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Quand Florian Gautier va passer deux nuits chez des basketteurs : souvenirs de ses reportages intimistes

Jeune journaliste sportif, Florian Gautier (29 ans) a pu côtoyer un grand nombre de basketteurs et basketteuses avec son concept « Deux Nuits Avec », qui lui permet d’entrer en immersion dans la vie des sportifs. Entretien.
Quand Florian Gautier va passer deux nuits chez des basketteurs : souvenirs de ses reportages intimistes

Le concept de Florian Gautier est d’aller passer deux nuits chez un sportif de haut niveau

Crédit photo : Deux Nuits Avec

Florian Gautier a clôturé un chapitre. Le jeune journaliste a pu retrouver Rudy Gobert à Salt Lake City, aux États-Unis, à l’occasion de son dernier déplacement outre-Atlantique. Le joueur des Minnesota Timberwolves lui avait ouvert ses portes en 2019 lorsqu’il évoluait aux Jazz. Une opportunité qui lui avait alors permis de faire passer un cap important à sa chaîne YouTube Deux Nuits Avec.

Ancien étudiant de l’école publique de journalisme de Tours (EPJT), passé en stage à l’AFP à Belgrade ou encore auteur d’un sujet sur le sport au Kosovo pour le Monde Diplomatique, le jeune Ardéchois d’origine (29 ans) a ensuite lancé son média, avec comme concept le fait d’aller dormir deux nuits chez des sportifs de haut-niveau.

C’est ainsi que celui qui est avant-tout fan de football, mais très intéressé par tous les sports et notamment le basket, a rapidement pu se rendre chez Florent Piétrus, alors joueur de la SIG Strasbourg. Grâce au succès de cet épisode, il a convaincu l’agence Comsport d’organiser un épisode chez Rudy Gobert, puis chez Vincent Poirier (par deux fois), et enfin plus tard chez Rayan Rupert du temps où il vivait en Nouvelle-Zélande, ou encore Petr Cornelie à Monaco. Outre ces sujets, il s’est également rendu chez Marvin Sarkis au Liban, Lisa Berkani en Italie mais également Thomas Heurtel lorsqu’il jouait en Russie aux côtés de Maxim Ilvovskiy, Adrien Moerman et du coach individuel Bastien Cadot.

Maintenant que sa chaîne YouTube compte quelque 79 000 abonnés, qu’il a pu développer son concept grâce à la mise en place de partenariats, il nous raconte son aventure.

En 2022/23, Florian Gautier avait réalisé un épisode en Nouvelle-Zélande, avec Rayan Rupert

Florian, tu reviens d’un périple d’une semaine aux États-Unis, où tu as pu retrouver Rudy Gobert, qui t’avait déjà ouvert ses portes en 2019. Tu as pu, en quelque sorte, conclure un chapitre. Quelles sensations ça te fait ?

C’était il y a six ans, et en fait, l’idée pour moi, c’est de faire de temps en temps le concept « Que deviens-tu ? ». Ça me permet d’avoir un fil rouge avec plusieurs sportifs, de voir ce qu’ils deviennent. Je m’étais dit notamment que j’allais faire ça avec des jeunes sportifs que j’allais pouvoir suivre peut-être plusieurs années. Là, en effet, Rudy Gobert n’est pas un tout jeune sportif. C’est peut-être plus un chapitre qui se ferme. C’était histoire de le revoir avant peut-être la fin de sa carrière, même s’il a encore le temps. J’ai pris énormément de plaisir parce que, même si, par rapport à d’autres sportifs, ce n’est pas forcément quelqu’un avec qui je suis devenu très proche, on sent quand même qu’il y a un certain respect des deux côtés, et que les retrouvailles étaient très sincères et même chaleureuses, parce que je l’ai trouvé beaucoup plus ouvert que la première fois. On a quand même bien rigolé. Et mine de rien, une personne comme ça, qui a un planning hyper chargé, dans lequel chaque minute compte, pas grand monde entre dans sa vie.

Comment se sont passées vos retrouvailles ?

