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ITW Lassi Tuovi : « La fin avec Strasbourg a été très douloureuse mais j’ai beaucoup appris »

EuroLeague - Entraîneur de la SIG Strasbourg entre 2020 et 2022, Lassi Tuovi est redevenu assistant-coach cette saison. Le jeune technicien finlandais épaule désormais... Luca Banchi, soit l'homme qui lui a succédé sur le banc de la SIG la saison dernière, à la Virtus Bologne. Après la victoire italienne à Villeurbanne vendredi lors de la 5e journée de l'EuroLeague, il nous a accordé une interview.
ITW Lassi Tuovi : « La fin avec Strasbourg a été très douloureuse mais j’ai beaucoup appris »
Crédit photo : Sébastien Grasset

Lassi, presque un an après avoir été remercié pour la SIG Strasbourg, vous êtes de retour dans le circuit en tant qu’adjoint à la Virtus Bologne. Pourquoi ce choix ?

J’ai eu un été très occupé avec l’équipe nationale (de Finlande), et la Coupe du Monde au bout du compte. De fait, je n’étais pas totalement séduit par les possibilités que j’avais à ma disposition, il n’y avait pas vraiment la bonne opportunité pour moi. Mais vu qu’il n’y a qu’une seule fenêtre internationale cette saison, ma fédération me soutenait si je voulais retravailler en club. Tout s’est bouclé en deux jours avec la Virtus : Luca (Banchi) a été nommé, il avait besoin d’un assistant et il a pensé à moi. On se connaissait déjà de par nos sélections nationales et de par la saison dernière à Strasbourg, même si on n’a fait que se croiser à la SIG. J’ai pensé que la Virtus serait une bonne étape pour moi.

« Il n’y a rien de mieux que l’EuroLeague pour apprendre »

Passer d’entraîneur principal à assistant n’est pas forcément évident. Est-ce l’EuroLeague qui rend cette transition digne d’intérêt ?

Lassi Tuovi seconde Luca Banchi à la Virtus Bologne (photo : Sébastien Grasset)

Alors oui, j’ai considéré qu’il n’y avait rien de mieux que l’EuroLeague pour apprendre. Mais j’ai aussi toujours considéré le coaching comme un travail d’équipe. Je connais le leadership de Luca et il m’a expliqué sa vision des choses donc je n’avais pas trop de doute. Je ne vois pas cela comme un pas en arrière. Je suis simplement mon propre chemin, il n’y a pas une seule route prédéfinie. Il y avait beaucoup d’éléments plaidant pour Bologne : pouvoir travailler dans un si grand club, découvrir le basket en Italie, collaborer avec un grand coach, comme je l’ai fait avec Vincent (Collet) en France, lui qui a été d’une aide énorme à ma réussite postérieure. C’est aussi grâce à cette époque avec Vincent que je ne vois pas le fait de devenir l’adjoint de Luca Banchi comme une régression : en travaillant avec un coach local, on a accès à des choses que personne d’autre ne peut vous dire. Quand les vétérans parlent, il faut écouter.

Quel est votre rôle exact à la Virtus ?

Je suis le premier assistant. Mes responsabilités sont surtout concentrées sur l’EuroLeague, on se partage le travail là-dessus. Je m’attache beaucoup à notre jeu : j’ai envie de développer notre basket, je regarde beaucoup de vidéos et j’analyse nos matchs afin que Luca dispose d’un retour plus poussé. Le travail de premier assistant est très intéressant car on peut être force de proposition, étudier les choses sous différents angles et aider l’entraîneur principal. Au bout du compte, on joue tellement de matchs que le coach n’a pas toujours le temps de tout préparer.

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À part votre casquette de sélectionneur de la Finlande, vous sortez pratiquement d’une année complète sans emploi. Comment l’avez-vous occupé ?

J’ai beaucoup voyagé, déjà, afin de voir différentes choses. Je suis allé aux quatre coins de l’Europe et du monde. J’ai passé beaucoup de temps aux États-Unis, notamment quatre semaines avec le Jazz d’Utah. J’y suis allé une première fois en janvier (pour rendre visite à Lauri Markkanen, la star finlandaise) et j’ai pu intégrer le staff pour la Summer League. Mais cela ne s’est pas cantonné qu’à Vegas, j’ai passé un mois à travailler avec les coachs de la franchise, notamment en vue de la draft. Après, si ça peut vous donner une idée de la façon dont j’ai apprécié mon passage en France, je vivais encore à Strasbourg, et ce jusqu’au mois dernier. En septembre, je suis allé voir Tuomas Iisalo pour son premier match de Betclic ÉLITE avec Paris, contre Dijon. J’étais prêt à passer plus de temps en France mais tout a changé extrêmement vite. Quand j’ai signé avec la Virtus, j’ai dû vider mon appartement à Strasbourg et rendre les clefs en quelques heures. Alors me voilà maintenant à Bologne, où j’étais venu une première fois avec la SIG en 2018 !

