu’il se réhabitue à l’Europe car il y a beaucoup de différences sur de nombreux aspects du jeu. Ce sera évidemment plus rapide pour lui que pour Admiral Schofield, car il connait l’Europe, mais il est également dans cette phase-là. Il aura un rôle différent à appréhender entre ce qu’on lui demandait dernièrement aux États-Unis et ce qu’on attend de lui ici. Il vient aussi remplir un besoin que l’on avait ciblé : vu que Paris Lee était un peu esseulé la saison dernière, on voulait un peu plus de porteurs de ballon. On a mis la priorité sur le fait de renforcer les postes arrières. »
Propos recueillis à Bourg-en-Bresse,
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