C’est son agent d’image qui m’avait dit que je pouvais venir, j’ai donc pris mes billets d’avion. Une fois arrivé sur place, pareil, j’échange avec l’assistante personnelle qui s’occupe de ma venue, et en fait, à aucun moment tu es en contact avec Rudy Gobert, à part quand tu le vois en face de toi. Là, c’était un peu pareil, j’avais vu avec son agent pour lui demander quand est-ce qu’on pouvait faire. Il m’a dit que c’était plus pratique sur un moment où il revenait jouer un match extérieur et qu’il pouvait dormir dans sa maison à Salt Lake City. Et pareil, une fois sur place, je l’ai d’abord vu une première fois à Los Angeles et pareil, il a un nouvel assistant personnel. C’est avec lui que j’ai vu, qu’il m’a dit « OK, viens à telle heure à l’hôtel, t’auras 20-30 minutes avec lui ». Je pense que ça fait aussi plaisir de voir un Français comme ça aux États-Unis. Et comme il m’avait vu à Paris durant les Jeux olympiques, c’était un peu comme si je le suivais. Donc, il était content de me retrouver à chaque fois. C’était très fluide, très sympa. Il était super content du cadeau que je lui avais amené (un tableau retraçant sa carrière), et puis on s’est revu le lendemain, donc c’était très cool.

La vie d’un joueur NBA :
« Il n’y a pas une minute qui est laissée au hasard »

Lorsque tu as réalisé le premier épisode de « Deux Nuits Avec » (avec Rudy Gobert), quelle est la chose qui t’a le plus marqué dans la vie d’un joueur NBA ?

J’ai deux choses. Premièrement, c’était sa maison. C’était exceptionnel. Ce que tu te dis, en fait, c’est que tu travailles dur pour garder ta place en NBA. Et puis, une fois que tu arrives à la gagner, ça te permet d’avoir des gros contrats. Et avec des gros contrats, tu peux t’offrir des maisons exceptionnelles comme ça et, au-delà de ça, c’était vraiment la qualité de vie. Il est au milieu des montagnes à Salt Lake City, je trouve ça vraiment exceptionnel. Et la deuxième, c’est le professionnalisme de Rudy. On ne se rend pas compte à un tel niveau, on va se dire « oui, il gagne 25 millions par an, c’est simple de rester professionnel ». Ça fait 12 ans qu’il joue en NBA à un tel niveau, c’est tout sauf simple et surtout, c’est un peu ce qu’on dit souvent, c’est la face cachée de l’iceberg. C’est-à-dire qu’il n’y a pas une minute qui est laissée au hasard. Lui, maintenant, il a une petite famille, ça ne doit pas être facile. Typiquement, je suis allé à Salt Lake City le voir. Je suis arrivé à midi. Lui était parti faire sa marche. Ensuite, il est revenu, il m’a salué avant d’enchaîner sur un massage d’1h45 avec une masseuse spécialisée qui lui appuie sur le foie ou je ne sais quoi pour l’équilibrer. Ensuite, en attendant, il avait des cuisiniers qui lui préparaient le repas. C’est ensuite, pendant l’heure où on a mangé, que j’ai pu lui poser mes questions. Donc, tout est timé, c’est impressionnant. Il a pris deux assistants personnels pour caler chaque rendez-vous, que chaque minute soit optimisée. Il fait aussi des manucures, pédicures, des trucs tout bêtes pour ne pas qu’il ait de problèmes aux ongles dans ses chaussures. C’est un souci du détail que je n’ai vu chez aucun sportif.

Tu t’es également rendu chez un très jeune joueur qui aspirait alors à rejoindre la NBA, Rayan Rupert, lorsqu’il évoluait en Nouvelle-Zélande. Selon les choses que t’as pu observer, c’était quoi les différences entre un jeune joueur et un joueur plus expérimenté comme Rudy Gobert ?