« Je suis fier d’avoir contribué à développer la SIG »

Presque un an après votre séparation avec la SIG, lorsque l’équipe était dernière de Betclic ÉLITE, quel regard portez-vous sur l’échec de la saison dernière avec Strasbourg ?

On ne peut qu’apprendre de ses erreurs. Et j’en ai fait des tonnes ! Surtout que le terrain a parlé : l’équipe était de qualité, comme Luca l’a montré après, et on aurait pu y arriver. J’ai une liste longue comme le bras de choses que j’aurais pu faire différemment mais d’un côté, ça fait partie du métier. Parfois, vous prenez de mauvaises décisions, vous les corrigez de la mauvaise façon et rien ne fonctionne. Maintenant, j’ai vécu cette expérience et je serai plus armé pour la prochaine période difficile, quand elle arrivera. Je ne vais pas cacher que ça a été très douloureux, vraiment, mais j’ai beaucoup appris. Cela m’a enrichi, j’en ai retiré le meilleur, je vois maintenant comme une part intégrante de mon processus d’apprentissage. Surtout que la SIG a brillé après !

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Concrètement, quelles ont été vos erreurs ? Votre ex-président Martial Bellon a notamment déclaré que vous étiez revenu éprouvé de l’EuroBasket et que vous aviez eu du mal à assumer la double casquette…

Oui, c’était la première fois où je n’étais pas avec mon équipe avant que la saison ne démarre. Je dirais que mes attentes étaient aussi trop élevées après un championnat d’Europe réussi. C’est une erreur typique d’un jeune coach : on arrive avec trop de hype au lieu de se concentrer sur les choses basiques. Honnêtement, j’ai une grosse part de responsabilité dans le mauvais début de saison. Mais j’étais impliqué à 100% dans le projet de la SIG : je suis resté vivre à Strasbourg pendant presque un an derrière donc cela veut tout dire de l’importance de cet endroit à mes yeux. Le pire, c’est à quel point cette mauvaise série s’est enclenchée de manière folle : on était toujours dans le coup, on avait toujours la possibilité de gagner les matchs et on perdait toujours. Ça a été un effet boule de neige, sur le terrain et peut-être au niveau du coaching aussi.

Il est cocasse de voir que vous travaillez désormais avec Luca Banchi, le coach qui vous a remplacé à Strasbourg. Avez-vous discuté de la saison dernière, des choses qu’il a réussi à mettre en place pour sauver l’année de la SIG ?

Le 6 novembre 2022, pour le retour de Paul Lacombe à la SIG, Lassi Tuovi coachait son dernier match à Bourg-en-Bresse (photo : Jacques Cormarèche)

C’est le business. Des joueurs peuvent aussi se retrouver dans la même situation. Bien sûr, en tant que coach, on parle beaucoup, notamment de notre expérience de la saison dernière car c’est une manière d’apprendre. Mais on s’était déjà vu avant. Avec la Finlande, on a affronté la Lettonie à deux reprises cet été. Après, nous ne sommes pas rentrés dans les détails de la saison dernière. De toute façon, j’avais un peu coupé jusqu’à ce qu’ils affrontent Bonn en quart de finale de la Champions League, avec Tuomas (Iisalo). Mais évidemment que l’on parle des gens, des joueurs, de la façon dont on les voit, etc. Quand vous entraînez les mêmes joueurs dans le même environnement, il est toujours intéressant d’avoir le ressenti de l’autre. Ça, je trouve que c’est un bel axe de développement. Notre conversation va continuer toute la saison.

Vous dites que vous n’avez pas regardé la SIG pendant quelques mois après votre éviction : est-ce vraiment possible de couper le cordon comme cela avec « son » équipe ?

Maintenant, je les regarde ! Mais non, je n’ai pas vu de match pendant quelques temps. Mais c’était plus un besoin personnel de m’éloigner du basket pendant un ou deux mois après une année aussi intense. J’ai regardé très peu de matchs. Après Noël, les choses sont revenues à la normale très vite.

« Les systèmes et l’exigence de Tuomas Iisalo,
c’est quelque chose que je n’ai jamais vu ailleurs »

C’est aussi la preuve de la vitesse à laquelle les choses peuvent tourner dans le basket : en septembre 2022, vous étiez l’un des jeunes coachs les plus en vogue en Europe après le beau parcours de la Finlande à l’EuroBasket et moins de deux mois après, vous vous retrouvez relégable en France, mis à l’écart par la SIG…

Et inversement cette année puisque l’on a raté notre Coupe du Monde… Il faut comprendre que toutes les saisons, tous les tournois, toutes les équipes représentent des histoires différentes. Vous pouvez construire quelque chose sur la durée mais chaque équipe représente une nouvelle histoire. C’est peut-être la chose la plus importante que j’ai appris ces douze derniers mois.

