ITW Philippe Hervé, redevenu coach à LyonSO : « Je ne suis plus que dans la transmission »
Philippe Hervé a retrouvé un banc de touche à LyonSO, pour la première fois depuis janvier 2020
Quatre ans après son départ de l’Élan Chalon, Philippe Hervé (61 ans) est redevenu entraîneur cette saison. Il a pris place sur le banc de LyonSO (NM1), actuellement 4e (4v-3d) dans la poule B de NM1. Précédemment, entre 1995 et 2020 il fut le coach de Chalon, Villeurbanne, Orléans, Limoges, Cholet et de nouveau Chalon.
Philippe Hervé, c’est aussi un titre de champion de France en 2015 (avec Limoges), deux titres de champion France Pro B avec Chalon (1996) et Orléans (2006), une finale de Saporta avec Chalon (2001), une Coupe de France (2010) et un trophée de meilleur entraîneur de l’année (avec Orléans en 2008-09).Philippe Hervé, c’est surtout un réputation de coach bâtisseur, notamment à Chalon, entre 1995 et 2002 qu’il a mené de la NM2 aux sommets de la Pro A et à une finale eurppéenne, mais aussi à Orléans entre 2005 et 2014), qu’il a mené de la ProB à l’EuroLeague.
Philippe, d’abord, des nouvelles : qu’as tu fait depuis ton départ de Chalon et avant de reprendre le coaching à LyonSO ?
Pendant deux ans, je suis vraiment sorti du circuit basket avec des choses à régler au niveau personnel. En 2022, j’avais envie de retravailler mais sans faire ou refaire ce que j’avais déjà fait. Il y avait deux domaines susceptibles de m’intéresser à travers lesquels j’avais la possibilité de découvrir un nouvel environnement :
- le basket féminin
- réfléchir sur les contenus au niveau de la formation
Ainsi en 2022, j’ai été sollicité par Claude Bergeaud afin d’intervenir sur des séminaires et lors de rassemblements de coachs pros. En parallèle, j’ai commencé à travailler sur un projet de mise en place d’une commission de formation technique avec certaines personnes sensibles à cela, comme Claude Bergeaud, Jacky Commères, Vincent Collet, Fred Sarre, entre autres. Au basket, on parle des fondamentaux mais cela reste vague, ce projet avait pour but de définir les fondamentaux nécessaires à l’apprentissage et au perfectionnement du basketteur afin qu’il y ait un langage commun, ceci pour tous les coachs et à tous les niveaux : les Pôles, les Centres de Formation, Pôle France, etc… La Ligue et la FFBB était intéressés par ce projet de commission technique. Cela a pris du temps, pour différentes raisons et n’a finalement pas abouti à du concret, au jour d’aujourd’hui. J’espère quand même que cela pourra se concrétiser à l’avenir.
Puis, plus récemment, j’ai été contacté par Michel Veyronnet (ASVEL), qui, dans le cadre du partenariat de son club avec LyonSO recherchait un coach qui soit sensible à la formation, pour l’équipe NM1. Le Club de LyonSO est une CTC de 4 clubs, née en 2015 (OSFB, USMPB, SGOSFF, BALE), tous localisés au sud-ouest de Lyon. J’habite tout près de Lyon, donc c’était un gros avantage, j’ai rencontré les personnes et écouté le projet, axé autour des jeunes et j’ai donné mon accord.
Comment cela se passe-t-il pour toi, qui est un coach de projet(s), quelles sont tes missions dans ton nouveau club ?
Pour le moment, la préparation et le début de saison de l’équipe NM1 ont occupé l’essentiel de mon temps, mais on devrait rapidement mettre en place des axes de travail, afin que je puisse transmettre au niveau des entraineurs et des jeunes des clubs de Lyon SO. C’est quelque chose d’important pour moi.
Tu as coaché essentiellement en Betclic ÉLITE. À LyonSO, le projet est axé autour des jeunes, à un niveau inférieur, cela demande-t-il une adaptation ou des ajustements de ta part ?