Ça va être ce souci du détail. Même si Rayan, pour le coup, c’est un vrai passionné de basket. C’est quelqu’un qui ne sort pas du tout. Ça ne va pas être un fêtard. C’est vraiment un passionné de basket. Mais maintenant à Portland, je pense qu’il a un souci du détail qui ne doit pas être loin de celui de Rudy Gobert. Après, on va dire que chez un jeune joueur, c’est plus l’incertitude contre laquelle tu dois te battre. Parce que Rudy, il est en place, il a son contrat. Rayan, déjà à son niveau lorsqu’il était en Nouvelle-Zélande, il essayait de mettre des choses en place, il a fait venir un coach personnel (Bastien Cadot, ndlr). Les infrastructures n’étaient pas les mêmes, il essayait de bien manger. Il y avait sa mère, qui lui faisait un maximum de bons plats. On peut dire que c’était son chef cuisinier. Il essayait aussi de bien se reposer. Après, quand tu es un jeune joueur, tu as beaucoup d’incertitude, tu as encore tout à prouver. Les objectifs n’étaient pas les mêmes.

« Aller chez Rudy Gobert, ça avait été un très gros coup »

Après le premier épisode de ton concept « Deux Nuits Avec », avec Rudy Gobert, plusieurs portes se sont ouvertes pour toi. Qu’est-ce qui a fait que cet épisode ait autant séduit selon toi ?

Sur les deux dernières années, beaucoup de jeunes joueurs français ont été draftés. C’est devenu presque normal, alors qu’au moment où j’y suis allé en 2019, il n’y avait qu’un Rudy Gobert, qui était déjà deux fois meilleur défenseur de la saison, jeune All-Star. C’était peut-être notre meilleur joueur français dans le monde entier, il brillait en NBA. L’avoir à ce moment-là, c’était un peu inattendu. Surtout, c’était un très gros coup de ma part. D’ailleurs, je n’ai pas fait vraiment de gros coups depuis celui-là. Là, l’épisode marche un peu moins bien. Parce que, mine de rien, Rudy Gobert en 6 ans, en termes de nom, ça parle un peu moins maintenant qu’à l’époque. À l’époque, tu dis Rudy Gobert, je pense que vraiment tout le monde était curieux de découvrir sa vie en NBA. Maintenant, il y a beaucoup plus de Français, t’as beaucoup plus de jeunes, donc ils maîtrisent mieux les réseaux sociaux, tu peux déjà voir un peu leur quotidien. C’est un peu moins la superstar que c’était à l’époque, et donc c’est pour ça que ça avait vraiment cartonné.

Tu as pu faire plusieurs épisodes avec des basketteurs comme Marvin Sarkis au Liban, Vincent Poirier, Petr Cornelie, Thomas Heurtel, Lisa Berkani… Comment choisis-tu les sportifs avec qui tu tournes ?

J’essaie de trouver des personnes ouvertes d’esprit et qui ont des choses à raconter. Et j’essaie d’avoir des gens intéressants en dehors du sport. Je savais par exemple que Petr Cornelie avait 1 000 passions en dehors du basket. C’est ce genre de profils qui m’intéressent vraiment. Ce sont des personnes en or, le basket n’est qu’un prétexte pour les découvrir autrement finalement. Pour Thomas Heurtel, le but était évidemment d’aller en Russie pendant la guerre, montrer que le sport continue malgré celle-ci. Et montrer que malgré tout, tu pouvais être étranger et aller jouer là-bas. Et en même temps, c’était au moment où Thomas était privé de sélection, donc je trouvais cela intéressant de lui donner la parole à ce sujet. Vincent, c’était pareil parce qu’il était en NBA, c’était un super gars qui venait de découvrir un peu le basket. Donc j’ai trouvé des gens qui, à côté du basket, sont intéressants ou jouent dans des pays extraordinaires comme a pu le faire Rayan Rupert quand il était en Nouvelle-Zélande.

L’épisode avec Thomas Heurtel, alors au Zénith Saint-Pétersbourg, avait été l’un des plus suivis par la sphère basket

Tu n’as fait qu’une seule vidéo de ce type avec une basketteuse (Lisa Berkani). Et les épisodes de « Deux Nuits Avec » sont essentiellement tournés avec des sportifs hommes. Pour quelles raisons ?