Si l’on excepte l’automne 2022, votre expérience à Strasbourg a tout de même été une vraie réussite…

Martial Bellon, Nicola Alberani, Jérôme Rosenstiehl à l’époque, m’ont fait confiance pendant le Covid pour construire une équipe. On a fait une demi-finale en championnat, un Final Eight en Champions League, on a envoyé Bonzie Colson en EuroLeague, etc, mais ce dont je suis le plus fier est d’avoir contribué à développer le club dans des périodes difficiles. Je suis fier aussi du travail réalisé à l’intérieur du Rhénus. De bonnes choses ont été développées pour Massimo (Cancellieri) et les prochains entraîneurs du club. À mes yeux de coach, ce qui est le plus important est que les joueurs gardent un bon souvenir de cette époque et que le club ait grandi avec moi. J’arrive ici en France avec la Virtus et je parle Français avec les gens à l’aéroport ou aux hôtels. J’ai rencontré tellement de belles personnes ici. Ce vendredi, à l’Astroballe, des gens viennent me saluer en souriant. Je revois les kinés et préparateurs physique de ma première année, Xavier (Schnell) et Julien (Lenne), je recroise Boris (Dallo, qui l’attendait dans le couloir après l’interview, ndlr) ou Youss (Fall). J’ai appris énormément de choses sur la vie grâce à mon expérience en France, j’ai découvert la culture française. Et parfois un peu de basket aussi (il sourit).

Coacher la SIG à 34 ans, notamment en Champions League, vous a mis sur la carte du basket européen ?

Les saisons 2020/21 et 2021/22 de la SIG, avant l’échec de l’automne 2022, ont été une réussite (photo : Lilian Bordron)

Je le pense aussi. Mais ça a été un long voyage, et il ne faut pas oublier ma saison à Gravelines-Dunkerque ni ma période avec Vincent Collet, qui m’ont vraiment aidé à progresser pour être prêt à assumer de plus grandes responsabilités ensuite. Les gens ne comprennent pas forcément que l’on m’a donné la chance d’apprendre avant. C’était comme aller à l’université, et en sortir avec un joli diplôme.

Vous avez évoqué Tuomas Iisalo à plusieurs reprises. La relève finlandaise est assurée en Betclic ÉLITE…

On se connait très bien. Pour l’anecdote, la première fois que la Virtus m’a appelé, j’étais en train de manger avec la famille Iisalo et Mikael Jantunen à Paris en marge de la première journée de Betclic ÉLITE. Tuomas est un coach très pointilleux, humble et un gros travailleur. Tout est minutieusement préparé : la façon dont il déroule ses systèmes et exige de la discipline de la part de ses joueurs est quelque chose que je n’ai jamais vu ailleurs dans le coaching. Ses systèmes sont très bien construits, ses entraînements sont préparés à la seconde près et il ne laisse rien au hasard. C’est la clef de son succès. Il est aussi très bon pour savoir s’entourer, tant au sein de son staff que dans le recrutement des joueurs. Il sait exactement ce dont il a besoin, c’est primordial, on l’a vu avec Bonn et maintenant avec Paris.

Même s’il est plus âgé que moi, j’ai déjà été son coach en quelque sorte. Quand il était avec l’équipe de Finlande en 2011, j’étais déjà dans le staff technique. Je suis fier de la progression des entraîneurs finlandais. Nous en avons aussi deux en Bundesliga, à Tübingen (Daniel Jansson) et Heidelberg (Joonas Iisalo, le frère de Tuomas, son ex-assistant à Crailsheim et Bonn, ndlr), un autre qui marche très bien en Autriche, Anton Mirolybov, double champion avec Gmunden après avoir vaincu le cancer, le sélectionneur de l’Estonie (Jukka Toijala). Le mérite en revient à Monsieur Dettmann et le système qu’il a construit en Finlande pour l’apprentissage des coachs. Cela suit aussi la croissance du basket en Finlande et il y a beaucoup d’entraîneurs qui rêvent de partir travailler à l’étranger. De nombreux coachs sont intéressés à l’idée de tenter l’aventure et font du travail supplémentaire afin d’avoir leur chance. J’espère que de plus en plus d’entraîneurs finlandais viendront dans les grands championnats car c’est la meilleure façon de développer notre système, nos sélections de jeunes et nos prochains joueurs. Je suis très fier de ce que l’on a réussi à faire en Finlande et j’ai hâte de voir ce qui se passera dans les prochaines années pour les entraîneurs finlandais.

Propos recueillis à Villeurbanne,

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