La perte de confiance, puis le rebond : où en est Killian Malwaya ?
Peut-on être en retard sur son tableau de marche lorsqu’on n’a que 18 ans ? Non, clairement non. Quoique… Le cas Killian Malwaya laisse ainsi songeur, tant subsiste l’impression que le Francilien a perdu un an au Paris Basketball. Très fort potentiel, bardé de récompenses en 2022 (MVP du tournoi de Belgrade de l’EuroLeague juniors, MVP de la finale de la Coupe de France U17), acheté 70 000 euros par le club de la capitale auprès de l’ASVEL, le combo-guard avait presque disparu de la circulation l’an dernier.
Troisième meilleur marqueur potentiel de Pro B
Mais ça, c’est de l’histoire ancienne. Depuis deux mois, Killian Malwaya existe véritablement dans le monde professionnel. « J’ai vu beaucoup de potentiel chez lui, qu’il n’arrivait pas à exploiter », témoigne Neno Asceric, l’entraîneur de l’ALM Évreux, le club qui lance actuellement la carrière du prospect, arrivé en prêt de Paris. C’est simple : si l’on exclut le match à Lille, où il s’était blessé à l’épaule au bout de 4 minutes de jeu (0 point), l’Ébroïcien serait le troisième meilleur scoreur de Pro B, avec 18,8 points par match. « Franchement, j’ai fait un assez bon début de saison et j’en suis fier », souffle le principal intéressé. Une entame étonnante, même, lorsqu’on se rappelle d’où revient l’ancien minot de Marne-la-Vallée, anonyme cet été à l’EuroBasket U18 (12 minutes de moyenne), lui qui a longtemps été considéré comme le plus gros potentiel de la génération 2005. « Il n’avait aucune confiance quand il est arrivé. Le plus étrange pour moi est de comprendre pourquoi un joueur comme cela n’avait aucun rôle avec les U18″, s’interroge Asceric. « Au vu de son potentiel, il faut qu’il domine, qu’il joue 30 minutes. »
Parti de l’ASVEL en 2022 avec la volonté de côtoyer davantage les professionnels au quotidien, Killian Malwaya s’est retrouvé dans un bourbier à Paris, bloqué par les nombreux forts joueurs de la ligne arrière en Betclic ÉLITE (Tyrone Wallace, Juhann Begarin, Kyle Alleman). Au total, Will Weaver ne l’a fait jouer que 80 minutes en cumulé sur la saison, le forçant à simplement se produire chez les catastrophiques Espoirs, victorieux de seulement 1 de leurs 26 matchs. « Dans une équipe en très grande difficulté, il a donné l’impression de jouer sans trop réfléchir, en ayant beaucoup la balle dans les mains et en étant constamment agressif », pointe son ex-entraîneur villeurbannais Anthony Brossard. Soit un immense potentiel mal utilisé, et une haute marche à franchir entre les bas-fonds du championnat U21 et la pression de la Pro B. Ce qui rend ses performances d’autant plus encourageantes. « Il a fallu que je retrouve confiance dans un club où on allait me donner ma chance et c’est ce qui est en train de se passer » , apprécie-t-il.
Un travail mental pour reprendre confiance
Bloqué à Paris, où il est sous contrat jusqu’en 2025, Killian Malwaya ne pouvait pas se permettre une deuxième année blanche dans l’optique de la draft NBA. Cet été, il a ainsi montré une vraie motivation à venir prouver sa valeur en Pro B. « En discutant avec lui, j’ai senti une vraie volonté de sa part de venir », témoigne Neno Asceric. « Il n’a pas trop posé de question, il voulait juste venir pour écouter, apprendre et progresser. » Et reprendre confiance en ses capacités, donc. « J’ai effectué beaucoup de travail pour cela, notamment d’un point de vue mental », acquiesce le joueur. « Il commence à être beaucoup plus conscient lui-même de son potentiel mais c’est un travail quotidien », ajoute son coach. « Il n’avait pas assez confiance en lui au début mais il est encore jeune, ça va prendre du temps. Je ne suis pas inquiet pour lui, il peut devenir un très bon joueur. S’il continue à écouter et à travailler dur, on ne peut pas vraiment dire quelle est sa limite. »
Concrètement, Killian Malwaya s’est servi de la Leaders Cup comme d’un tremplin de décollage. S’il a été inconstant (9,5 points), capable d’enchaîner des sorties à 26 et 0 d’évaluation, il a pu y avoir un aperçu du niveau requis et de ce qu’il était capable de faire dans les bons soirs. Depuis, il n’en a pas connu beaucoup de mauvais. Après une première sortie timide à Saint-Chamond, il a enchaîné cinq matchs entre 16 et 27 points, tout en étant beaucoup plus responsabilisé que prévu (31 minutes de moyenne) grâce au mauvais feuilleton Richaud Pack. « Il a réussi à retrouver un équilibre », note Anthony Brossard. « Je trouve que ses qualités sont bien exploitées. Il shoote avec de bons pourcentages (44,4% à trois points) et fait des bons choix de tirs. Il est actif au rebond, spectaculaire par séquence et confirme qu’il est bien le potentiel qu’on espérait. »
« Il n’est pas toujours à 100% »
Autrement dit, la validation de son choix de descendre d’un étage pour mieux remonter par la suite. « Évreux est un bon cadre pour moi », apprécie Malwaya. « C’est un bon club, je m’épanouis là-bas et je pense que c’est tout simplement le meilleur endroit pour moi afin de me développer. » Le tout sous l’œil exigeant de Neno Asceric, de plus en plus réputé pour son travail auprès des jeunes (Armel Traoré, Hugo Mienandi, Dylan Affo Mama, Ilias Kamardine, etc). « Son début de saison est très encourageant mais il a encore beaucoup de progrès à faire. Je pense notamment en premier lieu à sa compréhension du jeu, à certains points de technique individuelle. Il n’a également pas fini son développement physique. Et surtout, il doit augmenter son intensité, il n’est pas toujours à 100%. Dans l’application et la concentration, il reste up and down. » Mais au moins Killian Malwaya fait-il preuve d’une certaine lucidité par rapport à ses performances. Dans la foulée de ses 18 points à 55% à Fos-sur-Mer, le jeune joueur pointait surtout un autre chiffre : ses 6 pertes de balle. « Je vais apprendre de mes erreurs et faire mieux au prochain match », promettait-il. Parole tenue : vendredi soir, une semaine après, l’ALM brisait sa série de défaites (78-70 contre Nantes) et Killian Malwaya terminait avec la meilleure évaluation normande (17)…
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