Naturellement, c’est plus dur d’aller dormir chez une femme. J’ai beaucoup moins de réponses, c’est peut-être un peu moins facile. Les femmes sont peut-être un peu moins à l’aise d’accueillir chez elles un homme qu’elles ne connaissent pas. Ce que je peux très bien comprendre. Donc ça, c’est la première des choses. La deuxième, c’est que, pour être très honnête, pour avoir des épisodes visibles, à chaque fois chez les femmes, il faut viser des tops sportives. Et malheureusement, les tops sportives ne veulent pas forcément jouer le jeu. Quand je te dis ça, c’est que par exemple, si je vais te prendre un joueur moyen de Ligue 1, ça va intéresser pas mal de monde et ça va faire des vues. Si je vise une joueuse moyenne de D1 Arkema (championnat de France féminin), malheureusement, ça ne va pas du tout être regardé. Donc j’ai quand même ce souci d’avoir un minimum de visibilité. J’aimerais bien quand même continuer à aller voir des sportives. Iliana Rupert, la sœur de Rayan, j’aimerais bien aller la voir aux États-Unis.

« Pourquoi pas aller en Syrie »

Sais-tu quel sera le prochain basketteur invité sur ta chaîne ?

De base, je devais tourner avec Guerschon (Yabusele). Ça ne s’est pas fait parce qu’il y avait beaucoup trop de monde chez lui ces derniers temps, ils voulaient être tranquilles. Je vais essayer de la voir l’année prochaine. J’aimerais bien avoir Bilal Coulibaly parce que je connais bien son entraîneur perso, Bastien Cadot, qui était celui de Rayan Rupert. Sinon, j’ai envoyé récemment un message à Steeve Ho You Fat qui est en Islande. J’aimerais bien me rendre dans ce genre de pays. Pourquoi pas aller en Syrie, il y a des ambiances de basket qui sont exceptionnelles.

Comme ici avec Marvin Sarkis au Liban, Florian Gautier aime aller dans des destinations plus originales

Comment t’es venue l’idée de ce concept ?

J’ai toujours voulu être journaliste sportif. Je voulais vraiment faire des interviews où je prenais le temps (d’accorder la parole aux acteurs du jeu, ndlr). C’était vraiment le maître mot. C’était prendre le temps d’aller à la rencontre des sportifs et des sportives. Au moment où je suis sorti d’école de journalisme, je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse de la vidéo pour pouvoir en vivre. Je n’y connaissais rien de base. Il fallait que je crée un concept vidéo où je puisse aller interviewer des sportifs. J’ai travaillé, puis j’ai commencé à contacter les athlètes, il y en a un qui a accepté, puis deux, puis trois et après la machine était lancée.

Quelle serait l’évolution de ton concept ? As-tu déjà songé à ce qu’il soit diffusé à la télé ?

Ce n’est pas un objectif pour moi parce que ça me va très bien comme ça. Néanmoins, je me suis toujours questionné sur le fait que la télé ne m’a jamais mandaté pour des épisodes. Ça pourrait très bien aller sur Canal ou autre, j’ai toujours été curieux. Après, j’ai ma chaîne YouTube qui est gérée par France Télé Distribution, qui fait partie de France Télé. Je n’ai pas de lien direct avec eux, mais justement, là, on a rencontré des producteurs pour pourquoi pas, sur des gros événements, caler des reportages, etc. Donc c’est en pourparlers. On va essayer d’avancer avec France Télé au maximum. Après, ce n’est pas du tout un objectif, donc je ne pousse pas dans ce sens-là non plus, mais je suis d’accord, je me dis que ça pourrait quand même avoir sa place sur des programmes. Il y aura peut-être des opportunités.

Commentaires


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jeildo
Super concept en tout cas ! Au delà du sport ça nous permet de voyager et découvrir l’humain !
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gomma
Cool cette interview ! J'aime beaucoup le concept de ce jeune journaliste aussi ! En revanche, je trouve dommage que vous n'ayez pas abordé le "bizness model" de cette chaîne Youtube.
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