Sur le projet jeune, on a présenté cela à l’équipe, aux jeunes et aux plus anciens. J’ai plus de jeunes mais les anciens et les étrangers, savaient en venant ici que le projet était de responsabiliser les jeunes. Le temps de jeu est plutôt partagé, car un tel projet, sous entend un partage des responsabilités. Il est aussi partagé par rapport à l’évolution du basket, ces dernières années, fait de relance, de vitesse, … Le basket moderne demande que les joueurs évoluent, le plus possible, à haute intensité et cela ne peut être fait que sur des séquences plus courtes.
Mais à côté de cela, on a également de l’ambition sportive, on veut avoir des résultats, gagner des matchs. Être jeune n’est pas une excuse ou une explication par rapport à des résultats ou une contre performance, je ne leur parle pas comme cela. Je manie le fait de devoir accompagner la formation de jeunes joueurs et l’exigence professionnelle.
Nous ne faisons pas plus de travail individuel, parce que l’on a de jeunes joueurs. On en fait 2-3 fois par semaine, ainsi j’en faisais déjà avant. Je crois qu’il ne faut pas les déconnecter de ce qui sera ou serait leur quotidien dans le monde pro. Cela fait aussi partie de leur formation.
Concernant les principes, j’ai voulu remettre, cette année, la défense au centre du projet (LyonSO est actuellement la meilleure défense aux points encaissés/match, poule B : 68,4), ce qui avait été moins le cas lors de mes derniers passages à Chalon ou Cholet. Cela permet d’avoir une assise et également de se donner plus de temps sur les aspects offensifs avec un groupe jeune comme cela.
L’ASVEL et LyonSO ont signé un partenariat en 2021, avec notamment le prêt de joueurs. 6 jeunes joueurs de l’ASVEL sont déjà passés par la NM1 de Lyon SO depuis (Elwin Ndjock, Kevin Kokila, Victor Diallo, Romain Parmentelot, François Wibaut et Noah Manet). Cette année, vous accueillez Adam Atamna, très fort potentiel né en 2007. Quel est ton avis sur le joueur ?
Adam Atamna s’entraine avec nous uniquement sur les entrainements collectifs, le reste du temps il travaille à l’Academy. Il présente une grande caractéristique pour le haut niveau : il possède un niveau de confiance en lui très élevé, qui peut presque confiner à de l’arrogance pour certains.
Il possède un vrai sens du panier, du scoring, c’est un vrai attaquant mais il n’a que 16 ans et est donc encore en plein développement physique. Cela fait, que pour le moment, il ne peut pas encore jouer à très haute intensité mais cela va venir. Après, c’est difficile pour moi de dire quel niveau il pourra atteindre exactement.
« La différence d’adresse entre Betclic ÉLITE et NM1 entraîne beaucoup de frustration chez moi »
Quelles principales différences, constates-tu, entre les joueurs de NM1 et les joueurs de Betlic ÉLITE ?
Le niveau d’adresse en premier. C’est vraiment flagrant, à tel point que je dois même faire un travail personnel sur moi car cela entraine beaucoup de frustration. L’adresse, c’est compliqué et il est toujours difficile de changer une mécanique de tir à l’âge de mes joueurs.
Ensuite, le niveau de maitrise technique est inférieur, notamment sous pression et en cas de contact. La densité athlétique est inférieure sur les postes arrières, tout comme la taille dans le secteur intérieur. Enfin, au delà de ça la compréhension est bonne et les joueurs sont très investis.
Quelles sont tes motivations et tes satisfactions, aujourd’hui, à ce moment de ta carrière ?
J’ai vraiment du plaisir à être sur le terrain, à l’entrainement, au quotidien, du lundi au vendredi et moins le jour des matchs, en fait. À ce moment de ma carrière, cela me plait d’accompagner de jeunes joueurs, je ne suis plus que dans la transmission.
Commentaires